Fièvre d'Oropouche
| Causes | Oropouche virus (d) |
|---|---|
| Transmission | Transmission par les insectes (d), Culicoides et transmission par les moustiques (d) |
| Symptômes | Arthralgie, vomissement, frissonnement (en) et fièvre |
| Traitement | Soins de support (d) |
|---|---|
| Spécialité | Infectiologie |
| CIM-10 | A93.0 |
|---|---|
| CIM-9 | ICD9 |
Mise en garde médicale
La fièvre d'Oropouche est une maladie tropicale infectieuse causée par le virus d'Oropouche (OROV, pour l'anglais Oropouche virus), un arbovirus de la famille des Bunyaviridae.
La fièvre d'Oropouche est une zoonose semblable à la dengue, transmise aux humains par des piqûres d'insectes (Culicoides paraensis (en) et plusieurs espèces de moustiques) à partir du sang de paresseux. Elle survient principalement dans le bassin amazonien, dans les Caraïbes et au Panama.
Historique
La fièvre et le virus doivent leur nom à la région du fleuve Oropouche (Trinité-et-Tobago) où la maladie a été décrite pour la première fois en 1955[1] ; il leur a été donné par le Trinidad Regional Virus Laboratory (en), qui a identifié le virus[2].
Au Brésil, le virus OROV a été isolé en 1960, à partir du sang d'un paresseux (Bradypus tridactylus) capturé dans la forêt tropicale lors de la construction de l'autoroute Belém-Brasília. Le moustique Ochlerotatus serratus (en) a été impliqué comme vecteur, car le virus a été retrouvé chez ces moustiques dans la même zone[3].
Caractéristiques cliniques
La période d'incubation dure de quatre à huit jours[4].
Formes habituelles
60 % environ des personnes infectées présentent des symptômes : la fièvre d'Oropouche débute par l'apparition d'une fièvre brutale autour de 39 °, initialement avec des symptômes généraux semblables à ceux observés dans la dengue, tels que des frissons, des céphalées, anorexie, myalgies et arthralgies et vomissements[4].
La plupart des patients guérissent spontanément au bout d'une semaine, parfois après une rechute dans les deux semaines[4].
Des patients peuvent développer des symptômes de méningite, le plus souvent de bon pronostic, guérissant sans séquelles, mais après une période de fatigue et de douleurs musculaires durant deux à quatre semaines[5].
Formes plus sévères
Depuis les années 2020, la maladie tend à se présenter sous des formes plus graves, probablement liées à de nouvelles souches virales réassorties. À Cuba, en 2024, des cas de Guillain-Barré ont été associés à une épidémie de fièvre d'Oropouche où les manifestations neurologiques étaient au plus fréquentes et plus sévères. Au Brésil, quatre décès sont survenus en 2024 et un au Panama en mars 2025, alors qu'aucun décès par fièvre d'Oropouche n'avait été signalé auparavant[6].
Chez la femme enceinte, des cas d'atteintes fœtales ont été constatées lors d'infections par virus d'Oropouche (avortement spontané, malformations, mort fœtale…), ce qui suppose que le virus pourrait franchir la barrière placentaire[6].
Diagnostic
Le diagnostic est réalisé par dosage de la concentration sérique des anticorps spécifiques au virus.
Traitement et pronostic
La maladie n'a pas de traitement spécifique mais on utilise généralement un traitement symptomatique, avec certains antalgiques et agents anti-inflammatoires par voie orale qui doivent être prescrits par un médecin, puisque certains d'entre eux (tels que l'aspirine) sont dangereux à cause de leur action sur la coagulation sanguine et du risque d'effets hémorragiques.
L'infection guérit généralement d’elle-même et les complications sont rares[1]. Les patients guérissent habituellement sans séquelles à long terme.
En au Brésil, un mort-né et quatre nouveau-nés microcéphales dont les mères souffraient de la fièvre d'Oropouche font craindre que certains variants du virus d'Oropouche aient des effets analogues à celui de la fièvre Zika[7]. Deux jeunes femmes sans comorbidité ont également succombé à la maladie[1].
Épidémiologie
Les grandes épidémies sont fréquentes et de diffusion très rapide, la plus ancienne et la plus importante, ayant eu lieu dans la ville de Belém, située en Amazonie brésilienne, dans l'État du Pará, avec 11 000 cas enregistrés. En Amazonie brésilienne, la fièvre d’Oropouche est la deuxième maladie virale la plus fréquente, après la dengue. Plusieurs épidémies ont généré plus de 263 000 cas, dont 130 000 seulement sont survenus au cours de la période allant de 1978 à 1980. Actuellement, rien qu'au Brésil, on estime que plus d'un demi-million de cas se sont déclarés.
En Juin 2024, deux premiers cas de fièvre d’Oropouche sont diagnostiqués en Italie sur deux personnes en provenance de Cuba. Pour les autrices et auteurs du rapport, publié dans The Lancet, « il s'agit des premiers cas d'infection par le virus Oropouche en dehors de l'Amérique latine ». Ces diagnostics, réalisés à Vérone à l'IRCCS (en italien : Istituto di Ricovero e Cura a Carattere Scientifico), une fois rendus publics ont été suivis d'autres résultats positifs au virus Oropouche, d'autres laboratoires italiens, chez des voyageurs en provenance d'Amérique latine, notamment de Cuba et du Brésil[1],[8].
En 2025, en France, un cas a été diagnostiqué au retour d'un voyage au Brésil en mars 2025[9]
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Oropouche fever » (voir la liste des auteurs).
- « Fièvre d’Oropouche : près d’une vingtaine de cas importés en Europe, depuis le Brésil et Cuba », sur Guadeloupe La Première, (consulté le )
- ↑ (en-US) Ronnie Henry et Frederck A. Murphy, « Etymologia: Oropouche Virus », Emerging Infectious Diseases journal, vol. 24, no 5, (DOI 10.3201/eid2405.et2405, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Jorge Fernando Travassos da Rosa, William Marciel de Souza, Francisco de Paula Pinheiro et Mário Luiz Figueiredo, « Oropouche Virus: Clinical, Epidemiological, and Molecular Aspects of a Neglected Orthobunyavirus », The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, vol. 96, no 5, , p. 1019–1030 (ISSN 1476-1645, PMID 28167595, PMCID 5417190, DOI 10.4269/ajtmh.16-0672, lire en ligne, consulté le )
- Daniel Romero-Alvarez et Luis E. Escobar, « Oropouche fever, an emergent disease from the Americas », Microbes and Infection, vol. 20, no 3, , p. 135–146 (ISSN 1769-714X, PMID 29247710, DOI 10.1016/j.micinf.2017.11.013, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Yuli Zhang, Xiao Liu, Zhen Wu et Shuo Feng, « Oropouche virus: A neglected global arboviral threat », Virus Research, vol. 341, , p. 199318 (ISSN 0168-1702, DOI 10.1016/j.virusres.2024.199318, lire en ligne, consulté le )
- Richard Steiner Salvato, « Re-emergence of Oropouche virus as a novel global threat », Current Research in Microbial Sciences, vol. 8, , p. 100406 (ISSN 2666-5174, PMID 40510237, DOI 10.1016/j.crmicr.2025.100406, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Sofia Moutinho, « Virus spreading in Latin America may cause stillbirths and birth defects », Science, vol. 385, no 6707, (DOI 10.1126/science.z1x8yxr ).
- ↑ Concetta Castilletti, Antonio Mori, Elena Pomari et Andrea Matucci, « First diagnoses of Oropouche virus in Europe: how can we strengthen communication and preparedness globally? », The Lancet Infectious Diseases, (ISSN 1473-3099, DOI 10.1016/s1473-3099(24)00496-1, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en-US) « Oropouche Virus Arrives in Europe Again », sur www.vax-before-travel.com (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Anderson CR, Spence L, Downs WG, Aitken TH, « Oropouche virus: a new human disease agent from Trinidad, West Indies », Am J Trop Med Hyg., vol. 10, , p. 574–8 (PMID 13683183, lire en ligne)
- (en) Saeed MF, Wang H, Nunes M, et al., « Nucleotide sequences and phylogeny of the nucleocapsid gene of Oropouche virus », J Gen Virol., vol. 81, no Pt 3, , p. 743–8 (PMID 10675412, lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Oropouche fever. MedicDirect.
- Brazilian Viruses of the Bunyaviridae Family. Medicina Ribeirão (in Portuguese)
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