Henry Voordecker

Henry Voordecker
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Louise Voordecker (d)
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Hunter's Dwelling (d)

Henri Voordecker ou parfois Henry Voordecker, né en 1779 à Bruxelles et mort en 1861 dans la même ville, est un peintre belge connu surtout pour ses représentations de pigeons et autres volatiles domestiques.

Biographie

Henri - ou Henricus dans son acte de baptême rédigé en latin - Voordecker est né[1] le au Marché au Charbon à Bruxelles et fut baptisé[2] le même jour à Saint-Géry. En réalité, ses parents n'étaient pas originaires de Bruxelles. Son père, Pierre - ou Peter comme il le signait - Voordecker, épicier à la rue d'Anderlecht en 1798, était né à Eynthout en Campine et sa mère, Agnes Rega, naquit à Ophoven près de Trait-sur-Meuse. Pierre Voordecker obtint la bourgeoisie de Bruxelles[3] dès 1758, et il fut rejoint par son frère Dominicus, épicier In de Slagh à la rue de Flandre, qui obtint cette bourgeoisie[4] en 1776. Pierre Voordecker épousa Agnes Rega à Bruxelles, à Saint-Nicolas[5], en 1770. Il est mort à Bruxelles[6] en l'an VII et son épouse est morte à Bruxelles[7] en 1808.

Henri Voordecker, alors qualifié de dessinateur et domicilié chez sa mère, épousa à Bruxelles[8] le 9 janvier 1805, Marie Jeanne Guldentops, lingère, qui était née[9] à Alost en 1777 et était la fille du négociant Jean Baptiste Guldentops[10] et de son épouse Marie Thérèse Covens[11]. Marie Jeanne Guldentops mourut fin novembre 1821 à Bruxelles[12] et Henri ne se remaria pas, traversant quatre décennies de solitude accompagné de son art, et assumant seul la responsabilité de ses jeunes enfants.

On leur connaît deux enfants qui seront artistes-peintres :

  • Marie Louise Voordecker, artiste peintre, née à Bruxelles le 4 septembre 1813, qui épousa à Bruxelles[13] le 2 mai 1857 le négociant Jean François Wauwermans, déjà veuf d'Eulalie Françoise Cousine morte en 1849, né à Bruxelles le 28 août 1804 et résidant à Gosselies. Elle est morte à Molenbeek-Saint-Jean[14] le 8 novembre 1871 à 9 heures du matin au domicile conjugal du n° 73 du Quai du Hainaut. Louise fut professeur d'art à la cour du roi Léopold Ier et peignait principalement des fruits et des fleurs. Son oeuvre fut parfois aigrement critiquée[15] mais aussi apprécié par des connaisseurs[16].
  • François Henri Voordecker, artiste peintre, né à Bruxelles le 22 juillet 1816, qui épousa en 1871 à Bruxelles[17] Léontine Caroline Joséphine Penay, rentière, veuve[18], née à Battice le 29 janvier 1827 et résidant à Huy. Il mourut à Geel[19] le 12 septembre 1895. François Voordecker fut un peintre de genre et un portraitiste. Il exposait déjà en 1839, et en 1842, il exposa un tableau ambitieux qu'un critique jugea très sévèrement[20] pendant que d'autres critiques éreintaient également le jeune artiste[21].

En 1812, avec son épouse, Henri Voordecker habitait[22] à la rue des Éperonniers. Ensuite, et depuis 1816 [23], là où également son épouse expira[24], il habite et travaille à la rue de la Putterie, au n° 25. Il passa ainsi toute sa vie au cœur de Bruxelles, à deux pas de la Grand-Place.

Henry Voordecker est élève de Jean-Baptiste De Roy[25],[26].

Il peint des paysages, des animaux et des sujets domestiques simples[27]. Au Salon de Bruxelles de 1813, il obtient un prix d'encouragement pour son tableau Un coup de vent au coucher de soleil, sujet du paysage imposé aux artistes[28].

À partir de 1816, il devient un ami de Jacques-Louis David[29]. En 1842, le roi et la reine des belges, ainsi que la reine d'Angleterre, lui font d'honorables commandes[30]. La reine Victoria avait notamment acheté un tableau, représentant des pigeons[31], pour l'offrir à son mari le prince Albert à l'occasion de son anniversaire le 26 août 1841. En 1841 également, le Journal de Bruxelles[32] mentionne que le Roi et la Reine ont visité l'exposition de la Société royale de Philanthropie, au temple des Augustins. LL.MM. ont été reçues par M. le bourgmestre Van Volxem (...). Dans la galerie de tableaux dont M. Navez a fait les honneurs, S. M. a examiné les productions de nos artistes avec une bienveillante attention : celles de MM. Voordecker, Bovie, Marneff, Delvaux, etc., ont attiré particulièrement l'attention des augustes visiteurs.

Henry Voordecker meurt[33] le 3 décembre 1861 à Bruxelles[26] à son domicile de la rue de la Putterie[34].

Plusieurs journaux relatèrent son décès. Ainsi, L'Indépendance belge du 4 décembre 1861, en première page, écrit que Les arts viennent de perdre le doyen de nos artistes peintres, M. Henri Voordecker, décédé hier dans sa 83e année. Il était né en cette ville en 1779. M. Voordecker était décoré[35] de l'Ordre de Léopold de Belgique, et de la Couronne de Chêne des Pays-Bas. Un journal, L'Echo du Parlement, relata également les funérailles d'Henri Voordecker, et donna une retranscription du discours de François-Joseph Navez[36].

Sa collection de tableaux fut vendue en vente publique[37] à Bruxelles le 6 août 1862 et les jours suivants, en même temps que celle du peintre H. Kreins, en la salle du sieur Demol, Grand-Place 18, par Me Broustin, notaire à Bruxelles. Comme le dit l'annonce, indépendamment des tableaux, études et dessins du genre dans lequel MM. Voordecker et Kreins excellaient (les pigeons et les paysages), on en distingue encore d'Eugène Verboeckhoven, Henri Vanassche, Gérard Dow, Vanden Eechoudt, Crayer, Ph. de Champagne, Madou, Fourmois, Dewalsche, Paul Grégoire et autres.

Œuvres

  • Ménage de chasseurs, 1826, Rijksmuseum, Amsterdam[25].
  • Vue du village et de la chapelle de Waterloo, hauteur 44 cm et largeur 57 cm[38].
  • Garçon et fille avec leurs pigeons dans un grenier[39], 1833
  • Enfants jouant avec des volailles et des pigeons[27].
  • Le retour du chasseur, musée d'Amsterdam[26].
  • Le colombier[40], musée de Bruxelles[26].

Références

  1. Acte annexé à son acte de mariage : Bruxelles, paroisse Saint-Géry, tel que transcrit ce 1er nivôse l’an sept de la République Française une et indivisible. 1779. L’an mil sept cent soixante dix neuf le vingt quatrième jour du mois d’août est né et baptisé Henri fils légitime de Pierre Voordecker et d’Agnes Rega, conjoints. Parrain Henri Peys Marraine Jeanne Françoise Nauts.
  2. Bruxelles, acte de baptême de la paroisse Saint-Géry du 24 août 1779. Henricus filius legitimus Petri Voordecker nati in Eynthout in Campinia et Agnetis Rega nata in ophoven prope trajectum ad mosam conj. natus hoc mane hora sexta op de kolemert. Suscept. Henricus Peys in de vollestraet et joanna Francisca Nauts op de kolemert. Signatum peter Voordecker, Henricus Peys, jenne françoise Nauts, j de Zadaleere Pastor.
  3. Jan Caluwaerts & Hugo simonart, Bourgeois de Bruxelles, tome III, 1695 - 1795, p. 453 : Voordeckers, Petrus, ° Eindhout, fs Joannes & Catharina Nicasi, 15 - 9 - 1758.
  4. Jan Caluwaerts & Hugo Simonart, op.cit. p. 453 : Voordecker, Dominicus, ° Eindhout, especier, fs Joannes & Catharina Nicasy, In de Slagh, Vlaamse Steenweg, 28 - 9 - 1776.
  5. Bruxelles, registre des mariages de la paroisse Saint-Nicolas, 15 maij (1770) juncti sunt petrus voordeckers et agnes rega coram dominico voordeckers et jacobo dousin ac me pg (...) de wint, pr Si Nic.B:
  6. Bruxelles, acte de décès n° 937 du 24 pluviôse an VII, Agnes Rega, 62 ans, et Louise Voordeckers, 22 ans, toutes deux domiciliées à la rue d'Anderlecht, déclarent le décès de Pierre Voordeckers, épicier, âgé de 69 ans, natif de Einthout, époux de la première comparante, et fils des feus Jean Voordeckers et Catherine Nicasi, qui est mort avant-hier à 7 h et demie du soir, en son domicile à la rue d'Anderlecht.
  7. Bruxelles, acte de décès, le 17 août 1808 est morte Agnes Rega, veuve de Pierre Voordeckers, fille des feus Chrétien et Cornélie Meuleners.
  8. Bruxelles, acte de mariage n° 125 du 9 janvier 1805. Les témoins étaient Guillaume Chapel, fabricant, au Marché aux Poulets à Bruxelles, Jean Baptiste Guldentops, Jean Baptiste Voordecker, topographe résidant à Bruxelles, Alexandre Heyvaert, orfèvre à Bruxelles. Pour ce mariage, tant les parents de la mariée que la mère du marié donnèrent leur consentement par acte notarié, cette dernière, résidant à Bruxelles, section 8, n° 983, par acte passé pardevant le notaire Jean Corneille Torfs à Bruxelles.
  9. Alost, registre des baptêmes de la paroisse Saint-Martin. 19 7bris 1777 Baptisata est maria joanna filia legitima joannis Baptista Guldentops filii martini et maria theresia Covens filia Caroli Susceperunt joannes Straetmans et maria Catharina Van hoverstraeten.
  10. Jean Baptiste Guldentops est mort à Alost, veuf de Marie Thérèse Covens, le 10 mai 1827, et était le fils des feus Matthieu et Marie De Molin.
  11. Ce nom est bien Covens, et non Corens comme souvent écrit par les scribes de l'état civil bruxellois.
  12. Bruxelles, acte de décès n° 2438. Marie Jeanne Guldentops est morte le 24 novembre 1821.
  13. Bruxelles, acte de mariage n° 478 du 2 mai 1857. Les parents du marié étaient Jean François Wauwermans et Anne Thérèse De Noter. Les témoins étaient François Voordecker, peintre à Bruxelles, Charles Balthazar Wauwermans, greffier près de la cour d'appel, à Bruxelles, Henri Emmanuel Wauwermans, lieutenant du génie, à Gand, Paul Parys, rentier à Saint-Josse-ten-Noode.
  14. Molenbeek-Saint-Jean, acte de décès n° 1141 du 9 novembre 1871. Elle est dite sans profession, tout comme son mari âgé de 69 ans.
  15. Journal L'Indépendance belge, 15 octobre 1845, page 1 : Les fruits de Mlle Voordecker ne sont pas mûrs et ne semblent pas destinés à le devenir. La couleur n’a pas la transparence qui fait voir la chair et le jus sous la première enveloppe. La mousse sur laquelle sont posés les fruits et la tablette de pierre qui les supporte, sont ce qu’il y a de mieux dans le tableau.
  16. Journal de Bruxelles, 7 août 1848, page 2 : L’annonce de la clôture de l’exposition de l’Hôtel-de-Ville, fixée à lundi 7 courant à trois heures, a engagé les souscripteurs habituels en retard, à visiter le salon ; la commission a pu acquérir ainsi un neuvième tableau, il représente un groupe de pêches et d’autres fruits dû au pinceau facile de Mlle Voordecker.
  17. Bruxelles, acte de mariage n° 828 du 17 juin 1871. Les parents de la mariée étaient Pierre Charles François Joseph Penay et Elisabeth Renson, rentière, celle-ci résidant à Verviers. Les témoins du mariage étaient François Wauwermans, à Saint-Gilles, sans profession, Louis Renson, à Battice, propriétaire, Frédéric Closset, à Xhendelesse, négociant, et Théodore Penay, à Verviers, négociant. Il habitait alors au n° 4 de la rue de la Paille à Bruxelles, et cela depuis 1866.
  18. Léontine Penay était veuve de Gustave Edmond Boventer, professeur, né à Vaals, mort le 29 avril 1868 à Huy, âgé de 43 ans.
  19. Geel, acte de décès n° 310 du 12 septembre 1895. Franciscus Henricus Voordecker est mort le 12 septembre 1895 à huit heures du matin, dans la demeure de Hubertus Walschots, agriculteur, âgé de 42 ans.
  20. Journal L’Émancipation, politique, commerciale, religieuse et littéraire, 9 juillet 1842, page 2 : Monsieur François Voordecker a exposé un tableau d’histoire représentant : l’ordre donné par le prophète Jérémie à Soraius, fils de Nerias. (…) Nous croyons que M. Voordecker a voulu réaliser trop tôt une telle œuvre.
  21. Journal de Bruxelles, 6 septembre 1842, page 3 : M. François Voordecker, dont le père s’est fait un nom honorable dans un genre secondaire, exposa en 1839 une Charité. Aujourd’hui, il a fourni au salon un Christ au Tombeau (n° 662). Cet ouvrage pèche surtout par un ton général vert et livide qui couvre non-seulement le corps du Sauveur, mais l’œuvre tout entière. Nous ne pouvons que recommander des études sérieuses à M. Voordecker, s’il veut se tenir dans la route où il est entré et obtenir des succès réels dans la grande peinture historique.
  22. Antoine Massin, Bruxelles, Qui est qui en 1812 : Henri Voordeckers (sic), 33 ans, époux de Jeanne Guldentop (sic), artiste peintre, domicilié section 8, Éperonniers, n° 300, né à Bruxelles, ainsi que Jeanne Guldentop, 33 ans, domiciliée section 8, Eperonniers 300, née à Alost et réside à Bruxelles depuis 1800.
  23. L'Echo du Parlement, dans son édition du 7 décembre 1861 relatant les funérailles d'Henri Voordecker, écrit également que C’est avec un sentiment de regret et de vénération que l’on visitait aujourd’hui l’atelier où Voordecker a travaillé pendant quarante-cinq ans, rue de la Putterie. Son dernier tableau, inachevé, se trouve encore sur le chevalet, et rien d’après le désir persistant de l’éminent et vieil artiste, n’avait été changé dans le local occupé par son atelier depuis près d’un demi-siècle.
  24. En 1821, son épouse est morte à la rue de la Putterie, mais le numéro de maison donné est le n° 466.
  25. Bredius 1885, p. 134.
  26. Bénézit 1924, p. 1021.
  27. Bryan 1889, p. 683.
  28. Catalogue, Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et dessin, exécutés par des artistes vivans, et exposés au musée de Bruxelles, le 1er mai 1815, Bruxelles, Adolphe Stapleaux, , 60 p. (lire en ligne), p. 19-20.
  29. Wilenski 1960, p. 681.
  30. Pauwels de Vis 1843, p. 246.
  31. Voyez [1].
  32. Journal de Bruxelles, 8 mars 1841
  33. Bruxelles, acte de décès n° 5499. Du quatrième jour du mois de décembre l’an mil huit cent soixante-et-un, à dix heures du matin, Acte de décès de Henri Voordecker artiste peintre, chevalier des ordres de Léopold et de la Couronne de chêne des Pays-Bas, décédé le trois du mois à quatre heures du matin, rue de la Putterie, s(ecti)on 7, n° 25, âgé de quatre vingt deux ans, trois mois, neuf jours, né à Bruxelles, domicilié même maison, veuf de Marie Jeanne Guldentops, fils de Pierre Voordecker et d’Agnès Rega, conjoints décédés. Sur la déclaration de Jean François Wauvermans, gendre négociant, âgé de cinquante sept ans, et de François Voordecker, fils, artiste peintre, âgé de quarante trois ans, domiciliés en cette ville et ont signé. Dont acte dressé en la Maison communale par Nous, soussigné, Henri Vandermeeren, Officier de l’Etat Civil de la Ville de Bruxelles, duquel acte il leur a été donné lecture (suivent les signatures).
  34. Voyez le lien [2].
  35. Arrêté royal du 11 mars 1858, paru au Moniteur belge, cité in extenso par le Journal de Bruxelles du 12 mars 1858.
  36. L’Echo du Parlement, du 7 décembre 1861, en première page, relate les funérailles d’Henri Voordecker et donne le discours de Navez prononcé sur la tombe. Aujourd’hui, à dix heures du matin, ont eu lieu les funérailles de M. Henri Voordecker, le doyen des artistes peintres de la Belgique. Un cortège très-nombreux s’est formé à la maison mortuaire, rue de la Putterie. Les jeunes artistes peintres de la capitale se disputaient l’honneur de porter le cercueil, qui était recouvert des attributs de la peinture, des décorations des Ordres de Léopold de Belgique, de la Couronne de Chêne des Pays-Bas, de la médaille spéciale qui lui fut décernée par la ville de Bruxelles et remise par le prince d’Orange, le 18 juin 1819, en reconnaissance des services qu’il avait rendus en qualité de garde urbain. Il n’y eut que 27 membres de la milice citoyenne bruxelloise qui obtinrent cette distinction. Non-seulement tous les artistes peintres de Bruxelles, mais des députations d’artistes d’Anvers et des diverses provinces, les artistes les plus distingués des différents genres, peinture, gravure, architecture, etc. des membres de l’Académie royale de Belgique, classe des beaux-arts, ayant à leur tête M. Navez, directeur, des fonctionnaires du gouvernement et une foule d’autres notabilités, étaient venus rendre les derniers devoirs au Nestor des peintres de genre. Le chœur et la grande nef de Sainte-Gudule pouvaient à peine contenir la masse des assistants. Les honneurs funèbres militaires ont été rendus à la dépouille mortelle par un détachement de chasseurs-carabiniers. Après le service religieux, le convoi s’est dirigé vers le cimetière au milieu d’une foule recueillie. Au moment où la tombe allait se fermer, M. Navez a prononcé des adieux où il a rappelé les qualités éminentes du défunt ; il s’est exprimé en ces termes : Messieurs, les sentiments de respect que je viens exprimer sur cette tombe seront partagés par tous ceux qui ont connu l’homme respectable et le beau talent que la mort vient d’enlever de ce monde après une carrière longue et bien remplie. Henri Voordecker est un enfant de Bruxelles, et il n’était pas, dans sa ville natale, un seul artiste qui n’éprouvât pour lui une respectueuse sympathie. Les plus anciens lui vouaient une amitié fondée sur des qualités solides qu’ils avaient su apprécier dans une longue familiarité ; les plus jeunes voyaient en lui le doyen, le patriarche des peintres. Le genre qu’il avait choisi s’accordait avec la douceur et l’égalité de son caractère modeste et sans prétention ; il n’abordait que des sujets simples et gracieux ; aussi avait-il acquis dans sa spécialité une réputation justifiée par ses nombreux succès ; ses tableaux étaient recherchés des amateurs et tiennent leur rang dans un grand nombre de collections. Voordecker eut le privilège de désarmer l’envie ; sa supériorité lui fit peu de jaloux, parce que le genre qu’il avait choisi passait pour un genre secondaire. On peut dire qu’il l’avait poussé à la perfection par sa patience et le soin minutieux de son pinceau. Plusieurs de ses œuvres sont de petites perles qui forment l’ornement des cabinets. Personne ne savait peindre avec une pareille originalité les hôtes si variés de nos colombiers. Voordecker a travaillé jusqu’à la fin de sa longue carrière. Il a vu son mérite modeste récompensé par le Roi qui lui a conféré la croix de son Ordre ; il fut aussi décoré de l’ordre de la Couronne de Chêne des Pays-Bas. Les qualités personnelles, l’aménité de son caractère, le rendaient surtout aimable. Point de fête artistique sans son concours ; toujours actif malgré les années, bien que la Providence lui eût départi une existence plus prolongée que celle de la plupart des hommes, il nous est permis de regretter qu’elle se soit arrêtée trop tôt, et il nous est permis aussi d’éprouver un pénible sentiment le jour de la séparation. Adieu, Voordecker ! toi qui est le plus ancien de mes amis ; ta vie honnête et pure me donne l’espoir que tu habites maintenant un mode meilleur que celui que tu nous as laissés. Reçois le témoignage de mes regrets et de ceux de mes amis et confrères qui te rendent les derniers devoirs. Ces paroles, écoutées dans un silence religieux, ont vivement impressionné les assistants.
  37. Journal de Bruxelles du 26 juillet 1862, page 4.
  38. « Bruxelles, capitale de la Belgique : Musée royal de peinture et de sculpture de Belgique », dans Dictionnaire des musées, (lire en ligne), p. 281
  39. Voyez [3].
  40. Voyez [4].

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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