Institut Pasteur de Dalat

Institut Pasteur de Dalat
Façade de l'institut Pasteur de Dalat.
Présentation
Style
Coordonnées
11° 55′ 59″ N, 108° 25′ 38″ E

L'institut Pasteur de Dalat (en vietnamien: Công ty Vắc xin Pasteur Đà Lạt) est est un complexe de recherche et de production de vaccins apparenté au réseau international des instituts Pasteur, mais n'en fait plus partie.

Histoire

Période française

Il a été ouvert en 1936[1], et construit entre 1930 et 1936 à l'initiative d'Alexandre Yersin, fondateur[Information douteuse] de la station climatique de Dalat en Cochinchine (aujourd'hui Viêt Nam). Yersin, qui mourut à Nha Trang quelques années plus tard, était à l'époque de la construction de l'institut, inspecteur général honoraire des instituts Pasteur d'Indochine, après les avoir dirigés jusqu'en 1924.

À l'époque de sa création, ce quatrième Institut du réseau était plus spécialement destiné à la fabrication des vaccins microbiens et à l’étude du paludisme[1].

Les bâtiments ont été conçus par l'architecte français Paul Veysseyre et un collègue vietnamien[2].

L'Institut de Đalạt était l'un des quatre créés par Yersin au Viêt Nam, avec ceux de Hanoï, Saïgon et Nha Trang et fait partie des nombreux instituts Pasteur créés en dehors de la France[3]. Dans un rapport présenté au Grand Conseil des Intérêts économiques et financiers et au Conseil de Gouvernement en 1937[4], l'Institut déclarait avoir produit plus de 3 000 000 de vaccins, principalement anticholériques. Il fabriquait également des vaccins contre la peste, la fièvre typhoïde, les staphylocoques, les gonocoques, les colibacilles, les streptocoques et les méningocoques, ainsi que des tétravaccins et divers filtrats de Besredka. L'Institut conservait également une réserve de 1 000 000 cm³ de vaccin anticholérique en prévision d'une épidémie. Il offrait des services de laboratoire médical, incluant des examens microbiologiques, des analyses pathologiques et de biochimie pour les populations locales de Dalat et des hautes terres du Donnai. Ses laboratoires ont réalisé 1 838 examens médicaux cette année-là, permettant d'identifier des cas de dysenterie, diphtérie, lèpre, paludisme, fièvre typhoïde et typhus. L'Institut a étudié la diphtérie endémique parmi les Européens et les Annamites de la région de Dalat. Il était également responsable du contrôle de la purification de l'eau pour la ville de Dalat[2].

Un article publié dans un magazine français en septembre 1952 montrait que l'Institut produisait toujours des vaccins contre des maladies humaines contagieuses, telles que le choléra, la fièvre typhoïde, la gonorrhée, la méningite cérébrospinale, les colibacilloses et la pneumonie. Il étudiait l'épidémiologie humaine, la microbiologie, la chimie biologique et le contrôle de l'eau potable[2].

Une nouvelle souche de Penicillium a été isolée à partir de lésions hépatiques chez un rat des bambou utilisé pour des infections expérimentales à l'Institut en 1956. Cette souche, Penicillium marneffei, a été nommée en l'honneur d'Hubert Marneffe, directeur de l'Institut Pasteur du Viêt Nam[5].

L'Institut publiait encore des articles en français jusqu'en 1959[6].

Des médecins français ont dirigé l'Institut jusqu'aux années 1960. L'un des derniers avant la victoire communiste, Jean-Louis Colbert, a travaillé à l'Institut de Dalat de 1962 à 1968. Il était responsable de la production à grande échelle de vaccins pour usage humain[7].

Période vietnamienne

L'établissement de Dalat a été repris par le gouvernement vietnamien en 1975. Dès avant cette reprise, l'Institut disposait de l'une des plus grandes unités de production de vaccins en Asie du Sud-Est, expédiant des vaccins dans toute l'Indochine. L'Institut a ensuite été géré par le ministère de la Santé jusqu'à l'intégration complète du Sud-Viêt Nam dans le pays en 1978, utilisant ses installations pour la santé publique et la prévention des maladies. En 2010, l'Institut Pasteur de Dalat a été transformé en Société par actions des vaccins Pasteur Dalat (DAVAC)[8].

Bien que désormais géré par le gouvernement vietnamien, l'Institut (ainsi que les autres instituts Pasteur du Viêt Nam) cherche à établir une coopération avec l'Institut Pasteur en France. Une telle déclaration a été émise en novembre 2010 lors d'une conférence à Haïphong, évoquant une coopération remontant à 20 ans[9].

Découvertes et production

En collaboration avec des scientifiques de l'Institut Pasteur de Paris, des chercheurs de Dalat ont découvert un nouveau type de salmonelle en 1956. La souche, appelée S. dalat (plus communément connue sous le nom de Salmonella ball[10]), a été isolée à partir de matières fécales d'un gecko capturé à Phan Rang[11].

L'établissement de Dalat a une expérience dans la production de vaccins contre la fièvre typhoïde[12]. Après avoir produit leur propre vaccin polysaccharidique Vi par l’intermédiaire de l’Institut des vaccins et produits biologiques/Société des vaccins Pasteur Đà Lạt, entre 2004 et 2012, le Viêt Nam a produit et administré plus de 2 millions de doses de vaccin polysaccharidique Vi (contre la fièvre typhoïde) aux enfants de 5 à 10 ans, puis de 3 à 5 ans. En 2005, au pic de la campagne, 1,2 million de doses ont été distribuées dans 35 provinces, avec un taux de couverture dépassant 90 % entre 1999 et 2010[13].

Notes et références

  1. Institut Pasteur au Viet-Nam, « Fonctionnement des services des Instituts Pasteur d’Indochine en 1936 », Archives des Instituts Pasteur d’Indochine, vol. VII, no 25,‎ , p. 104
  2. « INSTITUT PASTEUR, DALAT », sur entreprises-coloniales.fr, (consulté le )
  3. JL Durosoir, « Le réseau Pasteur », Presse Méd., vol. 24, no 2,‎ , p. 51–3 (PMID 7899348)
  4. Institut Pasteur au Viet-Nam, « Fonctionnement des services des Instituts Pasteur d’Indochine en 1936 », Archives des Instituts Pasteur d’Indochine, vol. VII, no 25,‎ , p. 101‑128
  5. Nguyen Van Kinh et al., Une étude randomisée, ouverte et comparative de l'efficacité de l'itraconazole versus l'amphotéricine B dans le traitement d'induction de la pénicilliose chez les adultes infectés par le VIH, seaicrn.org, (lire en ligne [archive du ])
  6. G. Segretain, « Penicillium marneffei N. Sp., agent d'une mycose du système réticulo-endothélial », Mycopathologia et Mycologia Applicata, vol. 11, no 4,‎ , p. 327–353 (PMID 14444578, DOI 10.1007/bf02089507, S2CID 26260921)
  7. « Jean-Louis Colbert écrit son histoire », La Dépêche,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (vi) « Lịch sử hình thành - CÔNG TY TNHH MTV VẮC XIN PASTEUR ĐÀ LẠT », (consulté le )
  9. Collectif, Les instituts Pasteur du Viêt Nam face à l'avenir. Alexandre Yersin à l'heure d'Internet, Paris, L'Harmattan, coll. « Points sur l'Asie », , 266 p. (ISBN 978-2-336-00482-2, lire en ligne [archive])
  10. « Salmonella ball », sur BioPortal, (consulté le )
  11. L. Le Minor et al., « Un nouveau sérotype de Salmonella : S. dalat 4, 12, 27 : y : e n x) », Ann Inst Pasteur (Paris), vol. 92, no 4,‎ , p. 555–6 (PMID 13425106, lire en ligne, consulté le )
  12. M. Imran Khan et al., « Impact populationnel du vaccin polysaccharidique capsulaire Vi », Expert Review of Vaccines, vol. 9, no 5,‎ , p. 485–496 (PMID 20450323, DOI 10.1586/erv.10.43, S2CID 20077708, lire en ligne, consulté le )
  13. Tran Vu Thieu Nga, Pham Thanh Duy, Nguyen Phu Huong Lan et Nguyen Van Vinh Chau, « The Control of Typhoid Fever in Vietnam », The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, vol. 99, no 3_Suppl,‎ , p. 72–78 (ISSN 1476-1645, PMID 30047368, PMCID 6128360, DOI 10.4269/ajtmh.18-0035, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • (en) Eric T. Jennings, Imperial Heights: Dalat and the Making and Undoing of French Indochina, University of California Press, 2011, 372 p. (ISBN 978-0-520-94844-0)

Liens externes

Articles connexes

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