Lignosus rhinocerus

Lignosus rhinocerus est une espèce de champignons poroïdes de la famille des Polyporacées. Originaire des forêts tropicales d'Asie du Sud-Est, cette espèce rare est la seule du genre Lignosus à être cultivée, la poudre du sclérote étant commercialisée pour ses propriétés supposées en ethnomédecine.

De nombreux travaux académiques sont entrepris en Asie sur cette poudre, qui ne semble pas avoir de toxicité pour l'Homme.

Dénomination

A l'origine l'espèce est confondue avec le genre Lignosus Lloyd ex Torrend et nommée 'lait de tigre'. Pour cette dénomination voir le genre. M. Cubitt Cooke qui décrit un spécimen de la forêt de Penang en 1879 ainsi que Lignosus spp., et L. sacer , le nomme Polyporus rhinocerus (latin rhinoceros). Par la suite, il sera classé dans différents genres Fomes, Scindalma, Leucoporus, Trametes, Polystictus, Microporus et finalement Lignosus[1]. Ryvarden découvre un spécimen dans l'île de Penang en Malaisie et le décrit (1972)[2].

Synonymes: Fomes rhinocerus (Cooke) Sacc., Scindalma rhinocerus (Cooke) Kuntze (1898), Polyporus sacer var. rhinocerus (Cooke) Lloyd, (1920), Polystictus rhinocerus (Cooke) Boedijn (1940), Microporus rhinocerus (Cooke) Imazeki (1952).

On trouve Lignosus rhinocerotis (Cooke) Ryvarden et Polyporrus sacer var. 'rhinocerotis' (Cke.) (Lloyd Myc. Writ. 6: 1037, pl.175 (f. 1900), mai 1921)[3].

Description

Il est signalé dans les forêts tropicales[4] de Malaisie (sous le nom de cendawan susu rimau), Chine du sud (guikou ou huru ling zhi), Thaïlande, Indonésie (Ndurabi), Philippines, du Kérala, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Zélande, Australie et Japon subtropical[5]. Il figure sur un timbre poste du Vanuatu (1984)[6].

Chapeau de 15 cm de diamètre, 6 cm d'épaisseur, circulaire, sillons et rides radiales, brun jaunâtre. Pores irréguliers 5 à 8 par mm. Stipe de 10 cm de long, jusqu'à 15 cm d'épaisseur, cylindrique. Sclérote souterrain, brun clair avec un tissu blanc crème, jusqu'à 8 cm de long. Odeur peu marquée[5].

Phylogénie

84% du génome de L. rhinocerotis présente une proximité avec Ganoderma lucidum, Dichomitus squalens et Trametes versicolor dans le clade polyporoïde principal[8].

Parmi les Lignosus il constitue une espèce distincte résultant d'une spéciation primitive alors que L. sacer, L. ekomtibili, L. tigris et L. cameronensis constituent une sous population B[7].

Culture

Le cycle de culture est de 8 à 12 mois[9] à 30 °C en substrat neutre 6 à 7 pH[10]. La poudre du sclèrote de ces champignons cultivés sert de matériau aux diverses publications académiques. Cette culture lui confère une importance économique[11].

Composition

Le sclérote de L. rhinocerotis est riche en polysaccharides. C'est un complexe polysaccharide-protéine neutre et hydrosoluble contenant du mannose, du ribose, du rhamnose, du glucose, du galactose, du xylose et de l'arabinose[12]. L'analyse du protéome (2015) a permis de distinguer les 3 principales familles de protéines: les lectines, la cératoplatanine et les sérines protéases[13]. Selon les chercheurs malais les composants du scérote et du mycélium ont contenu nutritionnel et les constituants bioactifs identiques[14].

Santé

Les sclérotes sont réputés avoir des effets médicaux dans les ethnomédecines d'Asie du Sud-Est et du Hainan. Il est utilisé pour traiter le cancer du sein, la fièvre, la toux, l'asthme et les intoxications alimentaires[5]. L. rhinocerotis est le seul Lignosus domestiqué, depuis sa domestication (2011) et sa mise en culture (2013) de nombreuses publications académiques explorent les effets potentiels sur la santé, principalement en modèle murin et in vitro:

  • Parmi elle il a été mis en évidence que les polysaccharides de L. rhinocerotis contraignent l'expression de l'oxyde nitrique synthase inductible (iNOS) et a donc un potentiel de gestion de l'asthme (2025)[16]. La relaxation des muscles lisses des voies respiratoires est médiée par les récepteurs muscariniques et histaminiques[17].
  • L'extrait aqueux ou la poudre de sclérote ont montré une activité dans la réduction de la prolifération[18] des cellules cancéreuses[19] notamment du poumon (2012)[20], de la bouche[21], un effet vasorelaxant[22] et anti-inflammatoire principalement due au composant protéique de la fraction de haut poids moléculaire[23], il améliore la cicatrisation[24]. Les extraits aqueux est un antimicrobien et antifongique in vitro (2012)[25].

Sur l'humain

  • On dispose d'un sondage (administration de 0,6 g/j pendant 3 mois et 52 participants sans antécédents de maladie respiratoire chronique, non-fumeurs) qui montre une amélioration de la santé respiratoire (2021)[26]. Un rare essai contrôlé randomisé (52 individus) d'administration de 1,04 g/j de poudre de sclérote pendant 6 mois montre une amélioration des fonctions physiques et à la réduction de la fatigue chez des patientes atteintes d’un cancer du sein ayant subi une intervention chirurgicale et une chimiothérapie (2025)[27].

Notes et références

  1. « Trametes - an overview | ScienceDirect Topics », sur www.sciencedirect.com (consulté le )
  2. Noni Korf, Mycotaxon, Ithaca, N.Y., Mycotaxon, (lire en ligne)
  3. (en) Internet Archive, Mycological Bulletin 1936: Iss 35, (lire en ligne)
  4. (en) « Lignosus rhinocerus (Cooke) Ryvarden », sur www.gbif.org (consulté le )
  5. (en) Vinjusha N et Arun Kumar TK, « rare medicinal fungus, Lignosus rhinocerus (Polyporales, Agaricomycetes), new to India », Studies in Fungi, vol. 6 (1),‎ , p. 151–158 (lire en ligne)
  6. Internet Archive, Collect Fungi on Stamps, Stanley Gibbons Limited, (ISBN 978-0-85259-293-9, lire en ligne)
  7. https://puntoq.ull.es/discovery/fulldisplay?docid=cdi_proquest_miscellaneous_1808721993&context=PC&vid=34ULL_INST:ULL&lang=es&search_scope=MyInst_and_CI&adaptor=Primo%20Central&tab=Everything&query=creator,equals,%20Ji,%20Tan%20,AND&mode=advanced&offset=30
  8. Hui-Yeng Y. Yap, Yit-Heng Chooi, Mohd Firdaus-Raih et Shin-Yee Fung, « The genome of the Tiger Milk mushroom, Lignosus rhinocerotis, provides insights into the genetic basis of its medicinal properties », BMC Genomics, vol. 15, no 1,‎ , p. 635 (ISSN 1471-2164, PMID 25073817, PMCID 4129116, DOI 10.1186/1471-2164-15-635, lire en ligne, consulté le )
  9. Noorlidah Abdullah, Muhammad Zuhayr Dzul Haimi, Beng Fye Lau et M. Suffian M. Annuar, « Domestication of a wild medicinal sclerotial mushroom, Lignosus rhinocerotis (Cooke) Ryvarden », Industrial Crops and Products, vol. 47,‎ , p. 256–261 (ISSN 0926-6690, DOI 10.1016/j.indcrop.2013.03.012, lire en ligne, consulté le )
  10. W. H. Lai, M. J. Siti Murni, D. Fauzi et O. Abas Mazni, « Optimal Culture Conditions for Mycelial Growth of Lignosus rhinocerus », Mycobiology, vol. 39, no 2,‎ , p. 92–95 (ISSN 1229-8093, PMID 22783083, DOI 10.4489/MYCO.2011.39.2.092, lire en ligne, consulté le )
  11. Internet Archive, McGraw-Hill yearbook of science & technology 2012, New York : McGraw-Hill Professional ; London : McGraw-Hill [distributor], (ISBN 978-0-07-177403-1, lire en ligne)
  12. Solehah Mohd Rosdan Bushra, Ruzilawati Abu Bakar et Asma Abdullah Nurul, « Analytical method development and validation for monosaccharide profiling in Lignosus rhinocerotis using rP-HPLC », Journal of Asian Natural Products Research, vol. 27, no 8,‎ , p. 1174–1187 (ISSN 1028-6020, PMID 39887028, DOI 10.1080/10286020.2025.2453852, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Hui-Yeng Yeannie Yap, Shin-Yee Fung, Szu-Ting Ng et Chon-Seng Tan, « Genome-based Proteomic Analysis of Lignosus rhinocerotis (Cooke) Ryvarden Sclerotium », International Journal of Medical Sciences, vol. 12, no 1,‎ , p. 23–31 (ISSN 1449-1907, PMID 25552915, PMCID 4278872, DOI 10.7150/ijms.10019, lire en ligne, consulté le )
  14. Beng Fye Lau, Noorlidah Abdullah et Norhaniza Aminudin, « Chemical Composition of the Tiger’s Milk Mushroom, Lignosus rhinocerotis (Cooke) Ryvarden, from Different Developmental Stages », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 61, no 20,‎ , p. 4890–4897 (ISSN 0021-8561, DOI 10.1021/jf4002507, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Siti Rokhiyah Ahmad Usuldin, Zul Ilham, Adi Ainurzaman Jamaludin et Rahayu Ahmad, « Enhancing Biomass-Exopolysaccharides Production of Lignosus rhinocerus in a High-Scale Stirred-Tank Bioreactor and Its Potential Lipid as Bioenergy », Energies, vol. 16, no 5,‎ , p. 2330 (ISSN 1996-1073, DOI 10.3390/en16052330, lire en ligne, consulté le )
  16. Solehah Mohd Rosdan Bushra, Sabreena Safuan, Ruzilawati Abu Bakar et Marcelo Andrade Lima, « Structural elucidation and anti-asthmatic effects of semi-crystalline polysaccharides from Lignosus rhinocerotis (Cooke) Ryvarden », International Journal of Biological Macromolecules, vol. 299,‎ , p. 140103 (ISSN 0141-8130, DOI 10.1016/j.ijbiomac.2025.140103, lire en ligne, consulté le )
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  24. https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/12298093.2022.2164641#d1e371
  25. https://www.ligno.com.my/pdf/scientific-publications/26%20Screening%20of%20Lignosus%20rhinocerus%20Extracts%20as%20Antimicrobial%20Agents%20against%20Selected%20Human%20Pathogens%20(2012).pdf
  26. « EBSCO Sign In », sur login.ebsco.com (consulté le )
  27. (en) Jie Yi Eng, Po Lin Ooi, Mariam Zafirah et Mahmoud Danaee, « Efficacy and safety of Lignosus rhinocerus (Cooke) Ryvarden TM02® supplementation for immune-challenged patients with localised breast cancer in remission: a randomised controlled trial », BMC Complementary Medicine and Therapies, vol. 25, no 1,‎ , p. 194 (ISSN 2662-7671, PMID 40450240, PMCID 12125795, DOI 10.1186/s12906-025-04919-6, lire en ligne, consulté le )

Annexes

voir aussi

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