Louis Michel Pac
| Ludwik Michał Pac | ||
| Comte Louis-Michel Pac, huile sur toile de François Gérard, vers 1809. | ||
| Naissance | Strasbourg, France |
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|---|---|---|
| Décès | (à 57 ans) Smyrne, Empire ottoman |
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| Origine | France | |
| Allégeance | Empire français | |
| Arme | Cavalerie | |
| Grade | Général de division | |
| Années de service | 1806 – 1831 | |
| Commandement | 1er régiment de chevau-légers lanciers polonais de la Garde impériale | |
| Conflits | Guerres napoléoniennes Insurrection de novembre 1830 |
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| Faits d'armes | Bataille de Medina de Rioseco Bataille de Wagram Combat de Berry-au-Bac Bataille de Craonne Bataille de Paris |
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| Distinctions | Commandeur de la Légion d'honneur Commandeur de l'ordre de Virtuti Militari Ordre de Saint-Stanislas Croix militaire (Bavière) |
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| Autres fonctions | Sénateur | |
Ludwik Michał Pac[1] (en lituanien Liudvikas Mykolas Pacas), comte de Gozdawa, membre d'une famille du grand-duché de Lituanie, né le à Strasbourg et mort le à Smyrne, dans l'Empire ottoman, est un général français du Premier Empire.
Biographie
Origines familiales et jeunesse
Ludwik Michał Pac naît en France parce que sa famille, qui fait partie de la haute aristocratie de la république des Deux Nations, a dû s'exiler après la défaite de la confédération de Bar et le premier partage de la Pologne en 1772.
Son père, Michał Pac (1754-1800) épouse en 1775 à Utrecht (Pays-Bas) Ludwika Tyzenhauzówna (?-1791) ; la naissance de Ludwik Michał a lieu alors qu'ils rendent visite à un parent lui aussi exilé, Michał Jan Pac (1730-1787), propriétaire à Strasbourg et à Lingolsheim, sans que la date ni le lieu exact de la venue au monde de l'enfant ne soient connus avec précision. Ses parents divorcent en 1785 et sa mère, après s'être remariée au général Paweł Grabowski (1759-1794), meurt en 1791[2].
Ludwik Michał est éduqué en France jusqu'à l'éclatement de la Révolution française, puis en Angleterre, avant d'être admis à l'université de Vilnius en 1796. Il figure dans le même temps, dès son adolescence, sur les registres du régiment d'infanterie de Lituanie. À la mort d'un autre parent, Józef Pac, en 1796, il hérite de biens importants, répartis entre les annexions russe et prussienne, parmi lesquels le domaine de Dowspuda et plusieurs palais à Vilna et Grodno[2].
En 1802, le jeune Pac s'embarque dans un voyage à travers l'Europe qui le conduit à Paris, où il fréquente le salon d'Anna Sapieha, puis dans les îles Britanniques où il se rend en 1803 avec le frère de cette dernière, Stanisław Zamoyski. Cependant, les victoires de Napoléon Ier contre la Quatrième coalition et l'occupation par les Français des terres polonaises jadis conquises par les Prussiens l'incitent à se joindre à une délégation désireuse de provoquer un soulèvement en Lituanie avec l'assentiment de Napoléon, ce à quoi celui-ci s'oppose[3].
Au service de la France napoléonienne
Première période (1806-1810)
Officier dans la Garde impériale française en 1806, Pac entre dans l'armée du duché de Varsovie l'année suivante avant de repasser au service de la France en 1808 et d'être affecté, la même année, à l'état-major du maréchal Bessières, avec lequel il participe à la campagne d'Espagne[4]. Lors de la bataille de Medina de Rioseco, le , il est blessé d'un coup de baïonnette à la cuisse et perd son cheval tué sous lui[5]. À la suite de ce fait d'armes, il est promu au grade de chef d'escadron le suivant[4] et reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur le 14 de ce mois[5].
Le , il est transféré aux chevau-légers polonais de la Garde impériale en qualité de chef d'escadron ; volontaire, il doit s'acquitter de tous les frais liés à son équipement[3]. En 1809, devenu colonel, il prend part à la campagne contre l'Autriche, sert au cours des batailles d'Essling et de Wagram et, après la fin des hostilités, fait partie de l'escorte qui suit Napoléon lors de son retour à Paris. Très déçu par l'attitude de ce dernier envers la Pologne, il démissionne de l'armée française, officiellement pour raisons de santé, le (effectif le suivant) et regagne Varsovie[5] ou la Lituanie selon les sources[4].
Seconde période (1810-1814)
L'année 1810 le voit toutefois reprendre du service dans le duché de Varsovie comme colonel d'un régiment de lanciers. Ayant de nouveau accordé sa confiance à Napoléon, il est fait gouverneur de la province de Łomża, lève à ses frais un contingent de 3 000 miliciens et met sur pied un réseau d'informateurs[5]. Selon Georges Six, il est successivement nommé colonel du 15e régiment de cavalerie polonais le puis du 2e régiment de cavalerie polonais le de la même année[4]. Présent aux côtés de l'Empereur lors du franchissement du Niémen par la Grande Armée au début de la campagne de Russie[6], il fait également partie de sa suite lors de l'entrée des Français dans Vilna le [7]. Il y reçoit le souverain français dans le palais Pac et côtoie régulièrement celui-ci dans les semaines suivantes, en particulier lors de la cérémonie destinée à célébrer la réunion de la Pologne et de la Lituanie, le , où il est placé à la gauche de Napoléon[5]. L'historien Alain Pigeard indique qu'il est blessé lors la bataille de Mir, le , à la tête du 15e lanciers polonais[8].
Le , Pac est promu général de brigade[4] et attaché à la personne de l'Empereur en qualité d'aide de camp[5]. À ce poste, il assiste à l'incendie de Moscou[5] et aux batailles de Smolensk, Maloïaroslavets, Krasnoï et la Bérézina[8], où il est blessé[9]. Après le désastre de la campagne de Russie, il participe à la campagne d'Allemagne de 1813, notamment aux batailles de Lützen, Bautzen et Dresde, durant laquelle il perd deux chevaux tués sous lui[8]. Il est encore contusionné le à la bataille de Leipzig[4]. En récompense de ses services, il est nommé officier de la Légion d'honneur le suivant et commandeur de l'ordre militaire de Virtuti Militari ainsi que chevalier de l'ordre de Saint-Stanislas[9].
Pac est élevé au grade de général de division le selon Georges Six[4] ou le d'après Gilles Dutertre et Alain Pigeard[9],[8]. Le , il prend le commandement des 1er et 2e régiments de lanciers polonais de la ligne, appelés à servir aux côtés de la cavalerie de la Garde pendant la campagne de France[10]. Sous sa houlette et à ses frais, l'organisation de ces unités est menée à bien en deux mois, suffisamment à temps pour leur permettre de participer aux opérations[5]. Dans la matinée du , Pac rejoint l'armée avec 600 cavaliers polonais[11] qui sont qualifiés de « superbes » par l'Empereur[9]. Le même jour, à la tête de ses lanciers, il enlève le pont de Berry-au-Bac à l'issue d'un engagement victorieux contre les cosaques du général Wintzingerode, dont les pertes s'élèvent à 200 prisonniers et deux canons en plus de leurs bagages[12]. Il joue ensuite un rôle actif lors des batailles de Craonne et de Laon, étant blessé à la main et au visage au cours de cette dernière[9], et est une nouvelle fois blessé à la bataille d'Arcis-sur-Aube, le [4].
Alors qu'il est toujours en convalescence, il prend part à la défense de Paris, le , en défendant la barrière de La Villette contre les troupes prussiennes avec un contingent mixte de gardes nationaux et de lanciers polonais[13] ; lui-même y conduit en personne la charge de quatre escadrons de cavalerie[9]. Retiré au Mans après la chute de la capitale, il délègue au général Klicki le soin d'exécuter l'ordre du grand-duc Constantin de rassembler les forces polonaises à Saint-Denis et, refusant de servir aussi bien le tsar que le roi de France, démissionne de l'armée française le [14].
Retour en Pologne (1814-1830)
Rendu à la vie civile, Pac effectue un voyage en Angleterre et en Écosse, où il s'intéresse aux questions agricoles. Il vit également à Montpellier et épouse en 1817, dans cette ville, la comtesse Karolina Maria Małachowska (1795-1822), dont il a une fille et un fils[15] ; il s'est auparavant battu deux fois en duel avec le prince Adam Jerzy Czartoryski, ex-ministre des Affaires étrangères de Russie, à propos de la princesse Anna Sapieha, qui épouse finalement le prince, blessé dans chacune de ces rencontres[16].
Après un séjour en Italie, Pac regagne son domaine polonais de Dowspuda en 1818[15]. C'est là qu'il décide, à partir des années 1820, de faire venir quelque 500 fermiers et artisans originaires des îles Britanniques pour travailler sur ses terres[17] et y ériger, selon les mots de Gilles Dutertre, une « ferme modèle »[15]. Cette initiative débouche sur diverses améliorations des pratiques agricoles locales, la création d'une fromagerie réputée et la mise en place, pour les paysans, d'un système fondé davantage sur la contractualisation que sur le servage[17]. Ses réussites en agronomie valent à Pac d'être élu vice-président de la Société agronomique de Varsovie[15].
Devenu sénateur du royaume de Pologne en 1825, il est absent lors de la cérémonie du couronnement du nouveau tsar Nicolas Ier et prétexte une maladie pour ne pas recevoir le grand-duc Alexandre de passage à Dowspuda[15]. En 1828, il fait partie de la cour chargée de juger des membres de sociétés secrètes patriotiques[18].
L'insurrection de 1830-1831 et l'exil
Pac est à Varsovie lorsqu'il est informé de l'insurrection de novembre 1830. Il se rallie au soulèvement le , privilégiant toutefois l'ouverture de négociations avec la Russie à l'assassinat projeté du frère du tsar, le grand-duc Constantin, qui dirige l'armée polonaise. Passif lors des réunions du conseil qui, sous la férule du prince Czartoryski, cherche à éviter l'affrontement armé, mais soutenant financièrement la cause des insurgés, il approuve la destitution de Nicolas Ier du trône de Pologne le , laquelle précipite le déclenchement des hostilités[15].
Devancé en nombre de voix par Czartoryski lors de la désignation du chef du gouvernement national, puis élevé à son insu à la dignité de voïvode, il est placé à la tête d'un contingent de réserve de 9 000 soldats avec lequel il est déployé au nord de la capitale polonaise, le long de la Vistule[19]. Le , il est blessé à deux reprises au cours de la bataille d'Ostrołęka alors qu'il tente avec ses troupes de conserver le pont sur la Narew. Après l'échec de l'insurrection (Varsovie est prise par l'armée russe le ), il se réfugie en France en décembre suivant[20].
De là, il gagne l'Italie en 1834, puis la Grèce où il visite entre autres Corfou, Patras, Delphes et le Péloponnèse. Alors qu'il s'apprête à rentrer à Rome, il est victime d'une inflammation des intestins et de l'estomac à laquelle il succombe le à Smyrne. Il est inhumé en l'église Saint-Polycarpe de cette ville[20]. Le général Roman Sołtyk déclare à son sujet :
« Excellent citoyen, intrépide soldat, il est regretté par tous ceux qui l'ont approché. La Pologne et l'émigration ont fait, par sa mort, une perte bien sensible[21]. »
Distinctions
- Commandeur dans l'ordre national de la Légion d'honneur le [22]
- Croix de commandeur dans l'ordre militaire de Virtuti Militari,
- Croix dans l'ordre de Saint-Stanislas.
Notes et références
- ↑ Prononcé pats
- Dutertre 2012, p. 12.
- Dutertre 2012, p. 13.
- Georges Six (préf. commandant André Lasseray), Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, t. 2, Paris, Librairie Georges Saffroy, (lire en ligne), p. 278.
- Dutertre 2012, p. 14.
- ↑ Luniński 1911, p. 250.
- ↑ Luniński 1911, p. 252.
- Alain Pigeard, « Les généraux polonais », Tradition Magazine, no 8 (hors-série) « Napoléon et les troupes polonaises 1797-1815 : De l'Armée d'Italie à la Grande Armée », , p. 67.
- Dutertre 2012, p. 15.
- ↑ (en) Ronald Pawly (ill. Patrice Courcelle), Napoleon's Scouts of the Imperial Guard, Osprey Publishing, coll. « Osprey / Men-at-Arms » (no 433), , 48 p. (ISBN 978-1-84176-956-1), p. 40.
- ↑ Tranié et Carmigniani 1989, p. 169.
- ↑ Tranié et Carmigniani 1989, p. 168-169.
- ↑ Luniński 1911, p. 337.
- ↑ Dutertre 2012, p. 15-16.
- Dutertre 2012, p. 16.
- ↑ (en) Marian Kukiel, Czartoryski and European Unity, 1770-1861, Princeton University Press, (lire en ligne), p. 136-137.
- (en) Peter M. Jones, Agricultural Enlightenment : Knowledge, Technology, and Nature, 1750-1840, Oxford University Press, (lire en ligne), p. 116.
- ↑ (pl) Tadeusz Bieczyński, Sąd sejmowy 1827–1829 na przestępców stanu. Urzędowe akta, Poznań, , 305 p. (lire en ligne), p. 51.
- ↑ Dutertre 2012, p. 16-17.
- Dutertre 2012, p. 17.
- ↑ Alain Pigeard (préf. baron Gourgaud), Les étoiles de Napoléon : maréchaux, amiraux, généraux 1792-1815, Quatuor, , 768 p., p. 511.
- ↑ base LEONORE
Bibliographie
- Gilles Dutertre, « Ludwik Michał Pac, comte lituanien, palatin polonais, général de Napoléon », Cahiers lituaniens, no 11, , p. 10-17 (lire en ligne).
- (pl) Ernest Luniński, Napoleon, Legiony i Księstwo Warszawskie [« Napoléon, les légions et le duché de Varsovie »], Varsovie, Fonderie et imprimerie S. Orgelbrand Synów, .
- Georges Six, Dictionnaire biographique des généraux & amiraux français de la Révolution et de l'Empire (1792-1814), t. 2, Paris, Librairie Georges Saffroy, (lire en ligne), p. 278.
- Jean Tranié et Juan-Carlos Carmigniani, Napoléon : 1814 - La campagne de France, Pygmalion/Gérard Watelet, , 315 p. (ISBN 978-2-85704-301-0).
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