Le Triomphe de Bacchus (Vélasquez)
| Artiste |
Diego Velázquez |
|---|---|
| Date |
1628 - 1629 |
| Type | |
| Technique | |
| Dimensions (H × L) |
165 × 225 cm |
| No d’inventaire |
P001170 |
| Localisation |
Le Triomphe de Bacchus (El triunfo de Baco) est une huile sur toile de Velasquez, conservée au Musée du Prado depuis 1819. Elle est connue populairement sous le titre Les Ivrognes ou Les Buveurs.
Histoire
La toile fut peinte quelques années après l'arrivée à Madrid de Vélazquez alors qu'il venait de Séville, et un peu avant son voyage en Italie. Dans la capitale espagnole, Velazquez put contempler la collection de peintures italiennes du roi. Il fut impressionné par les toiles de nus de cette collection ainsi que par le traitement du thème mythologique.
L'œuvre fut mentionnée la première fois sous le titre « la peinture de Bacchus » dans un certificat de Philippe IV en date du , ordonnant à son trésorier général de payer 100 ducats pour la peinture « que Velazquez a faite pour mon service »[1].
Le thème
La toile décrit une scène où apparaît le dieu Bacchus qui couronne avec des feuilles de lierre l'un des sept ivrognes qui l'entourent. Il pourrait s'agir d'un poète inspiré par le vin[2]. Un autre personnage semi-mythologique observe le couronnement. Ces deux personnages qui accompagnent le dieu regardent le spectateur et sourient.
La toile représente Bacchus comme le dieu qui offre aux hommes le vin qui les libère temporairement de leurs problèmes. Dans la littérature baroque, Bacchus est considéré comme une allégorie de la libération de l'homme face à l'esclavage de son quotidien. Il se peut que Velazquez réalise une parodie de cette allégorie qu'il aurait considérée comme médiocre[2].
Le dieu est situé dans l'œuvre comme une personne à l'intérieur de la petite célébration qui est représentée, mais il a une peau plus claire que les autres qui le met en évidence.
La scène peut être divisée en deux. La zone gauche, avec la figure de Bacchus très illuminée se rapproche du style italien inspiré par le Caravage. Bacchus et le personnage du fond sont une allusion au mythe classique et sont représentés de manière traditionnelle. L'idéalisation du visage du dieu se détache. Il est éclairé par une lumière vive dans un style classique[2]. La partie droite, en revanche, présente des ivrognes, hommes de rues, qui nous invitent à participer à leur fête, dans un air très espagnol, similaire à celui de Ribera. Ils ne présentent aucune idéalisation, ont des visages marqués et abîmés. La lumière claire qui illumine Bacchus n'atteint pas cette zone dont les figures sont soumises à un clair-obscur évident. De plus, les coups de pinceaux se rapprochent de l'impressionnisme[2].
Dans cette œuvre, Velázquez introduit un aspect profane sur un thème mythologique, une tendance qu'il cultiva de plus en plus par la suite.
Plusieurs éléments rappellent le naturalisme : la bouteille, le grand broc en terre cuite partiellement vernissé à bec "pincé" qui apparaissent sur le sol aux pieds du dieu, ou le réalisme du corps de ce dernier. En jouant avec les reflets, il donne un relief et des textures à la bouteille et à ce broc, à la manière d'une nature morte ; ces brocs assez typiques sont très similaires à ceux qui apparaissent sur les cadres peints par Vélazquez lors de son étape sévillane[2].
Postérité
Le Triomphe de Bacchus est l'un des tableaux de Vélasquez que Francisco de Goya a reproduit à l'eau-forte en 1778. Cette gravure fut largement diffusée et on sait que même Édouard Manet en possédait un exemplaire. Le Cabinet de dessins, estampes et photographies du Musée du Prado possède trois tirages de cette planche, ainsi que le dessin préparatoire.
Dans le panneau gauche de son triptyque La familia informal[3] (1992), Herman Braun-Vega fait cohabiter les personnages du Triomphe de Bacchus avec des personnages contemporains de condition modeste dont une jeune métisse enceinte[4]. C'est l'un des moyens par lesquels il aborde le sujet des économies de subsistances dans lesquelles vivent les habitants les plus pauvres des pays du tiers-monde[5]. Ce triptyque fait partie des cinq œuvres clés pour comprendre la collection du musée Ralli Marbella[6] et est issu de la série Pérou-Espagne qu'il réalisa pour l'exposition de l'ancien Musée d'art Contemporain de Madrid en 1992[7]. On trouve une autre appropriation du Triomphe de Bacchus chez Braun-Vega dans son tableau Bodegón de 1993[8].
Références
- ↑ Corpus velazqueño. Documentos y textos, 2 vols., bajo la dirección de J. M. Pita Andrade, Madrid, 2000, (ISBN 84-369-3347-8), pág. 76.
- L. Cirlot (dir.), Museo del Prado II, Col. «Museos del Mundo», Tomo 7, Espasa, 2007. (ISBN 978-84-674-3810-9), pp. 20-21
- ↑ Herman Braun-Vega, « La Famille Informelle (Vélasquez, Goya, Picasso) » (Triptyque, acrylique sur bois, 250 × 520 cm),
- ↑ (es) Herbert Morote, « Un pintor peruano en la capital cultural de Europa », Forum, información y cultura, vol. 2, no 1, , p. 21-22 (lire en ligne) :
« Vemos, por ejemplo, a "Los Borrachos" de Velázquez a una luz de mediodía, con una palmera iqueña de fondo, dos jóvenes costeños (peruanos, lógicamente) tocando quena a un lado, y al otro, en primer plano, una mestiza encinta. »
- ↑ (es) « Artista en Familia », Caretas, Lima, , p. 90-91 (lire en ligne) :
« la pieza central de la muestra es "La familia informal", un gran tríptico que el autor (Lima, 1933) preparó para las celebraciones españolas del V Centenario del llamado encuentro entre dos Mundos, aludiendo tanto a las economías de subsistencia en que viven los habitantes más pobres del tercer mundo, como al mestizaje cultural que este intercambio posibilita. Braun-Vega - La familia Informal »
- ↑ (es) Cinco obras clave para entender la Colección Ralli, Museo Ralli Marbella, , 16 p. (lire en ligne [PDF]), p. 6-7
- ↑ (es) Jacqueline Fowks, « Herman Braun-Vega, maestro de la interpictorialidad », El País, (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le ) :
« Su tríptico La familia informal está destacado en el Museo Ralli de Marbella, y fue parte de la serie Perú-España que realizó para la exposición del antiguo Museo de Arte Contemporáneo de Madrid en 1992. »
- ↑ Herman Braun-Vega, « Bodegón (Vélasquez) » (Acrylique sur bois, 120 × 140 × 6 cm),
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Fiche sur le site du musée du Prado
- Portail de la peinture
- Portail du XVIIe siècle
- Portail de la mythologie grecque
- Portail du musée du Prado