Ia Orana Maria

Ia Orana Maria
Artiste
Date
Type
Huile sur toile
Technique
Dimensions (H × L)
113,7 × 87,6 cm
Mouvement
No d’inventaire
51.112.2
Localisation
Inscription
IA ORANA MARIA

Ia Orana Maria est un tableau du peintre français Paul Gauguin réalisé en 1891. Il s'agit d'une Vierge à l'Enfant. Il est conservé au Metropolitan Museum of Art, à New York, aux États-Unis.

Description

Le tableau représente la Marie et l'ange qui la révèle à deux Tahitiennes sous les traits de Polynésiens. Marie est une jeune femme robuste qui porte l'enfant Jésus assis à califourchon sur son épaule. Tous deux portent une discrète auréole autour de la tête[1],[2]. Les deux spectatrices tahitiennes sont debout, en prière, dans une posture qui rappelle celle des dévots bouddhistes[2]. Pour ces dernières, le peintre s'est inspiré d'un bas relief du temple de Borobudur[3],[4].

Le paysage est luxuriant, tel un jardin d'Éden[2] exotique[1] : au premier plan deux régimes de bananes au pied de la vierge[4].

En bas à gauche, sur fond jaune, le titre du tableau Ia Orana Maria signifie « Je vous salue Marie », en langue maorie, que l'artiste apprend lors de ses séjours en Polynésie et aux îles Marquises[5].

Histoire

Né dans une famille catholique, Paul Gauguin connait bien la bible : il a déjà peint plusieurs œuvres d'inspiration chrétienne, dont son autoportrait en Christ jaune, visible au musée d'Orsay en [6]. Ce tableau a été peint pendant le premier voyage à Tahiti de Paul Gauguin, qui est alors en quête de nouvelles sources d'inspiration[7] et d'une vie « libre » et « sans souci d'agent », comme il l'avait écrit à Mette Sophie Gad son épouse, un an plus tôt,[7], épouse qu'il a laissé à Copenhague, à la charge de ses parents, étant lui-même incapable de subvenir aux besoins de sa famille[8].

Le public européen découvre cette toile à la galerie Durand-Ruel, en , au moment du retour de Paul Gauguin en métropole[7]. Paul Gauguin trouve en Michel Manzi un acquéreur qui lui en propose 2 000 francs, mais ne lui verse qu'un tiers du prix convenu[9]. Le [10], la toile est vendue 58 000 francs au marchand d'art américain Knoedler[11], par Manzi[10]. Elle est par la suite acquise par l'avocat et banquier d'affaires Samuel A. Levisohn (en) qui la lègue au Metropolitan Museum of Art, en [12],[13].

Réception

Le tableau connait un succès certain lors de sa présentation au public parisien[7]. Octave Mirbeau, critique d'art, écrivant pour L'Écho de Paris la décrit comme un « mélange inquiétant et savoureux de splendeur barbare, de liturgie catholique, de rêverie hindoue, d'imagerie gothique, de symbolisme obscur et subtil »[6]. Cependant, Henry Roujon, conservateur du musée du Luxembourg, refuse cette toile pour les collections de son musée, alors que l'artiste voulait la lui donner, la jugeant trop exotique[7],[13]. Un siècle plus tard, elle fait partie des œuvres majeures de la collection du MET[13].

Analyse

Références

  1. (en) Carol Strickland et John Boswell, The Annotated Mona Lisa: A Crash Course in Art History from Prehistoric to Post-Modern, Andrews McMeel Publishing, (ISBN 978-0-7407-6872-9, lire en ligne), p. 119
  2. Lavaqerie-Klein et Paix-Rusterholtz 2019, p. 141.
  3. (en) Bernard Dorival, « Sources of the Art of Gauguin from Java, Egypt and Ancient Greece », The Burlington Magazine,‎ , p. 118 (JSTOR 870473)
  4. Paul Gauguin, Ia Orana Maria (Hail Mary), (lire en ligne)
  5. Lavaqerie-Klein et Paix-Rusterholtz 2019, p. 246.
  6. Lavaqerie-Klein et Paix-Rusterholtz 2019, p. 143.
  7. Lavaqerie-Klein et Paix-Rusterholtz 2019, p. 142.
  8. Riccardo Barletta, Massimo Carrà et Dario Durbé, Le Post-impressionnsime, Paris, Rive Gauche Productions, (ISBN 2865350231), p. 171-204
  9. David Haziot, Gauguin, Fayard, (ISBN 978-2-213-67970-9, lire en ligne)
  10. Art et décoration (Paris), Librairie centrale des Beaux-Arts (lire en ligne), p. 12
  11. Henri Perruchot, La vie de Seurat, FeniXX, (ISBN 979-10-376-3060-5, lire en ligne), p. 298-299
  12. Alain Buisine, Passion de Gauguin, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-2737-8, lire en ligne)
  13. Bertrand Leclair, Chantier Gauguin, publie.net, (ISBN 978-2-8145-5034-6, lire en ligne), p. 30

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Christiane Lavaquerie-Klein et Laurence Paix-Rusterholtz, Les femmes de la Bible dans l'art, Les Éditions du Cerf, , 284 p. (ISBN 978-2-204-12066-1), p. 140-143. 
  • (en) Katherine C. Scalia, "Primitivism” and Theosophy in Paul Gauguin’s la Orana Maria., Montclare State University, (lire en ligne)


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