Système principal de combat terrestre

MGCS
Caractéristiques de service
Type char de combat
Service Prévu pour l'horizon 2040
Utilisateurs France, Allemagne
Production
Concepteur Nexter, Rheinmetall et Krauss-Maffei Wegmann
Année de conception 2012-Présent

Le Système principal de combat terrestre, abrégé en anglais MGCS pour Main Ground Combat System, est un projet d'armement franco-allemand lancé en 2012 pour développer un char de combat qui remplacerait le Leopard 2 dans l'armée allemande et le Leclerc dans l'armée française vers 2040[1].

Projet

Gouvernance

Ce type de projet comporte des rapports de force entre des parties prenantes à l'échelle d'une nation. En conséquence, les enjeux sont importants en politique et en économie, au niveau national et international. L'historique ci-dessous retrace les événements marquants de ce projet prévu sur plusieurs décennies dès l'origine.

Sur la gouvernance

  • L'Allemagne et la France ont cherché à s'associer pour des raisons de réduction de coût notamment par l'augmentation globale du volume de chars d'un même modèle produit ;
  • Pour ce faire les groupes industriels Nexter et Krauss-Maffei Wegmann ont fusionné dans KNDS ;
  • L'Italie a étudié sa participation potentielle ;
  • La Pologne a étudié sa participation potentielle ;
  • Rheinmetall est venue s'ajouter au projet du côté allemand ;
  • Une lutte de pouvoir complexe a commencé :
    • Il y a deux États, mais trois sociétés, une française et deux allemandes (Nexter, KMW, et Rheinmetall).
    • D'une part les États veulent partager le pouvoir à 50 %-50 %, d'autre part les deux sociétés allemandes sont en concurrence, et chacune veut prendre le pouvoir sur l'autre et éventuellement absorber l'autre ;
    • La France refuse de descendre en dessous des 50 % de participation, ce qui empêche la répartition en trois tiers entre les trois sociétés ;
    • Pour parvenir à un accord de toutes les parties, la production a été scindée en lots, et les lots parfois scindés en deux ;
    • De ce fait, l'inclusion éventuelle de l'Italie ou de la Pologne n'est pas facilitée.

Sur les objectifs

Comme souvent dans les projets internationaux, les objectifs peuvent diverger, il suffit de se rappeler des projets internationaux passés, comme le MBT-70.

  • Les Français veulent être très innovants et privilégient les besoins opérationnels de leur armée de terre.
  • Les Allemands sont davantage dans une logique industrielle et commerciale : quel successeur proposer aux 19 clients de l’actuel Leopard 2, dont la Bundeswehr ?
  • Et la question des exportations reste un point de crispation réelle entre la France et l'Allemagne.

Parties prenantes

Administration

Les contrats sont passés par l'Office fédéral des équipements, des technologies de l'information et du soutien en service de la Bundeswehr (BAAINBw)[2].

Sociétés

En février 2020, les sociétés principalement impliquées dans le projet sont :

Les deux dernières sont regroupées dans KNDS (KMW+Nexter Defense Systems), basée à Amsterdam (Pays-Bas), qui est une société holding des sociétés de défense Krauss-Maffei Wegmann (KMW) allemande, fusionnée au printemps 2015, et la société d'État Nexter française[3].

L'étude d'architecture a été divisée en neuf piliers partagés entre les trois industriels avec un équilibre coûts et charges de travail à parité entre la France et l'Allemagne : trois piliers pilotés par Nexter, trois piliers par Krauss-Maffei Wegmann et trois piliers pour Rheinmetall[4].

Accompagnement par l'ISL

Le projet est accompagné par l'Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL)[5].

Innovations technologiques et expertise de l’ISL pour le MGCS[6] :

Canon

Historique

Planification initiale en 2020

En , le plan est le suivant[4] :

  • Les études importantes débutent en 2025 ;
  • Un démonstrateur est livré entre 2025 et 2030 ;
  • Le char est opérationnel en 2035.

Prolongation de l'étude d'architecture jusqu'en 2023

En il est annoncé que l'étude d'architecture doit être prolongée jusqu'au début de 2023. Les difficultés sont causées par la répartition des tâches, prévue à l'origine à moitié entre les entreprises françaises et allemandes, mais qui se retrouve chamboulée par l'arrivée de Rheinmetall dans le conglomérat[7].

Redéfinition du cahier des charges en 2023

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu annonce vendredi 26 mai 2023 à l'Assemblée Nationale qu'il doit se rendre à Berlin le 12 juin 2023 pour relancer le programme de coopération franco-allemand sur le "char du futur". Il précise avoir donné un mandat au chef d'état-major de l'armée de Terre pour faire des propositions en lien avec le chef d'état-major allemand pour définir clairement le cahier des charges : s'il doit être habité, s'il doit avoir son essaim de drones, et le niveau de durcissement de son armement. Le ministre déclare ainsi vouloir donner la définition du cahier des charges aux militaires de l'Armée de Terre plutôt qu'aux industriels. Le ministre a prévu d'en rendre compte au Parlement en 2025, sous la forme d'un point de situation[8].

Protocole d'accord en 2024

Le , les ministres de la défense allemand et français signent à Paris un protocole d'accord sur le lancement de la première phase du projet[9],[10]. La répartition se fait sur huit piliers :

  • pilier 1 : plateforme et navigation automatisée, sous direction allemande ;
  • pilier 2 : tourelles, canons et munitions, sous direction franco-allemande ;
  • pilier 3 : armement secondaire [comme les missiles], sous direction française ;
  • pilier 4 : système de communication et de commandement, sous direction franco-allemande ;
  • pilier 5 : simulation, sous direction franco-allemande ;
  • pilier 6 : technologie des capteurs, sous direction française ;
  • pilier 7 : protection et défense contre les drones, sous direction allemande ;
  • pilier 8 : logistique, soutien et infrastructures, sous direction franco-allemande [11]

Thales partenaire en 2025

En janvier 2025, Thales SIX GTS France entre dans le projet au travers d'un pacte d'actionnaires en vue de la création d'une MGCS Project Company basée à Cologne, répartie à parts égales entre les quatre entreprises (KNDS Deutschland, KNDS France, Rheinmetall Landsysteme et Thales SIX GTS France), avec une répartition industrielle de 50% pour l'Allemagne et de 50% pour la France[12]. En avril 2025, l’Office fédéral de lutte contre les cartels (Bundeskartellamt : BKartA) valide le dernier accord nécessaire à ce projet. Devrait suivre un appel d'offres en vue de la notification des contrats permettant d’engager une nouvelle phase de développement et de conception pour chacun des huit piliers[13].

Le Leclerc Évolution, intermédiaire avant le MGCS

La France envisage une solution temporaire pour ses chars de combat alors que la situation en Europe se dégrade. Il serait prévu de créer un successeur au Leclerc, de la même manière que le Leopard 3 pour l’Allemagne permettrait d'attendre le MGCS[14]. Cela prend en 2024-2025 la forme d'une variante du Leclerc, le Leclerc Évolution[15],[16],[17],[18].

EMBT

L'Enhanced Main Battle Tank (EMBT) est un démonstrateur technologique franco-allemand de char de combat conçu par la KNDS. Le char est dévoilé le 13 juin 2022 au salon international de la défense Eurosatory.

Futurs utilisateurs

Futurs utilisateurs potentiels

  • Belgique : la participation de la Belgique au programme a été évoquée mais n'a pas fait l'unanimité chez les parlementaires[19].
  • Espagne : l'armée espagnole a annoncé son intérêt à remplacer le Leopard 2E avec le MGCS dès qu'il sera disponible[20].
  • Italie[21],[22] : à la suite de l'accord entre la France et l'Allemagne en avril 2024, l'Italie envisage sa participation au projet[23].
  • Pays-Bas[réf. nécessaire]
  • Suède : la Suède demande en 2021 le statut d'observateur au sein du projet[24].

Pays non intéressés

  • Pologne : le , la Pologne est exclue du projet en raison de ses choix d'accords militaires uniquement avec les États-Unis[25].

Notes et références

  1. « Projet de char d'assaut franco-allemand : oui, les chars lourds ont encore un avenir », sur Franceinfo, (consulté le ).
  2. Hassan Meddah, « Top départ industriel pour le programme de char lourd franco-allemand », sur usinenouvelle.com, (consulté le ).
  3. « Paris et Berlin en passe de débloquer le programme MGCS (char du futur) », sur La Tribune (consulté le ).
  4. « Le programme MGCS (char du futur) va enfin enclencher la première », sur La Tribune (consulté le ).
  5. « N° 2305 tome II - Avis de M. Didier Baichère sur le projet de loi de finances pour 2020 (n°2272). », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  6. Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL), « MGCS - Main Ground Combat System - Les capacités d’innovation de l’ISL au service du futur système de combat terrestre franco-allemand » [PDF], sur isl.eu, (consulté le ).
  7. Laurent Lagneau, « Faute d’accord industriel, l’étude d’architecture du futur char franco-allemand sera encore prolongée de six mois », sur opex360.com, .
  8. « "Char du futur" MGCS : le projet de successeur du char Leclerc peine à émerger, France et Allemagne à la relance », sur Boursorama, (consulté le )
  9. Guerric Poncet, « Char de combat du futur : Paris et Berlin tombent enfin d’accord », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  10. Mickaël Bosredon, « Armées : Qu’est-ce que le MGCS, ce « char du futur » franco-allemand dont le projet est signé ce vendredi ? », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  11. sur opex360.com.
  12. Reuters, « Thales annonce la signature du pacte d’actionnaires pour le projet de société MGCS », sur Challenges, (consulté le ).
  13. Nathan Gain, « Feu vert allemand pour la formation d’une société de projet MGCS », sur Forces Opérations Blog [FOB], (consulté le ).
  14. « Réarmement : après le char Leclerc, bientôt un nouveau blindé pour la France ? », sur Capital.fr, (consulté le )
  15. « La France va-t-elle ignorer le Leclerc Evolution et son formidable potentiel industriel et opérationnel ? », sur meta-defense.fr, (consulté le )
  16. FOB, « Eurosatory 2024 : KNDS dévoile le Leclerc Evolution et l’EMBT-ADT 140 », sur FOB - Forces Operations Blog, (consulté le )
  17. Vincent Lamigeon, « « Les chars ne sont pas une priorité de l’armée » : le char Leclerc a-t-il encore un avenir ? », sur Challenges, (consulté le )
  18. Laurent Lagneau, « Selon un rapport, il est "impératif" de soutenir l'évolution du char Leclerc avec le nouveau canon Ascalon », sur Zone Militaire, (consulté le )
  19. Olivier Gosset, « L’armée belge devra encore prendre du muscle », sur lecho.be, .
  20. (es) « El Ejército español apuesta por el futuro carro de combate europeo - Noticias Infodefensa España », sur infodefensa.com, (version du sur Internet Archive).
  21. (en-US) admin, « Italy Might Join French German Main Ground Combat System (MGCS) Project », sur MilitaryLeak, (consulté le ).
  22. (en-US) « Italy Is Looking for Partners for The Main Battle Tank », sur C4 Defence, (consulté le ).
  23. Guerric Poncet, « À quoi ressemblera le char du futur franco-allemand, le MGCS ? », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  24. Laurent Lagneau, « La Suède a demandé le statut d’observateur au sein du projet de char de combat franco-allemand », sur opex360.com, .
  25. (en) Boyko Mikolov, « Germany and France exclude Poland from military projects », sur bulgarianmilitary.com, .

Annexes

Articles connexes

  • Portail de l’Armée française
  • Portail des chars de combat