Joseph-Marie Amiot

Joseph-Marie Amiot
Le père Joseph-Marie Amiot, jésuite et mandarin
Naissance
Toulon (France)
Décès (à 75 ans)
Pékin (Chine)
Nationalité française
Pays de résidence Empire de Chine
Profession
Activité principale
Missionnaire, astronome, écrivain
Autres activités
Sinologie, Histoire de Chine
Formation
Philosophie et théologie, langue mandchoue
Distinctions
Sa stère funéraire, à Pékin, est toujours objet de vénération

Compléments

Amiot fut un des derniers survivants de la mission jésuite en Chine

Joseph-Marie Amiot (nom chinois Qian Deming 錢德明), né le à Toulon (France) et décédé le à Pékin (Chine), est un prêtre jésuite, astronome et historien français, missionnaire en Chine. Il fut l'un des derniers survivants de la Mission jésuite en Chine[1].

Premières années et formation

Amiot entra au noviciat de la Compagnie de Jésus à Avignon en 1737, et fut ordonné prêtre le à Lyon. Durant sa formation il avait demandé à être envoyé comme missionnaire en Chine. Cela lui fut accordé, et, en compagnie de deux novices (jésuites) chinois, il quitta le port de Lorient (France) en pour arriver à Macao le . L’année suivante il monta à Pékin où il entra le . Il y resta jusqu’à sa mort, en 1793.

Atmosphère politique changée

Si les hommes de science et les intellectuels de l’Ouest étaient toujours les bienvenus à la cour impériale, l’atmosphère en Chine n’était plus ce qu’elle avait été au temps des Matteo Ricci, Ferdinand Verbiest et autres pionniers. Le christianisme y avait été interdit, et des persécutions avaient périodiquement lieu. Les jésuites résidant à la cour (dont Amiot) espéraient que leur présence et leur travail pour l’empereur permettraient une réhabilitation du christianisme ou du moins le rétablissement de la liberté religieuse.

Langues et activités scientifiques

Amiot étudia le chinois et le mandchou (alors langue officielle de la dynastie Qing au pouvoir). Il est l’auteur d’une grammaire et dictionnaire mandchou. En fait il se passionna pour tout ce qui était chinois : coutumes, langues et dialectes, histoire et musique. Il prit à son service un jeune Chinois, Jacob Yang, qu’il forma aux méthodes scientifiques européennes et c’est avec lui que pendant 31 ans il publia ses écrits.

Outre le travail habituel de la publication des bulletins astronomiques Amiot poussa la recherche dans le domaine du magnétisme et s’occupa de la formation d’hommes de science chinois.

Il a par ailleurs traduit et introduit en Europe en 1772 le livre, considéré comme fondateur de la stratégie, l'Art de la guerre de Sun Zi, sous le titre les treize articles.

Musique chinoise

En 1754 il envoie en France un mémoire, non signé, non daté, demeuré longtemps inédit, De la Musique moderne des Chinois[2],[3], qu’il dit compléter par un autre envoi, perdu, sur la Musique que les Chinois cultivaient anciennement[4]. En 1779 ses Divertissements chinois[5], publiés par La Fage en 1844[6], consistent en musiques notées à la chinoise et transcrites selon une notation mixte sur une portée. Quarante-et-un airs ont ainsi ainsi être mis à la disposition de l’amateur et des compositeurs européens. Des études[7],[8] ont montré qu’il ne s’agit pas de transcriptions d’oreille faites par un Européen qui les aurait entendues, mais bien de partitions écrites en usage à la cour mandchoue. Il n’y a pas un recueil unique qui servit de source à Amiot, mais on a pu trouver nombre de ses pièces encore en usage dans les genres Shifan[9] ou le Kunqu. Ces Divertissements constituent un témoignage précieux de la musique chinoise de l’époque mandchoue. Non moins importants, son recueil Musique sacrée[10] témoigne des prières en chinois chantées à l'église du Beitang de Pékin.

Tragiques développements

Comme beaucoup de membres de la Mission jésuite en Chine, Amiot a contribué à faire connaître la culture chinoise en Europe, même si cela n’était pas l’objectif premier de sa présence à Pékin. Avec ses compagnons jésuites Antoine Gaubil et Michel Benoist, il cherchait à obtenir un nouveau droit de cité pour la religion chrétienne et le retour de missionnaires en Chine. Il n’y réussit pas.

De plus, les nouvelles venant d’Europe étaient dramatiques. La Compagnie de Jésus était bannie de France en 1764. Amiot obtint alors de Henri Bertin, ministre d’État avec lequel il était en correspondance, que le roi de France, à titre personnel finance le travail des jésuites français à Pékin. Neuf ans plus tard, en 1773, la Compagnie de Jésus était supprimée par Clément XIV. Pour sauver ce qui restait de la Mission jésuite de Chine, Amiot obtint que les Lazaristes prennent leur place. Tout cela fut balayé par la Révolution française de 1789. Amiot fut ensuite profondément troublé lorsqu’il apprit que le roi Louis XVI avait été exécuté[11]. Amiot décéda le jour même où on l’informa de cette nouvelle : il avait célébré une messe pour le roi et mourut dans la nuit du [12]. Avec lui disparaissait le dernier jésuite de la grande épopée de la Mission jésuite en Chine[11]. Sa stèle funéraire se trouve dans les jardins du temple bouddhique Wutasi 五塔寺, ou temple des Cinq pagodes[13],[14],[15].

Quelques écrits

Annexes

Discographie et bibliographie

  • Teodorico Pedrini. Concert baroque à la cité interdite par l’Ensemble baroque XVIII-21, Musique des Lumières, dir. Jean-Christophe Frisch, Astrée Auvidis E 8609, 1996.
  • Joseph-Marie Amiot. Messe des Jésuites de Pékin = Mass of the Jesuits in Beijing. Ensemble Meihua Fleur de Prunus et Chœur du Centre catholique chinois de Paris, dir. François Picard, Ensemble XVIII-21, dir. Jean-Christophe Frisch. 1 CD Auvidis-Astrée, 1998. Réédition Naïve, 2007.
Ce disque intègre la messe Psallite Domino d’Ambleville, au titre d'un Kyriale latin qui aurait pu être chanté à l'église du Beitang.
  • Jésuites et courtisanes, XVIII-21 Musique des Lumières, direction Jean-Christophe Frisch, Fleur de prunus, direction François Picard, Buda Records, collection « Musique du Monde » CD 1984872, 2002.
  • Vêpres à la Vierge en Chine, Chœur du Beitang (Pékin), XVIII-21 Musique des Lumières, direction Jean-Christophe Frisch, notice Jean-Christophe Frisch et François Picard, K617 155, 2004.
  • Trois divertissements chinois[18], J.-M. Amiot, compilateur ; ensemble XVII-21 le Baroque nomade, Jean-Christophe Frisch, dir., concert à la Bibliothèque nationale de France, 14 avril 2015.
  • Jim Levy, "Joseph Amiot and Enlightenment Speculation on the Origins of Pythagorean Tuning", "''THEORIA,_University_of_North_Texas_Journal_of_Music_Theory''", Denton, 1989, 4, p. 63-88.
  • Michel Hermans, « Joseph-Marie Amiot. Une figure de la rencontre de "l'autre" au temps des lumières», in Yves Lenoir et Nicolas Standaert (éd.), Les Danses rituelles chinoises d’après Joseph-Marie Amiot, Namur-Bruxelles, Presses universitaires de Namur-Éditions Lessius, 2005, p. 11-77.

Liens externes

Notes et références

  1. Le dernier jésuite français mort à Pékin est le père Louis-Antoine Poirot, décédé le 13 décembre 1813 quelques mois avant la restauration universelle de la Compagnie de Jésus. Il est cependant mort 'jésuite' car il avait obtenu son affiliation à la Compagnie de Jésus en Russie.
  2. Joseph-Marie Amiot, « De la musique moderne des Chinois » , sur Gallica, (consulté le )
  3. Joseph-Marie Amiot; François Picard (ed.), De la Musique moderne des Chinois, (lire en ligne)
  4. voir le manuscrit conservé à la BNF [1]
  5. François Picard, Amiot, Les Divertissements chinois, (lire en ligne)
  6. Adrien de La Fage, Histoire générale de la musique et de la danse / Atlas, Paris/ Bologna, Au comptoir des imprimeurs unis / Forni, 1844 / 1971 (lire en ligne)
  7. François Picard, « Oralité et notations, de Chine en Europe », Cahiers d’ethnomusicologie,‎ (lire en ligne )
  8. (en) François Picard, « Crossing Stages, Crossing Countries, Crossing Times. Instrumental Qupai in European Scholarship », dans Alan R. Thrasher, Qupai in Chinese Music, New York, Routledge, , 20 p. (ISBN 9781315676951, lire en ligne)
  9. François Picard, « L’Harmonie des vents du milieu », un air chinois revu par Fétis, 2020. halshs-03078590
  10. François Picard, « Le cahier de Musique sacrée du père Amiot, un recueil de prières chantées en chinois du XVIIIe siècle », Sanjiao wenxian 三教文獻 Matériaux pour l’étude de la religion chinoise, vol. 3,‎ , p. 13-72 (lire en ligne [PDF])
  11. Henri Cordier, « La suppression de la Compagnie de Jésus et la mission de Pékin », T'oung Pao, vol. 2e série vol. XVII, no 4,‎ , p. 271-623 (lire en ligne)
  12. Alphons Amyot, Vie et testament du R.P. Amiot membre de la Compagnie de Jésus, missionnaire apostolique en Chine, Paris, Ch. de Mourgues, , 32 p. (lire en ligne), p. 19
  13. (en) Vladimir Uspensky, « Józef Kowalewski’s Studies on the History of Catholicism in China », Rocznik Orientalistyczny (Yearbook of Oriental Studies), vol. LXXII, no 2,‎ , p. 134–151 (lire en ligne [PDF])
  14. Sébastien Lapaque, « Joseph-Marie Amiot ou la fin d'un monde », Le Figaro, 13 août 2014, p. 17.
  15. (en) Gianni Criveller, MM et Betty Ann Maheu, MM, « A Tale of Two Cemeteries in China », Tripod, no 125,‎ , p. 46-55 (lire en ligne [PDF])
  16. Kien-Long (Aisin Gioro Hongli, empereur Qianlong) (trad. Joseph-Marie Amiot), Eloge de la ville de Moukden et de ses environs, Paris, N. M. Tillard, , 453 p. (lire en ligne)
  17. Joseph-Marie Amiot et Brigitte Van Wymeersch (éditrice scientifique), « Mémoire sur les danses religieuses des anciens Chinois », dans Nicolas Standaert, Yves Lenoir, Les danses rituelles chinoises ; d'après Joseph-Marie Amiot, Namur / Bruxelles, Presses universitaires de Namur / Lessius, , 326 p. (ISBN 9782872991358), p. 181-242
  18. Joseph-Marie Amiot, « Trois divertissements chinois, concert par l'ensemble XVIII-21 le Baroque nomade, dir. Jean-Christophe Frisch » [audio], sur Gallica, (consulté le )
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