Louis II de Madaillan-Lesparre

Louis de Madaillan de Lesparre
Biographie
Décès
Père
Mère
Jeanne de Warignies (d)
Conjoints
Suzanne Vipart de Silly (d)
Louise-Marie-Thérèse de Bussy Rabutin (d)
Enfants
Armand de Madaillan
Reine de Madaillan de Lesparre de Lassay (d)

Louis II de Madaillan de Lesparre, seigneur de Montataire (seigneurie acquise par son aïeul Arnaulton de Madaillan-Lesparre au XVe siècle, en 1460), et marquis de Lassay, militaire français.

Biographie

Fils de Isaac de Madaillan de Lesparre, et de Jeanne de Warignies, il débuta de bonne heure et très brillamment dans la carrière des armes, sous les ordres de Louis II de Bourbon-Condé, Duc d'Enghien, depuis le Grand Condé[1]. Il fit sa première campagne en 1646, et se trouva au Siège de Mardyck et au Siège de Dunkerque. Il assista au Siège de Lérida en 1647, et fut fait en janvier 1649, capitaine lieutenant des chevau-légers de Bourgogne, sous les ordres de Condé[2].

Il reçut trois blessures à la Bataille de Lens et resta estropié d'un bras. Le prince qui l'avait vu à l'œuvre déclara qu'il avait contribué puissamment au succès de cette journée[3]. Il servit avec distinction au Combat de Charenton et à la Bataille du faubourg Saint-Antoine et fut fait maréchal de camp à 22 ans.

Pendant la Fronde[2], il s'était trouvé engagé dans le parti de Condé, la compagnie des chevau-légers de Bourgogne qu'il commandait étant sous les ordres de ce prince. Mais il ne le suivit point lorsqu'il quitta la France et entreprit ses campagnes militaires sous le drapeau espagnol.

Louis de Madaillan accompagna Louis XIV dans toutes ses conquêtes jusqu'à la Paix de Nimègue[2]. Le , il se distingua dans une rencontre avec un parti de Lillois[2] : « ...le duc de Bouillon qui est des premiers de toutes les belles parties étoit de celle-là et y signala admirablement bien sa glorieuse bravoure, ainsi que le comte d'Armagnac, le marquis de Coaquin, les comtes de Lude et de Nogent, les marquis d'Albret, de Chamilly et de Montatère qui firent les petits lions en cette occasion[4]. »

Pendant la Campagne de Hollande, une chanson « sur quelques gens fort ennuyeux qui suivirent le roi Louis XIV » inclut de Madaillan[5]

Famille

Le , il épousa Suzanne de Vipart, fille de Guillaume de Vipart-Silly, marquis de Sainte-Croix. Ce mariage donna lieu à la satire[6] parce que Suzanne de Vipart, étant au couvent des Filles-Dieu, avait été l'objet d'une tentative d'enlèvement[7]. Selon Tallemant des Réaux, elle était très riche et fort belle[8]. La Variole lui ravit sa grande beauté, au mois de septembre 1652, après un an de mariage[9]. Suzanne de Vipart mourut en 1676[6].

De son mariage avec Suzanne de Vipart, il eut[6] :

Lorsque celui-ci épousa Marthe Sibour, le , son père lui donna Montataire, estimé alors 160 000 livres, et de plus le logement pour lui et sa maison dans son hôtel à Paris. Mais ayant eu à se plaindre de son fils qui s'était remarié contre son gré, il lui retira Montataire et lui abandonna le marquisat de Lassay[10]. La situation ne fit que s'envenimer et Louis de plus en plus irrité, cédant à un mouvement de mauvaise humeur vendit Montataire en 1679. Le , il certifiait cette vente, affirmant en mentant que son fils y avait consenti. Il était alors en procès avec son fils. Il songea à se remarier, en 1682, à 59 ans, six ans après la mort de sa femme. Il demanda et obtint facilement la main de Louise-Marie-Thérèse de Bussy Rabutin, fille de Roger de Bussy-Rabutin[10], nièce à la mode de Bretagne et filleule de Madame de Sévigné. Mme de Sévigné parle souvent des procès de sa nièce qu'elle raille agréablement. L'humeur processive de Mme de Montataire avait gagné son mari et donné lieu à la satire et aux chansons[10].

« C'est ici l'hôtel de misères On n'y vient gueres Que pour signer On y voit souvent Montataire Et son notaire Pour friponner Fuyons ce dangereux séjour C'est un vrai coupe gorge Et l'on y égorge. La nuit et le long du jour. Il n'y a ni lit ni cuisine Jamais on n'y dîne Jamais on n'y dort Tout le monde sans cesse y signe Son bien l'on résigne On en fait transport. Qu'on est sage De fuir ce ménage C'est un brigandage. Qui mène à la mort Il n'y a ni lit ni cuisine Jamais on n'y dîne, Jamais on n'y dort. Chansonnier. Clairambault, Fonds Français 12687, f° 193[11].  »

Indépendamment de l'hôtel de la Rue du Colombier qu'il avait cédé à son fils[12], Louis de Madaillan possédait à Paris un autre hôtel situé Rue de Vaugirard, paroisse Saint-Sulpice de Paris. C'est là qu'il habitait d'ordinaire, avec sa seconde femme, après la vente de Montataire. Il possédait aussi, sur la côte normande, la terre de Mont-Canisy. La terre de Manicamp fut donnée à la nouvelle marquise de Montataire et érigée en comté, en faveur de Louis de Madaillan, par Louis XIV, en vertu de lettres patentes datées du [13]. A partir de cette époque, Louis de Madaillan ajouta à ses titres celui de comte de Manicamp[12].

De son second mariage Louis de Madaillan avait eu d'abord deux jumeaux. Ces jumeaux ne survécurent pas. Plus tard, il eut un autre fils et une fille[14] :

  • Roger-Constant de Madaillan-Lespare, auquel il donna son comté de Manicamp. Maître de camp du régiment Royal-Piémont et brigadier des armées du roi, il épousa le , Anne-Gabrielle Le Veneur de Tillières, fille de Jacques Tannegui comte de Tillières et de Michelle-Gabrielle du Gué-Bagnols. Il mourut au mois de septembre 1723 sans laisser de postérité[14]. Sa veuve se remaria avec le comte de Chatillon, chevalier de l'ordre en 1724, et maître de camp général de la cavalerie[15].
  • Reine de Madaillan-Lespare qui fut mariée, le 3 avril 1711, à Léon de Madaillan de Lesparre, comte de Lassay, son neveu, fils de son demi-frère Armand de Madaillan de Lesparre, marquis de Lassay.

Louis de Madaillan de Lesparre mourut à Paris le , et son corps fut apporté et inhumé à Manicamp, dans l'église de la paroisse[13]. Sa seconde femme le suivit dans la tombe, le .

Notes et références

  1. La maison de Madaillan, p. 116.
  2. La maison de Madaillan, p. 117.
  3. Le roi lui accorda une pension de 1000 écus « pour avoir servi utilement au gain de la bataille ». — Ce sont les termes du brevet.
  4. Les continuateurs de Loret, t. II, p. 955.
  5. Veux-tu savoir d'où vient l'ennuy Que l'on a dedans cette guerre A chaque pas trouver Silly Veux-tu savoir d'où vient l'ennuy A chaque alte trouver Mailly A chaque table Montataire Veux-tu savoir d'où vient l'ennuy Que l'on a dedans cette guerre (Chansonnier. Clairambault, Fonds Français 12687, f° 59.
  6. La maison de Madaillan, p. 118.
  7. L'aimable et riche Sainte-Croix Que jadis le sieur de Charmois Voulut, par force et par contrainte Enlever d'une maison sainte Voulant chasser de son esprit Les maux qu'alors elle souffrit Et changer en chères délices Ses souffrances et ses suplices, Par prévoyance ou par amour, S'en va, dit-on, au premier jour, Devant prestre et devant notaire, Epouzer Monsieur Montataire (Muse Historique, t. 1, p. 128. Lettre du .).
  8. Tallemant des Réaux, édit. Paulin-Paris, t. VI, p. 416.
  9. La maladie aveugle et folle Qu'on nomme petite vérole, A rigoureusement traité La bonne grâce et la beauté De Madame de Montataire, Dont la face charmante et claire Et les apas chastes et doux Plaizoient tant à son cher époux Que la voyant très fort changée, Par cette vérole enragée Il ne peut voir ce changement Sans soûpirer à tout moment. Sa grace n'est plus si jolie, Sa peau si blanche si polie, Et son teint, très mal accoustré, N'est plus si frais ni si lustré. Cela met l'époux en colère ; Il peste, il crie, il dezespère ; Mais il devroit considérer (Au lieu de se dezespérer) Que quoiqu'un mal plein d'injustice A sa chère épouze ravisse Cette légère fleur du corps, Il luy reste d'autres trezors Dignes d'une immortelle flâme ; Assavoir une très belle ame Vertu, sagesse, esprit, bonté, Qui durent plus que la beauté. Mais je trouve mes vers ineptes. De vouloir donner des préceptes, Autrement consolation, En si pressante affliction. Certes si j'étois à sa place Et qu'une pareille disgrace Me fît sentir mesme rigueur J'enragerois de tout mon coeur (Loret, Muse Historique, ibid., t. 1, p. 286, Année 1652, 15 septembre.).
  10. La maison de Madaillan, p. 120.
  11. La maison de Madaillan, p. 124.
  12. La maison de Madaillan, p. 125.
  13. Comptes rendus et mémoires lus aux séances / Comité archéologique de Noyon, 1937, p. 53.
  14. La maison de Madaillan, p. 126.
  15. Additions au Journal de Danjeau, Ed. de Boislile, 143e addition, t. III, p. 344.

Voir aussi

Bibliographie

  • Adelstan de Beauchêne, Histoire de la terre seigneuriale du Boisfroust en Niort, 1 vol. (169 p.) ; in-8, 1921 Voir en ligne
  • Maurice Campagne, Histoire de la maison de Madaillan, 1076 à 1900, Imprimerie. de J. Castanet (Bergerac), 1900. Voir en ligne

Articles connexes

Liens externes

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