Gilbert Burlot

Gilbert Burlot
Fonctions
Maire de La Bernerie-en-Retz
-
Directeur adjoint (d)
Office national des anciens combattants et victimes de guerre
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
(à 51 ans)
Nantes
Nom de naissance
Gilbert Burlot
Pseudonyme
Barclay
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Conflit
Lieux de détention
Distinctions
Archives conservées par

Gilbert Burlot, né le à Nantes (Loire-inférieure) et mort le dans cette même ville, est un haut fonctionnaire français, déporté résistant. Il a travaillé successivement à la sous-préfecture de Châteaubriant et à la préfecture de Nantes avant d'être déporté à Dachau. À son retour, il entre au secrétariat général du gouvernement et enfin à la radiodiffusion-télévision française. Au moment de sa mort il est maire de La Bernerie-en-Retz.

Biographie

Jeunesse et études

Gilbert Burlot[2], fils d'Henriette Piriou et d'Henri Burlot[3], dont la famille est originaire[4] de La Bernerie-en-Retz, effectue ses études secondaires au lycée Georges Clemenceau, à Nantes puis ses études supérieures, d'abord en droit à l'université de Poitiers puis à l'université de Rennes où il obtient une licence de lettres.

Parcours professionnel

Il commence sa carrière à la sous-préfecture de Châteaubriant, puis rejoint en 1939 la préfecture de Nantes où il est arrêté par la Gestapo le puis déporté dans le camp de concentration de Dachau[5].

Rapatrié fin , il reprend son activité à la préfecture avant d'être muté au secrétariat général du gouvernement (direction générale de la Fonction publique), en qualité d'administrateur civil[6] en .

En 1955, il est nommé directeur adjoint à l'Office national des combattants et des victimes de guerre sous la direction d'Henri Ribière. Ce dernier ayant subit un grave accident de voiture et atteint d'un cancer du cerveau, il assure en réalité la direction de l'Office. Il occupera ce poste jusqu’à un accident cardiaque qui l'oblige à interrompre sa carrière, alors même que le général Paul Dassault, grand chancelier de la Légion d'honneur, songe à lui confier le secrétariat général de la grande chancellerie. Après un repos de cinq ans, il reprend de l'activité[7] à la Radiodiffusion-télévision française (RTF), où il assure l'administration du journal parlé et du journal télévisé[7].

Début 1963, de nouveau malade il renonce à toute activité professionnelle. Il s'intéresse alors aux langues slaves du sud et devient vice-président[8] de l’Association France-Albanie[9].

Conseil municipal et mairie

Après avoir été longtemps adjoint au maire de La Bernerie-en-Retz, il en devient maire[10], le [11] jusqu'à son décès [12].

Résistance

Agent d'une section de renseignement (SR)[13], il s'engage en , sous le pseudonyme "Barclay", dans le réseau Éleuthère[14],[15](Centrale Praxitèle[16]) des Forces françaises combattantes. Ce réseau est rattaché à Libération-Nord dépendant de l’Armée Secrète. L’Armée Secrète était divisée en deux parties : la partie armée qui correspondait aux maquis constitués (Saint Marcel, Vercors,... ) et la partie exfiltration des aviateurs et renseignements. Il crée un sous-secteur à la préfecture de Nantes[17], en centralisant en particulier des renseignements militaires pour le commandement allié sur les usines de guerre[18], les défenses côtières et le dispositif allemand dans la région. Il transmettait les informations afin de préparer les actions de sabotage. Autour de la base de Saint-Nazaire, il récupérait les microfilms auprès de la résistance. Il les acheminait en région parisienne ou en Angleterre, directement via les Lysanders. Parallèlement, il contribue à l'essor de l'Armée Secrète en Loire-inférieure en collaborant à des nombreuses évasions. Il rédige et imprime le journal clandestin La Lanterne[19]. Il perfectionne l'organisation de la résistance administrative aux échelons départemental et communal par la délivrance de multiples titres du type carte d'identité, carte de travail, etc. afin d'éviter des arrestations ou la déportation de résistants. Il est arrêté par Paul Heimann (le directeur du Sipo-SD) et Werner Ruppert (son adjoint)[20], torturé, il ne révélera rien. Il est condamné à la déportation[21].

Déportation

Il quitte la prison de Nantes le [22] et arrive au camp de Royallieu[23]le 9. Le , il quitte ce camp dans le convoi N° 1229 avec, notamment des résistants nantais, dont Clément Quentin[24] dans le même wagon qui l'aida à supporter ce trajet, ainsi que Jean-Baptiste Daviais et Libertaire Rutigliano, qui mourront en déportation, et Gabriel Goudy[25]. Après trois jours de transport en train , restant enfermé dans un wagon avec plus d'une centaine autres déportés, sous une température dépassant parfois plus de 30 degrés, il arrive[26] au camp de concentration de Dachau[27],[28] le , sous le matricule 72344. Après une période de quarantaine, il est transféré le à Landsberg am Lech[29], dans le Kommando de la Landsberg-Lech Air Base à une soixantaine de kilomètres de Dachau.

Il participe à la résistance clandestine des camps où il se trouve. Il a notamment comme camarade de déportation à Landsberg Georges Charpak[30]qui obtient le prix Nobel de physique en 1992, Albert Fuchs[31], professeur à l'Université de Strasbourg ou encore Gabriel Goudy[32]qui deviendra député puis membre du Conseil Economique, Marcel Miquet[30], Georges Arjaliès[30]et Jacques Choimet[33],nantais comme lui.

Vers la fin avril le commandant du camp, Willy Wagner, décide de renvoyer les déportés à Dachau. Le il quitte Landsberg d'abord pour le commando voisin Kaufering[34] à une dizaine de kilomètres. Là, il expérimente pendant deux jours avec ses camarades les conditions de vie effroyables des déportés juifs. De là, ils marchent jusqu'à dix kilomètres de Dachau, pour arriver en trois jours à Allach[35]. C'est là qu'ils sont libérés par les américains trois jours plus tard mais subissent une nouvelle quarantaine en raison des risques de propagations des épidémies, en particulier, du typhus.

Après la libération du camp le [36], il est rapatrié en France le .

Après la guerre, déporté-résistant[6], proche d'Edmond Michelet[37], président-fondateur de l'Amicale des Anciens de Dachau, il devient vice-président de l'Amicale et rédacteur du bulletin jusqu'en 1965, puis vice-président Honoraire jusqu'à sa mort[5], dès suites de sa déportation.

Honneurs et distinctions

Décorations

Hommages

  • Gilbert Burlot figure dans le mémorial annuaire des Français de Dachau[41].
  • Après la guerre, il homologué au grade de lieutenant de la, Résistance Intérieure Française, "R.I.F.".
  • Lors de ses obsèques, M. Pierre Leduc, conseiller général de Loire-Atlantique a déclaré : « Pour avoir aimé sa patrie, il lui donna ses forces, c'est encore par devoir qu'il vient de payer de sa personne ».
  • Discours de Gabriel Goudy[25] lors des obsèques de Gilbert Burlot à La Bernerie-en-Retz[5]: " Monsieur le Préfet, Monsieur le Président du Conseil Général, Mesdames et Messieurs et chers camarades, Samedi 27 juillet, nous apprenions avec stupeur et profonde émotion, la disparition de Gilbert Burlot. Gilbert, chef de bureau à la Préfecture de Nantes, dès les premières années de l'occupation est entré dans la Résistance: il appartenait au groupe Nantes Libé-Nord et au réseau Eleuthère sous le speudo "Barclay". Il avait avec ses camarades Charvel, Baron et Heyte, imprimé une feuille clandestine intitulée "La Lanterne". Il a participé activement également au réseau de renseignements militaires de Libé-Nord qui a rendu de grands services à l'état-major allié. A la Préfecture, il permettait également de procurer à l'organisation les cachets nécessaires à l'établissement des pièces d'identité pouvant permettre aux réfractaires de se dérober à la pression nazie. Arrêté en 1944, après l'état-major de Libé-Nord et après un séjour à la prison de Nantes, dirigé sur le camp de Compiègne: c'est le 18 juin 1944 qu'il devait le quitter dans un convoi et faire le voyage jusqu'à Dachau parqué à 115 par wagon sous une température dépassant 30°. Après avoir subi la période de quarantaine, il fut dirigé sur le commando de Landsberg, cité qui abrite la fameuse forteresse où Hilter a écrit son Mein Kamft. Dans ce commando, Gilbert a fait preuve de beaucoup d'initiatives hasardeuses qui lui permettait chaque soir de faire le point de la situation militaire auprès de ses camarades qui étaient désignés pour continuer la lutte clandestine à l'intérieur de ce camp. Il avait avec cette organisation intérieure clandestine, participé à la possibilité de libérer le camp à l'approche des troupes alliées. Malheureusement, ce plan a échoué et l'ensemble des déportés se sont retrouvés sur les routes avec lieux de destination le Tyrol où il devait être procédé à leur extermination. Une mutinerie entre SS a fait avorter ce massacre. Rentré en France, il a repris son activité dans l'administration passant de la Fonction Publique au Ministère des Anciens Combattants. Madame Burlot, ses chers enfants, mademoiselle Burlot, au nom des Anciens de Dachau et du réseau Eleuthère, nous vous demandons de croire en notre profonde sympathie et puisse ce témoignage apporter un soulagement à votre grande douleur."

Hommage du à La Bernerie-en-Retz[42],[43],[44]

Ouvrages bibliographiques

  • Pierre Nord, Mes camarades sont morts : La guerre du renseignement, t.1, Paris, Editions Librairie des Champs-Elysées, 1947, 296 p. Ce livre traitre du renseignement dans la Résistance. Le livre demeure codé, seuls les noms des personnes décédées sont donnés. Tous les autres noms donnés doivent être décodés, en particulier le nom de l'auteur, second du réseau Éleuthère.
  • Pierre Nord, Mes camarades sont morts :Le contre-espionnage, t.  2, Paris, Éditions Librairie des Champs-Elysées, 1947, 260 p. Ce livre traitre du renseignement dans la Résistance. Le livre demeure codé, seuls les noms des personnes décédées sont donnés. Tous les autres noms donnés doivent être décodés, en particulier le nom de l'auteur, second du réseau Éleuthère.
  • Jean Coché, Un Bataillon de l'Ombre, Presse de l'imprimerie de l'Atlantique, 1977, 149 p. L'objet du livre est de retracer l'historique du 1er Bataillon de Marche F.F.I de Loire-Inférieure, créé en mars-avril 1944 et dissout le 25 janvier 1945.
  • Benoît Cressard et Olivier Eudes, Nantes sous l'occupation, Editions Ouest-France, 1981, 122 p. L'objet du livre est de retracé la vie à Nantes de juin 1940 à la remise par le Général de Gaulle de la croix de la Libération à la ville de Nantes à la suite des exécutions de Chateaubriand.
  • Dominique Bloyet, Nantes : La Résistance, Editions C.M.D., 1997, (ISBN 2-909826-45-7), 144 p. L'auteur, journaliste dans un quotidien nantais, passionné par l'histoire de sa ville, en particulier pour la période de l'occupation, dresse un tableau des différentes facettes de la Résistance nantaise.
  • Edmond Duméril, annoté par Jean Bourgeon, Journal d'un honnête homme pendant l'occupation, Editions de l'Albatros, 1990,Thonon-les-Bains, 405 p., l'objet de ce livre est de fournir des informations sur l'occupation au quotidien à Nantes de juin 1940 à aout 1944, données par une personne qui travaillait à la Préfecture de Nantes.
  • Edmond Michelet, Rue de la Liberté, Editions du Seuil, 1955, 248 p., l'auteur retrace les actes de solidarité, de courage, ou autres qui ont sauvegardés l'honneur de l'Homme, vu par un chrétien enfermé à Dachau de 1943 à 1945 qui n'oublie rien mais pardonne.
  • Albert Fuchs, Un commando de Dachau, Landsberg sur Lech, Paris, Belles Lettres, 1947, p. 157 à 176
  • Georges Charpak et Dominique Saudinos, La vie à fil tendu, Editions Odile Jacob, 1993, 231 p., le livre retrace la vie du scientifique français, né en Pologne. Tout d'abord, Dominique Saudinos évoque les premières années de Georges Charpak: l'immigration, la résistance, la déportation, la politique et sa passion : la physique. Puis, Georges Charpak explique ses travaux, ses rencontres, ses découvertes.
  • Georges Briquet, Rescapé de l'enfer nazi, Editions La France au combat, 51 p., l'auteur témoigne dans ce récit quelles furent ses épreuves et celles de ses camarades à Dachau puis à Allach,.

Liens externes

Notes et références

  1. Mémoire des hommes (base de données).
  2. « Gilbert Burlot », sur Nantes Patrimonia,
  3. Jean Denis, « Biographie de Gilbert Burlot », sur Mémorial virtuel des Déportés de la Loire-Atlantique,
  4. « Les anciens moulins : un patrimoine local méconnu », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  5. Charles Arnould, « Gilbert Burlot », Bulletin des Anciens de Dachau, nos 265-266-267,‎ , p. 1 et 2
  6. Jacques Ghémard et Laurent Laloup, « Gilbert Burlot », sur Les Français Libres,
  7. « Une démarche des journalistes auprès de la direction de la R.T.F. », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. Gilbert Burlot, « L'Albanie et la propagande chinoise », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. « Association France - Albanie », sur France Archives,
  10. Marc Guitteny, Histoire illustrée de La Bernerie-en-Retz...la mémoire des siècles, La Bernerie-en-Retz, Marc Guitteny, , 208 p. (ISBN 2-908752-22-0), p. 50-180-187
  11. « M.Burlot, est élu maire de La Bernerie en remplacement de M.Turpeau », Ouest-France,‎ , p. 9
  12. « Les obsèques de Gilbert Burlot, maire de La Bernerie », Ouest-France,‎
  13. « Liste nominative des Résistants et Mouvements: "Gilbert Burlot" », sur Musée de la Résistance en ligne
  14. Christine Levisse-Touzé et Dominique Veillon, « Eleuthère »
  15. Jean-Claude TERRIERE, La Résistance en Loire-Inférieure : on l’appelait Xavier Dick, Geste Editions, , 414 p., p. 152
  16. « Turma Vengeance et la Résistance »,
  17. Jean Cochet, Un bataillon de l'ombre, Nantes, Presse de l'Imprimerie de l'Atlantique, , 149 p., p. 19
  18. « L'usine des Batignolles de Nantes pendant la Deuxième guerre mondiale (dont destructions suite au bombardement de mars 1943). », sur Centre d'histoire du travail,
  19. « La Lanterne », sur BNF-Gallica,
  20. « Salle de la seconde guerre mondiale », sur Château des ducs de Bretagne, Musée d'histoire de Nantes
  21. Ministère des Armées, « Gilbert Burlot », sur Mémoires des Hommes
  22. « Gilbert Burlot », sur Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Délégation de Loire Atlantique
  23. « Mémorial de l'internement et de la déportation », sur Compiègne et son agglomération
  24. Héliane Martin, « Clément Quentin », sur Musée de la Résistance en ligne
  25. « Gabriel Goudy », sur Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Délégation de Loire Atlantique,
  26. (en) « Gilbert Burlot », sur Alrosen Archives
  27. André Leroy et Louis Martin-Chauffier, La déportation, Paris, Le Patriote Résistant- Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP), , 290 p., p. 156 à 162
  28. Le camp de concentration de Dachau 1933-1945, Bruxelles, Comité International de Dachau, , 229 p. (ISBN 3-87490-524-1)
  29. Albert Fuchs, Un commando de Dachau : Landsberg sur Lech, Paris, Belles Lettres, , p. 157 à 176
  30. Georges Charpak et Dominique Saudinos, « Témoignage de Georges Charpak- La vie à fil tendu », sur Free.fr,
  31. Gonthier-Louis Fink (1988), « Albert Fuchs », sur Fédération des sociétés d'histoires et d'archéologie d'Alsace,
  32. Claude Geslin, « Gabriel Goudy », sur Maitron- Mouvement social- Mouvement ouvrier, 26 août 2009, mise à jour 3 mars 2018
  33. « Jacques Choimet », sur Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation Délégation de Loire Atlantique
  34. Sidney Chouraqui, avec la coopération du professeur Anton Posset, « Sur Landsberg-Kaufering, camp satellite de Dachau », Revue d'Histoire de la Shoah, no 180,‎ , p. 393 à 401 (lire en ligne)
  35. Henri Laffitte, Allach: Kommando de Dachau, France-Empire, (ISBN 9782704804948)
  36. (en) « Holocaus Survivors and Victims Database :Gilbert Burlot », sur United States Holoccaust Memorial Museum,
  37. « Amicale du camp de concentration de Dachau »
  38. « Gilbert Burlot », sur Base de Données Léonore : Archives Nationales
  39. « Gilbert Burlot- Médaille de la Résistance Française », sur Musée de l'Ordre de la Libération
  40. Livre d'Or de la France Combattante et Résistante, Paris, Éditions Gloire,
  41. Francis Della Monta, Mémorial Annuaire des Français de Dachau, Paris, Les Presses de l'Imprimerie, , 384 p., p. 41 et 353
  42. Mairie de La Bernerie-en-Retz, « Commémorations 13 mai 2025 », sur Mairie de La Bernerie, (consulté le )
  43. Hughes Debec, « Résistant à La Bernerie-en-Retz, son fils Jacques Burlot raconte », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  44. « De résistant et déporté à maire : le souvenir de Gilbert Burlot », Ouest France,‎ (lire en ligne)
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