Léon Lesca

Léon Lesca
Léon Lesca portant une maquette de sa « villa algérienne »[α], caricature de Gabriel Roques (1894).
Biographie
Naissance
Décès
(à 87 ans)
La Teste-de-Buch à l'époque, actuelle commune de Lège-Cap-Ferret
Sépulture
Nom de naissance
Bernard Lesca[1],[2], dit Léon
Nationalité
française
Domicile
130, rue du Palais-Gallien à Bordeaux entre 1860 et 1865
« Villa algérienne » à L'Herbe, sur la presqu'île du Cap Ferret de 1865 à sa mort
Activité
entrepreneur de travaux publics

Léon Lesca est un entrepreneur, homme d'affaire et propriétaire foncier français né le à La Teste-de-Buch en Gironde et mort le au lieu dit L'Herbe, sur le territoire[β] de la même commune.

Il acquiert au XIXe siècle et développe un vaste domaine sur la presqu'île du Cap Ferret, dont l'urbanisation est alors insignifiante, prémices de la future station balnéaire.

Biographie

Les Lesca constituent une ancienne famille testerine qui compte au XVIIIe siècle des marins, des tenanciers de relais de poste, des tonneliers, des vignerons. À partir de 1780, elle investit dans le pin et son gemmage et devient au XIXe siècle avec plus de 10 000 hectares de pinède, un des plus gros propriétaires de la région[3].

Léon naît le à La Teste-de-Buch[2], dans une famille de six enfants[4]. Il épouse en 1860 Coraly Godbarge[5], de quinze ans sa cadette, fille de sa cousine germaine et d'un entrepreneur de travaux publics bourguignon[6],[7],[γ]. À Bordeaux, le couple se fait édifier un immeuble au 130, rue du Palais-Gallien[3]. Il aura six enfants[5].

Associé à son beau-père, il participe à la construction du port de Boulogne, des quais de Toulouse, de la ligne de chemin de fer Toulouse - Castelnaudary[6]. C'est surtout en Algérie qu'il fait fortune, grâce au marché de construction des quais du port d'Alger obtenu en 1862[4] et à celui de la voie ferrée qui relie Constantine à Philippeville[8].

De retour en métropole, Léon acquiert avec son frère Frédéric[δ] un domaine de 1 200 hectares en partie marécageux[4] sur le flanc est de la presqu'île du Cap Ferret, entre les lieux-dits Le Boque[ε] et Piquey. Napoléon III vient en effet de mettre aux enchères[6] ces terres dans le cadre d'une campagne d'aliénation des forêts domaniales menée entre 1860 et 1863[9]. Non desservies par la route et accessibles uniquement par voie d'eau, elles sont alors quasiment désertes. Chaque frère se bâtit un relais de chasse au Boque[ζ],[4].

De 1865 à 1885[10] Léon confie à l'architecte Eugène Ormières[4] la construction une villa dans le style mauresque au lieu-dit Gnagnotte[η]. Autour, il fait aménager un parc exotique de 27 hectares — où il acclimate l'arachide, le mimosa[6] et le yucca[3] —, avec pont en rocaille, grotte artificielle et statues[4]. Il construit un presbytère, une école, une jetée[8], des maisons pour le personnel[6]. La chapelle Sainte-Marie-du-Cap (1885) est le dernier de ces édifices et le principal vestige de la propriété subsistant au XXIe siècle. Le style des constructions conduit les contemporains à surnommer le hameau « village malgache » ou « africain »[9]. La maison accueille des personnalités importantes : Adolphe Thiers, Sarah Bernhardt, la reine Ranavalona III, etc.[4]

Plus loin, Léon Lesca fait installer des parcs à huîtres, creuser des réservoirs à poissons[θ], planter un vignoble[ι] — dont les cépages venus de Crimée et du château Margaux[4] produisent 50 tonneaux par an[11] d'un rouge nommé Dunes du Cap Ferret[3]. Humaniste, il emploie quatre-vingt personnes dans son domaine et fonde une société de protection des ostréiculteurs[3].

Au sud du bassin, il fait construire en 1866 le Grand Hôtel d'Arcachon, de proportions grandioses avec ses 100 chambres luxueuses[12],[κ].

En 1896, après la mort de son frère, Léon et ses neveux et nièces créent un lotissement de vingt-trois parcelles, première ébauche de la future station balnéaire du Cap-Ferret[13]. Il co-fonde en 1902[14] une compagnie maritime pour exploiter le vapeur Courrier du Cap, qui relie le Cap-Ferret à Arcachon[6].

Léon Lesca est conseiller général de la Gironde[15] de 1874 à 1899[2]. Il acquiert en 1906 de vastes fonciers boisés à Pyla-sur-Mer[16].

Il meurt dans sa « villa algérienne » le et est inhumé à Bordeaux, au cimetière de la Chartreuse[17].

La demeure quant à elle périclite : tombée en indivision, elle est occupée par les Allemands pendant la guerre et son parc n'est plus entretenu. Rongée par les termites, elle échoit par tirage au sort à l'un des descendants, qui s'en débarrasse au profit d'un hôtelier. Celui-ci la cède vite à des promoteurs qui la font détruire en 1965 pour construire un immeuble de villégiature[3].

Distinctions

Il est l'éponyme d'une avenue de Lège-Cap-Ferret.

Notes et et références

Notes

  1. Et équipé de mastouns, surchausses de bois pour marcher dans les vasières du bassin d'Arcachon.
  2. Précisément sur la presqu'île du Cap Ferret, commune de Lège-Cap-Ferret depuis 1976 mais alors dépendant de La Teste.
  3. Coraly (ou Marie Coralie) est la fille de Marie Justine Lesca, cousine germaine de Léon (le père de celle-ci, Jean Patriote, et celui de Léon, Pierre Aîné, sont frères). Elle naît en 1840 à La Teste et meurt en 1923 à L'Herbe.
  4. Joseph Frédéric Lesca, de dix ans l'aîné de son frère Léon, se consacre à l'exploitation du pin des Landes. Il en commercialise le bois et les produits résineux, via la société térébenthine Lesca qu'il fonde et sa société de tonnellerie. Il fait construire une villa, Les Hirondelles, au lieu-dit « La Pointe aux chevaux ».
  5. Aujourd'hui, « Bélisaire ».
  6. Le Saint Hubert pour Léon et le Chalet du cap (qui existe encore) pour Frédéric.
  7. Aujourd'hui nommé « L'Herbe ».
  8. Au lieu-dit aujourd'hui « Piraillan ».
  9. Au lieu dit aujourd'hui « La Vigne ».
  10. Y descendent le gotha de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie européennes, la reine Ranavalona III, l'impératrice Sissi, etc. Grandement détruit par un incendie en 1910, il sera remplacé par un établissement encore plus vaste.

Références

  1. « 4 E 13568/4 - 1825 - 1825 Archives départementales de la Gironde », sur Archives départementales de la Gironde (consulté le ), p. 35/40
  2. « Bulletin de la Société historique et archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch », sur calameo.com (consulté le ), p. 93
  3. « Les Lesca, bienfaiteurs du bout du monde », sur L'Express, (consulté le )
  4. Abmadlmandien, « L’incroyable histoire des inventeurs du Cap Ferret », (consulté le )
  5. « Léon Lesca (1825 - 1913) », sur man8rove.com (consulté le )
  6. Max Baumann et Jacques Ragot, La presqu'île Lège Cap-Ferret: Lège, Claouey, Les Jacquets, Piquey, Piraillan, Le Canon, L'Herbe., FeniXX, (ISBN 978-2-37748-205-4, lire en ligne), p. 94
  7. « Généalogie de Marie Coralie Coraly GODBARGE », sur Geneanet (consulté le )
  8. « Ces figures qui ont fait le Bassin », sur SudOuest.fr, (consulté le )
  9. Collectif, Une histoire du Bassin : Arcachon, entre Landes et océan, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-12271-9, lire en ligne)
  10. « Chapelle de la Villa Algérienne », sur GuideVoyageur.fr (consulté le )
  11. Charles Cocks, Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite, Féret, (lire en ligne), p. 337
  12. « Grand-Hôtel d’Arcachon – Chronique 1908 – SHAAPB » (consulté le )
  13. Noailles Mikaël, « Chapitre 4 : Le temps de la Côte d’Argent, du rêve poétique des découvreurs aux lotissements des spéculateurs », dans La construction d’une économie touristique sur la Côte Aquitaine des années 1820 aux années 1980 : Pratiques sociales, politiques d’aménagement et développement local, Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes », , 135–197 p. (ISBN 978-2-8107-0990-8, lire en ligne)
  14. Mikaël Noailles, La construction d’une économie touristique sur la Côte Aquitaine des années 1820 aux années 1980: Pratiques sociales, politiques d’aménagement et développement local, Presses universitaires du Midi, (ISBN 978-2-8107-0990-8, lire en ligne), p. 147
  15. Le Cinquantenaire du chemin de fer de Bordeaux à La Teste et Arcachon, Revue des Pyrénées, coll. « Revue des Pyrénées: France méridionale - Espagne », (lire en ligne), p. 816-817
  16. « La Métamorphose du Pyla » (consulté le ), Chapitre 12 La deuxième vague de projets
  17. Jacques Ragot et Max Baumann, La presqu'île Lège Cap-Ferret (1). Évocation historique, FeniXX, (ISBN 978-2-37748-112-5, lire en ligne), p. 24
  18. « L’électricité à Arcachon (1892) – SHAAPB » (consulté le )


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