Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement
| Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement | ||
| La zone grisée au centre marque la zone démilitarisée sous la responsabilité de la FNUOD, située entre le plateau du Golan occupé par Israël (à l'ouest) et le reste du territoire syrien (à l'est). Depuis décembre 2024, cette zone tampon est également occupée par l'armée israélienne. | ||
| Abréviation | FNUOD | |
| Type | Opération de maintien de la paix | |
| Résolution(s) | 350 | |
| Adoption | 31 mai 1974 | |
| Siège | Camp Faouar, Plateau du Golan | |
| Commandement de la force | Général de division Jai Shanker Menon (en)[1] | |
| Financement | 57 653 700 $ (juillet 2017 – juin 2018)[2] | |
| Contribution et personnel | ||
|---|---|---|
| Contributeurs |
| |
| Troupe | 1105[2] | |
| Civils locaux | 85[2] | |
| Civils internationaux | 125[2] | |
| Pertes | 52 pertes | |
La Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement (ou FNUOD) a été établie par la Résolution 350 en date du pour mettre en œuvre la résolution 338 en date du , par le Conseil de sécurité de l'ONU, afin de contrôler l'application du cessez-le-feu entre les forces israéliennes et syriennes dans le No Man's Land situé sur le plateau du Golan, né à la suite de la guerre du Kippour en 1973. Toutefois, depuis le , la zone tampon démilitarisée est envahie par l'armée israélienne, qui y a construit plusieurs bases militaires, entravant la mission de la FNUOD.
Historique
Israël et la Syrie s'étaient engagés à démilitariser le plateau du Golan par l'Accord sur le dégagement des forces israéliennes et syriennes. Par la résolution 350 du , le Conseil de sécurité des Nations unies entend faire respecter cet accord ainsi que la zone de séparation et de limitation d'armes située sur les hauteurs du Golan[3].
Guerre de Syrie
La guerre civile en Syrie fait du plateau du Golan une zone dangereuse. La partie syrienne (ni sous contrôle d'Israël ni de l'ONU) est régulièrement reconquise par les forces loyalistes ou les rebelles. Les hommes de la FNUOD ont plusieurs fois été pris en otage par des forces rebelles puis libérés, mais ne déplorent aucune perte.
Le Canada, le Japon, puis l'Autriche retirent leurs soldats durant l'année 2013[4]. Le retrait des troupes autrichiennes a pour cause le danger que la guerre syrienne leur fait courir, et à plus faible raison son désaccord avec les projets de la France et du Royaume-Uni d'armer les rebelles syriens[5].
La Russie a proposé d'envoyer 300 soldats pour les remplacer, mais cette proposition a été refusée. Le mandat de la FNUOD établit en effet que les pays participants ne puissent être membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU[6].
Le , au lendemain de la chute du régime Assad, Tsahal pénètre dans la zone démilitarisée contrôlée par la FNUOD afin de mener des frappes en Syrie[7] ; Benyamin Netanyahou, Premier ministre d'Israël, en profite pour réaffirmer la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan — illégale aux yeux du droit international[7]. Cette incursion est dénoncée par l'ONU, l'Arabie saoudite, la Jordanie, le Hamas ou encore le Hezbollah comme une « violation » de la résolution 350 [7].
La journée du 28 août 2014
Le , le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, parvint à repousser l'armée loyaliste du Golan. 45 Casques bleus fidjiens, ayant reçu l'ordre de ne pas opposer de résistance, sont alors capturés. Les soldats philippins refusèrent cependant cet ordre et combattirent pour maintenir les islamistes à distance. Ce comportement leur vaudra des reproches de l'ONU mais un statut de héros dans leur propre pays. Les tensions qui en découlèrent aboutirent plus tard au retrait des Philippins[8].
L'évacuation de tous les soldats hors des zones sous contrôle du Front al-Nosra réclama des opérations de sauvetage extrêmement risquées. Les soldats irlandais réussirent à rejoindre les Philippins pour les évacuer[9]. Pour ce faire, ils reçurent l'aide de soldats israéliens venus à leur rencontre pour les guider, du fait de leur meilleure connaissance des positions islamistes[10]. Commentary magazine relève l'ironie de cette intervention : l'Irlande fait en effet partie des pays les plus critiques envers Israël, et le rôle de la FNUOD est justement d'empêcher l'intrusion des forces syriennes ou israéliennes dans la zone gardée[11].
La Syrie contribua également à l'évacuation des casques bleus[12].
Les Casques bleus fidjiens ont quant à eux été libérés après négociations avec l'ONU. Dans un premier temps, le Front al-Nosra avait réclamé en contrepartie une aide humanitaire et son retrait de la liste des organisations terroristes de l'ONU[13].
Redéploiement partiel
En , les rebelles syriens, dont ceux du Front al-Nosra, sont en passe de prendre le contrôle de la province de Qouneitra, dans la partie du Golan non occupée par Israël. Le , afin de s'éloigner des combats, certains membres de la FNUOD se déplacent dans le territoire sous occupation israélienne[14]. Toutefois, l'Irlande confirme que ses troupes restent sur le Golan[15].
En 2015, le ministère de la défense israélien reconnaît aider les rebelles syriens, y compris islamistes, expliquant obtenir en contrepartie la promesse d'une tenue des combats à l'écart de la frontière, et celle de la non-agression des Druzes[16],[17],[18].
Occupation israélienne depuis 2024
Le , au moment où le régime syrien s'effondre sous l'assaut des rebelles, l'armée israélienne en profite pour envahir la zone tampon démilitarisée et même au delà, prétextant défendre les citoyens d'Israël et les habitants du plateau du Golan sous occupation israélienne. Les militaires s'emparent également du mont Hermon, au sommet duquel, le , le Premier ministre israélien Benyamin Netanyaou déclare : « Nous resterons ici aussi longtemps que cela sera nécessaire. Notre présence ici, au sommet du mont Hermon, renforce la sécurité et ajoute une dimension d'observation et de dissuasion des bastions du Hezbollah dans la vallée de la Bekaa au Liban, ainsi qu'une dissuasion contre les rebelles de Damas, qui prétendent présenter une image modérée mais font partie des sectes islamiques les plus extrêmes »[19].
L'expansion des positions militaires israéliennes dans la zone tampon conduit à des affrontements avec la population locale. Les soldats israéliens ouvrent le feu sur des manifestants à deux reprises, à Maariyah le 20 décembre et à Dawaya le 25 décembre 2024, blessant plusieurs personnes[19].
De son côté, la FNUOD continue de stationner dans la zone tampon, désormais militarisé, mais critique les barrages routiers israéliens qui limitent sa capacité à effectuer des patrouilles : « La présence de l’armée Israélienne et les barrages routiers ont gravement affecté la capacité opérationnelle de la FNUOD, réduisant les mouvements de 55 à 60 opérations quotidiennes à seulement 10 missions logistiques essentielles »[19].
Bien que plusieurs pays, dont la France, appellent Israël à retirer ses forces de la zone tampon et à respecter l'accord de désengagement conclu en 1974 entre Damas et Tel-Aviv, l’armée israélienne a également commencé à construire au moins trois nouvelles bases militaires à l'intérieur de la zone tampon, et a établi 10 postes militaires, dont 2 en territoire sous souveraineté syrienne[19].
Organisation
Le Quartier général de la FNUOD est situé à Camp Faouar[20]. En tout, les effectifs atteignent 961 personnes au , réparties entre soldats (830) et personnel civil international (46) et local (85). Au , 52 militaires, 2 civils étrangers et 2 civils locaux avaient perdu la vie au cours de cette mission[21].
La majorité des soldats du bataillon de logistique de la FNUOD sont des Népalais[22]. Les pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies ne peuvent participer[6]. Selon le site des Nations Unies sur les opérations de maintien de la paix (OMP), 58 membres du personnels de la mission sont morts[22].
L'Autriche et la Pologne ont chacune affecté un bataillon d'infanterie pour exécuter des patrouilles et observer la zone de séparation entre les deux pays en conflit en 2008. La Croatie participe également à la mission, sa compagnie de soldats faisant partie du bataillon autrichien. En 2012, c'est un bataillon des Philippines qui a remplacé l'unité polonaise.
Commandement
Le commandement de la FNUOD a été assuré par :
- : Général-Major Wolfgang Jilke ( Autriche)
- Général Natalio C. Ecarma ( Philippines)
- : Général de division Iqbal Singh Singha ( Inde)
- : Général de division Purna Chandra Thapa ( Népal)[23]
- depuis le : Général de division Jai Shanker Menon ( Inde)[24]
Pays participants
| Pays | Soldats | Officiers d'État-major | Total |
|---|---|---|---|
| Bhoutan | 0 | 3 | 3 |
| Fidji | 285 | 16 | 301 |
| Finlande | 0 | 2 | 2 |
| Inde | 192 | 12 | 204 |
| Irlande | 130 | 6 | 136 |
| Népal | 169 | 11 | 180 |
| Pays-Bas | 0 | 2 | 2 |
| République tchèque | 0 | 2 | 2 |
| Total | 776 | 54 | 830 |
Notes et références
- ↑ « Équipe d'encadrement », sur FNUOD (consulté le ).
- « Fiche d'information sur les opérations de maintien de la paix en cours », sur Organisation des Nations unies (consulté le ).
- ↑ Jocelyn Coulon, Dictionnaire mondial des opérations de paix : 1948-2011, Athéna Editions, , 313 p. (ISBN 978-2924142080), p. 47
- ↑ Golan : deux Casques bleus blessés, l'Autriche retire ses soldats du Golan
- ↑ Austria to quit Golan after Syria clashes, in blow to U.N
- (en) « Russia offers to send replacements for Austrian troops on Israel-Syria border », The Guardian, .
- « Netanyahu affirme que le Golan annexé appartient à Israël «pour l'éternité», l'ONU dénonce «une violation» de l'accord de 1974 », RFI, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ ‘7 hours of fighting enemy is cowardice?’
- ↑ http://www.irishmirror.ie/news/irish-news/heroic-irish-troops-rescue-filipino-4131748
- ↑ Israeli Defense Force rescues Irish troops from Islamist extremists
- ↑ IDF Saves Irish Troops from Jihadists
- ↑ Israel, Syria jointly assist rescue of UN observers from Golan Heights
- ↑ Retrait de membres de l'ONU sur le Golan, sur Le Monde 15 septembre 2014 (consulté le 16 septembre 2014)
- ↑ « Retrait de membres de l'ONU sur le Golan », sur Le Monde, (consulté le )
- ↑ Irish peacekeepers to continue in Golan Heights
- ↑ (en-US) Raphael Ahren, « Israel acknowledges it is helping Syrian rebel fighters », The Times of Israel, (ISSN 0040-7909, lire en ligne, consulté le )
- ↑ New Evidence Suggests Israel Is Helping Syrian Rebels in the Golan Heights
- ↑ Alain Chémali, « Israël officialise son aide aux rebelles syriens tout en défendant les Druzes », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Bases, patrouilles, barrages routiers : comment Israël s'installe en territoire syrien au-delà du Golan », sur Les Observateurs - France 24, (consulté le )
- ↑ (en) « UN peacekeepers return to Syrian side of Golan Heights », The Times of Israel, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Fatalities : Mission UNDOF », sur peacekeeping.un.org (consulté le ).
- « FNUOD », sur Nations Unies Maintien de la paix (consulté le )
- ↑ « M. Ban Ki-moon nomme le général de division Purna Chandra Thapa, du Népal, Commandant de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement », sur Organisation des Nations unies, (consulté le ).
- ↑ « Le Secrétaire général nomme le général de division Jai Shanker Menon, de l’Inde, à la tête de la FNUOD », sur Organisation des Nations unies, (consulté le ).
- ↑ (en) « Summary of Contributions to UN Peacekeeping by Country, Mission and Post », sur Organisation des Nations unies, (consulté le ).
Annexes
Articles connexes
- Organisation des Nations unies
- Force de maintien de la paix des Nations unies
- Liste des opérations de maintien de la paix
- Décoration internationale
- Décorations militaires (France)
- Rubans des décorations militaires et civiles françaises
- Médaille des Nations unies
- Relations entre Israël et la Syrie
- Territoires occupés par Israël
- Extension de l'occupation israélienne en Syrie depuis 2024
Liens externes
- Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix
- Site officiel de la FNUOD
- Résolution 350 (1974) du Conseil de Sécurité portant création de la FNUOD
- [PDF] Déploiement de la FNUOD en décembre 2006
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