Les Fusains

Les Fusains
Détail de la façade avant de la cité des Fusains[1].
Présentation
Type
Construction
1900[2],[3]
Localisation
Pays
Arrondissement
Quartier
Commune
Adresse
Coordonnées
48° 53′ 18″ N, 2° 19′ 56″ E
Localisation sur la carte de France
Localisation sur la carte d’Île-de-France
Localisation sur la carte de Paris

Les Fusains, ou la Cité des Fusains, est une cité d'artistes située au 22, rue Tourlaque dans le 18e arrondissement de Paris (France). Comme le Bateau-Lavoir, elle est connue pour avoir été un lieu de résidence, de travail et de réunion de nombreux artistes peintres et sculpteurs célèbres.

Historique

Origine

Le site, très prisé aujourd’hui, a longtemps été considéré comme marginal. Les constructions qui le composent sont principalement faites de structures légères en bois, associées à des cloisons en carreaux de plâtre mêlés à du mâchefer. Il s’agirait d'éléments d’anciens pavillons de l’Exposition universelle de 1889, transférés entre 1900 et 1910 sur une ancienne parcelle du cimetière de Montmartre.

Le terrain, instable en raison d’anciennes carrières de gypse à ciel ouvert, avait été remblayé, ce qui excluait toute construction lourde. Cela a conduit à l’installation d’édifices modestes, adaptés aux contraintes géotechniques du site[4].

Installation d'artistes

La construction de la cité des Fusains s’est effectuée en plusieurs étapes.

À partir de 1900[2],[3], érigés rue Steinlen à Paris sur une parcelle désaffectée du cimetière Montmartre sous la direction de l’architecte Robert Bourdeau[5], des ateliers en structure légère sont tout d'abord loués à prix modique à des artistes tels que André Derain (1906), Georges Joubin (1912), Pierre Bonnard (1913) ou Auguste Renoir[2]. D'autres artistes commencent à s’y installer et à y aménager leurs ateliers.

Dans les années 1920, la cité est agrandie et se prolonge jusqu’à la rue Tourlaque ; des constructions à ossature métallique sont érigées sur les parties les plus élevées du terrain. Des allées sinueuses et plantées d’arbres où, plus tard, prendront place des sculptures[3], portent les noms d’artistes de Montmartre : Forain, Willette, Poulbot

Outre les artistes déjà cités, ces nouveaux espaces accueillent plusieurs figures du mouvement surréaliste, telles que Jean Arp et Sophie Taeuber y ont un atelier de 1922 à 1926[4], Max Ernst de 1925 à 1935 environ et Joan Miro en 1927 (deux ateliers successifs). On y voit travailler Masson, Leprin, Pascin, Asselin, Forain, Magritte, Dali et Roger Crusat[3],[5] ; les échanges sont également fréquents entre la cité des Fusains et le Bateau-Lavoir, autre célèbre cité d'artistes parisienne[6]. Le poète Paul Éluard y réside également dans les années 1920[3].

Après-guerre

Durant les années 1950, l’ensemble architectural se trouve dans un état avancé de vétusté. Craignant sa disparition, plusieurs occupants choisissent alors de racheter leurs ateliers à bas prix.

En 1965, la cité est inscrite à l'inventaire des sites « pittoresques », ce qui marque le début de sa préservation. Elle est classée à ce titre par arrêté du 29 avril 1966[7].

Les propriétaires engagent progressivement des travaux d’isolation et d’embellissement, certains végétalisant les allées. Quant aux sculptures visibles sur place, elles sont souvent le fruit d’un legs involontaire, laissées par des artistes lors d’un départ ou à la suite d’un décès[4].

À l’origine, ces ateliers n’étaient pas destinés à l’habitation. Dans les années 1980, leur état de délabrement dissuadait encore tout projet d’achat ou de réhabilitation.

Mais, au fil des décennies, une population plus aisée s’installe et entreprend d’importantes rénovations. Depuis que des statues ont été dérobées dans le jardin où figure ėgalement un puits classé du début du XVIIIe siècle[8],[5], la cité des Fusains est fermée aux non-résidents[9],[2] .

En 2025, seuls deux artistes y travaillent encore et évoquent une époque où la cité abritait diverses professions artisanales (menuisier, restaurateur de vitraux ou encore fourreur). Depuis, ces métiers ont disparu du paysage local, remplacés par une population aux profils plus variés, parmi lesquels figurent quelques personnalités du monde culturel. Le réalisateur Jean-Jacques Beineix y a résidé, tout comme le dessinateur Sempé[4]. Aujourd'hui le lieu est principalement devenu l'objet de tractations immobilières intenses et les ateliers vitrés sont vendus à prix d'or aux amateurs d'ateliers d'artistes[10],[4].

Image externe
Une allée de la cité en 2025.[4].

Notes et références

  1. 22, rue Tourlaque, Paris.
  2. La Cité Les Fusains sur Paristoric.com.
  3. La cité des Fusains, Paris-promeneurs.com
  4. Anne-Laure Abraham, « Les rues secrètes de Paris : dans le XVIIIe, les Fusains, des ateliers d’artistes devenus logements ultra-prisés », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Derain et la Cité des Fusains », Olivier Renault, Le flâneur des deux monts, mai 2014.
  6. Les Cités d’artistes à Montmartre, Office du tourisme de Montmartre.
  7. Loi du 2 mai 1930, aujourd'hui intégrée dans le code de l'environnement.
  8. Rue Tourlaque. Montmartre., Montmartresecret.com, 7 octobre 2012.
  9. Jean-Claude Delorme et Anne-Marie Dubois, Ateliers d’artistes à Paris, Paris, Parigramme, , 160 p. (ISBN 978-2-84096-781-1), p. 64.
    Note : son accès est protégé par un digicode.
  10. « Le prix de la vie d'artiste », Colette Sabarly, Les Échos, 21 mars 2008.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Claude Delorme et Anne-Marie Dubois, Ateliers d’artistes à Paris, Paris, Parigramme, , 160 p. (ISBN 978-2-84096-781-1).
  • Danielle Chadych et Dominique Leborgne, Guide du promeneur. 18e arrondissement, Paris, Parigramme, 1996, 263 p. (ISBN 978-2840960003).
  • Portail de Paris
  • Portail de l’architecture et de l’urbanisme
  • Portail de l’art contemporain