En analyse, l'inégalité de Bernoulli — portant le nom du mathématicien Jacques Bernoulli — énonce que :
pour tout entier[1] n > 1 et tout réel x non nul supérieur ou égal à −1.
Démonstrations
Par récurrence
Soit un réel
. Montrons l'inégalité pour tout entier n > 1, par récurrence sur n .
- Initialisation :
donc la propriété est vraie pour n = 2.
- Hérédité : supposons (hypothèse de récurrence) que
et montrons que la propriété est vraie au rang suivant k + 1, c'est-à-dire montrons que
.
En multipliant les deux membres de l'inégalité de l'hypothèse de récurrence par 1 + x (qui par hypothèse est positif ou nul) on obtient :
.
- Conclusion : la propriété est vraie au rang 2 et elle est héréditaire donc vraie pour tout entier n ≥ 2.
D'après la formule du binôme, si x > 0 ,
et d'après la formule de la somme des premiers termes d'une suite géométrique, si
:
, d'où
.
Utilisant la notion de convexité
La courbe d'une fonction strictement convexe se trouve strictement au-dessus de ses tangentes, sauf au point de contact.
Plus précisément, si
est strictement convexe dérivable sur un intervalle
et
un point de
, alors :
.
Appliquant ceci à
qui est bien strictement convexe sur
pour
car
est strictement croissante sur cet intervalle, en prenant
on obtient bien
.
Généralisation
Exposant étendu à un réel >1
Pour tout réel r > 1 et tout réel x non nul et supérieur ou égal à −1, on a encore :
.La démonstration par convexité fonctionne de la même façon, mais on peut effectuer la démonstration élémentaire suivante :
Démonstration par étude des
variations de la différence
Cette fois c'est r qu'on fixe (strictement supérieur à 1), et l'on étudie les variations de la fonction f définie sur D = [–1, +∞[ par :
,
le but étant de montrer que f(x) > 0 pour tout x non nul appartenant à D.
Les deux premières dérivées de f sur ]–1, +∞[ sont données par :
,

donc
est nulle en 0 et strictement croissante. Elle est donc strictement négative sur ]–1, 0[ et strictement positive sur ]0, +∞[.
Par conséquent, la fonction f (continue en 0 et −1) est strictement décroissante sur [–1, 0] et strictement croissante sur [0, +∞[.
Comme elle s'annule en 0, on a donc bien f > 0 sur
.
Cas d'un réel strictement compris entre 0 et 1
Pour tout réel
et tout réel x non nul et supérieur ou égal à −1, on a cette fois [2]:
.La fonction
définie par
est cette fois strictement concave sur
car
sur
, d'où le changement de sens de l'inégalité.
Utilisations
L'inégalité de Bernoulli peut être utilisée comme lemme pour démontrer que pour tout réel q > 1, la limite de la suite géométrique (qn) est égale à +∞.
Elle peut aussi être utilisée pour démontrer l'inégalité arithmético-géométrique :
[2].
Notes et références