Iptuci (Prado del Rey)
| Iptuci | |||
| Salines antiques | |||
| Localisation | |||
|---|---|---|---|
| Pays | Espagne | ||
| communauté autonome | Bétique / Andalousie | ||
| Province | Province de Cadix | ||
| Comarque | Sierra de Cadix | ||
| Commune | Prado del Rey | ||
| Protection | Bien d'intérêt culturel | ||
| Coordonnées | 36° 44′ 59″ nord, 5° 32′ 47″ ouest | ||
| Altitude | 472 m | ||
| Superficie | 13 ha | ||
| Géolocalisation sur la carte : Espagne
Géolocalisation sur la carte : Andalousie
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Iptuci est un site antique pré-romain et romain dans la moitié nord de la province de Cadix en Andalousie, Espagne. La ville battait monnaie au Ier siècle av. J.-C.. Pendant l'époque impériale, elle fut un municipe.
Le site est remarquable pour ses salines qui ont fonctionné en continu depuis l'époque pré-romaine jusqu'à nos jours.
Localisation, description
Le site d'Iptuci se trouve à environ 7 km au sud de Prado del Rey, près de la route A-372 reliant Arcos à El Bosque et Ronda[1]. Ce lieu-dit, très proche de la limite de commune avec El Bosque[1],[2], est aussi connu sous le nom de Cabeza de Hortales[3].
Cabeza de Hortales est le nom d'une colline dont Iptuci a occupé le sommet (472 m d'altitude) et les flancs. Nécropoles et zones industrielles se trouvaient sur les pentes[4].
Toute la pente nord présente des vestiges archéologiques, dont une nécropole avec plusieurs mausolées en forme de tours, très détériorés ; et, en surface du gisement, une grande quantité de matériaux céramiques de typologies et chronologies différentes[4].
Sur l'aplat de la colline se trouvent les vestiges d'une forteresse maure avec des remparts formant un plan quadrangulaire d'environ 1000 mètres de côté et les tours semi-circulaires massives dans ses angles sud-ouest et sud-est. L'entrée, sur le côté est, a une forme coudée et est flanquée de deux tours carrées et d'une autre tour rectangulaire. Le portail d'accès est fait de matériaux réutilisés des bâtiments précédents, peut-être romains. On peut également observer quelques restes de la barbacane. La technique de construction rappelle les modèles orientaux du VIIIe au Xe siècle[4].
En 1993 les fouilles ont mis au jour une nécropole d'environ 15 000 m2 au sud-est de la ville. Elle présente des hypogées taillées dans la roche de grès, avec à l'intérieur des bancs où étaient probablement placés les enterrements d'incinération et leurs offrandes correspondantes. Il s'y trouve aussi un mausolée dans la zone nord-ouest[4].
En dehors du périmètre urbain romain et médiéval qui a, le premier, occupé le plateau au sommet de la colline, on observe d'autres types de constructions, comme des citernes et des réservoirs de grande taille, qui définissent l'enclave et qui pourraient correspondre à des secteurs ou quartiers industriels tels que les fours ou les halles[4].
Le site occupe environ 13 ha[4].
Histoire
Le site a été occupé depuis la fin du Néolithique jusqu'au Moyen Âge. La ville est à son apogée pendant l'époque turdétane - c'est la période où elle bat monnaie[4].
Le sommet de la colline a probablement été peuplé pendant l'âge du bronze, comme l'indiquent des fragments de céramique travaillés à la spatule et partiellement polis, ainsi que du mobilier lithique poli et sculpté. Plus tard, apparaissent des céramiques peintes caractéristiques d'une culture ibéro-punique qui pourrait se situer du Ve au IIIe siècle av. J.-C.[4].
Plus tard, les romains y fondent la colonie Ituci Virtus Iulia, due à César ou à Auguste[4]. Iptuci était une civitas stipendiaria[note 1] qui faisait partie du conventus gaditanus (Gadès, la future Cadix)[5]. Pendant l'époque impériale, elle fut un municipe (Iptuci Virtus Iulia)[6],[7]. Du point de vue du mobilier, l'occupation romaine est représentée par des céramiques de vernis noir de type campanien, de la céramique sigillée et des céramiques communes qui couvrent une chronologie depuis les moments républicains (Ier siècle av. J.-C.) jusqu’à l'époque du bas-empire (IIIe – IVe siècles)[4].
Ses vestiges de défenses indiquent un rôle défensif important[4].
En 1133, la ville est détruite par une incursion d'Alphonse VII de Castille[4].
Épigraphes
Deux épigraphes connues donnent son nom Iptucci ou Iptuci : senatus populusque iptuccitanorum et ordo iptucitanorum. [note 9]
Un piédestal provenant d'Iptuci a été incrusté dans un mur de la tour de l'église ; enregistré dans Hispania Epigraphica sous le n° 1559 avec le code CIL II 1523, il porte l'inscription suivante[11] :
« FABIA LY[- - -] / INSENSI BI+[- - - TE]/STAMENTO SUO / PONI IUSSIT QUAM / PONENDAM CURA/VIT FABIUS MONT/ANUS FRATER ET HE/RES EI{I}US ACCEPTO LO/CO A SPLENDIDISSIMO / ORDINE IPTUCITANORUM / ET EX MORE DEDICAV/IT »
Les salines
Les sources salines, voisines des vestiges archéologiques d'Iptuci, ont été exploitées en continu depuis l'époque romaine jusqu'à nos jours[12]
Les salines des environs sont appelées "salines de Hortales"[note 10]. Certaines se trouvent sur El Bosque, appelées Cabeza de Hortales dans l'inventaire du ministère de l'environnement de la Junta de Andalucia. Prado del Rey en comprend plusieurs, avec plusieurs noms. Il y a la saline de Carmen, mentionnée dans l'inventaire du Conseil d'Andalousie (Junta de Andalucía) comme Salina del Chicha ; une autre est appelée San Ambrosio, saline d'Ambrosio ou salinas de Cabeza de Hortales ; les salines abandonnées de Los Molinos ne sont pas reprises dans les cartes topographiques de 2005 mais sont citées dans l'inventaire fait en 2004 par Fernández-Palacios Carmona y Delgado Marzo[13]. Valiente Cánovas et al. (2014) identifient 5 salines et les placent sur une carte de relief locale. Toutes ces salines sont à proximité du ruisseau Hondo, petit affluent du Salado. La source de ce ruisseau est à la Salina del Carmen. Le flux excédentaire des eaux saumâtres qui partent de la mort aux bassins, forment le chef de ce ruisseau. Ce cours d'eau, au débit irrégulier selon les saisons, traverse les restes de l'ancienne cañada de Sevilla à Ubrique ou Cañada Real de Sevilla à Gibraltar et coule d'est en ouest avec un parcours total d'environ 650 m, jusqu'à déverser ses eaux dans le ruisseau Salado.[2].
- Site d'Iptuci, Cabezo de Hortales, Prado del Rey
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Salines antiques -
Salines antiques -
Salines antiques -
Dépôts naturels de sel
Atelier de monnaies
Il existait un atelier de monnaie à Iptuci[14],[15]. 17 pièces de monnaies en sont connues, datées de 100 à 40 av J.C.[6].
Au moins l'une de ces monnaies porte une épigraphie néopunique[note 11],[17], bilingue néopunique / latin[18]. Les pièces portent des images de type phénicien[6], dont une effigie rappelant Baal ou Melqart. Leur existence et leurs caractéristiques ont été interprétées comme preuve de l'inclusion de la zone de l'arrière-pays dans les intérêts économiques de Gadir[17], le Cadix punique.
Fortification maure
Une fortification maure s'y trouve, de plan carré avec une tour semi-circulaire à chaque coin. Son mobilier céramique la date entre le milieu du XIe siècle et la première moitié du XIIe siècle[19]. Mais trois jarres de l'époque almohade y ont été trouvées, datées du XIIIe siècle[20]. Des céramiques hispano-musulmanes communes, comme des chandeliers et autres céramiques peintes, vitrifiées (vedríos melados) ou émaillée au manganèse, ou vertes, ou encore décorées à la corde sèche, estampillées et avec décoration épigraphique, donnent une chronologie qui s'étendrait de la fin du califat à une période non encore définie du XIIIe siècle[4].
Protection
La zone archéologique d'Iptuci est déclarée Bien d'intérêt culturel le . Le , cette protection est étendue en ajoutant une zone sur Arcos de la Frontera, la commune voisine à l'ouest du site[4].
Notes et références
Notes
- ↑ Civitas stipendiaria : ville conquise par la force par les Romains et qui devait payer un tribut.
- ↑ Pline, N.H., III, 12. Cité dans Caballos Rufino 1981, p. 37. Voir Mayhoff 1906, p. 235.
- ↑ Pline, N.H., III, 12. Cité dans Caballos Rufino 1981, p. 38, qui précise dans sa note 9 que les variantes sont données par Karl Mayhoff (de) : (la) Mayhoff, C. Plini Secundi Naturalis historiae libri XXXVI, vol. I, libri I-VI, Leipzig, B.G. Teubner, coll. « Bibliotheca scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana », , sur archive.org (OCLC 11976611), p. 234 : Tucci Vetus ; p. 235 : Tucci connue comme Augusta Gemella ; p. 236 : Ituci quae Virtus Iulia, avec en note : itycci, itucci, iptuci.
- ↑ Pline, N.H., III, 10. Cité dans Caballos Rufino 1981, p. 37. Voir Mayhoff 1906, p. 234.
- ↑ Pline, N.H., III, 77. Cité dans Caballos Rufino 1981, p. 38.
- ↑ Pline, N.H., III, 15. Cité dans Caballos Rufino 1981, p. 38, qui précise dans sa note 10 que ce Iptuci relevant de Gadès est aussi mentionné dans Mayhoff 1906.
- ↑ Itinéraire d'Antonin (432, 2). Cité dans Caballos Rufino 1981, p. 38.
- ↑ Anonyme de Ravenne IV , 45 (317, 13). Cité dans Caballos Rufino 1981, p. 38.
- ↑ Ces deux épigraphes on engendré des confusions avec plusieurs lieux :
- colonie "inmune" Augusta Gemella Tucci citée par Pline comme faisant partie du conventus astigitanus (es)[note 2] (relevant de l'actuelle Écija, province de Séville) ;
- colonie "inmune" Ituci (variantes Itycci, Itucci, Iptuci) Virtus Iulia[note 3], dans le conventus astigitanus (es) (relevant de l'actuelle Écija) ;
- Tucci, connue aussi comme Vetus[note 4], dans la partie de la Bastetania (es) qui se trouve proche de la côte méditerranéenne[3] ;
- Tucis (ca)[note 5], un oppidum de droit latin à Majorque selon Pline[8] ;
- Iptuci (variante Ituci)[note 6], cité "stipendiaria" du conventus gaditanus (relevant de Gadès)[8] ;
- un Iptuci chez les turdetani[9] ;
- Tucci[note 7] sur la route qui va de Ayamonte à Mérida, entre Ilipa (es) (se serait l'actuel Niebla, selon F. Fita Colomé) et Itálica[10] ;
- Tusci[note 8] sur la route de Hispalis à l'ouest[8].
- ↑ Cet ensemble des salines de Hortales est visible sur les cartes du Service topographique national à l'échelle 1:25.000 (2e édition de 2005), sur la feuille 1049-IV “Abrajanejo” et sur la feuille 1049-II “Prado del Rey”.
- ↑ Selon Jaïdi (2004), le néopunique est « différencié du punique, particulièrement par son écriture cursive, ayant le grand avantage d'un système de notation de voyelle qui permet la vocalisation et, par conséquent, la prononciation »[16].
Références
- « Iptuci », localisation sur carte, sur openstreetmap.org.
- Valiente Cánovas et al. 2014, p. 3.
- Caballos Rufino 1981, p. 37.
- (es) « Decreto 36/2002, de 5 de febrero, por el que se declara bien de interés cultural, con la categoría de Zona Arqueológica, el yacimiento de Iptuci (Prado del Rey y Arcos de la Frontera, Cádiz) y se incluye en el catálogo general del Patrimonio Histórico Andaluz », sur boe.es, Boletín oficial del Estado n° 99, (consulté en ), p. 15412-15414.
- ↑ Caballos Rufino 1981, titre.
- (es) « Moneda Ibérica > Iptuci », (cette page de leur ancien site donne 16 monnaies et une carte détaillée des agglomérations antiques d'Espagne), sur monedaiberica.org (consulté en ). Leur nouvelle page (ouvre sur la page générale de leur catalogue, mettre "Iptuci" dans leur fenêtre de recherche) donne 17 monnaies, y compris celle qui a récemment été réattribuée à l'atelier de monnaies d'Ocuri.
- ↑ [Muñoz 2004] (es) Alejandro Fornell Muñoz, « Poblamiento romano en el valle del Guadalete (Cádiz) », Florentia Iliberritana: Revista de estudios de Antigüedad Clásica, no 15, , p. 73-113 (voir p. 92) (lire en ligne [PDF] sur revistaseug.ugr.es, consulté en ).
- Caballos Rufino 1981, p. 38.
- ↑ Ptolémée II, 4, 10. Cité dans Caballos Rufino 1981, p. 38.
- ↑ (es) Antonio Blázquez, « Nuevo Estudio sobre el Itinerario de Antonino », Boletín de la Real Academia de la Historia, t. 21, , p. 89-121 (lire en ligne [sur cervantesvirtual.com], consulté en ) ;
(es) Fidel Fita Colomé, « Excursiones epigráficas », Boletín de la Real Academia de la Historia, t. 25, , p. 43-44 (lire en ligne [sur cervantesvirtual.com], consulté en ). Cités dans Caballos Rufino 1981, p. 38. - ↑ (es) « "Homenaje a Fabia", Record No. 1559 », pedestal, sur hepol.uah.es, Hispania Epigraphica (consulté en ).
- ↑ Valiente Cánovas et al. 2014, p. 1.
- ↑ Valiente Cánovas et al. 2014, p. 2.
- ↑ (es) Luis Javier Guerrero Misa, « Confirmación de la ceca hispano-romana de OCVRI (Ubrique, Cádiz) », OMNI, no 9, (lire en ligne [sur dialnet.unirioja.es], consulté en ).
- ↑ (es) Alejandro Pérez Ordóñez, « Infraestructuras hidráulicas andalusíes en la Sierra de Cádiz: el qanat de Villaluenga del Rosario », Papeles de historia, no 6, , p. 145-164 (lire en ligne [PDF] sur digital.csic.es, consulté en ).
- ↑ [Jaïdi 2004] Houcine Jaïdi, « Appartenance sociale et usage de la langue néopunique au Maghreb à l'époque romaine », dans Jocelyne Dakhlia (dir.), Trames de langues. Usages et métissages linguistiques dans l'histoire du Maghreb, Tunis, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, coll. « Connaissance du Maghreb », , 561 p. (ISBN 978-2-8218-7413-8, DOI 10.4000/books.irmc.1446, lire en ligne [sur books.openedition.org]), p. 21-40.
- Valiente Cánovas et al. 2014, p. 9.
- ↑ (es) « Cecas libiofenicias », sur tesorillo.com (consulté en ).
- ↑ (es) Francisco Cavilla Sanchez-Molero, « Tinajas almohades de Iptuci (Prado del Rey, Cadiz) », Estudios sobre patrimonio, cultura y ciencia medievales, no 2, , p. 41-72 (voir p. 41) (ISSN 1575-3840, lire en ligne [sur digibug.ugr.es], consulté en ).
- ↑ Cavilla Sanchez-Molero 2000, p. 42.
Annexes
Bibliographie
- [Caballos Rufino 1981] (es) Antonio Caballos Rufino, « Iptuci, civitas stipendiaria del Conventus Gaditanus », Gades (Revista del Colegio Universitario de Filosofía y Letras de Cádiz), no 7, , p. 37-46 (ISSN 0210-6116, lire en ligne [PDF] sur idus.us.es, consulté en ). .
- [Valiente Cánovas el al. 2014] (es) Santiago Valiente Cánovas, Francisco Giles Pacheco, José María Gutiérrez López, María Cristina Reinoso del Río et Lorenzo Enríquez Jarén, « Salinas romanas continentales: primeras evidencias en Arroyo Hondo – Hortales (Prado del Rey, Cádiz) », De Re Metallica, no 22, , p. 1-13 (lire en ligne [sur dialnet.unirioja.es], consulté en ). .
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