Madame Victoria

Madame Victoria
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Madame Victoria est un roman de l'écrivaine québécoise Catherine Leroux, paru en 2015. L'ouvrage imagine, à partir d'un fait divers montréalais survenu en près de l'hôpital Royal Victoria, une série de vies possibles pour une femme décédée demeurée non identifiée.

Genèse

Le , des restes squelettiques d'une femme sont découverts à proximité de l'hôpital Royal Victoria à Montréal[1]. Faute d'identification, les enquêteurs la désignent comme « Madame Victoria ». Catherine Leroux dit avoir découvert l'affaire grâce à un reportage de l'émission Enquête, qui présentait les tentatives d'identification, notamment une reconstitution faciale en 3D et des analyses de cheveux, sans résultat concluant[2],[3]. Les informations médico-légales relayées indiquent une femme blanche, post-ménopausée, atteinte d'ostéoporose et présentant des signes de malnutrition[4]. Le squelette portait des vêtements de type uniforme hospitalier, sans que l'on sache si la personne était patiente ou employée[4]. Déjà intéressée par une galerie de portraits de femmes, l'autrice conçoit alors un livre proposant plusieurs versions de la vie de cette inconnue[2],[3].

Contenu

Le roman se compose d'une suite de récits offrant, à chaque chapitre, une incarnation différente de « Victoria ». Selon les épisodes, la protagoniste est jeune ou âgée, vit à des époques et dans des lieux variés, occupe des positions sociales contrastées et traverse des destins multiples[2]. Des motifs récurrents viennent tisser des échos entre ces portraits[2]. L'ensemble mêle plusieurs registres, de la science-fiction à la romance, tout en conservant un fil narratif centré sur l'issue connue du fait divers[2],[3]. Les exemples évoqués par la critique font notamment apparaître une Victoria travailleuse du sexe assumant son métier, une autre liée à un passé d'espionnage et de performance en drag, ou encore une figure située dans un cadre préhistorique ou mythifié[5]. L'ouvrage est également présenté comme une « collection de récits », chaque histoire étant autonome tout en participant à un projet d'ensemble[4].

Le livre interroge la place des femmes dont la vie et la voix sont occultées ou effacées socialement, ainsi que la manière dont la disparition et la mort résonnent avec l'ordinaire des existences. L'autrice explique que l'écriture a fait surgir les enjeux d'effacement des femmes « de multiples façons », tandis que le roman rappelle en filigrane la réalité des femmes disparues et jamais retrouvées[2],[3],[4]. Le choix du prénom Victoria, employé par les enquêteurs comme équivalent de Jane Doe, joue aussi sur le paradoxe d'un nom très répandu devenu synonyme d'anonymat[4].

Critique

Dans un compte rendu publié en 2015, La Presse salue la maîtrise formelle du roman, la crédibilité des incarnations proposées et le mélange de genres, tout en soulignant la manière dont l'ouvrage articule faits divers, enquête et histoires entremêlées[2]. En 2018, le Montreal Gazette décrit un dispositif de douze versions d'une même destinée et insiste sur la diversité des styles explorés. Le journal estime que le livre mérite une large reconnaissance critique[3]. Une critique publiée sur Fringe Arts met en avant le caractère accessible du livre, composé de vignettes brèves, tout en notant que la logique des variations peut d'abord paraître peu explicite à certains lecteurs[5].

Traduction

Une traduction anglaise par Lazer Lederhendler paraît en 2018 chez Biblioasis, sous le même titre, Madame Victoria[6],[7].

Prix

Catherine Leroux reçoit en 2016 le prix Adrienne-Choquette pour Madame Victoria[8].

Notes et références

  1. « Corps non identifiés : Numéro de dossier : 19-010613-015 » , sur SPVM (consulté le )
  2. Josée Lapointe, « Madame Victoria: la maîtrise de Catherine Leroux **** », La Presse,‎ (lire en ligne , consulté le )
  3. (en) Ian McGillis, « Catherine Leroux delves into the mysterious death of Madame Victoria » , sur The Gazette, (consulté le )
  4. (en) « Catherine Leroux on giving a voice to a Jane Doe with Madame Victoria » , sur CBC, (consulté le )
  5. (en) Aysha White, « “Madame Victoria”: a Book About a Skull and Imaginary Women That Makes You Ponder Life » , sur The Link, (consulté le )
  6. (en) « Madame Victoria : Catherine Leroux, translated by Lazer Lederhendler » , sur CBC, (consulté le )
  7. (en-CA) Jade Colbert, « Catherine Leroux’s Madame Victoria is a kaleidoscopic fiction all based on one corpse », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne , consulté le )
  8. « Prix et distinctions », Lettres québécoises, no 163,‎ , p. 68-69 (ISSN 0382-084X, e-ISSN 1923-239X, lire en ligne [PDF])

Voir aussi

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