Jules Coupier

Jules Coupier
Biographie
Naissance
Décès
(à 101 ans)
Thoard
Sépulture
Nom de naissance
Jules Édouard Marius Coupier
Nationalité
Formation
École normale d'Avignon (d) (-)
Activités
Père
Marius Coupier (d)
Mère
Eulalie Coupier (d)
Enfant
Pierre Coupier (d)
Autres informations
Distinctions
Liste détaillée
Prix Bruno-Durand ()
Prix de gratitude mistralienne (d) ()
Grand prix littéraire de Provence (d) ()
Commandeur des Arts et des Lettres‎ ()
Œuvres principales

Jules Coupier (1919-2020) est un lexicographe, traducteur et poète français d'expression provençale.

Biographie

Né le à Manosque[1] dans une « vieille famille du terroir »[2] qui parle provençal[3], Jules Coupier fait ses classes à Oraison, avant d'aller à l'école normale d'Avignon[4] de 1935 à 1938[2].

Il devient ensuite instituteur près de Paris[4], ainsi qu'en[1] Moselle[3].

À sa retraite en 1974[2], il s'installe à Vallauris[4], où il s'investit dans la société d'histoire locale Le Vieux Vallauris, dispensant notamment des cours de provençal au côté de Max Michel (d)[1],[5].

En 2009, Hervé Martin (d) lui dédie un poème dans son recueil Et cet éprouvé des ombres[6].

Le , il célèbre son centenaire[7]. Installé à la maison de retraite de Thoard[8], il s'y éteint à 101 ans, le [1],[9], et est inhumé dans sa ville natale. Pierre-Dominique Testa lui consacre à son tour un poème à l'occasion de sa disparition[10].

Marié, il a un fils, Pierre Coupier (d)[11],[8]. Outre ses activités lexicographiques, il est féru d'astronomie[12].

Travaux

Le Dictionnaire français-provençal

Il se fait surtout connaître par son Dictionnaire français-provençal qui, publié en premier lieu en 1995 par l'association Dictionnaires français-provençal emmenée par André Ariès et rédigé suivant la graphie mistralienne[13], se veut l'« inverse » du Trésor du Félibrige[14]. Œuvre entamée en 1982[2], par un autodidacte en lexicographie aidé par sa femme[3], elle est refondue par une équipe bénévole de scientifiques conduite par le linguiste Philippe Blanchet[15],[a],[4], et voit le jour grâce à une souscription d'environ 800 mécènes[16].

Elle est signalée comme le « meilleur dictionnaire provençal moderne » par la Bibliographie linguistique ; Serge Bec le juge « indispensable » aux personnes apprenant ce parler et l'écrivant[13], et Christian Bonnet le qualifie de « mine », louant notamment la qualité des néologismes y forgés[15]. Le Dictionnaire sert aussi de source pour la réédition du Trésor du Félibrige entamée par le Conseil de l'écrit mistralien en 2006[17]. Jacques Taupiac vante un ouvrage « incontournable » et d'une « importance considérable », se distinguant par la « grande précision » des définitions[18]. Michel Courty, enfin, y voit une somme « indispensable à tous les usagers du provençal », du niveau du Petit Larousse ou du Robert[19].

Certaines critiquent sont formulées par des auteurs occitanistes. Bonnet regrette l'absence de certains « termes familiers et répandus » et critique le trop grand nombre de synonymes proposées sous certaines entrées[15], tandis que Josiane Ubaud blâme un certain nombre de propositions en phytonymie[20]. Quant à Pierre Pessemesse, il estime que Coupier, qui à l'en croire « ignore superbement la langue naturelle parlée par les vieux », emprunte trop servilement au Trésor, et propose parfois des traductions arbitraires confinant au « charabia »[21]. Quant à Taupiac, il estime que l'auteur cherche trop à singulariser le provençal et le démarquer du français, et déplore l'absence de principes de codification[18].

Il connaît une réédition en 2009[1] à l'initiative du Collectif Provence[22]. L'ouvrage comporte alors environ 75 000 entrées[8].

Autres

En 1998, il fait paraître un Petit dictionnaire français-provençal, version abrégée de son dictionnaire. Jacques Taupiac salue à nouveau son travail, mais s'interrogeant sur les critères de sélection des mots conservés et évincés, regrette que « des lexèmes fréquents manquent [alors que] des lexèmes bien plus rares sont présents »[23].

Il s'attelle également à la traduction et l'adaptation d'œuvres francophones classiques : Le Tartuffe de Molière, Phèdre de Jean Racine, Le Hussard sur le toit de Jean Giono[13], Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier, Sylvie de Gérard de Nerval, Le Silence de la mer de Vercors, et Le Diable au corps de Raymond Radiguet[24]. Ces travaux sont déposés au Centre de documentation provençale de Bollène[24].

Enfin, on lui doit quelques poèmes inspirés d'Ovide et recueillis dans Divagaduro en 2003[13].

Il a collaboré au Rampau d'óulivié[25].

Ouvrages

  • Dictionnaire français-provençal (préf. Charles Rostaing), 2. vol., Aix-en-Provence, Edisud, 1995 (ISBN 2-85744-824-4) ; rééd. en 2009 par le Collectif Provence.
  • Petit dictionnaire français-provençal, Aix-en-Provence, Édisud, 1998 (ISBN 2-7449-0031-1).
  • Lou Tartufe, trad. du Tartuffe de Molière, Marseille, Roudelet felibren [« Groupe félibréen »], 1998 (ISBN 2-900063-21-3).
  • Divagaduro : rimarié prouvençalo em'un pessu de franchimand, Nice, Atlantis, 2003 (ISBN 2-913637-35-3).

Distinctions

Notes et références

Notes

  1. Et comprenant également Pierre Gibert (d), Paul Nougier, Charles Rostaing et Pierre Vouland.

Références

  1. Philippe Depétris (d), « Vallauris-Golfe-Juan : Jules Coupier n'est plus », Nice Matin,‎ (lire en ligne).
  2. « Jùli Coupier Grand pres literàri de Prouvènço e Pres de la gratitudo mistralenco [Jules Coupier Grand prix littéraire de Provence et Prix de gratitude mistralienne », Li Nouvello de Prouvènço, no 54, 1996, p. 20-21.
  3. Jérémy Michaudet (d), « Ouvrages de références, les deux dictionnaires... », La Provence Digne, 7 juin 2016, p. 2.
  4. Patricia Dupuy, « Grand prèmi literàri de Prouvènço à Jùli Coupier [Grand prix littéraire de Provence à Jules Coupier] », Prouvènço d'aro, no 105, loc. cit., p. 9 (lire en ligne).
  5. Max Michel, « Segne Coupier [Maître Coupier] », Lou mièu Valauri, 2009, p. 7-8.
  6. Hervé Martin (d), Et cet éprouvé des ombres, Montreuil-sur-Mer, Henry, (ISBN 978-2-917698-40-2, lire en ligne).
  7. Philippe Depétris (d), « Jules Coupier, fils de Provence, a fêté ses cents printemps », Nice Matin,‎ (lire en ligne).
  8. Véronique Bouvier (d) et Q130458014, « Jules Coupier, 97 ans, auteur dictionnaire provençal de référence », 19/20, France 3 Provence-Alpes, 27 juin 2016 (présentation en ligne).
  9. « Moteur de recherche des décès », sur matchid.io (consulté le ).
  10. « Lexique Provençal », sur lexiqueprovencal.com (consulté le ).
  11. Jérémy Michaudet (d), « Jules Coupier promu au grade de commandeur », La Provence Alpes,‎ , p. 3.
  12. Veici du 28 septembre 1996, entretien avec Frédéric Soulié (d), France 3 Provence-Alpes (présentation en ligne).
  13. Serge Bec, « L'œuvre de Jules Coupier récompensée », Autre Sud, no 32, mars 2006, p. 158-159.
  14. « Informations », La Linguistique, vol. 30, no 1,‎ , p. 185-186 (lire en ligne).
  15. Christian Bonnet, « Le terreau des Lettres : vitalité de la lexicographie occitane », Revue française d'histoire du livre, no 91, 1996, p. 163-172.
  16. « Tout le provençal en deux livres », La Croix, 15 janvier 1996, p. 7.
  17. Pierrette Bérengier, « D'hier à demain : la mise à jour du dictionnaire provençal-français de Frédéric Mistral », dans Bernadette Cabouret (d) (dir.), La Communication littéraire et ses outils : écrits publics, écrits privés, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques (ISBN 978-2-7355-0863-1, lire en ligne), p. 7-14.
  18. Jacques Taupiac, « Lo Diciounàri de Jùli Coupié [Le Dictionnaire de Jules Coupier] », L'Occitan, no 126,‎ , p. 4-5.
  19. Michel Courty, « [Recension] », La France latine, no 123,‎ , p. 120-121.
  20. Josiane Ubaud, « De quelques problématiques liées à la phytonymie occitane », Géolinguistique, no 21,‎ (lire en ligne).
  21. Pierre Pessemesse, « Lo Coupier : un diccionari qu'auriam poscut faire sensa [Le Coupier : un dictionnaire qui aurait pu avoir du sens] », Aquò d'aquí, no 102,‎ , p. 12-13.
  22. Magali Blanc (d), « Réédition du Coupier, Dictionnaire Français-Provençal », sur Tradicioun, (consulté le ).
  23. Jacques Taupiac, « Diccionari provençal [Dictionnaire provençal] », L'Occitan, no 139,‎ , p. 7.
  24. Fourié 2009.
  25. Kathryn Klingebiel, Bibliographie linguistique de l'occitan médiéval et moderne (1987-2007), Turnhout, Brepols, 2011, p. 253 (ISBN 978-2-5035-3104-5).
  26. Michel Courty, « Lou pres Mistral 1996 à Reinié Moucadel [Le prix Mistral 1996 à René Moucadel] », Prouvènço d'aro, no 105,‎ , p. 8 (lire en ligne).
  27. « PRIX LITTERAIRES », sur academiedaix.org (consulté le ).
  28. http://www.culture.gouv.fr/Nous-connaitre/Organisation/Conseil-de-l-Ordre-des-Arts-et-des-Lettres/Arretes-de-Nominations-dans-l-ordre-des-Arts-et-des-Lettres/Nomination-dans-l-ordre-des-Arts-et-des-Lettres-hiver-2017.
  29. http://www.culture.gouv.fr/Nous-connaitre/Organisation/Conseil-de-l-Ordre-des-Arts-et-des-Lettres/Arretes-de-Nominations-dans-l-ordre-des-Arts-et-des-Lettres/Nomination-dans-l-ordre-des-Arts-et-des-Lettres-janvier-2013.

Annexes

Bibliographie

  • Jean Fourié (préf. Jacques Mouttet (d)), Dictionnaire des auteurs de langue d'oc de 1800 à nos jours, Aix-en-Provence, Félibrige, (ISBN 978-2-9533591-0-7), « Coupier (Jules) », p. 96.

Liens externes

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