Grand Prix automobile d'Italie 1968

Grand Prix d'Italie 1968
Données de course
Nombre de tours 68
Longueur du circuit 5,750 km
Distance de course 391 km
Conditions de course
Météo temps chaud et ensoleillé
Affluence 110 000 spectateurs
Résultats
Vainqueur Denny Hulme,
McLaren-Ford Cosworth,
h 40 min 14 s 8
(vitesse moyenne : 234,023 km/h)
Pole position John Surtees,
Honda,
min 26 s 07
(vitesse moyenne : 240,502 km/h)
Record du tour en course Jackie Oliver,
Lotus-Ford Cosworth,
min 26 s 5
(vitesse moyenne : 239,306 km/h)

Le Grand Prix d'Italie 1968 (XXXIX° Gran Premio d'Italia), disputé sur l'Autodromo nazionale di Monza le , est la cent-soixante-dixième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la neuvième manche du championnat 1968.

Grille de départ

Grille de départ du Grand Prix et résultats des qualifications[1]
1re ligne Pos. 1 Pos. 2 Pos. 3

Surtees
Honda
1 min 26 s 07

McLaren
McLaren
1 min 26 s 11

Amon
Ferrari
1 min 26 s 21
2e ligne Pos. 4 Pos. 5

Ickx
Ferrari
1 min 26 s 41

G. Hill
Lotus
1 min 26 s 57
3e ligne Pos. 6 Pos. 7 Pos. 8

Stewart
Matra
1 min 26 s 60

Hulme
McLaren
1 min 26 s 61

Bell
Ferrari
1 min 26 s 90
4e ligne Pos. 9 Pos. 10

Siffert
Lotus
1 min 26 s 96

Rindt
Brabham
1 min 27 s 30
5e ligne Pos. 11 Pos. 12 Pos. 13

Oliver
Lotus
1 min 27 s 40

Gurney
Eagle
1 min 27 s 61

Servoz-Gavin
Matra
1 min 27 s 63
6e ligne Pos. 14 Pos. 15

Hobbs
Honda
1 min 27 s 70

Rodríguez
BRM
1 min 28 s 20
7e ligne Pos. 16 Pos. 17 Pos. 18

Brabham
Brabham
1 min 28 s 80

Courage
BRM
1 min 29 s 10

Beltoise
Matra
1 min 29 s 30
8e ligne Pos. 19 Pos. 20

Bonnier
McLaren
1 min 30 s 55

Elford
Cooper
1 min 31 s 30

Déroulement de la course

Le départ est donné le dimanche après-midi, devant cent-dix mille spectateurs[2]. Il a plu durant la nuit, mais dès le matin le chaud soleil a totalement asséché la piste. En pole position, John Surtees effectue un démarrage parfait mais Bruce McLaren parvient à sa maintenir au niveau de la Honda, tandis que la Ferrari de Chris Amon, qui a trop fait patiner ses roues arrière est légèrement en retrait. À l'abord du premier virage, McLaren a pris un léger avantage sur ses poursuivants ; le pilote-constructeur négocie en tête la Curva Grande, menant un peloton très compact. McLaren va repasser devant les stands avec deux longueurs d'avance sur la Lotus de Graham Hill, qui a dépassé Surtees et Amon. Les vingt monoplaces sont alors groupées en moins de dix secondes mais une première scission va se produire, les trois derniers (Jean-Pierre Beltoise, Joakim Bonnier et Vic Elford) ne pouvant tenir plus longtemps la cadence de la McLaren de tête. Au troisième tour, alors que Hill vient de se faire déborder par la Matra de Jackie Stewart et la Honda de Surtees, Pedro Rodríguez s'arrête au stand, la commande d'accélérateur de sa BRM s'étant bloquée ; c'est avec un tour de retard qu'il reprendra la course. Au même moment, Elford se loupe à l'entrée de la «Parabolique» et sort de la piste, sans dommage pour lui. Grâce au phénomène d'aspiration, les douze premiers se tiennent en moins de quatre secondes, l'Eagle de Dan Gurney, treizième, étant légèrement décrochée. Peu après, une panne d'alimentation sur la Ferrari de Derek Bell réduit à onze le groupe de tête. Surtees dispose du moteur le plus puissant et se porte bientôt dans le sillage du leader. McLaren résiste quelque temps à ses attaques mais finit par céder au cours du septième tour. Le Britannique ne reste cependant pas longtemps au commandement : au passage suivant, la monoplace orange a repris la tête, Surtees se faisant également doubler par Amon, se retrouvant troisième juste devant la Lotus de Joseph Siffert. Dans le sillage de la McLaren de Denny Hulme depuis le départ, Jacky Ickx n'a pu se maintenir dans le groupe de tête : ne s'étant pas rendu compte qu'il avait laissé l'aileron arrière réglable en position inclinée après la sortie de la Curva Grande (le témoin lumineux du tableau de bord ne fonctionnant plus), la vitesse de pointe de sa Ferrari est réduite et il ne peut plus tenir la cadence[3]. La Matra de Johnny Servoz-Gavin et la Brabham de Jochen Rindt, qui suivaient le pilote belge, ont également perdu le contact avec les premiers qui ne sont désormais plus que huit, la Lotus de Jackie Oliver étant à la queue de ce groupe. Amon parvient à déborder McLaren dans la grande ligne droite. Il vire en tête dans la Curva Grande mais va perdre le contrôle de sa Ferrari dans le premier virage de Lesmo, probablement à cause d'une tâche d'huile sur la trajectoire ; en perdition, il sort de la piste et heurte le rail de sécurité, abandonnant sur place tout comme Surtees qui était alors dans ses roues et a dérapé en tentant de l'éviter. Les suivants immédiats ont dû lever momentanément le pied, permettant à McLaren (qui n'a pas été gêné) de prendre deux secondes d'avance sur ses poursuivants immédiats, qui ne sont maintenant plus que quatre, Oliver ayant perdu une quinzaine de secondes pour s'être mis en travers pour ne pas heurter les deux monoplaces en perdition. Après dix tours de course, accomplis à plus de 230 km/h de moyenne, McLaren compte une seconde et demie d'avance sur Stewart et Siffert, Hill et Hulme étant une seconde et demie plus loin. Respectivement sixième et septième, Ickx et Servoz-Gavin sont à sept secondes. Alors qu'il se rapprochait de Siffert, Hill va perdre une roue arrière au moment de négocier la deuxième courbe de Lesmo ; le Britannique réussit à s'échouer hors piste sans trop de dommage mais la course est finie pour lui. L'incident a gêné Ickx et Servoz-Gavin en a profité pour doubler la Ferrari. McLaren, Stewart et Siffert se regroupent en tête et vont dès lors échanger leurs positions à maintes reprises, Hulme se tenant tout d'abord légèrement en retrait avant de passer à l'attaque et de rejoindre le trio au cours du quinzième tour. N'ayant jamais pu se mêler à la lutte pour la victoire, faute de puissance, Gurney se retire au vingtième tour, moteur hors d'usage. Hulme s'est porté en tête, serré de très près par Siffert, Stewart et McLaren. Ces hommes possèdent alors dix-sept secondes d'avance sur Ickx, Servoz-Gavin et Rindt, qui perdent régulièrement une seconde à chaque boucle. Isolé en huitième position, Oliver accuse un retard de plus d'une demi-minute. Il devance de dix secondes un trio composé de la BRM de Piers Courage, la Brabham de Jack Brabham et la Honda de David Hobbs. Douzième, Beltoise est sur le point d'être rejoint par les leaders.

Malgré quelques dépassements réussis par Stewart, c'est maintenant Hulme qui semble maîtriser le mieux la situation, reprenant facilement le contrôle de la course peu après chaque attaque. McLaren va rester quelques tours à la deuxième place, ne portant aucune attaque contre son coéquipier, avant de se faire de nouveau déborder par Stewart et Siffert. Plus loin, la cinquième place est toujours très disputée entre Ickx, Servoz-Gavin et Rindt. À la fin du trentième tour, Stewart prend brièvement la tête, mais Hulme le redouble peu après. Alors qu'on approche de la mi-course, Rindt claque son joint de culasse et abandonne. La voiture de McLaren commence à fumer et le pilote-constructeur ne tarde pas à regagner son stand, où l'on tente de réparer une importante fuite d'huile. Il effectuera une boucle supplémentaire avant de renoncer. Ickx est donc quatrième, devant Servoz-Gavin et plus loin, Oliver. Ce dernier n'ira cependant pas très loin, lâché un peu plus tard par sa transmission. Hulme conserve l'avantage sur ses poursuivants, sans toutefois parvenir à les distancer. Grâce aux signes répétés de ses mécaniciens, Ickx comprend enfin que son aileron est en position de freinage et corrige rétablit son inclinaison, ce qui lui permet de se détacher progressivement de Servoz-Gavin, qui commence à avoir des problèmes de freins. Stewart va porter une dernière attaque sur Hulme au quarantième tour, prenant brièvement la tête avant d'être de nouveau dépassé par le champion du monde. Ce dernier ne sera ensuite plus menacé, le pilote écossais abandonnant quelques minutes plus tard, distribution hors d'usage. Hobbs renonce également, moteur cassé. Seul Siffert peut désormais contester la victoire à Hulme, mais celui parvient à prendre un peu de distance, privant son adversaire de toute possibilité d'aspiration. L'écart se creuse peu à peu et au cinquantième tour, près de six secondes séparent les deux premiers. Ickx, maintenant troisième, compte une quarantaine de secondes de retard ; il a nettement distancé la Matra de Servoz-Gavin, qui ne prend plus aucun risque, Courage et Brabham, respectivement cinquième et sixième, étant à plus d'un tour de retard des premiers. Brabham n'ira d'ailleurs pas jusqu'au bout, la pression d'huile de son V8 Repco chutant brutalement à une douzaine de tours de l'arrivée. Hulme n'etant plus menacé, c'est désormais Ickx qui tourne le plus vite, reprenant deux secondes au tour à Siffert qui commence à avoir des problèmes de tenue de route. À dix tours de la fin, Ickx s'est rapproché à vingt secondes de la Lotus et peut espérer le rattraper juste avant la fin de la course. L'abandon du pilote suisse, boulon d'amortisseur arrière cassé, va alors mettre fin au suspense. Ickx est maintenant deuxième, à une demi-minute de Hulme, toujours confortablement installé en tête. Le jeune pilote belge ne va cependant pas conserver longtemps sa place, un problème de vapor lock l'obligeant à s'arrêter au stand à la fin soixantième tour ; on lui remet une dizaine de litres de carburant et il peut reprendre la course mais Hulme, qui compte alors un tour d'avance, et Servoz-Gavin sont désormais juste devant lui. Assuré de la victoire, Hulme cède bientôt le passage aux deux adversaires. Deux boucles suffisent à Ickx pour repasser devant la Matra, mais malgré ses problèmes de freins le pilote français parvient à se maintenir dans le sillage de la Ferrari. À l'attaque de la dernière boucle, ils ne sont toujours séparés que d'une demi-seconde. Sur leurs talons, Hulme en termine, le champion en titre remportant sa première victoire en championnat de la saison. Servoz-Gavin parvient à reprendre l'avantage au bout de la ligne droite ; après le double droit de Lesmo il est toujours devant mais à l'entrée de la parabolique Ickx se porte à la hauteur de la Matra et sort de la courbe avec plus d'une longueur d'avance sur son rival. C'est alors que son moteur coupe, le phénomène de vapor lock se manifestant à nouveau. Servoz-Gavin déboîte et arrache in extremis la deuxième place, à la grande déception des supporters italien. Loin derrière Ickx, Courage décroche la quatrième place. les nombreux abandons permettent à Beltoise et Bonnier, qui finissent très attardés, de se classer respectivement cinquième et sixième.

Classements intermédiaires

Classements intermédiaires des monoplaces aux premier, troisième, cinquième, septième, dixième, quinzième, vingtième, vingt-cinquième, trentième, trente-quatrième, quarantième, cinquantième et soixantième tours[4],[5].

Classement de la course

Pos Pilote Écurie Tours Temps/Abandon Grille Points
1 1 Denny Hulme McLaren-Ford 68 1 h 40 min 14 s 8 7 9
2 5 Johnny Servoz-Gavin Matra-Ford 68 1 h 41 min 43 s 2 (+ 1 min 28 s 4) 13 6
3 8 Jacky Ickx Ferrari 68 1 h 41 min 43 s 4 (+ 1 min 28 s 6) 4 4
4 27 Piers Courage BRM 67 1 h 41 min 09 s 3 (+ 1 tour) 17 3
5 6 Jean-Pierre Beltoise Matra 66 1 h 41 min 13 s 0 (+ 2 tours) 18 2
6 3 Jo Bonnier McLaren-BRM 64 1 h 41 min 03 s 0 (+ 4 tours) 19 1
Abd. 20 Jo Siffert Lotus-Ford 58 Suspension 9  
Abd. 10 Jack Brabham Brabham-Repco 56 Pression d'huile 16  
Abd. 4 Jackie Stewart Matra-Ford 42 Distribution 6  
Abd. 15 David Hobbs Honda 42 Moteur 14  
Abd. 19 Jackie Oliver Lotus-Ford 38 Transmission 11  
Abd. 2 Bruce McLaren McLaren-Ford 34 Fuite d'huile 2  
Abd. 11 Jochen Rindt Brabham-Repco 33 Joint de culasse 10  
Abd. 26 Pedro Rodríguez BRM 22 Moteur 15  
Abd. 21 Dan Gurney Eagle-Weslake 19 Moteur 12  
Abd. 16 Graham Hill Lotus-Ford 10 Perte d'une roue 5  
Abd. 14 John Surtees Honda 8 Accident 1  
Abd. 9 Chris Amon Ferrari 8 Accident 3  
Abd. 7 Derek Bell Ferrari 4 Distribution d'essence 8  
Abd. 23 Vic Elford Cooper-BRM 2 Accident 20  
Nq. 28 Frank Gardner BRM   Non qualifié  
Nq. 12 Silvio Moser Brabham-Repco   Non qualifié    
Ex. 18 Mario Andretti Lotus-Ford   Exclu    
Ex. 25 Bobby Unser BRM   Exclu    

Légende :

  • Abd.=Abandon

Pole position et record du tour

Évolution du meilleur tour en course

Le meilleur tour fut amélioré huit fois au cours de l'épreuve[4].

Tours en tête

Classement général à l'issue de la course

  • Attribution des points : 9, 6, 4, 3, 2, 1 respectivement aux six premiers de chaque épreuve.
  • Pour la coupe des constructeurs, même barème et seule la voiture la mieux classée de chaque équipe inscrit des points.
  • Le championnat est divisé en deux demi-saisons, seuls les cinq meilleurs résultats (sur six épreuves) étant retenus pour chaque partie[1].
Classement des pilotes
Pos. Pilote Écurie Points
AFS

ESP

MON

BEL

NL

FRA
1re
½ saison

GBR

ALL

ITA

CAN

USA

MEX
2e
½ saison
1 Graham Hill Lotus 30 6 9 9 - - - 24 - 6 - 6
2 Jacky Ickx Ferrari 27 - - - 4 3 9 16 4 3 4 11
3 Jackie Stewart Matra 26 - - - 3 9 4 16 1 9 - 10
4 Denny Hulme McLaren 24 2 6 2 - - 2 12 3 - 9 12
5 Pedro Rodríguez BRM 11 - - - 6 4 - 10 - 1 - 1
Jean-Pierre Beltoise Matra 11 1 2 - - 6 - 9 - - 2 2
7 Chris Amon Ferrari 10 3 - - - 1 - 4 6 - - 6
8 Jim Clark Lotus 9 9 - - - - - 9 - - - -
Bruce McLaren McLaren 9 - - - 9 - - 9 - - - -
Joseph Siffert Lotus 9 - - - - - - - 9 - - 9
11 John Surtees Honda 8 - - - - - 6 6 2 - - 2
Jochen Rindt Brabham 8 4 - - - - - 4 - 4 - 4
13 Richard Attwood BRM 6 - - 6 - - - 6 - - - -
Johnny Servoz-Gavin Matra 6 - - - - - - - - - 6 6
Ludovico Scarfiotti Cooper 6 - 3 3 - - - 6 - - - -
16 Lucien Bianchi Cooper 5 - - 4 1 - - 5 - - - -
17 Brian Redman Cooper 4 - 4 - - - - 4 - - - -
Piers Courage BRM 4 - - - - - 1 1 - - 3 3
19 Vic Elford Cooper 3 - - - - - 3 3 - - - -
20 Jackie Oliver Lotus 2 - - - 2 - - 2 - - - -
Silvio Moser Brabham 2 - - - - 2 - 2 - - - -
Jack Brabham Brabham 2 - - - - - - - - 2 - 2
23 Joakim Bonnier McLaren 1 - - - - - - - - - 1 1
Coupe des constructeurs
Pos. Écurie Points
AFS

ESP

MON

BEL

NL

FRA
1re
½ saison

GBR

ALL

ITA

CAN

USA

MEX
2e
½ saison
1 Lotus-Ford 44 9 9 9 2 - - 29 9 6 - 15
2 Matra-Ford 35 1 2 - 3 9 4 19 1 9 6 16
3 Ferrari 32 3 - - 4 3 9 19 6 3 4 13
4 McLaren-Ford 31 - 6 2 9 - 2 19 3 - 9 12
5 BRM 21 - - 6 6 4 1 17 - 1 3 4
6 Cooper-BRM 12 - 4 4 1 - 3 12 - - - -
7 Brabham-Repco 10 4 - - - 2 - 6 - 4 - 4
8 Honda 8 - - - - - 6 6 2 - - 2
Matra 8 - - - - 6 - 6 - - 2 2
10 McLaren-BRM 3 2 - - - - - 2 - - 1 1

À noter

  • 3e victoire en championnat du monde pour Denny Hulme.
  • 2e victoire en championnat du monde pour McLaren en tant que constructeur.
  • 12e victoire en championnat du monde pour Ford Cosworth en tant que motoriste.

Références

  1. (en) Mike Lang, Grand Prix volume 2, Haynes Publishing Group, , 260 p. (ISBN 0-85429-321-3)
  2. Michel Hubin, Championnat du monde 68 des conducteurs, Verviers, Éditions GERARD & Co (collection Marabout Service), , 285 p.
  3. Revue Sport Auto no 81 -
  4. (en) Autocourse 1968-1969 : A detailed record of the 1968 season, Haymarket Press Ltd, , 215 p.
  5. Edmond Cohin, L'historique de la course automobile, Editions Larivière, , 882 p.



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