Guillaume Guillon Lethière

Guillaume Guillon Lethière
Julien Léopold Boilly, Guillaume Guillon Lethière (1822),
lithographie, New York Public Library.
Fonction
Directeur
Académie de France à Rome
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Division 16 du cimetière de Montmartre (d)
Nom de naissance
Guillaume Guillon dit Lethière
Nationalité
Formation
Activité
Parentèle
Mélanie Hahnemann (fille adoptive)
Jean-Joseph-Xavier Bidauld (beau-frère)
Eugénie Servières (belle-fille)
Autres informations
A travaillé pour
École des beaux-arts (en)
Membre de
Mouvement
Maître
Élève
Genre artistique
Distinction
Second prix de Rome en peinture de 1784
Vue de la sépulture.

Guillaume Guillon Lethière, né le à Sainte-Anne (Guadeloupe) et mort le à Paris, est un ancien esclave devenu peintre français et directeur de l'Académie de France à Rome.

Biographie

Guillaume Guillon Lethière naît esclave le à Sainte-Anne, dans la colonie de Guadeloupe. Il est l'enfant naturel de Marie-Françoise Dupepaye, une esclave métisse de l'île, et de Pierre Guillon, planteur et procureur du roi en Guadeloupe[1]. Son père ne le reconnaît à Paris que le , ainsi que sa sœur Andrèze, ne pouvant le faire plus tôt à cause du Code noir.

Guillaume Guillon Lethière présente dès l’enfance des dispositions pour la peinture qui décide son père à l’emmener en France. Ils quittent la Guadeloupe en juin 1774, à bord de L'Éveillé, et accostent à Bordeaux en .

Il est d'abord placé, sous le nom de « Letiers » (étant le troisième fils de la famille), chez le peintre Jean-Baptiste Descamps, professeur à l’école publique gratuite de dessin, nouvellement fondée à Rouen, où il fait en trois ans des progrès rapides. Il change plus tard son nom en « Lethiers », puis en « Lethière » qu'il conserve finalement, même si de nombreuses œuvres sont signées « Le Thière ». Il vient ensuite à Paris en 1777, et entre chez le peintre du roi, Gabriel-François Doyen, chez qui il reste jusqu’en 1786. Il fréquente l'atelier de David, chez qui il ne fut jamais élève, où ses camarades le rebaptisent en « Lethière »[réf. nécessaire].

Le prix de Rome

Ayant remporté le second prix de Rome en 1784, dont le sujet était La Cananéenne aux pieds de Jésus-Christ, il part pour Rome. En 1787, il a un fils naturel, Alexandre, avec Marie-Agathe Lapôtre. En 1788, il peint la première version du Brutus condamnant ses fils à mort (Clark Art Institute). Cette version est présentée deux fois aux Salons de 1795 et 1801. Il modifiera cette première composition lorsqu'il peindra en 1811 la grande version aujourd'hui au Louvre. Le geste du bourreau montrant la tête décapitée est modifié pour en atténuer la violence.

De retour à Paris en 1792, il prend le parti de La Révolution et traçe sur le papier et la toile les exploits du général Dumas[réf. nécessaire].

Le , il épouse à Brunoy Marie-Joseph-Honorée Vanzenne, née en 1762 à Bruxelles, veuve de Pierre Charen dont elle avait eu une fille, la future peintre Eugénie Servières. Elle lui donnera un fils, Auguste, en 1796.

En 1799, Pierre Guillon a pu légitimer son fils Guillaume et en faire son héritier. À partir de ce moment, Guillaume a ajouté Guillon à son nom de famille, mais a continué à utiliser le nom de Lethière, qu'il avait adopté à son arrivée en France[3].

En 1800 et 1801, Guillon Lethière accompagne Lucien Bonaparte, le frère de Napoléon, fraîchement nommé ambassadeur en Espagne, où il travaille à constituer une collection d'art pour le prince impérial.

L'enseignant

Au début de l'Empire, Lethière ouvre un atelier à Paris près de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, au 9, rue Childebert, que les élèves surnomment « La Childebert », un endroit où l'on pratique à la fois l'escrime et la peinture, et où l'on refait le monde et la mode. En 1803, une rixe éclata au Café militaire de la rue Saint-Honoré, le conflit dégénéra. Lethière tue un des officiers et blesse les autres. Son atelier est fermé et il part en exil en Allemagne avec Lucien Bonaparte.

Ce dernier insiste pour qu'il soit nommé à la tête de l'Académie de France à Rome. Il le fut par décret du , puis renouvelé jusqu'à , pour être remplacé par Pierre-Narcisse Guérin, par une ordonnance du roi[4].

De retour de la villa Médicis en 1816, il rouvre son atelier dans le quartier Saint-Germain-des-Prés, au 9, rue Childebert, d’où sortirent nombre d'artistes, en particulier de nombreuses femmes mais aussi des artistes tels que le guadeloupéen Jean-Baptiste Gibert (1803-1889), premier prix de Rome de paysage historique en 1829, et le célèbre peintre français de l'école de Barbizon, Théodore Rousseau (1812-1867).

Il reçoit les insignes de chevalier de la Légion d'honneur en 1818[5],[6].

Il est nommé professeur de l’École des beaux-arts de Paris le en remplacement d'Étienne-Pierre-Adrien Gois[7]. Il fait quatre fois le voyage d’Italie, d’Angleterre et d’Espagne. Il termine sa carrière académique en tant que membre de l'Institut de France[3].

Il a été inhumé le au cimetière de Montmartre 16e division non loin de la tombe de son père, Pierre Guillon[8].

Élèves

Œuvre

Ayant été témoin des efforts tentés par d’éminents artistes pour ramener la peinture à l’étude de l’antique, il était décidé à suivre cette voie. Ses succès furent grands à Rome et ses études très remarquées en France.

En 1795, s'éloignant du néo-classicisme, il présente au Salon un tableau qui peut-être considéré comme l'un des premiers témoignages du style troubadour, Herminie et les Bergers (musée d'Art de Dallas) qui trouvera quelques années plus tard un véritable épanouissement dans les milieux proches de l'impératrice Joséphine.

Le Serment des Ancêtres

Premier homme de couleur à s’imposer dans le monde de la peinture occidentale, Lethière a peint un tableau représentant Alexandre Pétion et Jean-Jacques Dessalines, intitulé Le Serment des ancêtres et signé « Lethière, né à la Guadeloupe », qu’il offrit à la nouvelle République d’Haïti.

L'Empire


Dessins

  • Ensemble de douze études pour le tableau La Mort de Virginie, Musée du Louvre
    • Étude d’ensemble pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), plume, encre brune, papier, 20 × 38 cm[38]
    • Étude d’ensemble pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), plume, lavis brun, gouache, 29 × 54 cm[39]
    • Étude d’ensemble pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), fusain, craie, 32 × 54 cm][40]
    • Étude du groupe de Virginie, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), 31 × 45 cm, Crayon graphite[41]
    • Étude du groupe de Virginie, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), 27 × 24 cm, Graphite[42]
    • Étude du groupe de Virginie, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), 29 × 22 cm, pierre noire, estompe, craie blanche[43]
    • Étude du groupe de Virginie, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), 32 × 36 cm, graphite, craie[44]
    • Étude d’homme nu, un poignard à la main, pour le tableau La Mort de Virginie (1795-1828), graphite, 34 × 24 cm[45]
    • Étude d’armes en faisceau (1795-1828), fusain, 32 × 54 cm[46]
    • Groupe de personnages autour d’un oiseau sur un perchoir, pierre noire, 29 × 21 cm[47]
  • Académie d’homme, de profil à droite, assis, la jambe gauche repliée (Salon de 1831), pierre noire, 29 × 54 cm, musée du Louvre[48]
  • Paysage avec des rochers et des arbres, craie blanche, mine de plomb, 137 × 210 cm, musée du Louvre[49]

Distinctions

Postérité

Estampes d'interprétation

Publications

  • (en) Descriptive synopsis of the Roman gallery, (in the Egyptian Hall, Piccadilly,) with its magnificent decorations; consisting of antique marbles, jasper, agate, &c. in vases, tablets, and tazzas; and superb pictures of the ancient and modern masters; including the great and celebrated picture of The judgment of Brutus upon his sons; painted by the president of the academy at Rome, Paris, London Museum, (OCLC 4525794).
  • Séance publique […] du 1er octobre 1831, Paris, Firmin-Didot, (OCLC 799689650).
  • Le Médicament, Paris, A. Parent, (OCLC 432155958).

Expositions

Le Clark Art Institute et le Musée du Louvre collaborent sur la réalisation d'une grande exposition de ses œuvres. Elle est d'abord installée aux États-Unis jusqu'au , puis à Paris du au [1].

Hommage

À Sainte-Anne, une rue porte son nom, rue Lethière et dans le quartier de Ffrench se trouve une sculpture monumentale de Richard-Viktor Sainsily Cayol le représentant[1].

Expositions monographiques

  • Guillon Lethière. Né à la Guadeloupe, du 13 novembre 2024 au 17 février 2025, musée du Louvre[51].

Notes et références

  1. Carole Petit, « Guillaume Guillon Lethière (1760-1832), né esclave à la Guadeloupe et grand peintre reconnu de son temps, sort de l'oubli », sur France Info Guadeloupe La 1ère, (consulté le )
  2. Maria Tsaneva.- Ingres: 107 Paintings and Drawings,2014, page 1782
  3. Biographie Detroit Museum
  4. François Fossier, Les directeurs de la Villa Médicis au XIXe siècle. Correspondance de Guillaume Guillon-Lethière (1807-1816), Paris, L'Harmattan, 2018, 466 p. (ISBN 9782343147093).
  5. Digital Collection-Lethière, [Guillaume, Guillon ; Membre de la Légion d'honneur.
  6. « Cote LH/1621/27 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  7. François-Joseph Heim lui succèdera (cf. Frédéric Chappey, « Les Professeurs de l'École des Beaux-Arts (1794-1873) », Romantisme , no 93, 1996, pp. 95-101).
  8. Henry Jouin, « La sculpture dans les cimetières de Paris : II-Cimetière du Nord (Montmartre) », Revue de l'art français ancien et moderne, 3e série, t. XIII,‎ , p. 274 (lire en ligne)
  9. Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936
  10. Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l'école française au XIXe siècle, Paris, Madame Vergne, 1831, 709 p.
  11. Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936, sur Wikisource.
  12. Musée des peintres de Barbizon : Théodore Rousseau et la critique.
  13. Camille, Rhode Island
  14. (en) Brutus, Clark Institut
  15. Croix, Toulouse
  16. Déposition, Dijon
  17. Erminie, Dallas
  18. Caton, Ermitage
  19. Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p.
  20. Philoctète, Pointe-a-Pitre
  21. J. Femme, Worcester
  22. Pascal DUPUY, « La patrie en danger », Histoire par l'image, consulté le 28 mai 2020
  23. Victoire, Louvre
  24. Virginie, Los Angeles
  25. Préliminaires paix, Versailles
  26. Leoben, Versailles
  27. Danube, Versailles
  28. Elisa B. Versailles
  29. Joséphine de B. Versailles
  30. Brutus, huile base Joconde
  31. Marie-Pierre Salé, « Un rapport complexe à l’histoire », Grande Galerie - Le Journal du Louvre,‎ .
  32. Serment, Haïti
  33. St Louis, Bordeaux
  34. St Louis Abbeville
  35. St Louis, Versailles
  36. Virginie, Louvre
  37. Virginie, Lille
  38. Virginie ensemble, Encre, Base Joconde
  39. Virginie ensemble, Lavis, Base Joconde
  40. Virginie ensemble, fusain, Base Joconde
  41. Groupe Virginie, graphite 1, Base Joconde
  42. Groupe Virginie, graphite 2, Base Joconde
  43. Groupe Virginie, Pierre noire, Base Joconde
  44. Groupe Virginie, Grphite, craie, Base Joconde
  45. Poignard, dessin, Louvre
  46. Faisceau, dessin, Louvre
  47. Oiseau, dessin, Louvre
  48. Académie, Louvre
  49. Paysage, Louvre
  50. « Guillaume Guillon-Lethière. Commémoration d'un peintre méconnu », sur Académie de la Guadeloupe (consulté le )
  51. Didier Rykner, « Guillon Lethière. Né à la Guadeloupe », sur La Tribune de l'Art, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • François Debret, Funérailles de M. Guillon Lethière : le mardi 24 avril 1832, Paris, Institut royal de France, (OCLC 879777151).
  • Quatremère de Quincy, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Lethière, Paris, 1837? (OCLC 28658631).
  • Alexandre Privat d'Anglemont, « La Childebert », in Paris anecdote, Paris, P. Jannet Libraire, 1854, pp. 171 à 198.
  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 30, Paris, Firmin-Didot, 1859, p. 1011-1012.
  • Charles Lefeuve, Histoire de Paris, rue par rue, maison par maison, Paris, 1875.
  • Bruno Foucart (introduction), Geneviève Capy et G.-Florent Laballe (texte), Guillaume Guillon Lethière, peintre d'histoire 1760-1832, Savigny-sur-Orge, Association des amis de Guillaume Guillon Lethière, (OCLC 28737394).
  • Geneviève Capy et G.-Florent Laballe, "Le Serment des ancêtres" de Guillaume Guillon-Lethière, peintre d'histoire, 1760-1832 : Fort-Delgrès, Basse-Terre, 18 avril au 28 mai 1998 (exposition), Savigny-sur-Orge, Association des amis de Guillaume Guillon Lethière, (OCLC 586307795).
  • Arlette Sérullaz, Guillaume Guillon dit Lethière, suite de douze dessins inédits pour La Mort de Virginie, Revue du Louvre, février 2005, pages 76 à 82.
  • François Fossier, Les directeurs de la Villa Médicis au XIXe siècle : correspondance de Guillaume Guillon-Lethière (1807-1816), Paris, L'Harmattan, , 455 p. (ISBN 9782343147093, OCLC 1047703229, BNF 45514474)
  • Marie-Pierre Salé, Musée du Louvre et Sterling and Francine Clark Art Institute, Guillon Lethière et ses mondes, Snoeck Publishers, coll. « Beaux Arts », , 432 p. (ISBN 9789461619259, SUDOC 281805156)

Liens externes

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