Giovanna Rincon

Giovanna Rincón
Giovanna Rincón photographiée en 2013
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PASTT (-)
Acceptess-T ()
Distinctions
Out d'or
Initiatives contre l’homophobie et la transphobie (d)

Giovanna Rincón est une figure majeure des luttes pour les droits des personnes trans en France, née à Bogotá et vivant depuis 2002 à Paris.

Elle est co-porte-parole de la Fédération Trans et Intersexes, du Syndicat du travail sexuel et directrice de l'association Acceptess-T.

Biographie

Giovanna Rincón est née en 1969 à Bogotá en Colombie dans une famille qu'elle qualifie de « difficile »[1] et de « très pauvre »[2]. Son père était cordonnier, sa mère femme au foyer[3]. Dans des magazines people, elle découvre les histoires de certaines femmes trans, la Brésilienne Roberta Close et l’Italienne Eva Robin's[3],[4]. Dans un témoignage vidéo publié à l'occasion de la journée IDAHOT 2018[5], elle explique comment tout a basculé pour elle vers 12 ans, quand elle a commencé à revendiquer son identité féminine[6],[7]. Elle s'administre une hormonothérapie sauvage à base de pilules contraceptives et passe quatre mois à la rue[1],[3],[4]. Elle met entre parenthèses sa transition parce que son amoureux ne l'accepte pas en tant que femme. À 15 ans et demi, elle monte son salon de coiffure[4] et se réconcilie avec sa famille, dont elle devient le principal soutien financier[1],[3]. Deux ans plus tard, elle rompt avec son copain, et fait son coming out trans auprès de sa famille, dont elle est violemment rejetée[1],[3].

À 20 ans, elle découvre sa séropositivité[4]. Un médecin lui donne trois ans à vivre[8]. Elle raconte qu’un homme lui a dit « tu dois continuer à aimer et à te laisser aimer » et qu’à cette époque où il n’existait encore aucun médicament contre le VIH, « ces mots ont été un vaccin »[9]. Elle vend son salon de coiffure et en elle part pour l'Italie, à Rome, où elle subit racisme, transphobie, sérophobie, et violences policières[2],[10]. Elle s'y prostitue et commence à militer auprès des femmes trans prostituées[1],[3],[4],[2]. En 1998, les premiers traitements contre le VIH sont découverts mais ils ne sont pas accessibles aux personnes sans-papiers[3]. Elle rejoint une association pour les droits des personnes prostituées au nord de l’Italie[1],[4]; elle explique: « Ce qui a animé mon militantisme, c’est le manque : le manque d’amour, d’argent et d’un toit »[2].

En , elle amène à Paris une amie d'enfance en phase terminale du SIDA, la fait soigner à l'hôpital de la Salpêtrière[3],[4],[8], et rencontre les militantes de l'association PASTT, qu'elle rejoint. Victime du durcissement de la législation italienne à l’encontre des migrants, elle s'installe définitivement à Paris[11]. Elle passe un entretien d’embauche pour un travail de vendeuse, mais le patron enchaîne les propos transphobes et lui dit qu'elle peut « rester dans la prostitution »[12]. Pôle emploi lui annonce que cela va « être très difficile » parce qu'elle est trans[12]. Vingt ans plus tard, elle constate encore que « la transphobie est partout »[12].

En , Giovanna Rincón prend ses distances avec le PASTT[3], et avec d'autres militantes de cette association, elle crée Acceptess-T[7], une association d'accompagnement des personnes trans, migrantes, travailleuses du sexe, et séropositives[13]. Le but de l'association est de favoriser l'émancipation des femmes trans en difficulté, en les aidant à apprendre le français[11] (« la langue française, autant que le langage administratif »[3]), à trouver des ressources financières et à faire respecter leurs droits fondamentaux tels que l'accès aux soins[14], au travail, à l'asile[12], à participer à des activités sportives[15],[16],[17]etc. Un an plus tard, l'association compte 180 adhérentes dont 90% de personnes trans[3]. Giovanna Rincon devient[Quand ?] salariée à mi-temps de l'association comme directrice.

Hélène Hazera dit de Giovanna Rincón que « ce qui la résume c’est le courage, la ténacité et le sens de l’égalité »[1].

Prises de position

Giovanna Rincón s'implique contre la loi de pénalisation des clients de prostituées, entrée en vigueur en 2016[18], dont elle pense qu'elle mène les travailleuses du sexe vers plus de précarité, plus de risque d’infection au VIH[11], et plus de violences subies[14],[19] (voir l'article Propositions françaises de loi visant à pénaliser les clients de la prostitution pour plus de détails). Ces violences ont été mortelles pour Vanesa Campos en 2018[20],[10], et Jessyca Sarmiento en 2020[21]; Giovanna Rincón considère que la loi « est à 100% responsable » de ces morts[22] mais ni Marlène Schiappa ni le gouvernement ne réagissent aux interpellations sur ce sujet[23],[24].

Elle est souvent interrogée pour commenter l'actualité liée aux droits des personnes trans, qu'il s'agisse de la dépathologisation des transidentités par l'OMS[25], des agressions ou meurtres de personnes trans[26],[27] et plus généralement de la transphobie dans l'espace public[6],[28], des revendications portées à l'occasion de la manifestation Existrans[29],[30],[31], de la lutte contre le VIH[32],[11],[33]etc.

Elle insiste pour que sur toutes ces questions, la parole des personnes directement concernées soit écoutée[12],[34].

Distinctions

Tribunes remarquées

Bibliographie, documentaires

Références

  1. Xavier Héraud, « Giovanna Rincon, femme debout », sur Yagg, (consulté le ).
  2. Florian Bardou, « En France, Giovanna Rincon en résistrans », Libération, (consulté le ).
  3. Hélène Hazera, « Bogota-Paris, portrait d'une présidente Trans » (version du sur Internet Archive) sur le site Minorités.
  4. Perrine Kervran, « Les transidentités, racontées par les trans (1/4) : Histoire inédite d'une mobilisation », LSD, La Série Documentaire, France Culture,‎ (écouter en ligne) À partir de la minute 35.
  5. Giovanna Rincon: "À l'école, dans la rue, dans ma famille, tout a basculé pour moi quand je suis devenue une femme transgenre".
  6. Giovanna Rincon: "Pouvoir sortir dans la rue en sécurité, est-ce trop demander pour les femmes trans?".
  7. Florent Manelli, "40 LGBT+ qui ont changé le monde".
  8. Océan, "La Politique des putes", épisode 7, 2021.
  9. « VIH : « Beaucoup de séropositifs vivent dans l’isolement affectif le plus total » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Au procès du meurtre de Vanesa Campos, un policier, un protecteur et les fractures de la prostitution », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Perrine Kervran, « Les transidentités, racontées par les trans (4/4) : Libertés, égalité, transidentités », France Culture,‎ (écouter en ligne)
  12. Cassandre Leray, « Giovanna Rincon, militante trans: «Il est urgent d’agir pour l’émancipation de notre communauté» », sur Libération (consulté le ).
  13. « Du Fhar aux collectifs queers et racisés, 50 ans de mobilisation associative LGBT+ en France », sur KOMITID, (consulté le ).
  14. Anaïs Giroux, « Le rôle de la médiation de santé est aujourd’hui mis à l’honneur ! », sur Corevih IDF Nord, (consulté le ).
  15. « Les personnes transgenres s'émancipent à la piscine », sur Les Inrocks (consulté le ).
  16. Perrine Kervran, « Les transidentités, racontées par les trans (3/4) : Uniques en leur genre », France Culture,‎ (écouter en ligne)
  17. « Reportage: Une piscine pour tout.e.s, qui «ose le genre» », sur Yagg, (consulté le ).
  18. « Prostitution : le Parlement adopte définitivement la pénalisation des clients », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Effet de la pénalisation de la prostitution sur la précarisation des travailleuses du sexe
  20. Meurtre de Vanesa Campos
  21. Cassandre Leray, « Hommage à Jessyca Sarmiento : «Une mort injuste dans une société transphobe et putophobe» », sur Libération.fr, (consulté le ).
  22. Le Point magazine, « Meurtre de Vanesa Campos: les associations dénoncent une "responsabilité" politique », sur Le Point, (consulté le ).
  23. « Giovanna Rincon : "Marlène Schiappa n'a aucune réponse sur l'assassinat de Jessyca" », sur TÊTU, (consulté le ).
  24. « "Ce gouvernement n'a rien fait pour les personnes trans" : le coup de gueule de Giovanna Rincon », sur Têtu (consulté le ).
  25. Brune Du Marais, « Giovanna Rincon : «Il ne faut pas oublier toutes les victimes trans de la pathologisation» », Libération, (consulté le ).
  26. Clara Robert-Motta, « Il faut briser une fois pour toutes cette normalisation de la transphobie », sur Les Inrocks (consulté le ).
  27. Cases Rebelles, « Giovanna Rincon : « Jessyca était une très très belle personne. » », sur CASES REBELLES, (consulté le ).
  28. Virginie Ballet, « Transphobie : une violence au quotidien et à tous les niveaux », Libération, (consulté le ).
  29. Louise Fessard, « Marche Existrans à Paris: «Lutter contre la transphobie, c’est une démarche qui peut bénéficier à toute la société» », sur Mediapart (consulté le ).
  30. « Trans et intersexes mobilisés contre les interventions chirurgicales non consenties », Le Parisien, (consulté le ).
  31. Perrine Kervran, « Les transidentités, racontées par les trans (2/4) : Sous le joug médical : l'invention d'un symptôme », France Culture,‎ (écouter en ligne)
  32. (en) « Giovanna Rincon : « Health is above all a question of rights! » », sur Paris Community Declaration, (consulté le ).
  33. « «Mon engagement dans la lutte contre le sida est avant tout lié à mon histoire», par Giovanna Rincon », sur Yagg, (consulté le ).
  34. LE MONDE DE ROSE, « Giovanna Rincon de Acceptess-T - PAROLES D'ENGAGÉS 11 » [vidéo], sur YouTube, (consulté le ).
  35. « Giovanna Rincon, Prix du Jury des initiatives contre l'homophobie et la transphobie pour son association Acceptess Transgenre » [vidéo], sur Dailymotion (consulté le ).
  36. « Prix 2015 « Initiatives contre l’homophobie et la transphobie » », sur justice.gouv.fr (consulté le ).
  37. « Prix du Refuge / Institut Randstadt pour Les Funambules et Acceptess-T, en présence de Christiane Taubira », sur Yagg, (consulté le ).
  38. « Elle a remporté l'Out d'or du coup de gueule pour son témoignage sur l'insécurité des femmes trans », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  39. Anaïs Moran, « «Out d’or» 2018 : et les lauréats sont... », Libération, (consulté le ).
  40. « 3 questions à Florent Manelli, auteur et illustrateur de « 40 LGBT+ qui ont changé le monde » », sur KOMITID, (consulté le ).
  41. « À lire : « C'est ça notre liberté - 50 ans de lutte LGBTQ+ », de Mason Funk », sur KOMITID, (consulté le ).
  42. « "La Politique des putes" », sur France Culture, (consulté le ).
  43. Fanny Marlier, « “La Politique des putes”, un podcast immersif sur les travailleur·euses du sexe signé Océan - Les Inrocks », sur lesinrocks.com (consulté le ).

Liens externes

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