Jörg Hartmann et Lothar Schleusener
commémorant Jörg Hartmann
et son ami Lothar Schleusener.
Jörg Hartmann (né le )[1] et Lothar Schleusener (né le ), tous les deux décédés le à Berlin-Est) sont, à respectivement 10 et 13 ans, les plus jeunes personnes à avoir été abattues en tentant de passer le mur de Berlin[2].
Biographies
Jörg Hartmann grandit dans le quartier de Friedrichshain à Berlin-Est. Sa mère est atteinte d'un handicap mental ; son père vit à Berlin-Ouest ; il est donc élevé par sa grand-mère. Le , alors âgé de dix ans, il quitte son domicile et se dirige vers le Mur avec son ami Lothar Schleusener, alors âgé de treize ans. Hartmann, qui vivait avec ses frères et sœurs chez sa grand-mère à Berlin-Est, entend vraisemblablement tenter de rejoindre son père à Berlin-Ouest, le jeune Est-allemand ayant obtenu son adresse juste auparavant[3].
Plan d'évasion et mort
Les deux amis sont restés le soir du dans la colonie de jardins familiaux « Sorgenfrei » au nord de Treptow, un quartier de Berlin-Est.
Le plan d'évasion des deux garçons consiste à ramper à travers le tuyau par lequel l'eau du fossé de Heidekamp passe alors sous la frontière. Vers 19 h 15, les deux garçons pénètrent dans la zone interdite au-delà de la barrière intérieure de la zone frontalière. Les gardes-frontières ne perçoivent que des silhouettes. Ils les avertissent par des tirs de sommation puis, lorsque les garçons ne rebroussent pas chemin, ouvrent le feu, bien que l'utilisation d'armes à feu ait été expressément interdite contre des enfants, et les abattent. Jörg, qui reçoit plusieurs tirs à la tête, est tué sur le coup, tandis que Lothar, gravement touché, est hospitalisé d'urgence, mais décède de ses blessures quelques heures plus tard[3].
Suites juridiques
La Sécurité d'État est-allemande tente de dissimuler l'incident. Les corps des deux enfants ont été incinérés dans le crématorium voisin de Baumschulenweg. La famille de Jörg Hartmann a été informée que le garçon s'était noyé dans un lac près de Treptow. On a fait croire à la mère de Lothar Schleusener que son fils était mort d'une décharge électrique dans une petite ville près de Leipzig.
À l'époque, les deux gardes-frontières, Siegfried B. et Paul P., n'ont pas été poursuivis malgré la violation du règlement applicable sur l'utilisation des armes à feu. Après la chute du Mur, en , le dossier est rouvert : l'ancien chef de poste Siegfried B., qui affirme n'avoir pas su, en ouvrant le feu, qu'il tirait sur des enfants, est condamné pour homicide involontaire à une peine de prison de 20 mois avec sursis par le tribunal régional de Berlin[4],[3]. Paul P. était déjà décédé au moment du procès[3]. Aucune enquête n'a été ouverte contre les supérieurs des deux gardes-frontières.
Jörg n'est pas la plus jeune personne recensée comme étant victime du Mur. Entre 1966 et 1975, cinq enfants âgés de cinq à huit ans sont morts noyés par accident, séparément, dans la rivière Sprée là où elle constituait la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest, administrée par Berlin-Est et dans la zone interdite couverte par le Mur. Ces enfants, contrairement à Jörg et Lothar, ne tentaient pas de traverser la frontière, et n'ont pas été tués par les gardes, mais ces derniers furent accusés d'avoir tardé à leur porter secours, voire d'avoir entravé des tentatives de secours. Enfin, en 1973, un enfant âgé de quinze mois est mort accidentellement étouffé par sa mère qui tentait de l'empêcher de pleurer pendant qu'elle passait le Mur[2].
Souvenir
À l'initiative de l'assemblée du district de Treptow, un mémorial a été érigé en 1999 en mémoire des 15 victimes du mur dans le quartier de Treptow. Le mémorial créé par les sculpteurs Rüdiger Roehl et Jan Skuin a été érigé au numéro 33 de la Kiefholzstrasse, près du parc traversé par Hartmann et Schleusener pour atteindre le Mur et où ils ont été abattus[1]. Le monument représente la silhouette d'un enfant découpée dans un mur criblé de balles, et est accompagné d'une plaque commémorative. La plaque au pied du mémorial porte l'inscription suivante :
« À Treptow sont morts 15 personnes, victimes du mur de Berlin. Parmi eux figurent deux enfants, Jörg Hartmann, 10 ans, et Lothar Schleusener, 13 ans, abattus le . »
Film documentaire
- (de) Simone Warias et Friedrich Herkt, Geboren 1955 – Erschossen 1966, Mitteldeutscher Rundfunk, 2001.
Bibliographie
- (de) Hans-Hermann Hertle, Maria Nooke et Zentrum für Zeithistorische Forschung Potsdam und der Stiftung Berliner Mauer (éd.), Die Todesopfer an der Berliner Mauer 1961–1989. Ein biographisches Handbuch, Berlin, Links, (ISBN 978-3-86153-517-1).
Notes et références
Notes
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Jörg Hartmann und Lothar Schleusener » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Jörg Hartmann » (voir la liste des auteurs).
Références
- (de + en) Christine Brecht, « Victims at the Wall - Jörg Hartmann », sur Chronik der Mauer (consulté le ).
- (en) "Fatalities at the Berlin Wall, 1961-1989", Mémorial du Mur de Berlin
- (en) "Jörg Hartmann", Mémorial du Mur de Berlin
- ↑ (de) Sigrid Averesch, « DDR-Grenzsoldat zu 20 Monaten verurteilt / "Unbedingte Pflichterfüllung" als Motiv: Bewährungsstrafe für Todesschüsse auf Kinder », Berliner Zeitung, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Christine Brecht, « Jörg Hartmann », dans Hans-Hermann Hertle et Maria Nooke (dirs.), The Victims at the Berlin Wall 1961-1989: A Biographical Handbook, Ch. Links Verlag, (lire en ligne).
- (en) Christine Brecht, « Lothar Schleusener », dans Hans-Hermann Hertle et Maria Nooke (dirs.), The Victims at the Berlin Wall 1961-1989: A Biographical Handbook, Ch. Links Verlag, (lire en ligne).
Liens externes
- (de) Bref portrait de Jörg Hartmann, Chronik der Mauer
- (de) Bref portrait de Lothar Schleusener, Chronik der Mauer
- (de) Ulrike Plewnia, « Maueropfer: Kinder im Kugelhagel », Focus, no 33, (lire en ligne)
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