Groupe de Cremona
En géométrie birationnelle, le groupe de Cremona, nommé d'après Luigi Cremona, est le groupe des automorphismes birationnels de l'espace projectif de dimension sur un corps , également connus sous le nom de transformations de Cremona. Il est désigné par , ou .
Origines historiques
Le groupe de Cremona est introduit par le mathématicien italien Luigi Cremona[1]. Cependant, certains historiens considèrent Isaac Newton comme un « fondateur de la théorie des transformations de Cremona » grâce à ses travaux réalisés deux siècles auparavant, en 1667 et 1687[2],[3]. Hilda Phoebe Hudson apporte également sa contribution dans les années 1900[4].
Propriétés de base
Le groupe de Cremona est naturellement identifié au groupe d'automorphismes du corps des fonctions rationnelles à indéterminés sur . Ici, le corps est une extension transcendantale pure de , de degré de transcendance .
Le groupe projectif linéaire (en) est contenu dans . Les deux ne sont égaux que lorsque ou , auquel cas le numérateur et le dénominateur d'une transformation doivent être linéaires[5].
Le groupe de Cremona en 2 dimensions
En deux dimensions, Max Noether et Guido Castelnuovo montrent que est généré par la transformation quadratique standard ainsi que , bien qu'il y ait une certaine controverse sur la validité de leur preuve. Gizatullin donne en 1983 un ensemble complet de relations pour ces générateurs, ce qui clot la question[6].
La structure de ce groupe n’est pas encore bien comprise, bien que de nombreux travaux aient été menés pour trouver des éléments ou des sous-groupes de celui-ci.
- Dolgachev et Iskovskikh complètent en 2009 le classification des sous-groupes finis de [7].
- Cantat et Lamy prouvent en 2010 que pour un corps algébriquement clos , le groupe n'est pas simple[8].
- Blanc prouve en 2010 qu'il est topologiquement simple pour la topologie de Zariski[note 1],[9].
- Zimmermann calcule en 2018 l'abelianisé de . Cela permet de conclure qu'il y a pas d'analogue du théoreme de Noether–Castelnuovo dans ce contexte[10].
Le groupe de Cremona en dimensions supérieures
On sait peu de choses sur la structure du groupe de Cremona en dimension 3 et plus, bien que de nombreux éléments aient été décrits.
Il n'existe pas d'analogue du théorème de Noether-Castelnouvo, car Hudson a montré en 1927 que le groupe de Cremona en dimension au moins 3 n'est pas engendré par ses éléments de degré borné par un entier fixe[11].
Blanc montre en 2010 que le groupe de Cremona est (linéairement) connexe[9], répondant ainsi à une question de Serre[12]. En 2018, Blanc et Zimmermann parviennent à montrer que pour tout corps infini , les groupes sont topologiquement simple[note 1] pour la topologie de Zariski, et même pour la topologie euclidienne lorsque est un corps local[13].
En 2021, Blanc, Lamy et Zimmermann prouvent que lorsque est un sous-corps des nombres complexes et , alors est un groupe simple[14]. Cela répond a une question posée par Federigo Enriques en 1894[10].
Groupes de Jonquières
Un groupe de De Jonquières est un sous-groupe d'un groupe de Cremona de la forme suivante[15]. Soit une base d'une extension transcendante de . Alors un groupe de De Jonquières est le sous-groupe des automorphismes de laissant le sous-corps invariant, pour certains . Il a un sous-groupe distingué donné par le groupe de Cremona des automorphismes de sur le corps , et le groupe quotient est le groupe de Cremona de sur le corps . Il peut également être considéré comme le groupe des automorphismes birationnels du fibré .
Quand et , le groupe de De Jonquières est le groupe des transformations de Cremona fixant un faisceau de droites passant par un point donné, et est le produit semi-direct de et .
Voir aussi
Références
- ↑ Trkovská, « Luigi Cremona and his Transformations », WDS'08 Proceedings of Contributed Papers, MatfyzPress, , p. 32–37 (lire en ligne)
- ↑ Shkolenok, « Geometrical Constructions Equivalent to Non-Linear Algebraic Transformations of the Plane in Newton's Early Papers », Archive for History of Exact Sciences, vol. 9, no 1, , p. 22–44 (ISSN 0003-9519, lire en ligne)
- ↑ Bloye et Huggett, « Newton, the geometer », Newsletter of the European Mathematical Society, no 82, , p. 19–27 (MR 2896438, lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (en) « Hilda Hudson - Biography », Maths History (consulté le )
- ↑ « Cremona group - Encyclopedia of Mathematics », encyclopediaofmath.org (consulté le )
- ↑ M H Gizatullin, « DEFINING RELATIONS FOR THE CREMONA GROUP OF THE PLANE », Mathematics of the USSR-Izvestiya, vol. 21, no 2, , p. 211–268 (ISSN 0025-5726, DOI 10.1070/im1983v021n02abeh001789, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Igor V. Dolgachev et Vasily A. Iskovskikh, « Finite Subgroups of the Plane Cremona Group », dans Algebra, Arithmetic, and Geometry: Volume I: In Honor of Yu. I. Manin, Birkhäuser, , 443–548 p. (ISBN 978-0-8176-4745-2, DOI 10.1007/978-0-8176-4745-2_11, lire en ligne)
- ↑ (en) Serge Cantat, Stéphane Lamy et Yves de Cornulier, « Normal subgroups in the Cremona group », Acta Mathematica, vol. 210, no 1, , p. 31–94 (ISSN 1871-2509, DOI 10.1007/s11511-013-0090-1, lire en ligne, consulté le )
- Jérémy Blanc, « Groupes de Cremona, connexité et simplicité », Annales scientifiques de l'École normale supérieure, vol. 43, no 2, , p. 357–364 (ISSN 0012-9593 et 1873-2151, DOI 10.24033/asens.2123, lire en ligne, consulté le )
- « A propos des travaux de Susanna Zimmermann, médaille de bronze du CNRS 2020 | CNRS Mathématiques », www.insmi.cnrs.fr, (consulté le )
- ↑ (en) Hilda Phoebe Hudson, Cremona Transformations in Plane and Space, The University Press, (lire en ligne)
- ↑ « Séminaire Bourbaki, volume 2008/2009, Exposés 997-1011 », Astérisque, (ISSN 0303-1179 et 2492-5926, DOI 10.24033/ast.809, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Jérémy Blanc et Susanna Zimmermann, « Topological simplicity of the Cremona groups », American Journal of Mathematics, vol. 140, no 5, , p. 1297–1309 (ISSN 1080-6377, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Jérémy Blanc, Stéphane Lamy et Susanna Zimmermann, « Quotients of higher-dimensional Cremona groups », Acta Mathematica, vol. 226, no 2, , p. 211–318 (ISSN 1871-2509, DOI 10.4310/ACTA.2021.v226.n2.a1, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Vladimir L. Popov, Some subgroups of the Cremona groups, (DOI 10.48550/arXiv.1110.2410, lire en ligne)
Notes
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