Fouet (marine)

Un fouet, appelé whipstaff en anglais et kolder-stok en néerlandais[1], est un ancien dispositif de barre, utilisé en Europe entre le XVIe et le XVIIe siècle pour contrôler le gouvernail d'un grand voilier et orienter le navire. Son mécanisme, plus élaboré que celui de la simple barre franche, a précédé l'invention de la barre à roue plus complexe.

Ce système est désigné par le mot manuelle, déformation du mot manivelle, dans la littérature maritime[2].

Historique

Avant le XVIe siècle, la plupart des voiliers étaient suffisamment petits pour être dirigés par une seule personne travaillant avec une barre franche directement reliée au gouvernail. Cependant, à mesure que les navires devenaient plus hauts et plus larges, il était nécessaire de disposer d'un dispositif de direction qui pouvait s'étendre du pont supérieur de la poupe jusqu'à la barre qui était parfois située plus d'un pont en dessous. Le fouet est devenu une solution temporaire, permettant la transmission mécanique de la commande d'un bateau. Son mécanisme est plus élaboré que celui de la simple barre franche et a précédé l'invention de la barre à roue plus complexe[3] qui s'est imposée par la suite pour diriger les bateaux.

Fonctionnement

À l'extrémité de la barre du gouvernail, située en partie basse du navire, une articulation de type vit-de-mulet est reliée à une barre verticale traversant le pont supérieur (fouet sensu stricto). Cette barre verticale est fixée à un axe qui pivote et permet au timonier d'orienter la gouverne par un mouvement latéral[4]. Le mécanisme en bois était gainé de métal et enduit de savon ou de graisse. Comme pour la barre à roue, le mouvement du fouet est le même que celui de la direction voulue : le fouet est basculé à droite pour aller à tribord et à gauche pour aller à bâbord. L'angle de virage possible avec ce dispositif était faible, entre 5° et 20°[5],[6], car le gouvernail ainsi manœuvré ne pouvait pivoter que d'un angle faible[7].

Le timonier lui-même ne se tenait parfois pas sur le pont le plus haut, mais dans un entrepont, une écoutille spéciale lui permettant de voir ou diriger le navire. La vue et l'angle limités rendaient peu manœuvrables les navires munis de ce dispositif, qui étaient en partie manœuvrés par l'utilisation des voiles, principalement la voile d'artimon qui était une voile latine sur ces navires pour cette raison. Le réglage des voiles permet de contrôler le cap du navire, ce qui reste imprécis et dépend des vicissitudes du vent, lorsqu'un changement rapide de direction est nécessaire.

Galerie d'images du fouet de la caraque Nao Victoria

Notes et références

  1. (sv) Article « Kullerstock » du Svenska Akademiens Ordbook (SAOB)., consulté le 4 mai 2025.
  2. Christiane Villain-Gandossi, « Terminologie de l'appareil de gouverne (IXe-XVIIIe siècles) », Archaeonautica, vol. 2, no 1,‎ , p. 281–310 (DOI 10.3406/nauti.1978.878, lire en ligne, consulté le ).
  3. Romola Anderson et R.C. Anderson, A Short History of the Sailing Ship, Courier Dover, (1re éd. 1926) (ISBN 9780486429885, lire en ligne), p. 156-157.
  4. John H. Harland et Mark Myers, Seamanship in the age of sail, Naval Institute, (ISBN 9780870219559, présentation en ligne), p. 173.
  5. Boudriot, « The whipstaff », Nautical Research Journal, Nautical Research Guild, vol. 26,‎ , p. 149–154.
  6. Brian Lavery, Arming and Fitting of English Ships of War, 1600-1815, Naval Institute, (ISBN 9780870210099, présentation en ligne), p. 15.
  7. John H. Harland et Mark Myers, Seamanship in the age of sail, Naval Institute, (ISBN 9780870219559, présentation en ligne), p. 174.

Voir aussi

Articles connexes

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