Grand Quartier général (Empire allemand)

Le Grand Quartier général (Großes Hauptquartier) était le centre de commandement des forces armées allemandes de 1870 à 1919. Il était composé des différentes armes (marine, aviation, infanterie) et de personnalités politiques de l'Empire allemand et de la confédération de l'Allemagne du Nord.

Membres importants

En 1914

À partir de 1915

  • Ministre prussien de la Guerre, Adolf Wild von Hohenborn
  • Secrétaire de légation ; représentant de l'Office des Affaires étrangères, Erich von Luckwald (de) (-1918[10],[11])
  • Chef d’état-major de l’amiral de la marine, Albert Scheibe (de) (février-)
  • Chef de l’aviation de campagne ; Chef d’état-major du commandant des forces aériennes, Hermann von der Lieth-Thomsen (-)
  • Officier de liaison austro-hongrois, Alois Klepsch-Kloth von Roden (cs) ([7]-1918)
  • Officier de liaison, Otto Kranzbühler (de) (-)
  • Plénipotentiaire militaire, Karl von Nagel zu Aichberg (de) (-)

À partir de 1916 ou 1917

  • Generalfeldmarschall et Chef du Grand État-Major, Paul von Hindenburg (-)
  • Général, Chef de l’état-major général et Chef du deuxième commandement suprême de l’armée, Erich Ludendorff (-)
  • Secrétaire d'état aux Affaires étrangères, Richard von Kühlmann (-, démission[12])
  • Chef d’état-major, Traugott von Sauberzweig (-)
  • Chef du département des chemins de fer, Oswald Lutz (-, démission)
  • Chef de l'interprétation et du chiffrement au département du renseignement, Curt Selchow (en) ([13]-)
  • Commandant des forces aériennes, Ernst von Hoeppner (-)
  • Général Intendant, Johann Georg von Dewitz (de) (-)
  • Plénipotentiaire militaire de Bavière, Bernhard von Hartz (de) (-)
  • Conseiller du quartier-maître général, Robert von Keyserlingk-Cammerau (de) (1917)
  • 2e adjudant du chef de la télégraphie de campagne, Ernst Sachs (en) (-)
  • Adjudant du plénipotentiaire militaire du Wurtemberg, Alfred Knoerzer (de) (1916-1918)
  • Représentant de l’état-major de l’amiral de la marine Chef adjoint de l’état-major de l’amiral de la Marine[14], Friedrich von Bülow (de) (-)
  • Représentation du chancelier du Reich, Karl Schwarzkopf (de) (1917-1918)
  • Conseiller de légation ; représentant de l'Office des Affaires étrangères ; représentant de la chancelière du Reich, Kurt von Lersner (1916-[15])
  • Géologue de guerre, Julius Ludwig Wilser (de) (1917-1918)

En 1918

Commission d'armistice

Histoire

Le Grand quartier général est créé pendant la guerre franco-allemande pour rassembler les représentants politiques et militaires de la Prusse afin d'y prendre les décisions majeures[31]. Au départ, les princes allemands s’y réunissent en tant que commandants de leurs contingents et de leurs armées. La présence du roi Guillaume Ier sur le champ de bataille va de soi pour ce monarque qui, selon son éducation et sa carrière professionnelle, est avant tout un officier et un soldat[32].

Première Guerre mondiale

En août 1914, son but est de concentrer les plus hautes compétences militaires et politiques entre les mains de l’empereur en tant que commandant suprême et chef de l’État, et donc aussi d’assurer l’uniformité de la politique et de la guerre. Il change de siège plusieurs fois pendant la guerre 1914-1918[32]. Du 2 au , c’est d’abord dans le bâtiment de l’état-major général à Berlin[8], puis du 16 au 30 août dans le Kaiser-Wilhelm-Realgymnasium de Coblence[33]. À partir du 30 août, il est dans l'ambassade d’Allemagne à Luxembourg. Le 25 septembre, il est à Charleville-Mézières près du front ouest. En avril 1915, il est transféré au château de Pleß pour mener l'offensive contre l'Empire Russe[34]. En février 1916, il retourne à Charleville-Mézières, et en août à Pleß. Du au , le Grand Quartier général est installé dans le Parkhotel Kurhaus à Bad Kreuznach et à Bad Münster am Stein-Ebernburg. L’empereur réside au château de Bad Homburg. Il accueille Eugenio Pacelli le au grand quartier général.

Le déclin

Le Grand quartier général est déplacé à Spa pour l'offensive de printemps 1918[35], qui est un échec pour l'Allemagne[36]. À Spa, l’Empereur réside dans le château de La Fraineuse de l’industriel belge Peltzer[37]. Les représentants allemands et autrichiens s'y rendent pour les conférences de Spa. Le Grand Quartier Général se rend compte que la guerre ne peut plus être gagnée à l'ouest. Néanmoins, le commandement suprême de l’armée met en garde contre des négociations de paix hâtives et, compte tenu de la supériorité des forces alliées, qui sont constamment renforcées, mieux approvisionnées et de plus en plus équipées de chars, abandonne à contrecœur un terrain qui n’est plus tenable. Le 14 septembre, Charles Ier d'Autriche tente de faire la paix avec les forces de l'Entente. Cependant, ils refusent car ils veulent négocier avec l'Allemagne en premier[38]. Le , le Conseil de la Couronne tient donc une réunion de crise au Grand Quartier général de Spa, à laquelle assistent l’empereur Guillaume II, le maréchal Hindenburg et le général Ludendorff, ainsi que le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Richard von Kühlmann, l’amiral Paul von Hintze, et le chancelier du Reich Georg von Hertling, représentant le gouvernement impérial[39]. L’empereur Guillaume nomme un chancelier par intérim, le prince Max de Bade, qui doit former un nouveau gouvernement et conclure immédiatement un armistice. Sur l’insistance de Ludendorff, le chancelier envoie une demande de négociations aux Américains le jour de la formation du gouvernement, le . De cette façon, l’armée a transféré la responsabilité au gouvernement civil. La réunion du Conseil privé du 29 septembre est également décrite comme le « début de la fin de l’Empire allemand »[40].

Après le retour à Berlin et l’accord sur les réformes d’Octobre comprenant la transformation du système de gouvernement en monarchie parlementaire, le Kaiser rencontre à nouveau Hindenburg et Ludendorff le au palais de Bellevue et destitue ce dernier à la demande du nouveau gouvernement du Reich, car il s’oppose à la démocratisation exigée par les Américains comme condition d’un armistice. L’ordre de retrait de la marine impériale le 24 octobre, qui déclenche la révolte des marins à Kiel quelques jours plus tard, s’inscrit dans cette stratégie de « bataille finale » développée par Ludendorff. Pour lui succéder, Hindenburg choisit le général Wilhelm Groener. Le , contre l’avis pressant du chancelier, l’empereur s’enfuit au Grand Quartier Général de Spa, échappant ainsi à la clarification de la question de plus en plus urgente du trône[41]. En conséquence, l’inquiétude du public au sujet d’un coup d’État accroit[42]. Au quartier général, l’empereur Guillaume voit les derniers jours de la guerre et le déclenchement de la révolution de novembre. Groener lance alors un ultimatum au gouvernement du Reich pour qu’il soumette une demande d’armistice.

Le 9 novembre, Guillaume informe le chancelier qu’il souhaite renoncer à la couronne impériale, mais rester roi de Prusse[43]. Cependant, le télégramme n’arrive à Berlin que vers midi, lorsque le chancelier du Reich annonce la renonciation de Guillaume aux deux couronnes. Parce que l’expansion des conseils d’ouvriers et de soldats dans toute l’Allemagne menace de créer un vide de pouvoir au sommet de l’État, Max de Bade cède par la suite son poste à Friedrich Ebert.  Entre-temps, un conseil de soldats a également été formé dans le Grand Quartier Général, et le Commandement de l’Armée n’a pas de troupes prêtes à être déployées contre le nouveau gouvernement. Le 10 novembre, Guillaume se rend de Spa à la frontière voisine avec les Pays-Bas et demande l’asile à la reine Wilhelmine. L'armistice avec l'Entente est signé le 11 novembre. L'abdication formelle de l'empereur n'a lieu que le 28 novembre puis le dernier prince allemand Guillaume de Wurtemberg renonce au pouvoir 2 jours plus tard[44].

Après l’armistice et la fuite de l’Empereur, la Commission allemande d’armistice (de) s’installe sur le site de l’ancien quartier général allemand. Le commandement de l’armée est transféré au château Wilhelmshöhe près de Cassel, où il reste jusqu’au . Pour la dernière fois, le quartier général est finalement transféré à Kołobrzeg. Un bataillon du régiment de grenadiers n° 5 y est transféré pour protéger l’OHL avec les citoyens de la ville en tant que Freikorps Hindenburg[45]. Le , Groener plaide pour l’acceptation du traité de Versailles et, deux jours plus tard, il prend la direction du quartier général de Kolberg après la démission de Hindenburg. Le Grand Quartier général est dissous le [42].

Références

  1. (de) Gustav Bachmann, Admiral Gustav Bachmann: Lebenserinnerungen und Tagebuch 1915, vol. 3 : Schriften zur Marinegeschichte, Hardback, (ISBN 978-3-506-79542-7, DOI 10.30965/9783657795420), p. 92
  2. (de) Bei Fritz Fischer, Deutschland zwischen Kabinettskrieg und Wirtschaftskrieg. Politik und Kriegführung in den ersten Monaten des Weltkrieges 1914, Historische Zeitschrift, , p. 405
  3. (de) Eberhard von Vietsch, Bethmann Hollweg. Staatsmann zwischen Macht und Ethos, Boppard, Boldt-Verlag, , p. 275
  4. (de) Manfred Nebelin, Ludendorff – Dictator im ersten Weltkrieg, Munich, Siedler, (ISBN 978-3-88680-965-3), p. 173-185
  5. (de) Heinrich August Winkler, Der lange Weg nach Westen. Deutsche Geschichte 1806–1933, Bonn, , p. 168
  6. (de) Hans-Georg Bartel, « Ein Geheimrat im Militärdienst », Physik Journal,‎ , p. 49-53
  7. (de) Peter Broucek, « Der k. u. k. Delegierte im Deutschen Großen Hauptquartier Generalmajor Alois Klepsch-Kloth von Roden und seine Berichterstattung 1915/16 », Militaergeschichtliche Zeitschrift, vol. 15, no 1,‎ , p. 111-113 (ISSN 2196-6850, DOI 10.1524/mgzs.1974.15.1.109, lire en ligne, consulté le )
  8. Gerhard P. Groß 2022, p. 3
  9. (de) « Militärischer Nachlass Friedrich Gustav Theodor von Graevenitz, General der Infanterie, Militärbevollmächtigter im Großen Hauptquartier, diensttuender Generaladjutant von König Wilhelm II. von Württemberg, *1861 +1922 (Bestand) - Deutsche Digitale Bibliothek », sur www.deutsche-digitale-bibliothek.de (consulté le )
  10. (de) Holger Afflerbach, Falkenhayn: Politisches Denken und Handeln im Kaiserreich, (ISBN 3-486-82982-3, lire en ligne), p. 373, 415
  11. (de) Karl-Heinz Janßen, Der Wechsel in der Obersten Heeresleitung 1916, in: Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, , p. 346
  12. Le Naour 2016, p. 281
  13. (en) Frode Weierud et Sandy Zabell, German mathematicians and cryptology in WW II, Cryptologia, , p. 125
  14. (de) Ernst Rudolf Huber, Deutsche Verfassungsgeschichte seit 1789, Stuttgart, W. Kohlhammer, , p. 272
  15. (de) Deutsche Biographie, « Lersner, Kurt Freiherr von - Deutsche Biographie », sur www.deutsche-biographie.de (consulté le )
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  17. Pierre Renouvin, La Crise européenne et la Première Guerre mondiale, Paris, Presses universitaires de France, , 779 p., p. 602
  18. Fischer 1970, p. 527.
  19. Le Naour 2016, p. 329-330.
  20. Fischer 1970, p. 625.
  21. Fischer 1970, p. 621.
  22. (de) Sönke Neitzel, Weltkrieg und Revolution. 1914–1918/19, Berlin, , p. 150
  23. Le Naour 2016, p. 280
  24. Pierre Jardin, « La fin de la guerre en Allemagne », Revue Historique des Armées, no 251,‎ , p. 4
  25. (de) Erich Ludendorff, Meine Kriegserinnerungen 1914–1918, Berlin, , p. 583
  26. (de) « Vgl. Rezension Biographische Skizze in: Kaiser Wilhelm II als Oberster Kriegsherr im Ersten Weltkrieg, hrsg. von Holger Afflerbach », Akademie Aktuell, Munich,‎
  27. (de) Matthias Erzberger, Erlebnisse im Weltkrieg. Deutsche Verlags-Anstalt, Berlin, Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart, , p. 326
  28. (de) Hans Joachim Gotthelf von Brockhusen-Justin, Der Weltkrieg und ein schlichtes Menschenleben, , p. 290
  29. (nl) « Sigurd von Ilsemann », sur www.huisdoorn.nl (consulté le )
  30. (de) Jutta Koslowski, Wer war Klaus Bonhoeffer? Annäherungen an einen unbekannten Widerstandskämpfer, Gütersloh, , p. 588
  31. Irene Strenge 2007, p. 13
  32. Archives fédérales Internet - Le Grand Siège de Sa Majesté l'Empereur et Roi [lire en ligne]
  33. Gerhard P. Groß 2022, p. 4
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  35. Irene Strenge 2007, p. 11
  36. (en) Peter Hart, 1918: A Very British Victory, Londres, Phoenix Books, (ISBN 978-0-7538-2689-8), p. 300
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  38. (de) Lorena König et Hubert Wolf, Friedensnote Kaiser Karls I. an alle kriegführenden Mächte vom 14. September 1918. In: Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929), Universität Münster (lire en ligne)
  39. « Deutsche Geschichten », sur www.deutschegeschichten.de, Berlin (consulté le )
  40. Reinhard Sturm: Vom Kaiserreich zur Republik 1918/19. In: Weimarer Republik. Bundeszentrale für politische Bildung, 23. Dezember 2011, abgerufen am 28. Juni 2021.
  41. (de) Eugen Mayer, Skizzen aus dem Leben der Weimarer Republik, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 53
  42. Deutsche Revolution. In: Bastian Eich u. a. (Red.), Manfred Görtemaker u. a. (Fachberater): Deutsche Geschichten. Bundeszentrale für politische Bildung, Berlin o. J., S. 1–4, Abruf im Juni 2021.
  43. Henning Steinhöfel: General Groener über seine Übereinkunft mit Friedrich Ebert [Ebert-Groener-Pakt], 9. November 1918, In: 100(0) Schlüsseldokumente zur deutschen Geschichte im 20. Jahrhundert. Onlineprojekt der Bayerischen Staatsbibliothek, Abruf im Juni 2021.
  44. Lois internes du Wurtemberg - Abdication du roi
  45. (de) Johannes Voelker, Geschichte der Stadt Kolberg. Unter Benutzung der einschlägigen Geschichtswerke von Riemann und Stroewer, Leichlingen, , p. 60

Voir aussi

Bibliographie

  • (de) Irene Strenge, Spa im Ersten Weltkrieg (1914–1918). Lazarett und Großes Hauptquartier. Deutsche Besatzungspolitik in Belgien, Wurtzbourg, Königshausen & Neumann, , 180 p. (ISBN 978-3-826-03693-4, lire en ligne).
  • (de) Hermann Cron, Geschichte des Deutschen Heeres im Weltkriege 1914–1918, Berlin, Militärverlag Karl Siegesmund, , p. 3-7.
  • (de) Gerhard P. Groß, Zentrum für Militärgeschichte der Bundeswehr, Das Große Hauptquartier im Ersten Weltkrieg, vol. 24, Berlin, de Gruyter, , 304 p. (ISBN 978-3-11-078000-0, lire en ligne).
  • (de) Walther Hubatsch, « Großes Hauptquartier 1914/18 : Zur Geschichte einer deutschen Führungseinrichtung », Ostdeutsche Wissenschaft, no 5,‎ , p. 422-461.
  • (de) Ernst Rudolf Huber, Deutsche Verfassungsgeschichte seit 1789, vol. 5 : Weltkrieg, Revolution und Reichserneuerung. 1914–1919, Stuttgart, Kohlhammer, (ISBN 3-170-01055-7), p. 197-198.
  • (de) Markus Pöhlmann, « Hauptquartiere », dans Gerhard Hirschfeld, Enzyklopädie Erster Weltkrieg, Paderborn, Schöningh, (ISBN 3-506-73913-1), p. 544-546.
  • (de) Eduard Friedrich, Das Grosse Hauptquartier und die deutschen Operationen im Feldzuge 1870 bis zur Schlacht von Sedan., , 112 p. (lire en ligne)
  • (de) Edmund Marhefka, Der Waffenstillstand 1918–1919. Das Dokumentenmaterial der Waffenstillstandsverhandlungen von Compiègne, Spa, Trier und Brüssel. Notenwechsel, Verhandlungsprotokolle, Verträge, Gesamttätigkeitsbericht. 3 volumes, Berlin, Deutsche Verlagsgesellschaft für Politik und Geschichte, .
  • Fritz Fischer (trad. Geneviève Migeon et Henri Thiès), Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale (1914-1918), Paris, , 654 p.
  • Jean-Yves Le Naour, 1918 : L'étrange victoire, Paris, Perrin, , 411 p. (ISBN 978-2-262-03038-4)

Liens externes

  • Great Spa towns of Europe - History [lire en ligne]
  • Archives fédérales Internet - Le Grand Siège de Sa Majesté l'Empereur et Roi [lire en ligne]
  • Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis [lire en ligne]

Articles connexes

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