Hichem Mechichi
| Hichem Mechichi هشام المشيشي | |
| Hichem Mechichi en . | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Chef du gouvernement tunisien | |
| – (10 mois et 23 jours) | |
| Président | Kaïs Saïed | 
| Gouvernement | Mechichi | 
| Législature | IIe | 
| Coalition | Indépendant Majorité parlementaire : Ennahdha-Au cœur de la Tunisie-La Réforme-Bloc national-Tahya Tounes-Al Moustakbal | 
| Prédécesseur | Elyes Fakhfakh | 
| Successeur | Najla Bouden (indirectement) | 
| Ministre de l'Intérieur Intérim | |
| – (6 mois et 20 jours) | |
| Président | Kaïs Saïed | 
| Chef du gouvernement | Lui-même | 
| Gouvernement | Mechichi | 
| Prédécesseur | Taoufik Charfeddine | 
| Successeur | Khaled Yahyaoui (intérim) Taoufik Charfeddine | 
| Ministre de l'Intérieur | |
| – (6 mois et 6 jours) | |
| Président | Kaïs Saïed | 
| Chef du gouvernement | Elyes Fakhfakh | 
| Gouvernement | Fakhfakh | 
| Prédécesseur | Hichem Fourati | 
| Successeur | Taoufik Charfeddine | 
| Biographie | |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Bou Salem (Tunisie) | 
| Nationalité | Tunisienne | 
| Parti politique | Indépendant | 
| Diplômé de | ENA (Tunisie) ENA (France) | 
| Profession | Haut fonctionnaire | 
|  | |
| Chefs du gouvernement tunisien | |
Hichem Mechichi (arabe : هشام المشيشي), né en [1] à Bou Salem[2], est un homme d'État tunisien.
Il est chef du gouvernement du au et occupe également le poste de ministre de l'Intérieur de à puis, à côté de ses fonctions de chef du gouvernement, de à .
Il est démis de ses fonctions suite à un coup de force opéré par le président Kaïs Saïed qui suspend également l'Assemblée des représentants du peuple. Le pays sombre alors dans une crise politique caractérisée par un autoritarisme croissant et des atteintes graves aux droits et libertés : de nombreuses figures politiques, des affaires et médiatiques sont notamment arrêtées et accusées de « complot contre la sécurité de l'État », situation notamment dénoncée par Amnesty International. En 2025, Mechichi est lui-même condamné à 35 ans de prison dans ce contexte.
Biographie
Études
Hichem Mechichi est titulaire d'une maîtrise en droit de la faculté de droit et des sciences politiques de Tunis et d'un master en droit, sciences politiques et administration publique de l'École nationale d'administration de Tunisie[3]. Il est également diplômé de l'École nationale d'administration française, promotion République (2005-2007), qui lui a rendu hommage sur son site web après sa nomination en tant que chef du gouvernement[4].
Carrière professionnelle et politique
Membre de la Commission nationale d'investigation sur la corruption et la malversation, fondée en 2011 et présidée alors par Abdelfattah Amor[5], il occupe dès 2014 les fonctions de chef de cabinet au ministère du Transport, puis le même poste successivement aux ministères des Affaires sociales et de la Santé[1].
Il dirige également l'Agence nationale du contrôle sanitaire et environnemental des produits[1], avant d'être nommé par le président Kaïs Saïed comme son premier conseiller chargé des Affaires juridiques, le . Le du même mois, il est nommé ministre de l'Intérieur dans le gouvernement d'Elyes Fakhfakh[1].
Chef du gouvernement
Le , en pleine crise politique, Saïed le désigne chef du gouvernement, chargé de former un gouvernement en un mois et d'obtenir la confiance de l'Assemblée des représentants du peuple[6],[7]. Le , il propose de former un gouvernement composé d'indépendants[8]. Le , il en dévoile la composition[9] qui suscite les réserves d'Ennahdha et d'Au cœur de la Tunisie[10] et compte huit femmes ainsi qu'un malvoyant[11]. Le suivant, son gouvernement est investi par l'assemblée avec 134 voix contre 67[12].
Rapidement, des différends profonds commencent à apparaitre dans la relation entre Mechichi et Saïed sur la conduite de l'État[13].
Le , Mechichi met fin aux fonctions du ministre de l'Intérieur Taoufik Charfeddine et assure lui-même l'intérim en reprenant la tête du ministère[14].
Le conflit atteint son paroxysme quand Mechichi annonce le un large remaniement ministériel destiné à renforcer l'action gouvernementale. Fruit d'un accord entre les partis Ennahdha et Au cœur de la Tunisie, il touche douze ministères, dont ceux de l'Intérieur, de la Justice et de la Santé dans le contexte de la pandémie de Covid-19[15],[16]. Le président Saïed, jugeant le remaniement contraire à la Constitution et soupçonnant des conflits d'intérêt, refuse de recevoir les ministres nouvellement nommés à la cérémonie de prestation du serment et de signer leur décret de nomination, malgré le vote de confiance obtenu à l'Assemblée des représentants du peuple, plongeant le pays dans une crise constitutionnelle[17]. Le , Mechichi limoge les ministres sortants concernés par le remaniement[18].
Destitution et suites
Le , après une journée de manifestations réclamant la « dissolution du Parlement » et dans un contexte de crise l'opposant à Ennahdha, le président Saïed invoque l'article 80 de la Constitution et annonce à la suite d'une réunion d'urgence geler les activités de l'Assemblée des représentants du peuple, lever l'immunité parlementaire des députés et démettre de ses fonctions le chef du gouvernement avec effet immédiat, se chargeant directement du pouvoir exécutif[19],[20]. La constitutionnalité de ces décisions est toutefois remise en cause[21]. Des sources évoquent par ailleurs des violences physiques contre Mechichi au palais présidentiel pour le pousser à démissionner, celui-ci niant toutefois un placement en résidence surveillée et déclarant être prêt à assurer la transition du pouvoir à la personnalité que le président désignerait[22].
S'en suit alors des arrestations de figures politiques, des affaires et médiatiques accusées de « complot contre la sécurité de l'État », ce qu'Amnesty International décrit comme une « chasse aux sorcières motivée par des considérations politique »[23]. Le , Mechichi est condamné par contumace à 35 ans de prison pour « conspiration contre la sûreté de l'État » et à la confiscation de ses biens dans un procès dénoncé par le Comité pour la justice, l'opposition et des organisations professionnelles comme le Syndicat national des journalistes tunisiens (en)[24],[25].
Références
- « Biographie de Hichem Mechichi, ministre de l'Intérieur », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- ↑ Ridha Kéfi, « En chargeant Hichem Mechichi de former le gouvernement, Kaïs Saïed met les partis dos au mur », sur Kapitalis, (consulté le ).
- ↑ « Profil de Hichem Mechichi, ministre de l'Intérieur », sur Kapitalis, (consulté le ).
- ↑ « L'École nationale d'administration française félicite Hichem Mechichi », sur Tuniscope, (consulté le ).
- ↑ « Qui est Hichem Mechichi, ministre de l'Intérieur », sur webdo.tn, (consulté le ).
- ↑ « Tunisie : le ministre de l'Intérieur Hichem Mechichi désigné chef du gouvernement », sur france24.com, (consulté le ).
- ↑ « Kais Saïed charge Hichem Mechichi de former le futur gouvernement », sur Mosaïque FM, (consulté le ).
- ↑ « Tunisie : Hichem Mechichi promet un gouvernement de "compétences complètement indépendantes" », sur atlasinfo.fr, (consulté le ).
- ↑ « La composition du gouvernement Mechichi », sur Mosaïque FM, (consulté le ).
- ↑ « Hichem Mechichi, le premier ministre tunisien, présente un gouvernement de technocrates », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Frida Dahmani, « Tunisie : Mechichi snobe les partis », Jeune Afrique, (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Tunisie : l'Assemblée vote la confiance au gouvernement Mechichi à 134 voix », sur gnet.tn, (consulté le ).
- ↑ Frida Dahmani, « Tunisie : conflit ouvert entre Kaïs Saïed et Hichem Mechichi », Jeune Afrique, (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Le ministre de l'Intérieur Taoufik Charfeddine limogé », sur Mosaïque FM, (consulté le ).
- ↑ Nadjib Touaibia, « Maghreb : la démocratie tunisienne otage de l'alliance islamo-libérale », L'Humanité, (ISSN 0242-6870, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Tunisie : vaste remaniement ministériel », Jeune Afrique, (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Crise politique : Kais Saïed réitère son refus du remaniement ministériel », sur webdo.tn, (consulté le ).
- ↑ « Gouvernement : Hichem Mechichi limoge cinq ministres », sur webmanagercenter.com, (consulté le ).
- ↑ « En Tunisie, le président gèle les activités du Parlement et démet le premier ministre de ses fonctions », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Kais Saïed prend tous les pouvoirs en main, suspend le parlement, limoge Mechichi et s'érige en chef de l'exécutif et du parquet », sur Leaders, (consulté le ).
- ↑ Tilila Sara Bakrim et Agnès Levallois, « Tunisie : le coup de force de Kaïs Saïed, un « coup d'État constitutionnel » ? », sur frstrategie.org, (consulté le ).
- ↑ (en) David Hearst et Faisal Edroos, « Exclusive: Tunisian prime minister was assaulted in palace before coup », sur middleeasteye.net, (consulté le ).
- ↑ « Tunisie : des centaines d'opposants réclament au président de « libérer les détenus » », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Tunisie : le chef d'Ennahdha Rached Ghannouchi condamné à 22 ans de prison », sur RFI, (consulté le ).
- ↑ « Tunisie : le CFJ refuse les verdicts de l'affaire "Instalingo" et les qualifie de "politisés"… Il demande la libération des détenus et leur réexamen devant un tribunal équitable », sur cfjustice.org, (consulté le ).
Liens externes
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