Fernande Seclet-Riou
| Naissance | |
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| Décès |
(à 82 ans) Saint-Germain-en-Laye |
| Nom de naissance |
Fernande Amélie Céline Riou |
| Nationalité | |
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École normale (en) École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses |
| Activités |
Pédagogue, femme politique, inspecteur de l'enseignement primaire |
| Rédactrice à |
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| Archives conservées par |
Archives départementales de la Seine-Saint-Denis (315 J 1- 10) Archives nationales (FRAD093_315J) |
Fernande Seclet-Riou, née Fernande Riou, le à Paris et morte le à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) est une enseignante et pédagogue française, inspectrice de l'enseignement primaire et des écoles maternelles.
Elle participa à l'élaboration du Plan Langevin-Wallon et fut secrétaire générale du Groupe français d'éducation nouvelle (GFEN) de 1946 à 1966. Elle a été aussi militante syndicaliste de la FEN-CGT, militante pédagogique de l’École nouvelle, militante de l’UFF et du PCF et membre des comités de rédaction de La Pensée et de L'École et la Nation.
Biographie
Le père de Fernande Riou est ébéniste et sa mère cuisinière, ils vivent à Paris[1]. Fernande Seclet-Riou accède à l'École normale d'institutrice, dont elle sort diplômée en 1919. Elle enseigne dans le primaire pendant quatre ans, avant d'intégrer l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses[1].
Elle enseigne ensuite brièvement dans le primaire supérieur, avant d'obtenir un poste d'inspectrice, et d'être nommée au début des années 1930 dans la Marne[1].
C'est d'abord dans ce département qu'elle entame, inspirée par les orientations de Pauline Kergomard, son expérimentation pédagogique. « L'école de Reims », qui est construite autour d'une continuité entre maternelle et élémentaire, s'inspire de l'école nouvelle, mais sans prôner autant de liberté que la pédagogie Freinet[2],[1]. Seclet-Riou insiste surtout sur « l'éducation sensorielle » des jeunes enfants, centrée sur l'expression artistique sous toutes ses formes[1].
Le bilan de cette expérience est relaté dans son ouvrage A la recherche d'une pédagogie nouvelle[3],[1], publiée en 1937, qui sera suivi d'un second, presque dix ans plus tard, dans lequel elle propose de « passer du « dressage » des jeunes enfants à une véritable éducation »[1] : La discipline et l'éducation, du dressage à l’autonomie[4],[1]. Outre les orientations générales de l'éducation nouvelle, centrée sur le refus de l'autoritarisme et du dogmatisme du maître, l'idée d'une éducation globale est développée, incluant les loisirs, qu'elle envisage comme pris en charge par les « œuvres ». Dans les faits, elle encourage fortement, à Reims, le développement de toutes les activités autour de l'école pour les enfants[1].
Son engagement en faveur du Front populaire, du côté des communistes, et peut-être ses orientations pédagogiques, conduisent le régime de Vichy à lui retirer ses fonctions d'inspection et à la nommer à un poste d'enseignante à Versailles, puis à Paris[1].
Elle participe alors à la Résistance, et siège brièvement, sur désignation du comité local de libération, au conseil municipal de Croissy-sur-Seine[1].
En octobre 1944, elle est nommée directrice des maisons d'enfants de l'Entraide française, confédération de divers organismes d'aide sociale aux orphelins[1]. L'année suivante, elle prendra un poste à l'École normale de Paris.
Elle est alors nommée par Paul Langevin pour participer aux travaux de la commission qu'il préside, et qui est chargée de proposer une réforme complète du système éducatif français comprenant entre autres, pour Fernande Seclet-Riou la suppression des examens auxquels, elle veut substituer la notion d'orientation[5]. Elle y rédige notamment l'introduction du rapport final, censé être repris comme exposé des motifs de la Loi de réforme de l'éducation, qui ne voit cependant pas le jour[1].
Paul Langevin, qui préside le Groupe français d'éducation nouvelle, l'invite à s'y investir plus. Seclet-Riou est ainsi rapporteur général du congrès de la ligue internationale de l'éducation nouvelle de 1945 à (Bryanston), où s'affrontent partisans d'une éducation fondée sur des principes religieux et partisans de la laïcité de l'enseignement[1] (que défendait Seclet-Riou[6]).
À partir de 1946, elle assure le secrétariat général du GFEN.
Après la mort de Langevin, elle fait partie du petit groupe qui continue l'animation de la commission, sous la présidence d'Henri Wallon, avec Roger Gal et Alfred Weiler[1].
Elle s'engage ensuite pleinement au sein du GFEN, publiant de très nombreux articles, prônant notamment une meilleure formation sociologique des maitres[7] ainsi qu'une prise en compte des acquis scientifiques de la psycho-pédagogie dans l'enseignement. Son engagement au sein du PCF la conduit à s'intéresser de près au système éducatif soviétique, et à promouvoir les idées de Makarenko[8], et plus globalement le « modèle » soviétique, au sein de l'association France-URSS[9],[10].
Elle contribue aussi aux revues intellectuelles proches du parti, comme La Pensée, dont elle fait partie du comité de rédaction, ou L'École et la Nation, fondée en 1951[1]. Elle publie aussi des articles dans La nouvelle critique[1]. Elle participe d'ailleurs à la controverse que cette revue, au début des années 1950, entretient vis-à-vis de Célestin Freinet et de ses positions. La publication dans L'Humanité, à la mort de Freinet en 1966, d'un article de Seclet-Riou assez critique à son égard la met en difficulté au sein du GFEN, et elle doit en quitter le secrétariat général, pour un poste de « présidente d'honneur » totalement symbolique[1].
Dès les années 1960, « quand les questions de l'enseignement furent placées au premier plan dans le PCF, son rôle consultatif ou actif s’affaiblit »[1].
Publications
Ouvrages
- À la recherche d'une pédagogie nouvelle, contribution de l’enseignement primaire public, 8 conférences, Nathan, 1937.
- L'observation des choses, Paris, Bourrelier, 1938.
- La liaison des méthodes à l'école maternelle et à l'école primaire, Paris, Bourrelier, 1938-1939.
- La discipline et l’éducation, du dressage à l’autonomie, Bourrelier, 1946.
- La commission Langevin, bref historique des travaux, 1947.
- Le chemin de la vie : épopée pédagogique, par Anton Makarenko, préface par Henri Wallon, introduction par Fernande Seclet-Riou, Paris, Editions du Pavillon, 1950.
- Éducation nouvelle et laïcité, Les Cahiers laïques, 1952.
- Les méthodes d’enseignement en URSS, Association France-URSS, 1954.
Articles
Fernande Seclet-Riou est l'autrice d'une cinquantaine d'articles et de conférences, dont notamment[11]:
- Paul Langevin éducateur, La Pensée, 1947.
- Psychologie et pédagogie, Enfance, 1948.
- La discipline scolaire, Bulletin de psychologie, 1948.
- La préparation psychologique des éducateurs, Enfance, année 1948.
- Rapport de l'état social aux conceptions de la psychologie et de l’éducation, Bulletin de psychologie, 1948.
- Le deuxième congrès international de psychologie, avec Vincent Bloch et Henry Granjon, Enfance, 1948.
- La réforme scolaire en Tchécoslovaquie, Enfance, 1949.
- L'instituteur de maisons d'enfants, Enfance, 1949.
- La psychopédagogie et les réformes de l’enseignement, Enfance, numéro 1, 1951.
- Henri Wallon, une pédagogie de progrès, La Pensée, 1964.
- La Commune de Paris et la démocratisation de l'école, aperçu historique de Serge Froumov, Cahiers du communisme, 1965[12].
- Célestin Freinet et l’École Moderne. Fut-il un pédagogue de progrès?, L’Humanité, 1966.
- Les travaux de la commission Langevin-Wallon, La Pensée, 1969.
- Les conceptions pédagogiques d’Henri Wallon, La Pensée, numéro 169, 1973.
Bibliographie
- Archives nationales, F17/26933.
- Fonds Fernande Seclet-Riou, Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, 315 J.
- Archives du comité national du PCF[13],[14].
- Archives de l'Institut de recherche sur l'histoire du syndicalisme enseignant dans le second degré, archives de la FEN-CGT, La Pensée, L'École et la Nation, Pour l’Ère nouvelle.
- Hervé Terral, « La psychopédagogie, une discipline vagabonde », Revue française de pédagogie, numéro 107, 1994.
- Etya Sorel, Une ambition pour l’école. Le plan Langevin-Wallon (1943-1947), Les Éditions sociales, 1997.
- Annick Raymond, Le problème de l’éducation morale dans le mouvement de l’éducation nouvelle, Université Lumière-Lyon-II, 1998.
- Annick Ohayon, Dominique Ottavi et Antoine Savoye, L’Éducation nouvelle, histoire, présence, devenir, Berne, Peter Lang, 2004.
Références
- Alain Dalançon, « Seclet-Riou Fernande (née Riou Fernande, Amélie, Céline) », Le Maitron, 2015, révision 2022 (lire en ligne).
- ↑ Freinet et l’École Moderne. Fut-il un pédagogue de progrès?, par Fernande Seclet-Riou, L'Humanité, 1966.
- ↑ A la recherche d'une pédagogie nouvelle. Contribution de l'enseignement primaire public., Réseau Canopé.
- ↑ La discipline et l'éducation du dressage à l'autonomie, par Fernande Seclet-Riou, Bourrelier, 1946, 126 pages, sur Google Books.
- ↑ Laurent Frajerman, « La Fédération de l’Éducation nationale face aux enjeux de l’école moyenne sous la Quatrième République : cartographie d’un débat », Revue française de pédagogie, no 159 , (DOI 10.4000/rfp.1248, lire en ligne).
- ↑ Henri Chatreix, « Sur Une Révolution Manquée: LA DOCTRINE SCOLAIRE DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE », Esprit (1932-1939), vol. 6, no 71, , p. 625–643. (JSTOR 24561037, lire en ligne).
- ↑ Emmanuelle Guey, « De la sociologie appliquée à l’éducation à l'étude des faits sociaux. L'enseignement de sociologie dans les Écoles normales : une homologation scientifique à géométrie variable (1920-1970) », Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle, vol. 3, no 48, , p. 37 à 58 (DOI 10.3917/lsdle.483.0037, lire en ligne).
- ↑ Elle rédige l'introduction à la traduction se son ouvrage Poème pédagogique - Le Chemin de la vie, 1950, éditions du Pavillon.
- ↑ Les méthodes d'enseignement en URSS, préface Henri Wallon, Pandor, Université de Bourgogne.
- ↑ Eric Aunoble, « S’éduquer à part pour mieux s’intégrer ? : Les communes pédagogiques en Ukraine soviétique (1920-1924) », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », no 7 , (DOI 10.4000/rhei.1164, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Pour une liste plus exhaustive des articles, voir Articles et prises de parole, dans l'inventaire du fonds réalisé par Pierre Boichu, page 17, cf. liens externes.
- ↑ La Commune de Paris et la démocratisation de l'école, in: Cahiers du communisme, 1965, page 106.
- ↑ Archives du PCF. Fonds Fernande Seclet-Riou, travaux et interventions sur les femmes, l'enfance, l'éducation de Fernande Seclet-Riou (1931-1979).
- ↑ Archives du Parti communiste français, fonds Fernande Seclet-Riou, travaux et interventions de Fernande Seclet-Riou sur les questions de l'enfance, de la femme, de la pédagogie et de l'éducation. Elles concernent aussi sa participation à la commission parlementaire Langevin-Wallon. (1926-1996)
Liens externes
- Ressources relatives à la recherche :
- Ressource relative à la vie publique :
- Fernande Seclet-Riou, sur Le Maitron, notice par Alain Dalançon, 2015, révision 2022.
- Fonds Fernande Seclet-Riou (1926-1996), inventaire réalisé par Pierre Boichu sous la direction de Guillaume Nahon, Archives départementales de Seine-Saint-Denis, 2007.
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