Madame Hermann
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Jeanne Léonide Poinat |
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Jeanne Léonie Poinat, Jeanne Léonide Kling, Veuve Hermann, (Jeanne) Marthe Hermann |
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- |
Madame Hermann, dite aussi Madame Veuve Hermann, née Jeanne Léonide Poinat le à Paris 4e et morte le à Sèvres, est une photographe française, spécialisée dans les portraits d'enfants.
D'abord collaboratrice de son mari Louis Justin Kling, elle a dirigé seule l'atelier Hermann & Cie après leur séparation, puis durant son veuvage.
Biographie
Jeunesse et famille
Jeanne Léonide (ou Léonie[Note 1]) Poinat naît en 1842 à Paris, fille de Gabriel Poinat, négociant, et de Jeanne Marthe Legavre, son épouse, résidant 50, rue de l'Arbre-Sec[1]. Elle a deux frères aînés, Jean né en 1839 et Maxime né en 1841[2]. Elle a 16 ans lorsque sa mère meurt, en 1858, à l'âge de 46 ans[3].
En 1862, âgée de 20 ans et sans profession, elle épouse Louis Justin Kling, un négociant de 28 ans né à Scherwiller[4]. Le couple a un fils, Gabriel Léon, en 1864[Note 2].
Son père, devenu maire d'Ivry-sur-Seine en 1878, meurt en 1879[6].
Parcours
Dans les années 1860, les époux Kling-Poinat sont établis comme passementiers 11, rue des Fossés-Montmartre[7]. Au début des années 1870, ils reprennent sous le nom commercial Hermann (& Cie) la gérance d'un atelier de photographie situé 20, rue de la Chaussée-d'Antin[8]. L'établissement a d'abord été tenu par le photographe Paul Émile Pesme[9] jusqu'à sa mort en , puis racheté par Émile Augustin de Verdier de Suze le pour la somme de 825 francs[10].
L'atelier Hermann, spécialisé dans la photographie au collodion, vend par ailleurs des fournitures pour la photographie et propose aux photographes établis à Paris ou en province de sous-traiter certains travaux techniques, comme la photographie sur émail ou les agrandissements[11],[9].
En sont saisis dans l'atelier 22 000 photographies de Louis-Napoléon Bonaparte, fils unique de l'impératrice Eugénie et de Napoléon III[12]. Autour du portrait sont reproduits un discours que le prince impérial a prononcé le , ainsi que les dates de quatre des cinq plébiscites favorables à son père[13]. Depuis la mort de ce dernier le 9 janvier, Louis-Napoléon est considéré par les bonapartistes comme l'héritier dynastique des Bonaparte. Quelques jours après la saisie des clichés, le ministre de l'Intérieur lève néanmoins la mesure prise contre l'atelier Hermann[14].
Au début des années 1880, l'atelier se spécialise dans les portraits pour enfants[15], que réalise Jeanne Léonide Kling sous le nom de Madame Hermann[16]. Dans Le Figaro, le journaliste Marc de Rossieny insiste sur le fait qu'elle « opère elle-même » et loue ses talents de physionomiste avec les enfants et les bébés dont elle parvient à capter l'attention pour obtenir la meilleure pose[17]. Parmi les enfants photographiés à l'atelier figurent Marcel Proust et son frère Robert, vers 1885[Note 3].
Séparée de corps de son mari à une date indéterminée, Jeanne Léonide Kling continue seule son activité de photographe. Elle se fait parfois prénommer Marthe[18] (ou Jeanne Marthe[19],[Note 4]), comme à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889 où elle présente plusieurs portraits[20]. Leur qualité est remarquée par le jury, à l'instar des travaux de Reutlinger fils ou de Gervais-Courtellemont[21]. En 1899, Louis Justin Kling meurt à Bois-Colombes, à son domicile du 205, avenue d'Argenteuil[22]. Sur son acte de décès, il est dit « célibataire » et « sans profession ». La raison sociale de Jeanne Léonide Kling devient Mme Vve Hermann[23].
Médaille d'argent à l'exposition universelle de 1900[24], elle est décrite comme une « photographe distinguée, recherchée du monde entier pour ses portraits d’enfants et bien connue dans le quartier de la Chaussée d'Antin[25]. » Elle compose par ailleurs quelques valses[26], dont elle vend les partitions dans son atelier pour financer ses œuvres philanthropiques, notamment La Maternelle de Sèvres[27].
Jeanne Léonide Kling meurt en 1910 à son domicile du 108, rue Brancas à Sèvres, toujours photographe selon son acte de décès[28]. Elle est inhumée trois jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise, dans le caveau de la famille Poinat surmonté d'un buste en bronze de son père sculpté par François-Auguste Charodeau[29]. Elle est dite « compositeur » et « officier de l'Instruction publique » sur sa sépulture.
Peu après sa mort, Gabriel Léon Kling vend le fonds de commerce du 20, rue de la Chaussée-d'Antin à M. Siré[30],[31]. La dénomination Hermann est conservée au moins jusqu'en 1950, année de la revente du fonds pour la somme de 3 millions de francs[32].
Décorations
- Officière de l'ordre des Palmes académiques, 1902 (sous le nom de Mme veuve Hermann, Jeanne Marthe)[19]
- Officier de l'Instruction publique, 1909 (sous le nom de Mme Hermann, Marthe)[33]
Collections
- Portrait d'André Pfeiffer enfant, 1895, musée d'Orsay, Paris[34]
- Portrait de Paul Vallot enfant (fils de Joseph Vallot et Gabrielle Vallot), après 1898, musée Alpin de Chamonix-Mont-Blanc[35]
- Portrait de Lucien Psichari bébé (petit-fils d'Anatole France), 1909, musée de la Vie romantique, Paris[36]
Notes et références
Notes
- ↑ Selon son acte de naissance reconstitué.
- ↑ Capitaine, Gabriel Léon Kling est mort pour la France à la Fère-Champenoise le [5].
- ↑ En l'absence de source plus précise, il n'est pas possible de savoir lequel des époux Kling a réalisé ce portrait.
- ↑ Les prénoms Jeanne et Marthe sont ceux de sa mère, d'après l'acte de décès de Jeanne Léonide Poinat.
Références
- ↑ Acte de naissance du , reconstitué le , Paris 4e (ancien), Archives de Paris [lire en ligne] (vue 36/51)
- ↑ Acte de naissance du , reconstitué le , Paris 4e (ancien) ; acte de naissance du , reconstitué après le , Paris 4e (ancien), Archives de Paris
- ↑ Acte de décès du , reconstitué après le , Paris 4e (ancien), Archives de Paris
- ↑ Acte de mariage no 389 du , , Paris 1er, Archives de Paris
- ↑ Dossier de la Légion d'honneur, no 81342, base Léonore, Archives nationales [lire en ligne]
- ↑ Amis et passionnés du Père-Lachaise, « POINAT Gabriel (1811-1879) », sur Cimetière du Père-Lachaise - APPL, (consulté le )
- ↑ Alexandre Plouviez, Mémorial des faillites et concordats, séparations de biens, interdictions, conseils judiciaires et réhabilitations du département de la Seine : précédé de la liste de MM. les magistrats et officiers ministériels... des lois sur la contrainte par corps et sur les sociétés, Paris, (lire en ligne), p. 199
- ↑ « Jeune femme portant une croix en collier et des boucles d'oreille — Portrait Sépia », sur www.portraitsepia.fr (consulté le )
- E. Fontès, « Correspondance. Un essai de centralisation », Le Moniteur de la photographie, , p. 166-167 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Cahier des charges pour la vente de deux fonds de photographie (cote MC/ET/LII/1001) », sur Archives nationales, (consulté le )
- ↑ « Ancienne maison Pesme [encadré publicitaire] », Le Moniteur de la photographie, , p. IX (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Sous ce titre Les deux Justices, on lit dans le Gaulois », La Petite Gironde, , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Louis Bonaparte (photogr. Hermann), [discours du prince impérial], Morris & fils, (lire en ligne)
- ↑ « Nouvelles du jour », sur Gallica, Le Journal de Paris, (consulté le ), p. 2
- ↑ « Photographes. Articles et produits », sur Gallica, La Revue des jeux, des arts et du sport, (consulté le ), p. 878
- ↑ (en) « Among the many excellent... », sur Gallica, The American Rgister for Paris and the Continent, (consulté le ), p. 13
- ↑ Marc de Rossieny, « L'album de photographie », sur Gallica, Le Figaro, (consulté le ), p. 2
- ↑ Exposition internationale universelle de 1900. Catalogue général officiel. Groupe III, Paris, Imprimeries Lemercier, (lire en ligne), p. 22
- « Mme veuve Hermann, Jeanne Marthe », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 1647
- ↑ Catalogue général officiel de l'exposition universelle de 1889. Tome second, Lille, Imprimerie L. Danel, (lire en ligne), p. 8
- ↑ Léon Vidal, Rapports du jury international publiés sous la direction de M. Alfred Picard,... : classe 12, épreuves et appareils de photographie. Exposition universelle internationale de 1889 à Paris, (lire en ligne), p. 70
- ↑ Acte de décès no 68, , Bois-Colombes, Archives départementales des Hauts-de-Seine [lire en ligne] (vue 19/78)
- ↑ « Mère (ou nourrice) portant un bébé — Portrait Sépia », sur www.portraitsepia.fr (consulté le )
- ↑ « Henri à l'âge de 15 mois — Portrait Sépia », sur www.portraitsepia.fr (consulté le )
- ↑ H. Retsi, « Madame Hermann », sur Gallica, La Revue du bien dans la vie et dans l'art, (consulté le ), p. 13
- ↑ « Tout le monde connaît... », sur Gallica, Le Journal, (consulté le ), p. 4
- ↑ Agathon, « Le bien qu'on fait. Mme Hermann », sur Gallica, La Revue du bien dans la vie et dans l'art, (consulté le ), p. 10
- ↑ Acte de décès no 12, , Sèvres, Archives départementales des Hauts-de-Seine
- ↑ Amis et passionnés du Père-Lachaise, « KLING Jeanne Léonide, née POINAT (1842-1910) », sur Cimetière du Père-Lachaise - APPL, (consulté le )
- ↑ « Ventes de fonds », sur Gallica, L'Information photographique, (consulté le ), p. 111
- ↑ « Kling (Vve) dite Hermann », sur Gallica, Archives commerciales de la France, (consulté le ), p. 308
- ↑ « Ventes de fonds », sur Gallica, Le Photographe, (consulté le )
- ↑ « Mme Hermann, Marthe », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 779
- ↑ « Hermann (38349) | Musée d'Orsay », sur www.musee-orsay.fr (consulté le )
- ↑ (it) « Portrait de Paul Vallot », sur IALP Mountain Museums (consulté le )
- ↑ « Lucien Psichari, bébé | Paris Musées », sur www.parismuseescollections.paris.fr (consulté le )
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices et photographies de Veuve Hermann et Hermann, site Portrait sépia
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