Fleurie (AOC)

Fleurie

Bouteille de fleurie.

Désignation(s) Fleurie
Type d'appellation(s) AOC / AOP
Reconnue depuis 1936
Pays France
Région parente vignoble du Beaujolais
Localisation Rhône
Climat tempéré océanique à tendance continentale
Sol granitique
Superficie plantée 799 ha (en 2023)[1]
Nombre de domaines viticoles 140
Cépages dominants gamay N[2]
Vins produits rouges
Production 39 251 hl (en 2023)[1]
Pieds à l'hectare minimum 6 000 pieds par hectare[3]
Rendement moyen à l'hectare 49 hl/ha (en 2023)[1]

Le fleurie[4] est un vin français d'appellation d'origine contrôlée produit dans le département du Rhône. Vin rouge sec, il est en général fruité.

L'appellation couvre la commune de Fleurie, dans le vignoble du Beaujolais. Elle est l'un des dix crus de ce vignoble, qui sont du nord au sud : le saint-amour, le juliénas, le chénas, le moulin-à-vent, le fleurie, le chiroubles, le morgon, le régnié, le brouilly et le côte-de-brouilly.

Histoire

La présence de vigne sur Fleurie est attestée dès 987[5]. Le fleurie est reconnu par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) comme appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis le décret du [6]. Le cahier des charges a été dernièrement modifié en octobre 2009[7], en décembre 2011[8], en février 2021[9] et en février 2024[3].

Étymologie

Le nom du cru est celui de la commune de production, Fleurie. Le village doit son nom selon la légende à un soldat romain, Florus, bien qu'aucune trace d'occupation pendant la période romaine ne soit attestée, tant au niveau archéologique que bibliographique[10].

Vignoble

Le fleurie est produit uniquement sur la commune de Fleurie, dans le département du Rhône, au nord du vignoble du Beaujolais. Les appellations communales voisines sont le moulin-à-vent au nord-est, le chiroubles au sud-ouest et le morgon au sud.

Il y a treize lieux-dits différents : la Madone, Grille-Midi, La Chapelle des Bois, Champagne, La Roilette, etc[11].

Le vignoble est abrité des vents d'ouest par les monts du Beaujolais et bénéficie d'une exposition sud-est. Il s'étale jusqu'au pied de la chapelle de la Madone, à 425 m d'altitude[12].

Selon les Douanes, la superficie revendiquée en 2023 sous l'appellation est de 799 hectares[1]. En 2010, elle était de 855 ha[13].

Géologie et pédologie

Image externe
Carte géologique de l'appellation

Le sous-sol est constitué principalement de formations de granite rose pauvre en micas, appelé granite de Fleurie[14]. Le granite se trouve à des profondeurs différentes sous le sol meuble. Une couche de granite altéré, nommé « saprolite », d’épaisseur variable selon les endroits est logée entre le sol meuble et le socle de granite[15].

On distingue deux types de sols[14] :

  • au-dessus du bourg de Fleurie, sur des coteaux en forte déclivité à l’ouest du village, la vigne s’enracine dans l’arène granitique constituée de petits cailloux roses et dans la roche-mère de granite rose, qui affleure. Les sols sont très sableux et pauvres.
  • En-dessous du bourg, la pente s’atténue, la roche-mère est recouverte par des colluvions issues des coteaux. Les sols s’épaississent, s’enrichissent en argiles et en sables fins et limons.

Climatologie

La station météo de Charnay-lès-Mâcon, près de Mâcon (à 216 mètres d'altitude) est la plus proche de l'aire d'appellation, mais cette station est plus au nord et en bordure de Saône. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :

Relevés à Mâcon-Charnay 1961-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −0,6 0,7 2,5 5,2 8,9 12,3 12,4 13,9 11,1 7,5 2,9 0,1 6,6
Température moyenne (°C) 2,1 4 6,8 10 13,9 17,5 20,1 19,4 16,4 11,7 6 2,7 10,9
Température maximale moyenne (°C) 4,9 7,3 11,1 14,8 18,9 22,8 25,7 24,9 21,7 15,9 9,1 5,3 15,2
Ensoleillement (h) 56,1 87,8 146,5 185,9 211,6 249,3 288,9 250,2 202,8 124,5 68,6 52,5 1 924,7
Précipitations (mm) 66,3 60,9 58,7 69,4 85,9 74,7 58,1 77,1 75,7 71,7 72,7 70,4 841,4
Source : www.infoclimat.fr : Mâcon-Charnay (1961-1990)[16].


Encépagement

Le cépage principal est le gamay noir à jus blanc (N) et trois autres cépages sont autorisés comme cépages accessoires, limités à 15 % au sein de chaque parcelle : l'aligoté B[2], le chardonnay B et le melon B.

Le gamay est un cépage peu vigoureux, faible mais fertile et dont la production doit être maîtrisée car il a tendance à s'épuiser[17]. Les meilleurs vins de gamay sont obtenus, à l’opposé du pinot noir, sur des sols acides et granitiques. Son débourrement précoce le rend également sensible aux gelées de printemps. Il se montre parfois sensible au millerandage lorsque les conditions climatiques sont défavorables au moment de la floraison[17]. Le gamay présente l’avantage de produire une petite récolte sur les contre-bourgeons. Le vin de gamay possède une couleur rouge nuancée de violet, il est pauvre en tanins et dévoile une bonne acidité. Il possède généralement un caractère fruité (fruits rouges, fruits noirs) mais exprime peu de complexité au niveau aromatique[17].

Culture de la vigne

La taille est courte, en gobelet, éventail ou cordon, simple, double ou charmet avec 3 à 5 coursons à 1 ou 2 yeux. La conduite ancienne traditionnelle était en gobelet à densité élevée (entre 9 000 et 11 000 pieds par hectare). Aujourd'hui, le besoin de mécaniser le vignoble conduit les viticulteurs à planter à densité plus faible, mais supérieure à 6 000 pieds par hectare[3].

L'écartement entre rangs ne peut excéder 2,3 mètres et entre ceps sur le rang, il doit être au minimum de 0,80 m. Pour les vignes non palissées en gobelet, l'écartement maximum entre rangs ne doit pas excéder 1,5 m. Des allées peuvent être aménagée en arrachant un rang de vigne. L'allée ne doit pas excéder 3 m et doit bénéficier d'un couvert végétal spontané ou semé. Les tournières doivent bénéficier d'un couvert végétal permanent. La hauteur de feuillage entre la limite inférieure du feuillage et la hauteur de rognage doit dépasser 0,6 fois l'écartement entre rangs et un palissage est obligatoire si l'écartement entre rangs dépasse 1,5 m.

La taille courte est obligatoire. Traditionnellement en gobelet, la taille en cordon ou la taille « charmet » (taille inventée par M. Charmet en sud-Beaujolais, intermédiaire entre la taille en cordon et celle en éventail) sont aujourd'hui pratiquées. La taille est limitée à huit yeux porteurs de grappe après épamprage et un bras à deux yeux peut être ajouté en vue de rajeunir la souche[3].

Rendements

Le rendement est limité à un maximum de 56 hectolitres par hectare ; le rendement butoir est de 61 hectolitres par hectare[3]. Le rendement réel est très en-dessous du maximum autorisé par le cahier des charges, par exemple le rendement moyen pour l'ensemble de l'appellation lors des vendanges 2010 est de 45,5 hectolitres par hectare[18].

Les données des années récentes sont les suivantes[19] :

Année Superficie (ha) Production (hl) Rendement (hl/ha)
2019 823 36 621 45
2020 827 41 020 50
2021 821 31 801 39
2022 815 32 233 40
2023 800 39 252 49
2024 770 28 790 37

Vendanges

Les vendanges sont faites à la main, les grappes de raisin devant arriver intactes dans les cuves. Le premier jour des vendanges (appelé « levée du ban des vendanges ») varie selon la maturité des baies, qui dépend lui-même de l'ensoleillement reçu : les années relativement chaudes les raisins sont vendangés tôt, les années relativement froides les vendanges sont plus tardives.

Vins

La production déclarée en 2023 a été d'un total de 39 251 hectolitres[1] (un hectolitre = 100 litres = 133 bouteilles de 75 cl). En 2010, elle était de 38 925 hl[13].

Vinification et élevage

Le mode de vinification du beaujolais explique beaucoup le type de vins très particulier qui y est produit. On l'appelle la macération carbonique : le raisin est encuvé entier et la cuve est fermée pendant quatre à sept jours. La saturation de la cuve en CO2 empêche les raisins de s'oxyder, les obligeant à un mode de fonctionnement anaérobie. Cet oxyde de carbone est obtenu en faisant d'abord fermenter une partie de la récolte (10 à 30 %) en fond de cuve, foulée et levurée, auquel on rajoute le reste de la récolte dont les grappes doivent être le plus intact possible (non éraflées et non foulées, les baies ne doivent pas être écrasées)[20]. Cette évolution à l'intérieur du grain de raisin s'apparente à un début de fermentation : elle produit un peu d'alcool et des précurseurs d'arômes. Ensuite, le raisin est foulé et une fermentation traditionnelle se poursuit.

Pour les dix crus du Beaujolais, surtout pour ceux destinés à être gardés quelques années de plus en bouteille, la vinification est semi-carbonique, à mi-chemin entre la macération carbonique et la vinification bourguignonne. Le raisin est récolté manuellement, encuvé entier sans éraflage. La fermentation débute comme pour une macération carbonique, mais au moment où le marc destiné au primeur est décuvé et pressé, les cuves destinées au vin de garde sont pigées et la macération se poursuit jusqu'à épuisement presque complet des sucres. Le vin est ensuite écoulé, le marc pressé et la fermentation malolactique peut s'enclencher tant que la température n'est pas trop descendue. Ces procédés favorisent la production de vins peu tanniques, une coloration pas trop soutenue et des arômes fruités.

Accord mets-vin

Le fleurie est souvent considéré comme le plus féminin des crus ou « reine des crus », ses vins étant réputés pour leur finesse et leur élégance.

On constate des différences notables dans le caractère des vins selon leur lieu-dit de culture. L’attaque d’un fleurie est généralement franche, l’acidité moins élevée et les tanins assouplis. D’une grande rondeur en bouche, ce beaujolais se dégustent en apéritif, avec une viande rouge ou blanche, voire avec une andouillette à la beaujolaise[21].

Économie

Structure des exploitations

La cave coopérative de Fleurie est le premier producteur de l'appellation, gérant un tiers du volume avec 330 adhérents, 350 hectares et environ 17 000 hectolitres par an (y compris les appellations voisines)[22].

Commercialisation

Les vins bénéficiant de l'appellation peuvent être repliés sur les appellations régionales beaujolaises (beaujolais et beaujolais-villages), mais aussi bourguignonnes, c'est-à-dire qu'ils peuvent être commercialisés sous les appellations bourgogne, coteaux-bourguignons, bourgogne passe-tout-grains, bourgogne aligoté et crémant de Bourgogne (dont l'aire de production s'étend sur le Beaujolais, selon les deux décrets du [23]).

Liste de producteurs

  • Nombre de producteurs : 140

Notes et références

  1. « Déclaration de récolte et de production 2023 (campagne viticole 2023-2024) », sur douane.gouv.fr, .
  2. Le code international d'écriture des cépages mentionne de signaler la couleur du raisin : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  3. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Fleurie » », homologué par l'arrêté du , publié au JORF du et au BO Agri du .
  4. Le nom d'un vin est un nom commun, donc ne prend pas une majuscule, cf. les références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  5. Vins AOC Fleurie par le musée des boissons, sur www.musee-boissons.com, consulté le 28 janvier 2014
  6. « Décret du 11 septembre 1936 définissant l'aire de production des vins d'appellation contrôlée "fleurie" », sur legifrance.gouv.fr, publié au JORF du 4 octobre 1936, page 10514.
  7. Secrétariat général du gouvernement français, « Décret no 2009-1343 du 29 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Brouilly », « Chénas », « Chiroubles », « Côte de Brouilly », « Fleurie », « Juliénas », « Morgon », « Moulin-à-Vent », « Saint-Amour » et « Régnié » », sur legifrance.gouv.fr.
  8. Décret no 2011-1756 du relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Fleurie », publié au JORF no 0282 du .
  9. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Fleurie » », homologué par l'arrêté du , publié au JORF du .
  10. Odile Faure-Brac, Carte archéologique de la Gaule - Le Rhône, 69/1, (ISBN 2-87754-096-0), p. 230.
  11. « Fleurie : Des paysages divins pour des vins féminins »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur beaujolais.com.
  12. « Fleurie | Guide Hachette des Vins », sur Le Guide Hachette des Vins (consulté le )
  13. Collectif, Le guide Hachette des vins 2012, Paris, Hachette livre, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237699-1), p. 166.
  14. « Les Appellations », sur www.vinsvignesvignerons.com (consulté le ).
  15. Gilles Martin, « Fleurie: breffage », sur Monocépage, (consulté le ).
  16. « Archives climatologiques mensuelles de Mâcon-Charnay de 1961 à 1990 », sur infoclimat.fr.
  17. Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées, Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, Le Grau-du-Roi, ENTAV, , 357 p. (ISBN 2-9509682-0-1).
  18. Le rendement réel est calculé en divisant le volume de la production par la surface exploitée, soit 38925 / 855 = 45,52 hectolitres par hectare. Source : Guide Hachette des vins, op. cit..
  19. « Open Data | Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects », sur www.douane.gouv.fr (consulté le ).
  20. « Macération carbonique », sur viticulture-oenologie-formation.fr.
  21. « Les vins - Cru Fleurie », sur Cru Fleurie - Cru Fleurie, (consulté le ).
  22. « L'esprit de la cave », sur cavefleurie.com.
  23. Décret du 16 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Bourgogne », « Coteaux Bourguignons », « Bourgogne Passe-tout-grains » et « Bourgogne aligoté » et décret no 2009-1269 du 19 octobre 2009 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Crémant de Bourgogne ».

Voir aussi

Lien externe

Articles connexes

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