Jacques Pastur

Jacques Pastur
Biographie
Naissance
Décès
Surnom
Jaco
Allégeances
Activité
Militaire
Famille
Autres informations
Grade militaire
Maréchal de camp (à partir de )
Conflits
Distinction
Blason

Jacques Pastur dit « Jaco », né le à Waterloo, alors en Pays-Bas espagnols, et mort à Bruxelles au début du moi de mai 1723, est un militaire mercenaire qui se mit d'abord vers 1680 au service du roi d'Espagne, souverain des Pays-Bas, puis au service du roi de France à partir de 1702. D'origine modeste et issu d'une famille de cultivateurs et forestiers, il commença sa carrière comme simple cornette et la termina comme maréchal de camp en 1716. Il fut nommé chevalier de Saint-Lazare en mars 1706.

Son nom reste attaché à la forêt de Soignes qu'il défendit victorieusement en août 1705 au nom du roi de France, contre les troupes anglo-hollandaises commandées par le duc de Marlborough. Il a laissé son surnom au fort Jaco à Uccle, aujourd'hui disparu.

Biographie

Famille

Né au hameau du Roussart à Waterloo, alors en Pays-Bas espagnols, Jacques Pastur fut baptisé le en l'église de Braine-l'Alleud. D'origine modeste[1], « pauvre enfant de Braine-l'Alleud »[2] et quatrième enfant d'une famille de huit[3], il est le fils de Gérard Pastur, d'une famille de cultivateurs et forestiers[4],[5] (fils de Ferdinand Pastur, cultivateur et fermier censier † 1666) et de Marie Wits[6]. Il ne connut pas une enfance facile : sa mère mourut alors qu'il n'avait que dix ans et son père se remaria quatre ans plus tard; il eut alors le sentiment qu'il n'avait plus sa place au sein de la famille et se réfugia souvent dans la forêt de Soignes qu'il apprit à connaître parfaitement[3].

Carrière militaire

Jacques Pastur démarra vers 1680 une carrière de militaire mercenaire[7],[8],[9], d'abord à la solde du roi d'Espagne, souverain des Pays-Bas, puis à partir de 1702 à la solde du roi de France.

Au service de l'Espagne

D'abord simple cornette en 1681, il devint plus tard sergent-major et fut nommé le 15 avril 1696 mestre de camp d'un régiment de dragons par le roi d'Espagne[2],[10]. De 1690 à 1697, il défendit vaillamment les environs de Bruxelles, et dans de nombreuses rencontres, il battit les soldats des garnisons françaises de Mons ou de Binche qui venaient jusque sous les murs de la capitale[2].

Au service de la France

En 1702, lors de la guerre de Succession d'Espagne, il se mit au service de la France contre ses anciens alliés, les Hollandais, devenus ses adversaires[2]. Cette même année, il est cité comme colonel et capitaine[11].

En août 1705, alors qu'il était chargé de défendre la forêt de Soignes contre les troupes anglo-hollandaises commandées par le duc de Marlborough, Jacques Pastur, après un repli avec ses hommes vers un petit fortin dans la forêt où les Anglos-Hollandais n'osèrent s'aventurer, décida de faire dans la nuit une contre-offensive surprise et mit peu de temps à reconquérir les bois et le village et à en chasser les troupes ennemies. Le fort Jaco à Uccle, aujourd'hui disparu, conserva son surnom en souvenir de cette action.

Cette victoire eut en France un retentissement hors de proportion avec l'événement : Jacques Pastur fut présenté à la Cour du roi le 17 ou 18 mars 1706 : « Louis XIV lui remettant personnellement une chaîne en or et une médaille. Le lendemain, Jaco, qui n'avait pourtant aucun des quatre quartiers de noblesse exigés pour cette distinction (...) reçut la croix de chevalier de l'Ordre de Saint-Lazare et du Mont-Carmel »[12].

Le 15 septembre 1713, il était à la disposition des généraux de Vieux-Pont et de Breuil, qui commandaient la place de Landau, prise aux troupes autrichiennes[13].

Il fut nommé maréchal de camp le 20 mars 1716 sous le règne du Régent[14], mais « aucun document connu actuellement, ne permet d'en établir le motif. Récompense tardive du raid de 1712, don de joyeux avènement, avancement normal après sa longue carrière de brigadier ou bien, ratification d'un grade acquis dans l'armée espagnole? On ne le sait »[15].

Jacques Pastur termina sa vie riche et célèbre, dans une vaste propriété qu'il fit construire au cœur de Waterloo. Il mourut le 3 mai 1723, alors qu'il circulait dans une rue de Bruxelles où il avait aussi des biens[12].

Descendance

Sa descendance s'éteignit en ligne masculine en 1759 avec son fils André Pastur, mort sans postérité de son mariage avec Jeanne d'Halluin, qui habitait le village de Waterloo et dont les héritiers furent ses beaux-frères de Préseau d'Ecuelin[16].

Jean R. Cayron en donne la généalogie suivante dans La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne (1953)[17] :

  • Ferdinand Pastur (ca 1605-1666), cultivateur et fermier censier, marié à Isabelle Poets,
    • Gérard Pastur (1631), cultivateur et forestier, marié à Marie Wits.
      • Jacques Pastur (1659-1723), mestre de camp, épousa en premières noces Anne Marie Guillaume dite Du Tomboy, fille de N. Guillaume dit Du Tomboy et de Jeanne Chantraine, décédée en 1702, et en secondes noces sa cousine Jacqueline Delle, fille de Jean Delle et Marie Pastur, décédée en 1750, après avoir obtenu séparation de son mari[18].
Postérité de son premier mariage:
  • Philippe Pastur, décédé en 1718, chevalier de Saint-Lazare.
  • Louise Pastur.
  • Marie Pastur, épousa le lieutenant-colonel Nicolas de Préseau de Dompière d'Ecuelin. Dont :
    • Jacques-Joseph de Préseau de Dompière d'Ecuelin.
    • François Joseph de Préseau de Dompière d'Ecuelin, moine prémontré.
    • Jean-Baptiste de Préseau de Dompière d'Ecuelin, capitaine au régiment de Picardie, chevalier de Saint Louis, épousa Françoise Denise de Tredos (1741-après 1809). Dont Marie-Denis-Jacques de Préseau de Dompière d'Ecuelin ( Valencienne 20 août 1761-1809), lieutenant colonel, tué au combat à Enszerdorf (Wagram) le 5 juillet 1809.
Postérité de son second mariage :
  • Maximilien-Honoré Pastur (1708-1746), nommé le 22 novembre 1722, lieutenant réformé au service de France.
  • André Pastur, dernier du nom, décédé en 1759 sans postérité de son mariage avec Jeanne d'Halluin (qui se remaria en 1763 avec le chevalier Egme Antoine Marie Lodewijk de Prina).
  • Philippe Pastur, né en 1716, mort dans l'enfance.

Armes

Bien qu'issu d'une modeste famille de cultivateurs et forestiers[19], Jacques Pastur, devenu colonel de dragons, voulut se donner une origine aristocratique et obtint en septembre 1702 sous le nom de « Jacques de la Pastur » un certificat de Jean-Baptiste de Grez, héraut d'armes provincial de Sa Majesté ès Pays-Bas, à titre de la province et comté de Hainaut, qui lui certifie les armes de « l'ancienne famille de la Pasture, originaire du Brabant wallon »[20] :

  • D'or semé d'étoiles de gueules, à trois lionceaux de sable, armés et lampassés de même, deux en chef et un en pointe[20].

Sander Pierron dans Histoire de la forêt de Soigne (1906) écrit « Il faut croire qu'en 1706 l’Électeur Maximilien l'a anobli, car à partir de 1707 il signe « Le chevalier de Pastur »[21]. On ne connait toutefois aucune lettre d'anoblissement en faveur de Jacques Pastur qui pouvait cependant s'intituler « chevalier » à partir de 1706, car le roi Louis XIV le promut chevalier de Saint-Lazare le 16 mars 1706[22].

Décorations

Jacques Pastur fut promu chevalier de Saint-Lazare le 16 mars 1706[22].

Références

  1. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, page 273.
  2. Biographie nationale, Volumes 16 à 18, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1901, page 677.
  3. lavenir,be du 25 novembre2019, Yves Vander Cruysen, Jacques Pastur, qui vainquit Marlborough le 7 août 1705.
  4. Anciens pays et assemblées d'états, volumes 48 à 49, page 66.
  5. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, page 18 : « On a généralement supposé que Gérard Pastur appartenait à une famille de forestiers, mais le commerce du bois ne fut, semble-t-il, qu'une activité secondaire des nombreux Pastur de Braine l'Alleud; presque tous furent censiers ou cultivateurs aisés et parmi eux Ferdinand, grand-père de Jacques Pastur, posséda certes une fortune assez rondelette pour l'époque, puisque, en 1666, lors du partage de ses biens par ses héritiers, Marie Pastur, sa fille, reçut pour sa part la cense du Chenois, comprenant 14 à 15 bonniers et que Gérard put disposer d'une somme de 1 000 florins ».
  6. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, page 18 : Junii 12. Bapt. Jacobum, fil. Gerardi Pastur et Mariae Wits conjug. susceptum a Dom. Jacobo Cottereau per Jacobum de Housta et Joanna de Post ».
  7. Thierry Lentz, Nouvelle histoire du Premier Empire, tome 4, 2010.
  8. Jean-Jacques Jespers, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, 2005, page 276.
  9. article de Vincent Vanham publié sur lesoir.be le 18 août 2005.
  10. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, page 283 : Patentes du Mestre de Camp Jacques Pastur. Le Roy. A nre cher et feal le sergt mayor Jacques Pastur....
  11. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, page 289 : Estat des officiers qui composent le Régiment Dragons Pastur suivant la reveüe faitte a Nivelles le 16 octobre 1702. M. Pastur, colonel et capitaine. (Le Sr Pastur, capitaine avoit entrepris la levée d'une compagnie au Régiment de Flavacourt et auparavant a esté capitaine du Premier Régiment de Pastur.
  12. Yves Vander Cruysen, Waterloo démythifié, Editions Jourdan, 2014.
  13. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, page 240 : « On le retrouve le 15 septembre à la disposition des généraux de Vieux-Pont et de Breuil, désignés pour commander la place de Landau, prise aux Impériaux le 20 aout, après un siège de plus de deux mois ».
  14. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, pages 242-243 : « Et de fait, la faveur royale ou plutôt celle du Régent ne tarda pas à se manifester. [...] lui-même, un mois plus tard, fut compris dans la première promotion de généraux du nouveau règne et nommé maréchal de camp ».
  15. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, pages 242-243.
  16. Alphonse Guillaume Ghislain Wauters, Histoire des environs de Bruxelles, volume 3, page 661.
  17. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, pages 278-279.
  18. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, page 256 : « Jacqueline Delle, par la suite, accusa Pastur de l'avoir maltraitée, à plusieurs reprises, et d'être entré dans la salle de bal « ayant une couple de pistolets à la main, et qu'ainsy armé, il seroit venu droit à son épouse et qu'il lui auroit décoché un sur l'estomac » ..... Se basant sur les sévices dont elle déclarait avoir été victime, Jacqueline Delle entama une action en divorce et séparation devant la Cour archiépiscopale de Maline.»
  19. Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953, page 18.
  20. Baron Isidore de Stein d'Altenstein, Annuaire de la noblesse de Belgique : Famille de Jacques de La Pasture, Bruxelles, Decq, (lire en ligne), p. 334-335.
  21. Sander Pierron, Histoire de la forêt de Soigne, 1905, page 109.
  22. A. de Marsy, Liste des chevaliers de l'ordre de Saint-Lazare de Jérusalem et de Notre-Dame du Mont-Carmel de 1610 à 1736 publiée d'après les registres de l'ordre, 1875, page 49.

Bibliographie

  • Jean R. Cayron, La véritable histoire de Jacques Pastur dit Jaco brigadier de cavalerie et de dragons au service de l'Espagne, Bruxelles, 1953 ;
  • Baron Isidore de Stein d'Altenstein, Annuaire de la noblesse de Belgique : Famille de Jacques de La Pasture, Bruxelles, Decq, (lire en ligne), p. 334-335 (erreur dans le nom de ses parents) ;
  • Yves Vander Cruysen, Waterloo démythifié, Editions Jourdan, 2014. ;

Articles connexes

Liens externes

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