Grotte de Bolomor

Grotte de Bolomor
Cova de Bolomor

Os pariétal néandertalien
Localisation
Pays Espagne
Région Communauté valencienne
Province Valence
Commune Tavernes de la Valldigna
Type Grotte à fossiles néandertaliens
Coordonnées 39° 03′ 35″ nord, 0° 15′ 00″ ouest
Altitude 100 m
Histoire
Époque Paléolithique moyen
Géolocalisation sur la carte : Espagne
Grotte de Bolomor
Géolocalisation sur la carte : Communauté valencienne
Grotte de Bolomor
Géolocalisation sur la carte : province de Valence
Grotte de Bolomor

La grotte de Bolomor est un site préhistorique du Paléolithique moyen, dont l'occupation humaine s'étend d'environ 350 000 à 121 000 ans avant le présent (AP). Elle a notamment livré des restes fossiles néandertaliens et des outils lithiques moustériens. Elle est située dans la commune de Tavernes de la Valldigna (comarque de Safor), dans la province de Valence, dans la Communauté valencienne, en Espagne[1],[2].

Situation

La grotte de Bolomor se trouve dans la vallée de la Valldigna, délimitée au nord par la chaine de montagnes des Creus, dont les reliefs fortement érodés s'inclinent vers la vallée, et au sud par la chaine de Mondúver. La vallée est recouverte par des sédiments du Pléistocène et s'ouvre à l'est sur un paysage marécageux ponctué de dunes, qui jouxte la plaine côtière méditerranéenne. La grotte de Bolomor se trouve sur le côté droit d'une falaise. C'est une grotte karstique entourée de collines karstifiées. L'entrée actuelle de la grotte surplombe la vallée à une altitude d'environ 100 mètres et offre une vue sur la zone côtière, y compris la ville de Cullera.

Historique

En 1867, le géologue Juan Vilanova y Piera et le naturaliste Eduardo Boscá explorèrent la cavité et rassemblèrent divers vestiges archéologiques qui furent donnés au Musée archéologique national de Madrid. Les fouilles furent poursuivies à partir de 1880 par le géologue Leandro Calvo, puis par Gabriel Puig y Larraz[4]. En 1913, Henri Breuil visita la grotte en compagnie de Leandro Calvo. Plus tard, en 1923, la Commission du collège des médecins de Madrid explora sans succès la grotte à la recherche de restes humains. En 1932, Lluís Pericot i Garcia y récolta divers vestiges qui finirent à l'Institut de paléontologie humaine de Paris grâce à Henri Breuil. En 1935, une exploitation d'extraction de la pierre lancée sur le site aurait détruit environ 70 % du gisement archéologique.

Le site est fouillé chaque année depuis 1989, sur une période de 30 jours. Les recherches sont financées par le Service de recherche préhistorique de Valence. Les vestiges archéologiques sont déposés au Musée de la préhistoire de Valence.

Description

À la suite d'effondrements successifs, la grotte ressemble aujourd'hui à un abri sous roche. Elle mesure environ 35 mètres de long, 17 mètres de large et 20 mètres de profondeur, avec un intérieur irrégulier. C'était autrefois une grotte beaucoup plus vaste, avant que son toit s'effondre (probablement en raison d'une activité sismique).

Stratigraphie

Les fouilles ont mis en évidence 17 couches stratigraphiques, datées d'environ 350 000 à 121 000 ans AP[5]. Trois périodes principales d'occupation ont été reconnues : il y a environ 350 000 ans, d'environ 200 000 à 150 000 ans et il y a 121 000 ans[6].

Vestiges humains

Quatre restes fossiles néandertaliens ont été trouvés lors des fouilles commencées en 1989 : un fragment de fibula, deux dents, et l'os pariétal presque complet d'un adulte. Tous sont datés d'environ 130 000 ans AP. L'épaisseur de l'os cortical de la fibula l'attribue à l'Homme de Néandertal[7].

Vestiges de faune

Les occupants de la grotte se nourrissaient d'une grande variété d'animaux, notamment des ongulés de toutes tailles, des tortues terrestres et des oiseaux[8]. Des restes de jeunes éléphants apparaissent dans la plupart des couches. On note également la fréquence des restes de lapins portant des marques de découpe. Des proies aussi petites et rapides sont inhabituelles au Paléolithique moyen[9].

Toutes les proies, y compris les jeunes éléphants, ont dû être remontées par la pente raide donnant accès à la grotte, située à une altitude d'environ 100 mètres.

Outils lithiques

L'industrie lithique trouvée dans la grotte était orientée vers la production d'éclats, qui étaient régulièrement réaffutés. Aucun biface acheuléen n'a été trouvé, ce qui indique que l'occupation de la grotte se situe entièrement au Paléolithique moyen[10]. La grotte de Bolomor est l'un des nombreux sites européens qui attestent de l'usage de la méthode Levallois, une technique de taille associée au Moustérien, comportant une réduction longue et complexe d'un nucléus destinée à produire des éclats de forme prédéterminée[11]. Des grattoirs et des outils denticulés alternent selon les couches[12].

Quinze foyers ont été identifiés, dont l'âge s'échelonne entre 250 000 et 120 000 ans. Certains d'entre eux étaient entourés de pierres[13].

Notes et références

  1. (ca) Cova de Bolomor - Site Museu de Prehistòria de València
  2. (es) Cueva de Bolomor - Site mapa.gob.es
  3. F. Chiner
  4. (es) Gabriel Puig y Larraz, Cavernas y simas de España descripciones recogidas, coordinadas y anotadas, Madrid, Vda. é Hijos de M. Tello,
  5. (en) Barkai Ran et Gopher Avi, « Cultural and Biological Transformation in the Middle Pleistocene Levant: A View from Qesem Cave, Israel », Dynamics of Learning in Neanderthals and Modern Humans, vol. 1,‎ (ISBN 9784431545118)
  6. (es) Fumanal M.P., « El yacimiento premusteriense de la Cova de Bolomor », Cuadernos de geografia, vol. 54,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Ruth Blasco et Josep Fernández Peris, « Middle Pleistocene bird consumption at Level XI of Bolomor Cave (Valencia, Spain) », Journal of Archaeological Science, vol. 36,‎ (lire en ligne)
  8. (en) Blasco R. et Fernández Paris J., « A uniquely broad spectrum diet during the Middle Pleistocene at Bolomor Cave », Quaternary International,‎
  9. (en) Stiner Mary C., « An Unshakable Middle Paleolithic?: Trends versus Conservatism in the Predatory Niche and Their Social Ramifications », Current Anthropology, Chicago, vol. 54,‎ (lire en ligne)
  10. Alain Turq, « L'Acheuléen », Paléo, Revue d'Archéologie Préhistorique,‎ (lire en ligne)
  11. (en) Moncel Marie-Hélène, Moigne Anne-Marie, Sam Youssef, Combier Jean, « The Emergence of Neanderthal Technical Behavior: New Evidence from Orgnac3 (Level1, MIS8), Southeastern France », Current Anthropology, vol. 52,‎ (lire en ligne)
  12. (en) De la Torre Ignacio, Martínez-Moreno Jorge, Mora Rafael, « Change and Stasis in the Iberian Middle Paleolithic: Considerations on the Significance of Mousterian Technological Variability », Current Anthropology, vol. 54,‎ , p. 320–336 (lire en ligne)
  13. (en) Roebroeks Wil, Villa Paola, Trinkaus Erik, « On the earliest evidence for habitual use of fire in Europe », NIH,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • (es) Calatayud P. M., Fumanal M. P., Valle R. M., Peris J. F., « Cova de Bolomor (Tavernes de la Valldigna, Valencia) primeros datos de una secuencia del Pleistoceno medio », Saguntum, vol. 27,‎
  • (es) Peris Josep Fernández, La Cova del Bolomor: Las Industrias Líticas del Pleistoceno Medio en el Ámbito del Mediterráneo Peninsular, Valence, J. Aguilar, (ISBN 978-84-7795-486-6)

Articles connexes

Liens externes

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