La Révolution Cosmopolite

La Révolution Cosmopolite
Première page du premier numéro (deuxième série) du journal - courtoisie d'Archives anarchistes.
Formats
Périodique
Journal anarchiste (d)
Fondateur
Date de création
septembre 1886
Date de parution
Date de fin
mai 1887
Lieu de publication
Paris

La Révolution Cosmopolite en forme longue La Révolution Cosmopolite : journal révolutionnaire socialiste indépendant, est un journal anarchiste publié entre 1886 et 1887 par différents militants anarchistes parmi lesquels on trouve Charles Malato, Jacques Prolo ou encore Louise Michel et Léon Ortiz. Le journal s'interrompt après avoir été mis en procès pour « excitation au meurtre et au pillage ».

Il s'agit d'une publication anarchiste des années 1880 en France, et elle s'inscrit dans la naissance et la constitution du mouvement anarchiste. Le journal figure aussi comme l'introducteur de l'internationalisme révolutionnaire en France, cherchant à rassembler les anarchistes et les révolutionnaires sur un plan international. Le journal est aussi, par les contributions abondantes de Michel en son sein, l'un des premiers à donner la parole à des militantes.

Histoire

Contexte

Ce journal provient, comme l'Endehors plus tard, ou un certain nombre de publications du symbolisme et du décadentisme naissants, du Cercle de la Butte. Cette influence est remarquée par Gabriel Randon, qui soutient que ce Cercle se subdivise en quatre parties : les naturalistes, les décadents, les symbolistes et les anarchistes ; chacun de ces groupes représentant les principales mouvances intellectuelles et artistiques françaises de la décennie suivante[1]. Selon Randon, chacun de ces quatre sous-groupes du Cercle aurait produit ses propres organes de presse ; en l'occurrence, pour les anarchistes, il s'agit de La Révolution cosmopolite[1].

La Révolution Cosmopolite (1886-1887)

Au sein du Cercle, Charles Malato et Jacques Prolo, deux militants anarchistes, commencent par mettre en place un groupe anarchiste, et, en septembre 1886, fondent le journal[1]. Son annonce de parution est faite dans Le Révolté de Pierre Kropotkine et Jean Grave et le premier numéro est publié[2]. Léon Ortiz, un militant anarchiste illégaliste notable de la période[3], et Louise Michel, une militante anarchiste célèbre, collaborent aussi au journal[4],[5]. Ortiz est le plus pauvre des contributeurs[5]. Parmi les autres contributeurs, on trouve aussi Georges Deherme, qui y défend notamment l'union de tous les groupes socialistes dans une fédération qui respecterait leurs spécificités propres[6].

De manière générale, la ligne principale du journal est de défendre une forme d'internationalisme révolutionnaire[7]. En France, cette publication qui s'inscrit dans la naissance et la constitution du mouvement anarchiste est l'une des premières publications anarchistes[7]. Il s'agit aussi de la première publication révolutionnaire à sortir d'un cadre uniquement français et se tourner vers une lutte internationale[7] et d'une des premières à permettre à des militantes d'y participer et d'y publier[8].

Le journal publie 5 numéros de sa deuxième série en 1887[2]. Il est mis en procès pour « excitation au meurtre et au pillage » en avril-mai 1887 et la publication s'interrompt[2],[5].

Louise Michel

Les publications de Michel au sein du journal - qu'elle rejoint dès le premier numéro, prennent une importance notable dans le développement de sa pensée et des perspectives artistiques, philosophiques et politiques michelaises[8]. Ainsi, c'est dans ce journal qu'elle commence à déployer un intérêt très marqué pour l'écriture comme arme révolutionnaire ; et sa première publication, défense de sa participation au journal, est marquante des dynamiques touchant le mouvement anarchiste de la période, qui se tourne vers la presse[8].

Michel y publie aussi ses poèmes, où elle lie de nombreuses idées, mais en particulier les plans artistiques et politiques, mêlant la recherche esthétique et celle de la révolution et de la liberté promises par les anarchistes[8]. Plus généralement, les recherches qu'elle y entreprend en quête d'une « poétique révolutionnaire » sont marquants dans sa pensée[8].

Postérité

Les cercles qui participent à ce journal sont proches de ceux qui participent, quelques années plus tard, à l'Endehors[1].

Références

  1. Julien Schuh, « Du cercle aux revues : genèse sociale de l'espace discursif de quelques périodiques fin-de-siècle », dans Sociabilités littéraires et petite presse du XIXe siècle, (lire en ligne)
  2. René Louis (1941-2005) Bianco, « Bianco (Bi 1880). La Révolution cosmopolite : journal révolutionnaire socialiste indépendant », sur bianco.ficedl.info (consulté le )
  3. « ORTIZ Léon [Julien, Léon, dit] [dit Schiroky, dit Trognon] [Dictionnaire des anarchistes] – Maitron » (consulté le )
  4. Richard Shryock, « Anarchism at the Dawn of the Symbolist Movement », French Forum, vol. 25, no 3,‎ , p. 291–307 (ISSN 0098-9355, lire en ligne, consulté le )
  5. Richard Shryock, « Decadent Anarchists and Anarchist Decadents in 1880s Paris », Dix-Neuf, vol. 21, nos 2-3,‎ , p. 104–115 (DOI 10.1080/14787318.2017.1386887, lire en ligne, consulté le )
  6. Lucien Mercier, Les universités populaires, 1899-1914: éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle, Editions ouvrières, coll. « Collection Mouvement social », (ISBN 978-2-7082-2518-3), p. 16
  7. Bantman 2017, p. 181-188.
  8. Tardif 2021, p. 75-100.

Bibliographie

  • (en) Constance Bantman, Reassessing the Transnational Turn - Scales of Analysis in Anarchist and Syndicalist Studies, Oakland, Routledge, (ISBN 978-1-62963-391-6)
  • Marie-Pier Tardif, Ni ménagères, ni courtisanes. Les femmes de lettres dans la presse anarchiste française (1885-1905) (thèse de doctorat), Lyon, Université Lyon 2, (lire en ligne )

Liens externes

  • Facs similés de la deuxième série en entier sur Archives anarchistes ici : (1)

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