Fruit (alimentation)

Dans le langage courant et en cuisine, un fruit est un aliment végétal, à la saveur sucrée, généralement consommé cru.

Terminologie

Étymologie

Le terme « fruit » provient du latin fructus qui a, dès l'époque latine, les différents sens qu'on lui connaît aujourd’hui. C'était le participe passé de fruor[1].

Relation entre fruits et légumes

Point de vue lexical et botanique

Le terme « fruit » possède une double acception (selon qu'on se place dans le cadre de la cuisine ou de la botanique). Le terme légume vient du latin « legumen » signifiant « légume à cosse » , « légumineuse »[2]. Il s'agit, à l'origine, du "fruit" des espèces de la famille des Fabaceae« qui sont consommés comme des légumes.

Au plan botanique, un fruit, de type charnu ou non, est la structure issue de l'évolution arrivée à maturité de l'ovaire, dont le rôle est de protéger et d'assurer la diffusion des graines. De nombreux fruits botaniques ne sont pas comestibles et peuvent même être toxiques.

Au sens culinaire, le terme « fruit » désigne des fruits charnus, mais parfois aussi d'autres parties de plantes, qui sont à la fois comestibles, de goût agréable, que l'on peut généralement consommer crus et qui conviennent à la préparation de plats sucrés et de desserts comme les fraises et les ananas ou encore la rhubarbe.

A contrario, nombre de fruits botaniques comestibles, tels que la tomate, l'aubergine ou le poivron, se préparent sans sucre et entrent habituellement dans la confection de recettes salées. Ils sont donc considérés comme des légumes, ou plus précisément comme des légumes-fruits. Ainsi, une partie de plante peut tout à fait être désignée comme fruit dans un contexte scientifique, même si elle se prépare en cuisine comme un légume.

Dans certains cas, la distinction entre fruit et légume devient délicate, certains fruits pouvant être consommés comme légumes, le melon par exemple, fruit couramment consommé en entrée, ou certains fruits cuisinés en accompagnement de plats de viande, comme l'orange pour le canard à l'orange, et inversement certains légumes, parfois naturellement sucrés, peuvent s'accommoder en dessert, comme la patate douce par exemple.

Point de vue juridique

La question de savoir si la tomate est un fruit ou un légume a été portée en 1893 devant la Cour suprême des États-Unis avec l'affaire Nix v. Hedden. La Cour décida à l'unanimité que, dans le cadre de la loi de 1883 sur les droits de douane applicables aux produits importés, la tomate devait être assimilée à un légume et taxée comme tel. La Cour reconnut toutefois le caractère de fruit botanique de la tomate.

Par ailleurs, la Commission européenne a décidé de considérer certains légumes comme des fruits, la tomate, la carotte et la patate douce notamment, lorsqu'ils entrent dans la composition de confitures, carotte et patate douce n'étant en rien des fruits botaniques. Il s'agit en réalité de se conformer à la Directive 2001/113/CE du 20 décembre 2001[3], qui définit la confiture comme un mélange à base de sucre et de fruit, mais qui se veut de préserver certaines traditions locales de production de confitures à base de légumes. C'est notamment le cas de la doce de cenoura, confiture de carottes produite au Portugal.

En France, le décret n° 85-872 du 14 août 1985, portant application de la loi du sur les fraudes et falsifications en matière de produits ou de services, assimile aux fruits botaniques, autorisés pour la fabrication de confitures, les tomates, les parties comestibles des bâtons de rhubarbe, les carottes, les citrouilles, les concombres, les melons, les pastèques et les patates douces[4].

Conservation

Les fruits frais étaient autrefois usuellement conservés plusieurs mois dans un cellier, une cave ou un grenier (parfois sur un lit de mousse végétale).

Les fruits (dénoyautés ou non) pouvaient aussi être séchés (abricots, pruneaux, etc.), transformés en confiture, fruit confit, ou en pâte de fruits, ou encore conservés dans du vinaigre (olives, poires au vinaigre…), une huile végétale ou une saumure (olives).

Au XIXe siècle la stérilisation et conservation en bocaux de verre s'est également fortement développée.

De nos jours des cires et pesticides sont aussi abondamment utilisés pour augmenter la conservation des fruits. Ces derniers sont aussi conservés en chambre froide ou sous atmosphère contrôlée et parfois congelés ou déshydratés (pour être par exemple intégrés dans le Muesli ou des aliments préparés de type barres de céréales et fruits).

Cuisine

Dans la cuisine occidentale, un fruit, au sens large, est un aliment végétal sucré et est considéré essentiel à l'alimentation en apportant certaines vitamines et des fibres. On y distingue généralement:

En Europe ou en Amérique du Nord, on appelle également fruits exotiques les fruits de certaines des plantes qui ont été apportées ou acclimatées à la suite des Grandes découvertes : ananas, banane, kiwi, mangue, etc.

Le concept culinaire de fruit recouvre en grande partie le concept botanique, mais de nombreux fruits botaniques sont considérés en cuisine comme des légumes (aubergine, concombre, haricot, maïs, tomate, olive, avocat…), d'autres encore comme des épices (noix de muscade, poivre, vanille, piment…). Avec les grains des graminées (blé, riz), qui sont d'ailleurs un type de fruit particulier, le caryopse, ils forment une partie essentielle de l'alimentation[5].

A contrario, certains fruits au sens culinaire sont en botanique des faux-fruits, qui résultent de l'évolution non de l'ovaire mais d'autres organes, notamment du réceptacle floral : fraise, figue, ananas, pomme, etc.

La salade de fruits (de l'italien insalata di frutta ou macedonia) est appréciée par sa haute teneur en vitamine C.

Goût

Nutrition

Composition nutritionnelle

Intérêt pour la santé humaine

Au même titre que les légumes, les fruits sont bénéfiques pour la santé. La consommation d'« au moins cinq fruits et légumes par jour » est recommandée par le Programme national nutrition santé.

Éviter le surpoids

Les fruits évitent le surpoids. Avec une moyenne de 50 kcal pour 100 g, les fruits sont peu caloriques tout en étant rassasiants, grâce aux fibres alimentaires qu'ils contiennent[6], par exemple les pommes. Ils constituent aussi une mine de vitamines et de sels minéraux. Ils tiennent une place de choix dans tous les menus équilibrés afin de lutter contre la surcharge pondérale et l'obésité.

Rôle général de prévention des maladies

Les fruits, comme les légumes, protègent contre de nombreuses maladies, notamment diabète, maladies cardiovasculaires et cancers. En particulier, les apports en antioxydants des fruits renforcent les défenses immunitaires[7].

Protection cardiovasculaire

La consommation de 200 g de fruits par jour réduit le risque de maladie cardiovasculaire de 5 à 10 %, la réduction est d'environ 27 % pour une consommation de 600 g de fruits, soit 7 portions[8].

Protection contre le diabète

Les fruits, comme les légumes, entrent dans les régimes des diabétiques pour leurs glucides lents et leurs fibres qui favorisent le contrôle de la glycémie. Le diabète de type gras est l'une des complications de l'obésité, et le nombre de cas a été multiplié par six en quinze ans dans les pays développés. Tous les fruits ne sont cependant pas équivalents : les myrtilles, le raisin, les prunes seraient protecteurs mais pas le melon, les fraises ou les jus de fruit[9],[10].

Protection contre les cancers

La consommation de 200 g de fruits par jour réduit faiblement le risque de cancers de 1 à 6 % et d'environ 8 % pour une consommation de 550 à 600 g de fruits par jour (soit environ 7 portions)[8].

Fortifiant des os

Les fruits fortifient les os, car ils constituent une source non négligeable de calcium, inférieure cependant aux produits laitiers, mais leurs antioxydants (phytoœstrogènes et potassium) permettent à l'organisme de lutter contre la déminéralisation osseuse et donc contre l'ostéoporose[11].

Le développement de la mâchoire

Mâcher des aliments croquants et difficile à mâcher, comme des fruits crus, dans la jeunesse, lorsque les os se développent encore, est nécessaire pour le développement des os de la mâchoire car il stimule le croissance de la mâchoire et donc pour éviter les dents de travers et des dents enclavées, qui sont les résultats d'une manque de l'espace pour l'éruption juste dans la bouche des dents[12],[13].

Économie

Selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)[14], la production mondiale de fruits est de 465 millions de tonnes en 2003 soit une augmentation d'environ 30 % en 10 ans.

Fruits les plus cultivés dans le monde

Chiffres de l'année 2000[15]

Fruit en millions de tonnes Pourcentage Principaux pays producteurs
Agrumes 100 21,5 % (dont 58 % d'oranges principalement
utilisés pour faire du jus d'orange)[16].
Brésil - États-Unis - Maroc
Raisin 68 14,6 % Italie - France - Espagne
Banane 64 13,8 % Inde - Brésil - Chine.
Pomme 59 12,7 % Canada - Chine - États-Unis - Turquie
Mangue 25 5,4 % Inde - Chine - Mexique
Ananas 17 3,7 % Thaïlande - Philippines - Chine
Pêche et nectarine 13 2,8 % Chine - Italie - États-Unis
Poire 13 2,8 % Chine - Italie - États-Unis
Prune 9 1,9 % Chine - États-Unis - Serbie
Datte 5 1,1 % Égypte - Iran - Arabie saoudite - Tunisie - Maroc - Algérie
Papaye 5 1,1 % Brésil - Nigéria - Inde
Abricot 3 0,6 % Turquie - Iran - Italie - Canada
Fraise 3 0,6 % États-Unis - Espagne - Japon
Avocat 2 0,4 % Mexique - Indonésie - États-Unis
Autres fruits 79 17 % (dont une part croissante de fruits tropicaux tels que noix de coco, goyave...)
Total 465 100 %

À titre de comparaison, 692 millions de tonnes de légumes ont été produites la même année.

Production par pays

  • par continent :

42 % de la production mondiale de fruits provient d'Asie contre 14 % d'Europe, 13 % d'Amérique du Sud, 12,5 % d'Amérique du Nord, 12,5 % d'Afrique et 6 % d'Océanie[17].

  • par pays[18], en 2004 :
  1. Chine - 19 % (avec une production augmentant d'environ 6 % chaque année entre 1996 et 2003)
  2. Inde - 12 % (2,7 % d'augmentation annuelle)
  3. Brésil
  4. États-Unis1er pays exportateur avec presque 3 millions de tonnes exportées (principalement raisins, oranges et pommes) dont 47 % vers le Canada
  5. Mexique4e exportateur
  6. Chili3e exportateur
  7. Afrique du Sud5e exportateur
  8. Canada6e exportateur
  9. Ouzbékistan7e exportateur

Consommation par pays

Continent - Consommation annuelle par habitant en kg[17]

  1. Amérique du Sud - 120,2
  2. Amérique du Nord - 118,6
  3. Océanie - 109,1
  4. Europe - 82,8
  5. Afrique - 53,9
  6. Asie - 45,6

Moyenne mondiale - 61,6

Parmi les fruits à croquer, les agrumes sont les plus consommés au monde devant les bananes et les pommes[19].

Production française

Surfaces et volumes des principales productions de fruits en 2012[20]
Fruits Superficie (ha) Production (tonnes)
Pommes 40 921 1 378 741
Pêches-nectarines 12 328 280 317
Poires de table 5 968 124 778
Abricots 13 931 186 158
Prunes (pruneau) 12 739 152 542
Autres prunes 5 899 57 713
Kiwis 3 952 67 563
Raisin de table 5 453 52 098
Fraises 3 257 55 195
Cerises de table et d'industrie 9 534 30 310

(d'après les données SCEES 2012)

Filière de vente

Un système d’identification des fruits et légumes a été défini pour faciliter la vente au détail : le PLU ou Price-Look Up (code d’appel prix).

En France, les trois-quarts des fruits consommés contiennent des pesticides[21].

Les fruits selon les saisons en France

Les fruits selon les saisons[22],[23],[24],[25]
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
Citron niçois  Oui  Oui  Oui
Clémentine  Oui  Oui
Kiwi  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui
Mandarine  Oui  Oui
Orange  Oui  Oui  Oui  Oui
Noix  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui
Poires  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui
Pommes  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui
Châtaignes  Oui  Oui  Oui
Dattes  Oui  Oui
Fraises  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui
Framboises  Oui  Oui  Oui  Oui  Oui
Melons  Oui  Oui  Oui
Mirabelles  Oui  Oui  Oui
Mûres  Oui  Oui  Oui
Myrtilles  Oui  Oui  Oui
Pêches  Oui  Oui  Oui
Prunes  Oui  Oui  Oui
Raisins  Oui  Oui  Oui  Oui
Coings  Oui  Oui
Feijoas  Oui  Oui
Kakis  Oui
Abricots  Oui  Oui  Oui
Amandes  Oui
Cerises  Oui  Oui  Oui
Brugnons  Oui
Cassis  Oui  Oui
Groseilles  Oui  Oui
Pastèques  Oui

Notes et références

  1. Traduction selon le dictionnaire Gaffiot. frŭor, fruĭtus et frūctus sum, fruī, intr. et tr. Intr., faire usage de, jouir de ; [avec abl.] aliqua re uti et frui Cic. Nat. 1, 103, user et jouir des biens. || Avoir la jouissance de. -- frūctŭs,⁸ ūs, m., 1 droit de percevoir et utiliser les fruits d’une chose dont la propriété reste à un autre (usufruit) -- 2 ce dont on jouit, produit, rapport, revenu, fruit
  2. Michel Chauvet, Etymologia botanica, Mèze, Biotope, , 794 p. (ISBN 978-2-36662-319-2), p. 415
  3. Directive 2001/113/CE du Conseil du 20 décembre 2001 relative aux confitures, gelées et marmelades de fruits, ainsi qu'à la crème de marrons, destinées à l'alimentation humaine, Journal officiel des Communautés européennes, 12-01-2002 [PDF]
  4. « Confitures, gelées, marmelades de fruits et autres produits similaire », sur Le portail des ministères économiques et financiers : DGCCRF, (consulté le ).
  5. « guidedesante.blogspot.com/2009… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  6. « 1001-fruits.com/fibres-aliment… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  7. « Dopez vos défenses immunitaires avec un régime équilibré », sur Doctissimo, (consulté le ).
  8. Dagfinn Aune, Edward Giovannucci, Paolo Boffetta, Lars T Fadnes, NaNa Keum, Teresa Norat, Darren C Greenwood, Elio Riboli, Lars J Vatten et Serena Tonstad, « Fruit and vegetable intake and the risk of cardiovascular disease, total cancer and all-cause mortality—a systematic review and dose-response meta-analysis of prospective studies », International Journal of Epidemiology, vol. 46, no 3,‎ , p. 1029–1056 (ISSN 0300-5771, PMID 28338764, PMCID 5837313, DOI 10.1093/ije/dyw319 , lire en ligne)
  9. (en) Isao Muraki, Fumiaki Imamura, JoAnn E. Manson et Frank B. Hu, « Fruit consumption and risk of type 2 diabetes: results from three prospective longitudinal cohort studies », BMJ, vol. 347,‎ , f5001 (ISSN 1756-1833, PMID 23990623, DOI 10.1136/bmj.f5001, lire en ligne, consulté le )
  10. Y. Wu, D. Zhang, X. Jiang et W. Jiang, « Fruit and vegetable consumption and risk of type 2 diabetes mellitus: a dose-response meta-analysis of prospective cohort studies », Nutrition, metabolism, and cardiovascular diseases: NMCD, vol. 25, no 2,‎ , p. 140–147 (ISSN 1590-3729, PMID 25456152, DOI 10.1016/j.numecd.2014.10.004, lire en ligne, consulté le )
  11. Fruits et prévention de l'ostéoporose
  12. (en) Julia Boughner, « Bad molars? The origins of wisdom teeth », sur The Conversation (consulté le )
  13. (en-US) « What teeth reveal about the lives of modern humans », sur What teeth reveal about the lives of modern humans (consulté le )
  14. The world fresh fruit market - FAO - 2003
  15. Source Agropolis
  16. lien
  17. Principales productions fruitières dans le monde
  18. FAO
  19. Sylvie Brunel, Croquer la pomme, l'histoire du fruit qui a perdu le monde et qui le sauvera, Lattès, (lire en ligne), p. 87.
  20. Fédération Nationale des Producteurs de Fruits http://www.fnpfruits.com/sites/fnpfweb/chiffresK/productions/
  21. « Trois-quarts des fruits et près de la moitié des légumes présentent des traces de pesticides », sur www.europe1.fr (consulté le )
  22. « Saison : Eté... », sur Corbeillo.com (consulté le )
  23. « Saison : Printemps... », sur Corbeillo.com (consulté le )
  24. « Saison : Automne... », sur Corbeillo.com (consulté le )
  25. « Saison : Hiver... », sur Corbeillo.com (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Élisabeth Lemoine, Guide des fruits du monde, Lausanne, Delachaux et Niestlé,
  • Jean-Yves Maisonneuve, Paroles de fruits, éd. Parole ouverte, 2011
  • Michel Chauvet, Encyclopédie des plantes alimentaires, Paris, Belin, , 878 p. (ISBN 978-2-7011-5971-3, BNF 45594130, présentation en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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