Maarouf al-Dawalibi

Maarouf al-Dawalibi
معروف الدواليبي
Fonctions
Premier ministre de Syrie
Ministre des Affaires étrangères

(3 mois et 6 jours)
Président Nazem Koudsi
Prédécesseur Izzet el-Noss
Successeur Bashir al-Azma
Ministre de la Défense

(4 mois et 18 jours)
Président Hachem al-Atassi
Premier ministre Sabri al-Assali
Prédécesseur Raf'at Khankan
Successeur Saïd al-Ghazzi
Premier ministre de Syrie
Ministre de la Défense

(1 jour)
Prédécesseur Zaki al-Khatib
Successeur Faouzi Selou
Président de l'Assemblée constituante

(3 mois et 7 jours)
Prédécesseur Rushdi al-Kikhya
Successeur Nazem Koudsi
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Alep (Empire ottoman)
Date de décès (à 94 ans)
Lieu de décès Riyad (Arabie saoudite)
Nationalité Syrienne
Parti politique Parti du peuple (Syrie)
Diplômé de Université de Damas
Sorbonne Université

Premiers ministres de Syrie

Maarouf al-Dawalibi (en arabe : معروف الدواليبي / Ma'rūf al-Dawālībī), né le à Alep et mort le à Riyad, est un homme d'État syrien qui occupe à deux reprises le poste de Premier ministre : brièvement en 1951, puis de 1961 à 1962. Ses deux mandats sont interrompus par des coups d'État militaires[1]. Avec l'arrivée au pouvoir du Parti Baas en 1963, il est emprisonné puis contraint à l'exil. Il s'établit alors en Arabie saoudite, où il sert comme conseiller des rois saoudiens jusqu'à sa mort[2],[3],[4].

Biographie

Gouvernement Dawalibi I (1951)

Dawalibi accéda au poste de chef du gouvernement suite à une crise ministérielle en novembre 1951[5] ; cette crise fut précipitée par la démission du Premier ministre Hassan al-Hakim, entraînant un vide gouvernemental en Syrie[6],[7]. Le président Hachem al-Atassi chargea Maarouf al-Dawalibi de former un nouveau gouvernement, et ce dernier prit ses fonctions de Premier ministre le 28 novembre[8].

En opposition à l’intervention de l’armée dans les affaires gouvernementales, Dawalibi conserva pour lui-même le portefeuille de la Défense, refusant de nommer le colonel Faouzi Selou à ce poste[7]. La nomination de Selu au ministère de la Défense avait été une exigence imposée par le colonel Adib Chichakli après son coup d’État de décembre 1949, une condition que tous les gouvernements ultérieurs avaient respectée jusqu’alors[1]. La décision d’Dawalibi de prendre le contrôle du ministère de la Défense fut immédiatement contestée par le colonel Selou, qui porta plainte auprès d’Adib Chichakli[7]. Le jour même de la formation du gouvernement, une réunion eut lieu entre Chichakli, Dawalibi et le président Hachem al-Atassi, au cours de laquelle Chichakli exigea la dissolution du cabinet et la formation d’un nouveau gouvernement aligné sur les intérêts militaires. Tant Dawalibi qu’Atassi refusèrent de céder à ses exigences[8].

Le cabinet Dawalibi connut une existence éphémère ; il ne se maintint que douze heures après sa constitution avant d'être renversé par Chichakli le 29 novembre[5]. Le coup d’État de Chichakli entraîna l’arrestation du Premier ministre Dawalibi et de l’ensemble de ses ministres, incarcérés à la prison de Mezzeh[8]. Après des tentatives infructueuses pour obtenir sa démission, Dawalibi finit par la présenter le 1er décembre. Le président Atassi chargea alors Hamid al-Khouja, un politicien indépendant, de former un nouveau cabinet. Toutefois, l’opposition croissante empêcha la constitution du gouvernement, conduisant Atassi à démissionner à son tour le 2 décembre afin d’éviter une impasse politique[6],[7].

Période intermédiaire (1951–1961)

Le 3 décembre, Chichakli délégua les fonctions de Premier ministre et de président à Faouzi Selou[7]. Dans les faits, Selou n’exerçait qu’un pouvoir symbolique tandis que Chichakli consolidait sa dictature militaire dans le pays[9]. Libéré de prison en 1952, Dawalibi fit face à une seconde détention l'année suivante en raison de ses critiques envers le régime, ce qui le contraignit à s'exiler en Irak[2].

Dawalibi rentra en Syrie après le coup d'État de 1954 qui renversa le régime de Chichakli. La présidence fut reprise par Hachem al-Atassi, qui s'engagea à achever son mandat constitutionnel[8]. Atassi rétablit l'ordre politique antérieur au coup d’État de 1951, conduisant Dawalibi à soumettre à nouveau sa démission conformément aux procédures constitutionnelles[1]. Intégré au cabinet du Premier ministre Sabri al Assali, il fut nommé ministre de la Défense. Ce gouvernement demeura en fonction du 1er mars au 19 juin 1954[10]. À ce poste, Dawalibi œuvra à réduire l'influence de l'armée dans les affaires gouvernementales et tenta de faire adopter une loi prohibant l'appartenance des militaires à des partis politiques[3].

Gouvernement Dawalibi II (1961–1962)

Après la sécession de la Syrie de son union avec l'Égypte en 1961, le président Nazem Koudsi chargea Dawalibi de former un gouvernement[1],[3]. Maarouf al-Dawalibi prit ses fonctions de Premier ministre le 22 décembre, à la tête d'un cabinet composé de seize ministres[1]. Outre la direction du gouvernement, Dawalibi occupa simultanément le portefeuille des Affaires étrangères[2],[11].

En janvier 1962, Maarouf al-Dawalibi offrit la médiation du gouvernement syrien dans le conflit entre l'Irak et le Koweït, découlant de la revendication de souveraineté irakienne sur le territoire koweïtien après l'indépendance de ce dernier en 1961. La proposition fut ignorée par le président irakien Abdel Karim Kassem[12].

Le 28 mars 1962, une tentative de coup d'État menée par l'officier syrien Abdul Karim al-Nahlawi entraîna l'arrestation du Premier ministre Maarouf al-Dawalibi et du président Nazem Koudsi. Cependant, quelques jours plus tard, un groupe d'officiers légalistes conduisit un contre-coup d'État réussi le 1er avril, aboutissant à la libération des deux dirigeants et au rétablissement du gouvernement renversé. Néanmoins, Dawalibi fut contraint de démissionner pour éviter un conflit plus grave avec les militaires[1],[3].

Exil et mort

La carrière politique de Maarouf al-Dawalibi prit fin avec le coup d'État baasiste de 1963[8]. Les nouvelles autorités syriennes, dominées par des officiers d'idéologie baasiste et nassérienne, lancèrent une campagne d'arrestations visant les personnalités politiques associées au mouvement anti-nassérien en Syrie[3]. Le Conseil du Commandement révolutionnaire ordonna l'arrestation d'Dawalibi et du président Koudsi, accusés de « crime de sécession »[1]. Dawalibi demeura emprisonné jusqu'en 1964, avant d'être contraint à l'exil[2],[13]. Il se réfugia d'abord au Liban et, après un bref séjour à Beyrouth, s'installa définitivement en Arabie saoudite[1],[3].

En 1965, il fut appelé par le roi Fayçal pour servir comme conseiller politique à la cour royale saoudienne. Sous les règnes successifs des rois Khaled et Fahd, Dawalibi continua d’exercer ses fonctions de conseiller, demeurant en poste jusqu’à sa mort[4],[2],[3].

À la fin des années 1970, Dawalibi fut envoyé au Pakistan à la demande du dictateur Muhammad Zia-ul-Haq[14], avec pour mission d'assister le Conseil de l'idéologie islamique dans l'élaboration d'un nouveau code de lois islamiques pour le pays[13]. Les textes furent initialement rédigés par Dawalibi en arabe, puis traduits en ourdou et en anglais par une équipe de quinze spécialistes[13]. Sa contribution la plus notable fut la formulation des Ordonnances Hudood de 1979[14].

Maarouf al Dawalibi est décédé à Riyad le 15 janvier 2004[2]. Depuis 2004, sa dépouille est enterrée au cimetière Al Baqi à Médine[8].

Famille

Maarouf al-Dawalibi avait pour épouse Umm Muhammad[15], une Française qui a embrassé l'islam après leur mariage[1]. Leur fils, Nofal al-Dawalibi, fut une membre de l'opposition syrienne au régime de Bachar el-Assad[16].

Notes et références

  1. (ar) « معروف الدواليبي », sur damapedia.com (consulté le )
  2. (ar) « معروف الدواليبي … الشيخ الأحمر تحدّى الأمريكيين واعتقله البعث », sur snacksyrian.com,‎ (consulté le )
  3. Sami M. Moubayed 2006, p. 220–222.
  4. (ar) Omar Al-Absi, « التجربة السياسية للحركة الإسلامية في سورية : محمد معروف الدواليبي أنموذجاً », sur odabasham.net,‎ (consulté le )
  5. David W. Lesch 2021, p. 124-125.
  6. Patrick Seale 1965, p. 114–116.
  7. Sami M. Moubayed 2000, p. 76–78.
  8. (ar) Muhammad Khair Musa, « معروف الدواليبي.. الشيخ الأحمر الذي لا يحب العسكر ولا يحبه العسكر », sur Al Jazeera,‎ (consulté le )
  9. Patrick Seale 1965, p. 118–119.
  10. (ar) « وزارة السيد صبري العسلي (من 1 آذار 1954 - 19 حزيران 1954) », sur pministry.gov.sy (consulté le )
  11. (ar) « وزارة الدكتور معروف الدواليبـي (من 22 كانون الأول 1961 - 27 آذار 1962 », sur pministry.gov.sy (consulté le )
  12. H. Rahman 1997.
  13. Kim Ghattas 2020, p. 61–62.
  14. Ayesha Khan 2018, p. 61–62.
  15. Abdul Quddus Abu Salih 2005.
  16. « Syrie. L'opposition «ne peut plus attendre» », sur Le Télégramme, (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Sami M. Moubayed, Steel & Silk: Men and Women who Shaped Syria 1900-2000, Cune Press, (ISBN 9781885942401, lire en ligne).
  • (en) David W. Lesch, Historical Dictionary of Syria, (ISBN 9781538122860, lire en ligne).
  • (en) Patrick Seale, The Struggle for Syria — A Study of Post-War Arab Politics, 1945-1958, Oxford University Press, (ISBN 9781850430650).
  • (en) Sami M. Moubayed, Damascus Between Democracy and Dictatorship, University Press of America, (ISBN 9780761817444, lire en ligne).
  • (ar) Abdul Quddus Abu Salih, مذكرات الدكتور معروف [« Mémoires du Dr Maarouf al-Dawalibi »], Obeikan Publishing,‎ (ISBN 9960406911, lire en ligne).
  • (en) H. Rahman, The Making of the Gulf War: Origins of Kuwait's Long-standing Territorial Dispute with Iraq, Garnet & Ithaca Press, (ISBN 978-0863722073, lire en ligne), chap. 8 (« Qasim's Claims and British Intervention, 1958-1962 »).
  • (en) Kim Ghattas, Black Wave: Saudi Arabia, Iran, and the forty-year rivalry that unraveled culture, religion, and collective memory in the Middle East, Henry Holt and Company, (ISBN 978-1-250-13120-1, lire en ligne).
  • (en) Ayesha Khan, The Women's Movement in Pakistan: Activism, Islam and Democracy, Bloomsbury Publishing, (ISBN 9781786735232, lire en ligne).
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