Bataille du Trocadéro

Bataille du Trocadéro
Le duc d'Angoulême à la bataille du fort du Trocadéro, huile sur toile de Paul Delaroche, 1828, musée de l'Histoire de France, Versailles.
Informations générales
Date -
Lieu Île du Trocadero
Issue Victoire française
Belligérants
 Royaume de France Libéraux espagnols
Commandants
Louis de France, duc d'Angoulême
Armand Guilleminot
• Garcès
Forces en présence
30 000 hommes 1 700 hommes[1]
Pertes
41 morts[2]
116 blessés[2]
120 à 150 morts[2],[1]
250 à 300 blessés[2],,[1]
1 000 à 1 100 prisonniers[2],[1]
53 canons capturés[1]

Guerre royaliste

Batailles

Coordonnées 36° 31′ nord, 6° 13′ ouest
Géolocalisation sur la carte : Espagne
Géolocalisation sur la carte : Andalousie

La bataille du Trocadéro est un fait d'armes survenu dans la nuit du au , au cours de l'expédition d'Espagne, pendant la guerre royaliste. Elle s'achève sur la victoire du corps expéditionnaire français sur les libéraux espagnols à Cadix en Espagne. Cette bataille rétablit l'autorité du monarque absolu Ferdinand VII.

Contexte

À l'abdication de Napoléon Ier en 1814, les Bourbons remontent sur les trônes de France et d'Espagne. Dans ce dernier pays, Ferdinand VII accepte à contrecœur la constitution libérale de Cadix mais, en secret, il demande de l’aide à la Sainte-Alliance pour contrecarrer les libéraux de l'Assemblée des Cortes[3]. En , le colonel Rafael del Riego mène une révolte et le roi se retrouve renfermé sous bonne garde dans le bâtiment de la Douane de Cadix[4]. Pour abattre cette révolution qui a pris le contrôle d’une grande partie du pays, la Sainte-Alliance donne, lors du congrès de Vérone (), un mandat à la France pour intervenir au secours du roi[5].

La prise du Fort Louis

En , un corps expéditionnaire, surnommé « les Cent Mille Fils de Saint Louis[6][a] », est envoyé par Louis XVIII pour rétablir le roi Ferdinand VII sur son trône. Ces troupes, placées sous le commandement de son neveu le duc d'Angoulême, franchissent les Pyrénées, s'emparent de Madrid, puis marchent sur Cadix. Le , les forces révolutionnaires sont mises en déroute en tentant de défendre deux forts à Puerto Real, une ville à une douzaine de kilomètres de Cadix[7].

Le Fort Louis, qui défend le port de la ville, est enlevé à la baïonnette, à marée basse, par le capitaine des grenadiers de la Garde, le chevalier de la Villatte, qui s’est jeté à l'eau dans le canal, et ses hommes le suivant à la nage tenant fusils et gibernes à bout de bras au-dessus de l’eau, ce qui est considéré comme le fait de gloire de cette bataille. Tout le monde s’accroche aux fascines et franchit les retranchements surprenant les artilleurs espagnols, qui se font tuer autour de leurs pièces à la baïonnette, les grenadiers ne pouvant faire usage de leurs cartouches mises hors de service par l’eau[7]:158. L’assaut ayant repris, un moulin, des buttes de sable, des maisons, des fossés sont enlevés aux constitutionnels débusqués à travers les rochers et les fondrières. Avant 9 heures, les Français contrôlent la presqu’ile de Trocadéro, d’où le château de Matogorda tient en échec la pointe adverse de Puntalès, et la ville de Cadix à la distance la plus rapprochée. Près de 500 constitutionnels sont tués ou blessés[b], plus de 1 000 sont prisonniers, dont leur chef, le colonel Garces, député aux Cortes. Le général Alava demande « au nom du Roi », un armistice au duc d’Angoulême, mais se voit refuser tout entretien avant que Ferdinand ne soit placé sous la protection des troupes françaises[4].

Le 3 octobre 1823, Cadix se soumet[8].

Conséquences

Les Cortes prononcent leur propre dissolution à Cadix, le 27 septembre 1823. Le roi, qui a promis l’amnistie aux Libéraux, le 30 octobre 1823, retrouve sa liberté, et revient sur sa parole, le lendemain même. Le 4 octobre, tous les cadres de l’administration libérale son exilés, et le roi d'Espagne, qui n’est pas particulièrement reconnaissant envers son cousin Louis XVIII, puisqu’il écrivait depuis sa journée de Cadix : « Le joug dont Votre Altesse prétend avoir délivré l’Espagne n’a jamais existé et je n’ai jamais été privé d’aucune autre liberté que de celle dont les opérations de l’armée française m’ont dépouillé[4]. », entreprend la restauration absolutiste en Espagne[9].

L’une des premières « guerres d’ingérence » de la période contemporaine[6], la bataille du Trocadéro a contribué à inciter le président des États-Unis James Monroe à énoncer, le 2 décembre 1823, les principes de la doctrine Monroe, destinée à protéger les Amériques contre l’intervention des puissances européennes[10].

Hommages

À Paris, la place du Trocadéro (ex « place du roi de Rome ») et le palais du Trocadéro qui y fut construit[c], ont été nommés ainsi en l'honneur de cette victoire militaire française.

Notes et références

Notes

  1. Le corps expéditionnaire français comporte en réalité 95 000 hommes[6].
  2. À peine 250 constitutionnels ont réussi à s’embarquer.
  3. Détruit en 1937 pour faire place au Palais de Chaillot[11].

Références

  1. Le Moniteur universel, Vendredi 12 septembre 1823, t. 255 (lire en ligne), p. 1084.
  2. Charles Théodore Beauvais de Préau (dir.), Victoires, conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français : Guerre d'Espagne de 1823, t. XXVIII, Paris, C.L.F. Panckoucke éditeur, , 417 p. (lire en ligne), p. 288-290
  3. Jean-Claude Caron et Michel Vernus, L'Europe au 19e siècle, Paris, Armand Collin, , 495 p., 24 cm (ISBN 978-2-200-60006-8, OCLC 908338724).
  4. Geoffroy de Grandmaison, L’Expédition française d’Espagne en 1823 : avec onze lettres inédites de Chateaubriand, Paris, Plon, , 6e éd., 273 p., in-16 (OCLC 7520578, lire en ligne sur Gallica), p. 163.
  5. David Delpech, Stella Rollet et Jean-Claude Yon, La France dans l'Europe du XIXe siècle, Malakoff, Armand Colin, , 320 p. (ISBN 978-2-20061-968-8, OCLC 1033517436, lire en ligne), p. 112.
  6. Emmanuel Larroche (préf. Francis Démier), L’Expédition d’Espagne 1823 : de la guerre selon la Charte, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 354 p. (ISBN 978-2-75356-970-6, OCLC 1197863580, lire en ligne).
  7. Achille de Vaulabelle, Histoire des deux Restaurations, jusqu’à la chute de Charles X, en 1830 : précédée d’un Précis historique sur les Bourbons et le parti royaliste, depuis la mort de Louis XVI, t. 6, Paris, Perrotin, , 536 p., 7 vol. : cartes aux t. I et III ; in-8º (OCLC 1143194668, lire en ligne sur Gallica), p. 160.
  8. Bouvet de Cressé, Histoire de la marine de tous les peuples depuis la plus haute antiquité jusqu’à nos jours, t. 2, Paris, A. André, , 576 p. (lire en ligne), p. 570.
  9. Jean-Philippe Luis, L’Utopie réactionnaire : épuration et modernisation de l’État dans l’Espagne de la fin de l’ancien régime (1823-1834), Paris, Casa de Velázquez, , xvi, 462 p., ill. ; 24 cm (ISBN 978-8-49555-533-5, OCLC 51816508, lire en ligne), p. 83.
  10. (en) S. E. Morison, « The Origin of the Monroe Doctrine, 1775-1823 », Economica, no 10,‎ , p. 27–51 (ISSN 0013-0427, DOI 10.2307/2547870, JSTOR 2547870).
  11. Frédéric Seitz, Le Trocadéro : les métamorphoses d’une colline de Paris, Paris, Belin, , 109 p., 24 cm (ISBN 978-2-70113-028-6, OCLC 62364254, lire en ligne).
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