Kissi (peuple)

Les Kissi sont une population d'Afrique de l'Ouest, vivant principalement en Guinée forestière, également en Sierra Leone et au Liberia.

Histoire

Selon Les Peuples d'Afrique , la tradition Kissi considère qu'avant le XVIIe siècle, ils habitaient la région du Haut Niger. Ils auraient en réalité vécu au sud du Fouta-Djalon jusqu'à leur expulsion par les Dialonké. Après 1600, ils ont migré vers l'est, chassant les limba dans leurs marche, mais ils étaient constamment menacés par les kurankos[1].

Résistance à la conquête française par Kissi Kaba Keita

En Guinée, le guerrier Kissi, Kissi Kaba Keita, parvint à unifier de nombreuses chefferies Kissi sous son règne et à résister à la conquête française pendant de nombreuses années. Avant les attaques françaises, il avait rallié les Kuranko de Morige et les Leles de Yombiro . À l'arrivée des Français en 1892, il dut laisser les chefs relativement autonomes de leurs régions respectives se défendre. En raison de la supériorité technologique des Français, Kissi Kaba recourut principalement à la guérilla, retardant ainsi leur conquête de son royaume. Pourtant, en 1893, il comprit que sa résistance échouerait et se soumit aux Français, qui le reconnurent comme chef du territoire Kissi du nord. Cependant, ses relations avec les Français se détériorèrent progressivement, les conduisant à nommer ses rivaux dans plusieurs de ses chefferies et finalement à son exécution à Siguiri

Population

Selon J. S. Olson[2], les Kissi sont plus de 525 000. La plupart sont chrétiens, ou animistes, ou ont des pratiques syncrétiques. Une minorité (9 % environ) est musulmane.

Ils parlent le kissi (kissi septentrional ou kissi méridional), une langue mel rattachée à la branche sud des langues atlantiques au sein de la grande famille des langues nigéro-congolaises.

Les estimations liées aux langues dénombrent 327 000 locuteurs pour le kissi septentrional (kqs)[3], dont 287 000 pour la Guinée (1991) et 40 000 pour la Sierra Leone (1991), auxquels s'ajoutent les 200 000 locuteurs du kissi méridional (kss)[4], dont 115 000 au Liberia (1995) et 85 000 en Sierra Leone (1995).

Patronymes

Pour une meilleure connaissance individuelle de l’ethnie Kissi, le tableau patronymique ressort 79 noms. De ce contingent, il ne faut retenir seulement que 21 ancêtres éponymes, dont : Bongono, Dembadouno, Feindouno, Léno, Kamano, Komano, Koundouno, Millimouno, Mamadouno, Maano , Lélano ,Ouéndéno, Simbiano, Tinguiano,Tolno Tonguino, Yaradouno, Yifono (Iffono), Yombouno …

Les autres patronymes dérivent ces premiers, parfois une différence de phénomènes les marques , mais le Totèm demeure le même. Exemple : Mamadouno et Massandouno, Feindouno et Frangadouno

Certaines populations pour s’identifier ont préféré fonder les patronymes sur le nom de leur cité. Exemple : Koumassan=Koumassadouno, Kagbadou=Kagbadouno, Kombadou=Kombadouno, Mongo=Mongono,Temessadou=Temessadouno Patronymes Kissi.

NOMS NOMS NOMS
1 Balladouno 29 Kombadouno 59 Sewadouno
2 Bengoutiéno 30 Komano 60 Simbiano
3 Bongono 31 Kondano 61 Somadouno
4 Bolossiandouno 32  Kondiano 62 Songbono
5 Bouédouno 33 Koniono 63 Sossoadouno
6 Bourouno 34 Kotembèdouno 64 Tagbino
7 Bramadouno 35 Koumassadouno 65 Tambafeindouno
8 Dembadouno 36 Koundouno 66 Télliano
9 Doufangadouno 37 Kouténo 67 Tèmèssadouno
10 Dougbouno 38 Lélano 68 Teinguiano
11 Fancinadouno 39 Lèno 69 Togbodouno
12 Feindouno 40 Malano 70 Tolno
13 Fouédouno 41 Mamadouno 71 Tonguino
14 Frangadouno 42 Mamboliano 72 Toumandouno
15 Fremessadouno 43 Mandouno 73 Toundoufédouno
16 Fouédouno 44 Mano 74 Wamouno
17 Gbandélno 45 Massandouno 75 Woromandouno
18 Iffono 46 Millimouno 76 Yaradouno
19 Kadouno 47 Mongono 77 Yilandouno
20 Kagbadouno 48  Moundékéno 78 Yokromeno
21 Kamano 49 Moussatèmbèdouno 79 Yombouno
22 Kamadouno 50 Oliano  80 Tédouno 
23 Kambadouno 51 Ouéndéno    
24 Kandawadouno 52 Sandouno    
25 Kankodouno 53 Saninkoundouno    
26 Kantambadouno 54 Sayandouno    
27 Kassossodouno 55 Sembèno    
28 Kikano 56 Séssémadouno    

 

Économie

Durant la construction du chemin de fer Conakry-Niger (1898-1911), les ouvriers kissiens étaient très bien vus par l'administration : "Les Kissiens chez qui vont s'ouvrir les chantiers de Kankan-Beyla sont certainement les meilleurs travailleurs ; ils ont des idées d'épargne que ne connaissent pas les Soussous et encore moins les Bambaras et autres Soudanais"[5].

Culture

Parmi d'autres, le médecin colonial H. Néel[6], puis l'ethnologue Denise Paulme[7] ont décrit des pierres sculptées anthropomorphes connues sous le nom de pomda (plur. de pomdo[8]). Réalisées en stéatite ou en argile, enfouies dans le sol de longue date, elles sont considérées comme des figures d'ancêtres et sont déterrées par les Kissi pour être consultées lors d'un « interrogatoire ».


Notes et références

  1. James Stuart Olsen, The Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Press, (ISBN 978-0313-27-918-8, lire en ligne), p. 290
  2. (en) J. S. Olson, The Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 290
  3. (en) Kisi Northern, SIL [1]
  4. (en) Kisi Southern, SIL [2]
  5. Jacques Mangolte, « Le chemin de fer de Konakry au Niger (1890-1914) », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 55, no 198,‎ , p. 37–105 (DOI 10.3406/outre.1968.1454, lire en ligne, consulté le )
  6. H. Néel, « Statuettes en pierre et en argile de l'Afrique occidentale » (1913) [3],
  7. Denise Paulme-Schaeffner, Les gens du riz : Kissi de Haute-Guinée française (1954)
  8. Aldo Tagliaferri, Pomdo, Mahen Yafe et Nomoli (traduit de l'italien par Giovanna Miranda), Paris, 2003, 50 p. (ISBN 29-5204-250-0)

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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