Jean Babilée

Jean Babilée
Jean Babilée dans La Descente d'Orphée au théâtre de l'Athénée en mars 1959.
Nom de naissance Jean-René-Albert-William Gutmann
Naissance
6e arrondissement de Paris
Décès (à 90 ans)
14e arrondissement de Paris
Activité principale Danseur et chorégraphe
Style Danse classique, moderne, et contemporaine
Activités annexes Acteur
Années d'activité Depuis 1940
Formation Opéra de Paris

Jean Babilée est un danseur, chorégraphe et acteur français né le dans le 6e arrondissement de Paris et mort le dans le 14e arrondissement de Paris[1],[2],[3],[4].

Biographie

Jean Gutmann[5], est formé à l'École de danse de l'Opéra de Paris de 1935[6] à 1940. Lors de l'exode, il fuit dans le sud de la France en compagnie de son ami Roland Petit[7]. Il reste dans la zone libre et est engagé par les Ballets de Cannes en 1940 où il se voit confier des rôles importants dans Les Sylphides et dans Le Spectre de la rose[8]. En 1942, il revient à Paris et, auditionné par Serge Lifar, est admis à l’Opéra de Paris[8] comme second quadrille tout en prenant des cours particuliers avec Victor Gsovsky. Les lois adoptées par le gouvernement de Vichy sous l'occupation nazie l'incitent à prendre pour pseudonyme le nom de sa mère : Babilée[8]. Quelqu'un ayant écrit le mot « juif » et dessiné une grande étoile sur son miroir des loges communes, il laisse tel quel ces inscriptions pendant trois jours, avant qu'un costumier ne les efface[9]. Début 1943, il reçoit une convocation pour le Service du travail obligatoire, le directeur de l'Opéra, Marcel Samuel-Rousseau refusant de lui délivrer un certificat indiquant qu'il était sous contrat avec l'Opéra et lui disant que l'Allemagne lui ferait du bien, il décide de quitter Paris et rejoint un maquis en Touraine[8].

Il intègre à la Libération les Ballets des Champs-Élysées dirigés par Roland Petit et Janine Charrat, où il se révèle rapidement comme l'un des plus grands danseurs de sa génération. Il y crée notamment en 1946 Le Jeune Homme et la Mort, sur une chorégraphie de Roland Petit, aux côtés de la danseuse Nathalie Philippart, avec laquelle il aura une fille, Isabelle.

Il chorégraphie lui-même plusieurs ballets avant de quitter la troupe en 1949. Il fonde en 1956 sa propre compagnie, tout en continuant à se produire sur scène, à l'Opéra de Paris et à la Scala de Milan. Il apparaît régulièrement au théâtre et au cinéma à partir des années 1960, sans pour autant renoncer à la danse. Il crée Le Temps partagé[1] en 1973 pour l'ORTF, ballet dont la chorégraphie et la musique ont été calculés par ordinateur par Pierre Barbaud. Directeur artistique du Ballet du Rhin le temps d'une saison, en 1972, il danse entre autres pour Maurice Béjart Life de 1979 à 1985 et reprend son ballet-fétiche (interprété plus de 200 fois), Le Jeune Homme et la Mort, en 1983 au théâtre du Châtelet. En 1987, il retrouve sa partenaire des débuts, Janine Charrat, pour un spectacle au Centre Georges-Pompidou : Inventaire d'Alain Germain.

Il se remarie en 2000 avec Zapo, danseuse, chorégraphe et cinéaste, et adopte officiellement le nom de Babilée. Il fait sa dernière apparition sur scène en 2003 dans le spectacle du chorégraphe Josef Nadj, Il n'y a plus de firmament, mettant fin à une carrière d'une exceptionnelle longévité.

En 1995, il participe à la série de Nuits magnétiques, L'Envol produite par Catherine Soullard sur France Culture, diffusée la semaine du 16 au .

Deux documentaires lui sont consacrés : Babilée 91 de William Klein en 1992 et Le Mystère Babilée de Patrick Bensard en 2000.

Jean Babilée, grand amateur de moto, appréciait les machines à hautes performances dont, entre autres, une 1000 Vincent Black Shadow (la seule moto de série capable de plus de 200 km/h dans les années 50) avec laquelle il accomplit le trajet Milan Paris de nuit à toute vitesse pour honorer un engagement, alors même que l'autoroute du sud n'existait pas. Il continua à pratiquer la moto jusqu'à l'âge de 85 ans[10].

Il vivait dans l'immeuble au-dessus du Café de Flore[11].

Danse

En tant qu'interprète
En tant que chorégraphe

Théâtre

Filmographie

Cinéma

Télévision

Décorations

Annexes

Bibliographie

  • André Boll, Jean Babilée, Robert Laffont, 1956
  • Sarah Clair [14], Jean Babilée ou la Danse buissonnière, Van Dieren, 1995 (ISBN 2-911087-00-3)

Liens externes

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Rosita Boisseau, « Jean Babilée, mort du « fou dansant » », Le Monde, 31 janvier 2014.
  3. AFP, « Décès du danseur et chorégraphe Jean Babilée », Le Figaro, 31 janvier 2014.
  4. (en) Anna Kisselgoff, « https://www.nytimes.com/2014/02/04/arts/dance/jean-babilee-dies-at-90-ballets-acrobatic-star.html?_r=0 Jean Babilée, Rebel of World Ballet, Dies at 90 », The New York Times, 3 février 2014.
  5. Ou Gutman selon les sources.
  6. Alan Riding, Et la fête continue. La vie culturelle à Paris sous l'Occupation, Plon, 2010, p.194 : "Jean Babilée, qui n'avait que douze ans quand il entre à l'école en 1935 et qui devint l'un des plus grands danseurs français d'après guerre, fameux surtout pour l'agilité de ses bonds."
  7. Alan Riding, Et la fête continue. La vie culturelle à Paris sous l'Occupation, Plon, 2010, p.194 : "En 1940, lorsque la Wehrmacht approchait de Paris, il rejoignit une ferme familiale dans le sud de la France, accompagné de son ami Petit."
  8. Alan Riding, Et la fête continue. La vie culturelle à Paris sous l'Occupation, Plon, 2010, p.195
  9. Alan Riding, Et la fête continue. La vie culturelle à Paris sous l'Occupation, Plon, 2010, p.195 : "Un jour, dans les loges que nous partagions tous, quelqu'un dessina une grande étoile jaune et le mot Juif sur mon miroir. Je fis semblant de ne rien remarquer et elle resta là trois jours. Un après-midi, le costumier la vit et s'écria "Vous n'avez pas honte, les garçons ?" et il l'effaça"
  10. « Décès du danseur motard Jean Babilée », Le Repaire des Motards,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Marie-Dominique Lelièvre, « La dernière favorite de Coco », Vanity Fair n°12, juin 2014, pages 148-159.
  12. Arrêté du 17 janvier 2013 portant nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  13. Décret du 11 avril 2001 portant promotion et nomination
  14. Sœur de Jean Babilée.
  • Portail de la danse
  • Portail du théâtre
  • Portail de Paris
  • Portail de la Résistance française