Lettres des Jeux olympiques
| Lettres des Jeux olympiques | ||||||||
| Lettres des Jeux olympiques dans une réédition d'Anthinéa de 1919. | ||||||||
| Auteur | Charles Maurras | |||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Pays | France | |||||||
| Genre | Politique | |||||||
| Éditeur | Juven | |||||||
| Lieu de parution | Paris | |||||||
| Date de parution | 1901 | |||||||
| Chronologie | ||||||||
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Lettres des Jeux olympiques est une correspondance entre le journaliste et homme politique français Charles Maurras et Gustave Janicot, rédacteur en chef de La Gazette de France écrite entre le 8 avril et 3 mai 1896. Les lettres sont ensuite recueillies en dans le livre Anthinéa.
Présentation
Contexte
Du 6 au 15 avril 1896, les premiers Jeux olympiques modernes ont lieu à Athènes, à l'initiative de Pierre de Coubertin[1]. Du 8 avril au 3 mai 1896, La Gazette de France missionne le jeune journaliste Charles Maurras pour couvrir l'événement. Les lettres sont publiés dans le journal du 15 au 22 avril 1896[1].
Composition
Les Lettres des Jeux olympiques comportent six missives. La première est écrite depuis la mer ionienne, les cinq autres depuis Athènes[2].
Première lettre — Notre mer
Dans cette lettre, écrite en mer entre l’Italie et la Grèce, Charles Maurras décrit son voyage vers Athènes pour les Jeux olympiques de 1896. À bord d’un paquebot, il compare la vie maritime à un « couvent laïque », où l’absence de soucis matériels libère l’esprit. Depuis la passerelle supérieure, il contemple la Mer Ionienne, ses variations d’azur et les îles Éoliennes, évoquant Ulysse et Éole. Les paysages de Lipari, Panaria et Stromboli inspirent des réflexions poétiques sur la beauté classique et l’infini. Malgré un ciel gris et un vent fort, Maurras célèbre la fraternité méditerranéenne, anticipant son arrivée imminente au Pirée.
Deuxième lettre — Premier pas
L'auteur décrit son arrivée à Athènes. Débarquant au Pirée sous un ciel gris et pluvieux, il découvre l’Attique, loin des clichés poétiques, avec ses collines et l’Acropole voilée. Accueilli par le consul Jules Arène, il échappe aux tracas administratifs. Enthousiaste, il explore le temple de Thésée et l’Acropole, méditant sur leur beauté. Maurras évoque le Stade restauré grâce à M. Averof, dont la statue suscite des critiques esthétiques. Les Jeux débutent, marqués par des victoires prussiennes contestées et une course cycliste remportée par le Français Flamand, suscitant la fierté nationale.
Troisième lettre — Le Stade panathénaïque
Charles Maurras décrit le Stade panathénaïque, restauré pour les Jeux olympiques de 1896, niché au flanc du mont Hymette. Ce monument de marbre blanc, en forme de U renversé, accueille 80 000 spectateurs sur ses gradins partiellement achevés. Malgré la bise et le soleil, l’enthousiasme règne. Maurras admire le paysage attique, avec l’Acropole et le Parthénon en toile de fond. La famille royale grecque, présidée par le roi Georges et le diadoque Constantin, anime la tribune, aux côtés du jeune roi Alexandre de Serbie. Maurras note la beauté des Athéniennes, leurs yeux vifs et leur grâce, retardant son récit des compétitions.
Analyse
Alors que les Jeux olympiques ont déjà commencé, Charles Maurras envoie une première lettre à Paris qu'il écrit sur le navire sur lequel il a embarqué depuis Marseille. La lettre intitulée « Notre Mer » est un hommage à la mer Méditerranée, berceau de la civilisation gréco-romaine[1].
« Fasciné par le bleu azur de la Méditerranée les battements de son cœur s'accélèrent à l'approche de l'épicentre du monde classique ; le vent qui soufflait autour du bateau ne pouvait porter d'autre nom que Zéphyr. Enfin, le Péloponnèse se découpait à l'horizon : « Chers amis de France, si vous saviez combien out cela nous est fraternel ! » Ainsi s'achevait cette première lettre datée du 15 avril. »[1]
— Wolf Lepenies
Sitôt arrivé aux Jeux, Charles Maurras relativise le succès des sportifs allemands : « C'est qu'ils n'avaient point de concurrents français devant eux ». Maurras ne s'intéresse pas tellement au sport, qu'il juge « trop anglo-saxon à son goût »[2]. Maurras craignait que les Jeux soient détournés en un « cosmopolitisme sportif »[3] mais ses peurs s'estompent lorsqu'il remarque « l'enthousiasme du peuple grec pour le pâtre Spiridon Louïs, vainqueur dans l'épreuve du marathon, ainsi que le patriotisme bon enfant et bruyant des yankees »[4].
Conséquences
Maurras revient profondément bouleversé par son voyage en Grèce dont il tire plusieurs enseignements rapportés dans Anthinéa et Les Vergers de la mer. D'après lui, rien ne surpasse « l'harmonie établie dans les arts par la Grèce classique (VIe – IVe siècle avant Jésus-Christ) »[5] qui aurait été reproduite durant le Grand Siècle en France. Toutefois, cette harmonie reste fragile en vertu de « l'état de décadence dans lequel est tombée la Grèce », produit de la démocratie[5]. Maurras étend ce constat à la France, qui n'aurait cessé « cessé de reculer sur les terres comme sur les mers depuis qu'a été balayé l'Ancien Régime et, avec lui, la politique étrangère équilibrée et souveraine des Capétiens, qui ne dépendaient pas de telle ou telle majorité parlementaire pour choisir leurs alliés et leurs guerres »[5]. Il conclut que les régimes monarchiques voisins se portent bien mieux parmi lesquels l'Angleterre victorienne, l'empire austro-hongrois, le Reich unifié, l'Italie et l'Espagne[5]. Se basant sur ces exemples, il en revient convaincu que le régime monarchique rend plus fortes les nations qui l'adoptent[6].
Charles Maurras publie ses lettres dans son ouvrage Anthinéa en 1901[7].
Lien externe
- Texte intégral des Lettres des Jeux olympiques sur maurras.net
Voir aussi
Notes et références
- Wolf Lepenies, Le pouvoir en Méditerranée : Un rêve français pour une autre Europe, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, , 294 p. (ISBN 978-2-7351-2807-5, lire en ligne), p. 151-152
- Besson 2012.
- ↑ Patrick Clastres, « La renaissance des Jeux Olympiques, une invention diplomatique », Outre-Terre, vol. 8, no 3, , p. 281 (ISSN 1636-3671 et 1951-624X, DOI 10.3917/oute.008.0281, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Patrick Clastres, « Inventer une élite : Pierre de Coubertin et la « chevalerie sportive » », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, vol. 22, no 2, , p. 51 (ISSN 1266-7862 et 2119-3851, DOI 10.3917/rfhip.022.0051, lire en ligne, consulté le )
- Jean-Christophe Buisson (dir.), Charles Maurras ou la contre-révolution permanente, Paris, Perrin, (lire en ligne), chap. 13, p. 237-255
- ↑ Bertrand Renouvin, Maurras, le fondateur, no 1, vol. 11, p. 77-81.
- ↑ Bruno Goyet, « Récits d'enfance et de jeunesse dans l'œuvre de Charles Maurras, entre stigmatisation et revendication », Genèses, vol. 47, no 2, , p. 62 (ISSN 1155-3219 et 1776-2944, DOI 10.3917/gen.047.0062, lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Patrick Besson, « Maurras aux JO », dans Au point : Journal d'un Français sous l'empire de la pensée unique, Fayard, (ISBN 978-2-213-66952-6, lire en ligne)
- Baptiste Rappin, « Heidegger et Maurras à Athènes », Nouvelle École, no 66, , p. 63-68
- Robert Jouanny, « À propos du premier voyage de Maurras en Grèce », Études maurrassiennes, Aix-en-Provence, vol. 3, , p. 81-96
- Axel Tisserand, « Les Lettres des Jeux olympiques », Bulletin Charles Maurras, Niherne, no 23,
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