Joseph Jacquier-Châtrier

Joseph Jacquier-Châtrier (italianisé en Giuseppe Jacquier Chatrier), né le à Bonneville et mort le à Contamine-sur-Arve, est chevalier, avocat et homme politique savoyard, à l'origine de la création de la « Zone franche » lors de l'Annexion de la Savoie à la France, en 1860.

Biographie

Ogirines et famille

Joseph Jacquier-Châtrier naît le , à Bonneville[1], qui relève pour cette date du département française du Léman.

Il est le fils de Spectable Joseph Jacquier (1782-1844), avocat et syndic de Bonneville, et de Françoise-Prospère Bastian (1789-1863), épousée en 1809[2].

Il est le neveu du député libéral François-Marie Bastian (1795-1855) et le cousin de l'avocat Bastian, de Frangy, membre du Comité annexionniste d’Annecy[3],[4]. Il est également le cousin du chanoine Louis Poncet (1898-1959)[3], vicaire-général, partisan de l'annexion et propriétaire du journal, Le Bon Sens[5].

Il épouse, en 1843, Stéphanie, fille de François-Auguste Châtrier (1775-?)[2], riches contribuable de Chêne en 1822 avec 150 000 livres de fortune, issu d’une lignée de notaires et châtelains de la paroisse de Saint-Jean-de-Tholome[2].

Carrière

Joseph Jacquier-Châtrier débute sa vie professionnel comme avocat[1]. Il est également un grand propriétaire foncier[3], en héritant des biens maternelles, qui hérite des Bastian de Peillonnex. Il possède plus de quarante fermes et surtout le château de Villy (Contamine-sur-Arve)[6].

Passionné d'agriculture[3], il est à l'origine de progrès dans la région[1]. Il est l'un des fondateurs de la Société d'agriculture de l'arrondissement de Bonneville[3].

Carrière politique

Joseph Jacquier-Châtrier devient, sous le Gouvernement Cavour I, syndic pour la ville de Bonneville ainsi que conseiller provincial[3].

Il est élu député libéral du collège de Bonneville pour la Savoie au Parlement de Turin de 1849 à 1857, où il est spécialiste des questions économiques et douanières. Il est classé parmi les libéraux modérés[3]. Il est notamment partisan de l’extension de la zone franche, établie par le traité de Turin (1816), au Chablais et au Faucigny[3],[7]. Il succède à son parent François-Marie Bastian devenu député pour Taninges[1],[7].

En 1851, il s'occupe du traité concernant la question du commerce entre le Piémont et la Suisse[1],[7]. Il réalise, en 1855, un traduction en français du Code de procédure sarde[1],[7].

À la suite de la modification des Statuts, il édite une feuille : l'Indépendant du Faucigny[8] (1848).

Il est fait officier de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare[1],[3].

Partisan de l'annexion de la Savoie

Joseph Jacquier-Châtrier est considéré comme le père de la Zone franche[3]. Il propose un projet en 1849 au Conseil divisionnaire d’Annecy[3].

Élu au Parlement, il dépose le un projet d'extension la zone franche de 1816, prévue par le traité de Turin, au Chablais[7], au Faucigny et à la partie nord du Genevois, lors d'une séance au Parlement de Turin, en 1850[1],[3],[9]. Cependant la conjoncture tant économique que la guerre de Crimée font avorter le projet.

Avec les débats sur l'avenir du duché en 1859, la progression du parti favorable à une division de la Savoie et à l'union de la partie Nord à la Suisse, le député de Bonneville avec le soutien du député de Saint-Julien-en-Genevois Hippolyte Pissard, relance le projet d'extension de la zone franche[3],[10]. Celui-ci reçoit rapidement le soutien des annexionnistes qui voient le maintien de l'unité de la Savoie, conciliant le rattachement à la France ainsi que les liens économiques avec le canton de Genève. Ce projet écarte en effet celui des partisans de l'union à la Suisse[3]. Le projet se concrétise lors du plébiscite avec l'édition d'un bulletin pour les territoires visés : « Oui et Zone », dont il est l'un des instigateur[1].

Il meurt le , à Contamine-sur-Arve[1].

Notes et références

  1. François Miquet, « Les représentants de la Savoie au parlement français depuis 1860 », Revue savoisienne,‎ , p. 201-202 (lire en ligne).
  2. Bastian 2011, p. 57.
  3. Revue Annesci, op. cit., p. 87.
  4. Bastian 2011.
  5. Paul Guichonnet (préf. Henri Baud), Histoire de l'annexion de la Savoie à la France : les véritables dossiers secrets de l'Annexion : ["1860 et nous"], La Fontaine de Siloé, , 352 p., p. 122.
  6. Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Cabèdita, , 193 p. (ISBN 978-2-88295-117-5), p. 56.
  7. Bastian 2011, p. 56-57.
  8. Yves Tyles, L'Histoire en Savoie : La presse en Savoie, Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, (ISSN 0046-7510), p. 6.
  9. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 15-17.
  10. Paul Guichonnet (préf. Henri Baud), Histoire de l'annexion de la Savoie à la France et ses dossiers secrets, Roanne, Éditions Horvath, , 354 p. (ISBN 978-2-7171-0235-2), p. 189.

Voir aussi

Bibliographie

  • « Onze lettres inédites du chanoine Poncet à Joseph JAcquier-Châtrier », Annesci - Société des amis du vieil Annecy, Annecy, no 8,‎ , p. 87-95 (lire en ligne).
  • Jean-Pierre Bastian, « Les Bastian de Peillonnex et de Bonneville au fil des siècles », Le Petit Colporteur, no 18,‎ , p. 49-61, notamment p.56-58 (lire en ligne [PDF]).

Articles connexes

Liens externes

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