Grande vitesse ferroviaire en Espagne

Avec ses 3 240 km en service début 2017[1], le réseau espagnol de grande vitesse est le plus étendu d'Europe et se classe deuxième à l'échelle mondiale derrière la Chine (11 132 km de LGV) et devant le Japon (2 664 km)[2] selon le dernier rapport UIC.

Les services ferroviaires de sept marques de trois opérateurs ferroviaires y opèrent:

Le développement des infrastructures espagnoles de grande vitesse, en particulier depuis les années 1990, ainsi que la construction locale du matériel roulant à grande vitesse ferroviaire, ont permis à ce pays ibérique d'acquérir un certain savoir-faire de telle manière à pouvoir s'exporter en Turquie et en Arabie Saoudite et à attirer l’intérêt de plusieurs autres dont le dernier fut les États-Unis[3],[4].

Caractéristiques

Les trains AVE circulent sur un réseau de lignes à grande vitesse à une vitesse maximum de 350 km/h.

Ce nouveau réseau a été construit dès le début avec un écartement standard UIC différent de l'écartement historique espagnol, ce qui a permis à partir du l'ouverture de services internationaux franco-espagnols, comme Madrid-Marseille et Barcelone-Paris. Il convient de rappeler qu'avant la conception du réseau à grande vitesse espagnol il existait des liaisons Paris - Madrid par trains de nuit sans rupture de charge grâce à un procédé inventé par le constructeur espagnol CAF permettant de modifier l’écartement des roues.

Tout comme le réseau de grande vitesse japonais, le réseau AVE est isolé du reste du réseau ferroviaire classique espagnol par l'écartement des rails (voie normale, au standard UIC soit 1 435 mm) à une différence près : alors que le train rapide japonais, le Shinkansen, ne peut continuer son trajet vers les villes secondaires situées sur le réseau classique métrique japonais, en Espagne, le TAV peut continuer le voyage vers le réseau large ibérique de 1 668 mm et de tension 3 kV grâce au procédé de modification d'écartement des roues inventé par la compagnie CAF et grâce aux rames TAV multi-courants.

Histoire du réseau LGV

Infrastructures

Lignes

Signalisation

LZB est installé sur la ligne Madrid - Seville ; ETCS sur la ligne Madrid - Barcelone.

Projets à l'horizon 2015

Une forte extension géographique de l'offre AVE est prévue par les autorités espagnoles, grâce à la construction de nouvelles lignes à grande vitesse par les chemins de fer espagnols (RENFE). Il est prévu que ce plan (PIT : Plan de Infraestructuras de Transporte pour « Plan d’infrastructures de transport ») aboutisse vers 2015. Il ambitionne de couvrir toute la péninsule ibérique[7].

Ce plan ambitieux ayant pour but d'aboutir à plus de 7 000 km de LGV opérationnelles en 2015, projette de relier toutes les capitales de province en moins de quatre heures avec Madrid, et moins de six heures trente avec Barcelone. Les critiques de ce projet soulignent que l'amélioration du réseau existant, de manière à augmenter la vitesse moyenne des trains régionaux espagnols aurait un impact beaucoup plus important sur l'économie et la vie des citoyens, tout en coûtant beaucoup moins cher à la collectivité et aux futurs utilisateurs.

Actuellement[Quand ?], il y a beaucoup de lignes secondaires ou rurales où la vitesse moyenne ne dépasse pas les 40 km/h. La vitesse à laquelle les trains relient certaines capitales provinciales est un peu meilleure. Par exemple, il faut treize heures pour couvrir les 784 km séparant León de Barcelone (vitesse moyenne de 60 km/h).

Il est par ailleurs à noter que l'Espagne, avec l'aide de l'Union européenne, s'est engagée dans un plan de conversion des principales lignes de son réseau ferré de l'écartement dit « ibérique » à l'écartement standard. Dans un premier temps, afin d'assurer la compatibilité avec les matériels roulants existants, des voies sont équipées et rénovées en double écartement.

Critiques

La grande vitesse représente 3 000 km de lignes, contre 13 000 km pour les lignes classiques, qui transportent 80 % des voyageurs. Cependant, les AVE accaparent la plupart des investissements, et les lignes classiques se dégradent. L'AVE est également devenu un symbole politique à mettre en avant : les responsables locaux, indépendamment de leur positionnement politique, réclament le passage de l'AVE dans leurs villes ou communauté autonome sans considération de fréquentation. Alors que l'Espagne a la densité de lignes à grande vitesse la plus élevée du monde, elle fait voyager le moins de passagers par kilomètre sur ce type de lignes[8].

La Cour des comptes européenne critique en 2010 une conception du réseau centrée sur Madrid, au détriment du corridor méditerranéen[9]. En 2018, un nouveau rapport critique la construction de lignes pour des raisons politiques, sans analyse du rapport coût/bénéfice et avec une faible rentabilité. Des surcoûts, des retards et une vitesse réelle inférieure aux prévisions nuisent aux lignes AVE. Les lignes sont peu fréquentées et les connexions avec la France ou le Portugal sont mauvaises[10].

De 1992 à 2017, 52 milliards d'euros ont été investis dans les lignes à grande vitesse, alors que les billets sont chers et que toutes les lignes à l'exception de Madrid-Barcelone sont déficitaires[11].

Relations sur les LGV

Corridor Sud

Relation Nom commercial Materiel Moteur
MadridSéville AVE S-100 Alstom
Madrid – Malaga AVE S-102 Talgo «Pato»
Barcelone – Séville

Barcelone – Málaga

AVE S-103 Siemens «Velaro»
Madrid - Ciudad RealPuertollano

Madrid – Tolède Séville – Cordoue - Málaga

Avant S-104 Fiat
Madrid – Cadix

Madrid – Huelva Madrid – Algésiras Madrid – Grenade

Altaria Talgo VI

Corridor Nord-Est

Relation Nom commercial Matériel Moteur
BarceloneMadrid AVE S-103 Siemens «Velaro»
FigueresMadrid AVE S-103 Siemens «Velaro»
Madrid – Saragosse AVE S-102 Talgo «Pato»

S-103 Siemens «Velaro»

Madrid – Huesca AVE S-102 Talgo «Pato»
Barcelone – Séville

Barcelone – Malaga Barcelone – Saragosse

AVE S-103 Siemens «Velaro»
Barcelone – Lérida

Calatayud – Saragosse Huesca – Saragosse

Avant S-104 Fiat
Madrid – Pampelune

Madrid – Hendaye Madrid – Logroño

Alvia S-120 CAF

Corridor Mediterranéen & Levante

Relation Nom commercial Materiel Moteur
Gijón – Alicante

Santander – Alicante

Alvia S-130 Talgo-Bombardier «Patito»

Les relations Avant

Les relations Avant sont au nombre de sept :

À Madrid, le terminus des trains AVE/Avant est la Gare d'Atocha. Pour les trains en provenance ou destination Valladolid et Ségovie, le terminus est la gare de Chamartín.

Notes et références

  1. (es) Antonio Alonso, Yolanda Clemente, Hugo Gutiérrez, Rodrigo Silva, « El AVE cumple 25 años: de Madrid-Sevilla a la liga mundial de la alta velocidad », EL PAÍS,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (es) Contabilidad Financiera y Social de la Alta Velocidad en España[PDF], centre de recherche FEDEA, , p. 3.
  3. (es) Les États-Unis souhaitent acquérir l'AVE, sur le site icex.es.
  4. (es) Le titulaire du US Transportation dit l'AVE espagnol est le meilleur du monde, sur le site politica.elpais.com.
  5. (es) « El AVE llega a Granada tras una década de obras », sur El País,
  6. (es) JOSÉ MARCOS et CRISTINA HUETE, « El AVE llega a Galicia tras un sinfín de plazos incumplidos y una inversión de más de 10.000 millones », sur elpais.com, .
  7. (es) Plan espagnol d'infrastructures de transport, sur le site delsolmedina.com.
  8. (es) Ramón Muñoz, « La fiebre por el AVE deja en el olvido el resto de la red de ferrocarril », sur elpais.com, (consulté le ).
  9. (es) « La UE critica el modelo radial de AVE que impulsó Álvarez-Cascos », sur lne.es, (consulté le ).
  10. (es) « La ruina del AVE en España: sobrecostes, retrasos y falta de pasajeros », sur elespanol.com, (consulté le ).
  11. François Musseau, « TGV, une fierté espagnole à deux vitesses », sur liberation.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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