Hedia Bensahli
Hedia Bensahli, née à Ténès, est une écrivaine algérienne. Elle vit depuis 2000 en France où elle enseigne. Son essai L’Algérie juive. L’autre moi que je connais si peu, paru en 2023, est censuré en Algérie en 2024.
Biographie
Hedia Bensahli grandit à Blida en Algérie où son père est affecté dans le cadre de ses fonctions. Elle fréquente le lycée de jeunes filles El Feth.
Hedia Bensahli est titulaire d’un master en littérature à l’université d’Alger et d’un Diplôme d'études approfondies (DEA) en didactologie des langues et des cultures à l'université Paris-III-Sorbonne-Nouvelle[1].
Entre 1991 et 1996, Hedia Bensahli contribue aux activités de recherche, initiées à l’Université Saâd Dahlab de Blida, par l’équipe de son Institut des Langues Étrangères (ILE), en collaboration avec une équipe universitaire nancéienne dirigée par le professeur Henri Holec, alors directeur du Centre de recherches et d'applications pédagogiques en langues de Nancy (C.R.A.P.E.L.). L’objet étant la mise en place d’une licence de français sur objectifs spécifiques à l’ILE. Elle occupe ensuite le poste de directrice des Études de l’ILE.
Hedia Bensahli enseigne d’abord les Lettres Modernes au lycée, puis la linguistique générale et la didactique de l’enseignement, de la compréhension écrite à l’Université Saad Dahleb à Blida, durant les années 1990.
Durant ces années noires que traverse l’Algérie, Hedia Bensahli continue, comme ses collègues, à assurer ses cours et ses travaux dirigés à l’université de Soumaa dans des conditions difficiles, essentiellement à cause de son refus de porter le voile et sa ferme volonté de vouloir rester libre.
En 2000, saturée, épuisée psychologiquement devant la perte tragique d’étudiants, amis et voisins, elle décide de s’exiler pour se reconstruire et poursuivre sa formation doctorale sous la direction de Francine Cicurel, professeur à Paris III. Pour des raisons personnelles, elle décide de mettre fin à cette recherche et se consacrer à l’enseignement secondaire et accessoirement à la photographie, puis par la suite à l’écriture. Sur l’incitation de ses amis et les encouragements du directeur de la maison d’éditions Frantz Fanon, Amar Ingrachen, elle publie son premier roman Orages[2] en 2019 puis L’Agonisant[3] en 2020 et L'Algérie juive en 2023.
Œuvres et accueil critique
Orages de Hedia Bensahli revient sur le sort de femmes victimes de la phallocratie[4] et des sociétés patriarcales. Le personnage principal à qui l’auteure ne donne pas de nom, veut, dès son enfance s’imposer par sa rébellion et ses envies d’émancipation. Arrivée en France, elle découvre le déchirement identitaire et le choix entre l’intégration et/ou l’attachement à ses origines[5],[6].
L'Agonisant est le deuxième roman de Hedia Bensahli. Dans cette œuvre, la romancière réhabilite la puissance de l'art[7] à réaliser la métamorphose de la « chrysalide », entendue ici comme la métaphore d'un pays. Elle conçoit les mots du poète comme des boulets de canon et les crayons du peintre (Egon Schiele) comme des lames destinées à ciseler la réflexion.
L’Algérie juive. L’autre moi que je connais si peu paru en 2023 et préfacé par Valérie Zenatti, écrivaine franco-israélienne issue d’une lignée juive de Constantine, est un ouvrage sur la présence juive en Algérie. Le livre présente les traces de judéité qui parcourent l’histoire de l’Algérie, à « l'opposé du récit officiel sur son homogénéité arabo-musulmane »[8],[9]. En 2024, le député Zouheir Fares, du parti islamiste El-Bina, publie une lettre ouverte où il demande aux autorités de prendre des mesures contre le livre. Il dénonce une forme de « normalisation culturelle avec les sionistes ». Le livre est interdit en Algérie, la police algérienne effectue, en octobre 2024, des interventions dans plusieurs librairies pour retirer de la vente les exemplaires de l’ouvrage[10],[11]. En janvier 2025, les éditions Franz-Fanon sont fermées pour six mois sur la base de l'édition du livre « dont le contenu porte atteinte à la sécurité et à l’ordre public ainsi qu’à l’identité nationale et colporte un discours de haine »[9].
Distinctions
Le roman Orages de Hedia Bensahli a remporté, en 2019, le prix littéraire Yamina Mechakra, qui récompense chaque année, trois œuvres littéraires de femmes algériennes écrites en français, en arabe et en tamazight[12],[13].
Bensahli est finaliste du prix Mohammed Dib en 2022 pour son deuxième roman, L'agonisant[14].
Notes et références
- ↑ Ali Bedrici, « Hedia Bensahli, romancière : « Sans culture, nous sommes voués à un horizon de pensée limité » », sur Liberté (Algérie), (consulté le )
- ↑ Hedia Bensahli, Orages, Algérie, Editions Frantz Fanon,
- ↑ Hedia Bensahli, L'Agonisant, Algérie, Editions Frantz Fanon
- ↑ https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2019/03/orages-de-hedia-bensahli-un-roman-%C3%A0-faire-chavirer-la-misogynie.html
- ↑ https://www.elwatan.com/edition/culture/parution-orages-un-poignant-roman-de-hedia-bensahli-10-07-2019
- ↑ Aomar Khennouf, « Un jour, un livre : Hedia Bensahli, orages »,
- ↑ Issam MERMOUNE, « « L’agonisant » de Hedia Bensahli, un roman sur la résistance par l’art », sur Algérie Cultures, (consulté le )
- ↑ « Réflexions critiques sur « L’Algérie juive » de Hedia Bensahli », sur Le Matin d'Algérie, (consulté le ).
- Frédéric Bobin, « En Algérie, une maison d’édition fermée en raison d’un livre sur l’héritage juif du pays », sur Le Monde, (consulté le ).
- ↑ « "الجزائر اليهودية".. استجوابات وسحب من المكتبات », sur Al-Araby Al-Jadid, (consulté le ).
- ↑ Jean-Louis Le Touzet, « Livres saisis, maison d'édition bannie… L’Algérie récuse son passé juif », sur Le Canard enchaîné, (consulté le ).
- ↑ https://www.aps.dz/culture/84091-le-prix-yamina-mechakra-decerne-a-trois-ecrivaines#:~:text=Le%20Prix%20Yamina%20Mechakra%20en,le%20prix%20du%20roman%20en
- ↑ « Hedia Bensahli au Centre culturel algérien (Paris) », sur Le Matin d'Algérie, (consulté le )
- ↑ Chroniques algériennes, 14 octobre 2023
Voir aussi
Liens externes
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