Le Fils du Père Duchêne illustré
| Format | |
|---|---|
| Fondateur | |
| Date de création |
20 avril 1871 |
| Date de fin |
24 mai 1781 |
| Lieu de publication |
Paris |
| Site web |
Le Fils du Père Duchêne illustré est un journal communard français. Publié par Maxime Vuillaume et Eugène Vermersch, qui y font participer de nombreux caricaturistes parisiens de la période, la publication suit la presque entièreté de la Commune de Paris, jusqu'à la Semaine sanglante, qu'elle décrit dans son dernier numéro.
Sa longévité et son usage marquant de l'art de la caricature font de cette publication l'un des exemples de l'art produit pendant la Commune de Paris.
Histoire
Contexte
Après la défaite de la guerre franco-allemande, le peuple parisien, épuisé par le siège de la ville et se sentant trahi par le gouvernement provisoire, est de plus en plus révolutionnaire[1]. Cette situation très tendue débouche, à terme, en la naissance d'un mouvement insurrectionnel et communal important, la Commune de Paris[1].
Dans ce contexte communard et révolutionnaire, la presse néo-hébertiste, en référence au très radical Jacques-René Hébert pendant la Révolution française, fondateur du Père Duchesne, renaît[2]. De multiples titres de presse sont publiés lors de la Commune qui font référence à l'héritage d'Hébert ou de 1793 ; comme « Le Pair du Chêne, Le Testament du Père Duchêne, Le Vrai Duchêne, Je suis le véritable Père Duchêne, Foutre !, suivi par Les Mémoires du Père Duchêne, Duchêne réactionnaire [...] et, plus simplement, Le Fils Duchêne, La Tante Duchêne, La Mère Duchêne »[2],[3].
Le Fils du Père Duchêne illustré
Dans ce cadre, Le Fils du Père Duchêne illustré est fondé le 20 avril 1871 par Maxime Vuillaume et Eugène Vermersch[4]. Composé en tout de dix numéros, allant du 21 à la fin de la Commune, et représentant même, dans son dernier numéro, la Semaine sanglante, il se démarque en utilisant le calendrier républicain de la Révolution française, par exemple en publiant en Floréal[5].
Le journal devient rapidement une importante publication de caricatures, un art qui se développe pendant la Commune[6],[7]. Il emploie une bonne partie des 80 à 100 caricaturistes qui vivent alors à Paris et qui sont, pour la plupart, communards[6].
Le Fils du Père Duchêne illustré est l'une des publications avec la plus grande longévité de la Commune[8]. Il prend position sur des questions politiques touchant la Commune, par exemple en défendant Jarosław Dąbrowski, général des forces communardes[9]. Il écrit à son propos dans la légende de la caricature afférente, qu'il s'agirait d'« [u]n bon bougre ! »[9]. Il est aussi polémique envers Adolphe Thiers, le dirigeant des 'Versaillais', en le nommant « dictateur » et en le représentant sur un escargot[7].
Postérité
Culture matérielle
Les originaux du journal sont relativement rares, comme d'autres journaux de la période[10]. L'Université de Heidelberg en possède des exemplaires, entre autres[10].
Études scientifiques
En 2021, à l'occasion d'un colloque organisé pour les cent cinquante ans de la Commune de Paris, le chercheur Samy Lagrange étudie les représentations de la masculinité dans le journal ; en les comparant à celles qu'Émile Zola peut faire dans ses discours[11]. Il montre que le journal met en scène une masculinité insurrectionnelle, là où Zola agit différemment[11].
Numéros
| 1 - 1er Floréal 79 | 2 - 6 Floréal 79 | 3 - 10 Floréal 79 |
| La colonne Vendôme | Le petit Thiers | Le général Dombrowski |
| Le père Duchesne face à la statue de Napoléon Ier au sommet de la colonne Vendôme | La Commune tenant Thiers sous forme d'un nouveau-né chétif | Dombrowski sabre à la main mettant en déroute les Versaillais |
| Eh ben ! bougre de canaille, on va donc te foutre en bas comme ta crapule de neveu !... | Et dire qu'on voudrait me forcer à reconnaître ce crapaud-là!... | Un bon bougre!... nom de dieu!... |
| 4 - 13 Floréal 79 | 5 - 17 Floréal 79 | 6 - 20 Floréal 79 |
| Le dictateur Thiers | Les guignols politiques | Les guignols politiques |
| Thiers chevauchant un escargot en route pour Paris | La commune et Thiers cachant une malle pour Cayenne (en guignols) | Le général Vinoy brandissant son gros bâton au-dessus de la Commune allongée au sol, seins nus (en guignols) |
| En avant!... foutre de foutre!...et gare aux Parisiens!... | Tu veux que je dépose ma trique ... As-tu fini ! D'abord, montre donc ce que tu caches derrière ton dos petit Foutriquet!.... | Le rêve de ce gros jean-foutre de Vinoy. |
| 7 - 24 Floréal 79 | 8 - 27 Floréal 79 | 9 - 1er Prairial 79 |
| Le citoyen Courbet | Le rêve de Badinguet | Les cartes d'identité |
| Gustave Courbet renversant une "colonne Rambuteau" (un urinoir) | Napoléon III en chauve-souris soupesant Thiers et la République | Une jeune femme face à M. Prudhomme (bourgeois-type), le journal 'le Père Duchêne" à la main, qui porte en bandoulière un écriteau |
| Foutant en bas toutes les colonnes ... de Paris |
De gouverner, toujours avide, Voilà mon plan: - Il est splendide!- |
Sur l'écriteau on lit : J. PRUDHOMME - Eh bien, mon vieux Joseph, toi qui a tant gueulé contre ces petites dames du boulevard, te voilà donc comme elles!... On t'a aussi foutu une carte. |
| 10 - 4 Prairial 79 |
| Le départ de notre bonne Commune |
| Le fils Duchesne en Fédéré avec la commune qui fait sa valise. (C'est la Semaine sanglante) |
| - Eh ben ! ma bonne Commune, qu'est que tu fous donc là? ... - Dame! mon petit Duchêne, je fais mes malles... puisque M.Thiers m'a foutu mes huit jours. Seulement, tu vois, je ne me presse pas trop. |
Références
- Jeanne Eichner 2022, p. 5-32.
- Thomas Bouchet, Vincent Bourdeau, Edward Castleton et Ludovic Frobert, « Quand les socialistes inventaient l’avenir », dans Quand les socialistes inventaient l’avenir, La Découverte, , 373–386 p. (ISBN 978-2-7071-8591-4, DOI 10.3917/dec.bouch.2015.01.0373, lire en ligne)
- ↑ Michel Winock, « La Commune (1871-1971) », Esprit (1940-), no 409 (12), , p. 968 (ISSN 0014-0759, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Claude Quétel, « 3. Murs singuliers », Tempus, , p. 125-127 (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Le fils du Père Duchêne: illustré – digital », sur www.ub.uni-heidelberg.de (consulté le )
- « Les Représentations de la Commune au travers de la caricature communarde (1871) », sur Théâtre(s) Politique(s), (consulté le )
- « Quand la presse montait sur les barricades pendant la Commune de Paris », sur 20 Minutes, (consulté le )
- ↑ Bertrand Tillier, La Commune de Paris, révolution sans images ? Politique et représentations dans la France Républicaine (1871 - 1914), Champ Vallon, coll. « Epoques collection d'histoire », (ISBN 978-2-87673-390-9), p. 73
- Bridget Alsdorf, « Vallotton, Fénéon, and the Legacy of the Commune in Fin-de-siècle France », Nineteenth-Century French Studies, vol. 49, nos 3/4, , p. 260-270 (ISSN 0146-7891, lire en ligne, consulté le )
- (de) Maria Effinger, « Aufbruch zwischen Zeitkritik und Zensur », forschung, vol. 37, no 4, , p. 20 (ISSN 1522-2357, DOI 10.1002/fors.201390001, lire en ligne, consulté le )
- Corentin Marion, « Au carrefour des possibilités, retour sur un colloque. « La Commune de 1871 : L’histoire continue » (Paris, 14 et 15 octobre 2021) », Revue d'histoire du XIXe siècle, vol. 63, , p. 119 (ISSN 1265-1354 et 1777-5329, DOI 10.4000/rh19.7862, lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
- (en) Carolyn Jeanne Eichner, The Paris Commune: A Brief History (Reinventions of the Paris Commune), New Brunswick, Rutgers University Press, (ISBN 978-1-9788-2768-4)
Liens externes
- Portail de l’anarchisme
- Portail du socialisme
- Portail de la presse écrite
- Portail de l’histoire
- Portail des arts
- Portail de la France
- Portail de la France au XIXe siècle
- Portail de la politique