Gambit Blackburne

Gambit Blackburne
abcdefgh
8
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11
abcdefgh
Position après 3. Fc4 Cd4

Le gambit Blackburne ou gambit du shilling est une ouverture d'échecs douteuse, dérivée de la partie italienne, qui commence par :

1. e4 e5
2. Cf3 Cc6
3. Fc4 Cd4 ?!

Il tire son nom du joueur anglais Joseph Henry Blackburne qui l'aurait utilisé au café pour gagner un shilling à chaque partie contre des clients[1]. Il est également parfois appelé le gambit Kostić d'après le grand maître international serbe Borislav Kostić, qui l'a joué en 1912[2].

Histoire

Wilhelm Steinitz fait la première mention connue de cette ligne, en la notant en 1895 dans l'annexe de son livre Modern Chess Instructor, partie II[3]. La première partie avec l'ouverture sur chessgames.com, Dunlop – Hicks, championnat de Nouvelle-Zélande, date de 1911[4]. Une autre partie ancienne, mentionnée par Bill Wall, est Muhlock – Kostić, Cologne en 1912[2],[5].

Le piège commençant 4. Cxe5 !? continue de faire des victimes, dont deux fois lors de deux rondes successives à Blackpool en 1987[1].

Analyse

Le troisième coup des noirs est un coup imprécis et qui fait perdre du temps. Steinitz recommande 4. 0-0 ou 4. Cxd4 en réponse[3]. Le maître international Jeremy Silman écrit que les Blancs ont un avantage après 4. 0-0 ( Paul Keres donne 4. 0-0 d6 5. Cxd4 exd4 6. c3 « avec la meilleure position ». ), 4. c3 ou 4. Cc3. Il recommande comme meilleur 4. Cxd4 ! exd4 5. c3 d5 6. exd5 De7 + 7. Rf1 +/= [6] Si 5…dxc3, les Blancs ont l'initiative au centre après 6. Cxc3 d6 7. d4 +/− ; si 5…Fc5 ?, les noirs perdent un pion après 6. Fxf7 +Rxf7 7. Dh5 + ( Wolfgang Unzicker )[7].

La seule vertu de 3…Cd4 est qu'il tend un piège qui a surpris de nombreux joueurs. Après le naturel 4. Cxe5! ?, les noirs gagnent du matériel avec 4…Dg5! Maintenant, l'évident 5. Cxf7 ?? perd après 5…Dxg2 6. Tf1 Dxe4 + 7. Fe2 Cf3 #, un mat à l'étouffée. C'est ce piège qui donne son nom à la variante : le joueur anglais Joseph Henry Blackburne aurait pu l'utiliser pour gagner un shilling par partie remportée contre des joueurs de café[1]. Wall a toutefois mis en question cette affirmation, déclarant qu'il n'y avait pas de parties enregistrées de Blackburne avec cette ouverture[2].

L'ouverture n'est pas un vrai gambit, puisque les Blancs ne peuvent pas prendre le pion en e5 sans perdre de matériel ; cependant, après 4. Cxe5 Dg5, les Blancs peuvent maintenir une partie jouable avec 5. Fxf7 +! Steinitz a écrit que ce coup, « suivi d'un roque, est maintenant la meilleure chance des Blancs et dans une certaine mesure une chance prometteuse, étant donné qu'il a deux pions et l'attaque en échange d'une pièce[3] ». La partie G. Chandler - NN, Stockbridge 1983, continua 5…Re7 (5…Rd8 est meilleur) 6. 0-0 Dxe5 7. Fxg8 Txg8 8. c3 Cc6 ( Silman analyse : 8…Ce6 9. d4 Df6 10. f4 quand « avec deux pions et une attaque pour la pièce sacrifiée, la compensation des Blancs n'est pas mise en doute[6] » ) 9. d4 ( =/∞ Keres [8] ) Da5? 10. d5 Ce5? 11. Dh5! Cf7? 12. d6 +! 1–0 (suite à 13. Dxa5).

Références

  1. David Hooper, Kenneth Whyld, The Oxford Companion to Chess, Oxford University Press, 2e édition, 1996, (ISBN 0-19-280049-3), page 43.
  2. Bill Wall (2005), The Blackburne Shilling Gambit.
  3. Wilhelm Steinitz, The Modern Chess Instructor, Edition Olms Zürich, 1990 (reprint), p. 63 of Part II. (ISBN 3-283-00111-1).
  4. « John Boyd Dunlop vs. E. Hicks, NZL-ch (1911), Timaru », Chessgames.com.
  5. « Muhlock vs. Borislav Kostić, Koln (1911), Cologne GER », Chessgames.com.
  6. « Jeremy Silman (2004), Two Wild Black Systems » [archive du ] (consulté le )
  7. Tim Harding (en), G. S. Botterill (en), The Italian Game, B.T. Batsford Ltd, 1977, (ISBN 0-7134-3261-6), page 128.
  8. Aleksandar Matanović (dir.), Encyclopédie des ouvertures d'échecs, vol. C, Yougoslavie, 2e, , p. 242, n. 1.

Liens externes

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