Madame Hermann

Madame Hermann
Biographie
Naissance
Décès
(à 67 ans)
Sèvres (France)
Sépulture
Nom de naissance
Jeanne Léonide Poinat
Autres noms
Jeanne Léonie Poinat, Jeanne Léonide Kling, Veuve Hermann, (Jeanne) Marthe Hermann
Nationalité
Activités
Période d'activité

Madame Hermann, dite aussi Madame Veuve Hermann, née Jeanne Léonide Poinat le à Paris 4e et morte le à Sèvres, est une photographe française, spécialisée dans les portraits d'enfants.

D'abord collaboratrice de son mari Louis Justin Kling, elle a dirigé seule l'atelier Hermann & Cie après leur séparation, puis durant son veuvage.

Biographie

Jeunesse et famille

Jeanne Léonide (ou Léonie[Note 1]) Poinat naît en 1842 à Paris, fille de Gabriel Poinat, négociant, et de Jeanne Marthe Legavre, son épouse, résidant 50, rue de l'Arbre-Sec[1]. Elle a deux frères aînés, Jean né en 1839 et Maxime né en 1841[2]. Elle a 16 ans lorsque sa mère meurt, en 1858, à l'âge de 46 ans[3].

En 1862, âgée de 20 ans et sans profession, elle épouse Louis Justin Kling, un négociant de 28 ans né à Scherwiller[4]. Le couple a un fils, Gabriel Léon, en 1864[Note 2].

Son père, devenu maire d'Ivry-sur-Seine en 1878, meurt en 1879[6].

Parcours

Dans les années 1860, les époux Kling-Poinat sont établis comme passementiers 11, rue des Fossés-Montmartre[7]. Au début des années 1870, ils reprennent sous le nom commercial Hermann (& Cie) la gérance d'un atelier de photographie situé 20, rue de la Chaussée-d'Antin[8]. L'établissement a d'abord été tenu par le photographe Paul Émile Pesme[9] jusqu'à sa mort en , puis racheté par Émile Augustin de Verdier de Suze le pour la somme de 825 francs[10].

L'atelier Hermann, spécialisé dans la photographie au collodion, vend par ailleurs des fournitures pour la photographie et propose aux photographes établis à Paris ou en province de sous-traiter certains travaux techniques, comme la photographie sur émail ou les agrandissements[11],[9].

En sont saisis dans l'atelier 22 000 photographies de Louis-Napoléon Bonaparte, fils unique de l'impératrice Eugénie et de Napoléon III[12]. Autour du portrait sont reproduits un discours que le prince impérial a prononcé le , ainsi que les dates de quatre des cinq plébiscites favorables à son père[13]. Depuis la mort de ce dernier le 9 janvier, Louis-Napoléon est considéré par les bonapartistes comme l'héritier dynastique des Bonaparte. Quelques jours après la saisie des clichés, le ministre de l'Intérieur lève néanmoins la mesure prise contre l'atelier Hermann[14].

Au début des années 1880, l'atelier se spécialise dans les portraits pour enfants[15], que réalise Jeanne Léonide Kling sous le nom de Madame Hermann[16]. Dans Le Figaro, le journaliste Marc de Rossieny insiste sur le fait qu'elle « opère elle-même » et loue ses talents de physionomiste avec les enfants et les bébés dont elle parvient à capter l'attention pour obtenir la meilleure pose[17]. Parmi les enfants photographiés à l'atelier figurent Marcel Proust et son frère Robert, vers 1885[Note 3].

Séparée de corps de son mari à une date indéterminée, Jeanne Léonide Kling continue seule son activité de photographe. Elle se fait parfois prénommer Marthe[18] (ou Jeanne Marthe[19],[Note 4]), comme à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889 où elle présente plusieurs portraits[20]. Leur qualité est remarquée par le jury, à l'instar des travaux de Reutlinger fils ou de Gervais-Courtellemont[21]. En 1899, Louis Justin Kling meurt à Bois-Colombes, à son domicile du 205, avenue d'Argenteuil[22]. Sur son acte de décès, il est dit « célibataire » et « sans profession ». La raison sociale de Jeanne Léonide Kling devient Mme Vve Hermann[23].

Médaille d'argent à l'exposition universelle de 1900[24], elle est décrite comme une « photographe distinguée, recherchée du monde entier pour ses portraits d’enfants et bien connue dans le quartier de la Chaussée d'Antin[25]. » Elle compose par ailleurs quelques valses[26], dont elle vend les partitions dans son atelier pour financer ses œuvres philanthropiques, notamment La Maternelle de Sèvres[27].

Jeanne Léonide Kling meurt en 1910 à son domicile du 108, rue Brancas à Sèvres, toujours photographe selon son acte de décès[28]. Elle est inhumée trois jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise, dans le caveau de la famille Poinat surmonté d'un buste en bronze de son père sculpté par François-Auguste Charodeau[29]. Elle est dite « compositeur » et « officier de l'Instruction publique » sur sa sépulture.

Peu après sa mort, Gabriel Léon Kling vend le fonds de commerce du 20, rue de la Chaussée-d'Antin à M. Siré[30],[31]. La dénomination Hermann est conservée au moins jusqu'en 1950, année de la revente du fonds pour la somme de 3 millions de francs[32].

Décorations

Collections

Notes et références

Notes

  1. Selon son acte de naissance reconstitué.
  2. Capitaine, Gabriel Léon Kling est mort pour la France à la Fère-Champenoise le [5].
  3. En l'absence de source plus précise, il n'est pas possible de savoir lequel des époux Kling a réalisé ce portrait.
  4. Les prénoms Jeanne et Marthe sont ceux de sa mère, d'après l'acte de décès de Jeanne Léonide Poinat.

Références

  1. Acte de naissance du , reconstitué le , Paris 4e (ancien), Archives de Paris [lire en ligne] (vue 36/51)
  2. Acte de naissance du , reconstitué le , Paris 4e (ancien) ; acte de naissance du , reconstitué après le , Paris 4e (ancien), Archives de Paris
  3. Acte de décès du , reconstitué après le , Paris 4e (ancien), Archives de Paris
  4. Acte de mariage no 389 du , , Paris 1er, Archives de Paris
  5. Dossier de la Légion d'honneur, no 81342, base Léonore, Archives nationales [lire en ligne]
  6. Amis et passionnés du Père-Lachaise, « POINAT Gabriel (1811-1879) », sur Cimetière du Père-Lachaise - APPL, (consulté le )
  7. Alexandre Plouviez, Mémorial des faillites et concordats, séparations de biens, interdictions, conseils judiciaires et réhabilitations du département de la Seine : précédé de la liste de MM. les magistrats et officiers ministériels... des lois sur la contrainte par corps et sur les sociétés, Paris, (lire en ligne), p. 199
  8. « Jeune femme portant une croix en collier et des boucles d'oreille — Portrait Sépia », sur www.portraitsepia.fr (consulté le )
  9. E. Fontès, « Correspondance. Un essai de centralisation », Le Moniteur de la photographie,‎ , p. 166-167 (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Cahier des charges pour la vente de deux fonds de photographie (cote MC/ET/LII/1001) », sur Archives nationales, (consulté le )
  11. « Ancienne maison Pesme [encadré publicitaire] », Le Moniteur de la photographie,‎ , p. IX (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Sous ce titre Les deux Justices, on lit dans le Gaulois », La Petite Gironde,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Louis Bonaparte (photogr. Hermann), [discours du prince impérial], Morris & fils, (lire en ligne)
  14. « Nouvelles du jour », sur Gallica, Le Journal de Paris, (consulté le ), p. 2
  15. « Photographes. Articles et produits », sur Gallica, La Revue des jeux, des arts et du sport, (consulté le ), p. 878
  16. (en) « Among the many excellent... », sur Gallica, The American Rgister for Paris and the Continent, (consulté le ), p. 13
  17. Marc de Rossieny, « L'album de photographie », sur Gallica, Le Figaro, (consulté le ), p. 2
  18. Exposition internationale universelle de 1900. Catalogue général officiel. Groupe III, Paris, Imprimeries Lemercier, (lire en ligne), p. 22
  19. « Mme veuve Hermann, Jeanne Marthe », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 1647
  20. Catalogue général officiel de l'exposition universelle de 1889. Tome second, Lille, Imprimerie L. Danel, (lire en ligne), p. 8
  21. Léon Vidal, Rapports du jury international publiés sous la direction de M. Alfred Picard,... : classe 12, épreuves et appareils de photographie. Exposition universelle internationale de 1889 à Paris, (lire en ligne), p. 70
  22. Acte de décès no 68, , Bois-Colombes, Archives départementales des Hauts-de-Seine [lire en ligne] (vue 19/78)
  23. « Mère (ou nourrice) portant un bébé — Portrait Sépia », sur www.portraitsepia.fr (consulté le )
  24. « Henri à l'âge de 15 mois — Portrait Sépia », sur www.portraitsepia.fr (consulté le )
  25. H. Retsi, « Madame Hermann », sur Gallica, La Revue du bien dans la vie et dans l'art, (consulté le ), p. 13
  26. « Tout le monde connaît... », sur Gallica, Le Journal, (consulté le ), p. 4
  27. Agathon, « Le bien qu'on fait. Mme Hermann », sur Gallica, La Revue du bien dans la vie et dans l'art, (consulté le ), p. 10
  28. Acte de décès no 12, , Sèvres, Archives départementales des Hauts-de-Seine
  29. Amis et passionnés du Père-Lachaise, « KLING Jeanne Léonide, née POINAT (1842-1910) », sur Cimetière du Père-Lachaise - APPL, (consulté le )
  30. « Ventes de fonds », sur Gallica, L'Information photographique, (consulté le ), p. 111
  31. « Kling (Vve) dite Hermann », sur Gallica, Archives commerciales de la France, (consulté le ), p. 308
  32. « Ventes de fonds », sur Gallica, Le Photographe, (consulté le )
  33. « Mme Hermann, Marthe », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 779
  34. « Hermann (38349) | Musée d'Orsay », sur www.musee-orsay.fr (consulté le )
  35. (it) « Portrait de Paul Vallot », sur IALP Mountain Museums (consulté le )
  36. « Lucien Psichari, bébé | Paris Musées », sur www.parismuseescollections.paris.fr (consulté le )

Liens externes

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