Exposition régionale valencienne de 1909

Exposición Regional Valenciana

Affiche officielle de l'exposition, par Vicent Climent Navarro.
Pays Espagne
Localisation Valence
Date d'ouverture 22 mai 1909
Date de clôture 22 décembre 1909
Organisateur(s) Athénée mercantile de Valence

L'exposition régionale valencienne de 1909, est une exposition commerciale et industrielle organisée par l'Athénée mercantile de Valence sous l’impulsion de son président Tomás Trénor (es). Elle se tint dans la ville de Valence entre le 22 mai et le 22 décembre 1909.

L'ensemble de l'exposition couvrait une surface de 16 ha. La cérémonie d'inauguration se tint le 23 mai 1909 et fut présidée par le roi Alphonse XIII et le chef du gouvernement Antonio Maura[1].

Selon le géographe Josep Vicent Boira Maiques, l'exposition marqua le début des relations économiques modernes entre le Pays valencien et la Catalogne[2].

Contexte

À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les villes connaissent une croissance démographique, économique et territoriale inédite, qui détermine l'émergence et la consolidation d'une nouvelle entité urbaine, la métropole, celle-ci devenant le symbole de la modernité[3].

Au cours de cette période, la physionomie de la ville de Valence est bouleversée sous l'effet de diverses initiatives de modernisation. La démolition des remparts de Valence (es) au XIXe siècle et le début de l'Eixample qui lui fait suite permet de relier le centre-ville à El Grau. Le secteur méridional de l'Eixample fut celui qui se développa le premier et le mieux. Cet élargissement urbain était apparu lors de la démolition de la muraille, une nouvelle zone résidentielle où la nouvelle bourgeoisie construisit des maisons représentatives de son statut. La bourgeoisie céda le vieux noyau de la ville aux artisans et aux patriciat affaibli pour occuper un espace aseptisé et nouveau, comme la bourgeoisie et la classe moyenne supérieure elles-mêmes[4]. L'automobile, l'électricité, le développement du capitalisme dans une société de consommation naissante, la production industrielle de masse, les nouveaux moyens de communication (téléphone, radio), modifièrent radicalement l'apparence des villes, les modes de vie dans celles-ci et même la manière de percevoir la réalité. De nouveaux espaces de sociabilité et de consommation émergent dans les villes : restaurants, cafés, terrasses, hôtels, etc.[3]

L'exposition

L'exposition régionale était conçue comme une démonstration des productions d'avant-garde du XXe siècle, dans des champs diversifiés comme la culture, l'industrie, l'économie, les loisirs ou encore du tourisme. Elle constitua une occasion importante pour un grand nombre d'entreprises et d'industries de faire la promotion de produits et d'innovations tant locales que nationales. Ainsi furent promus des articles novateurs comme l'automobile, le cinéma ou le phonographe, des courants artistiques comme le modernisme, de nouveaux sports comme le football ou des innovations technologiques comme l'aviation les moteurs à explosion ou de nouvelles applications électriques.

L'Exposition régionale de 1909 intègre un nouveau projet de ville, avec une architecture non éphémère, des ponts voués à rester, des espaces ludiques et une idée de transformation et de modernisation de la ville[3]. Elle révèlerait une désir de modernité et de transformation pour Valence, qui avait cessé d'être provinciale pour devenir mondiale. Tomás Trénor y Palavicino (es), marquis du Turia, dans son Memoria de las exposiciones Regional Valenciana de 1909 y Nacional de 1910 (« Mémoires des Expositions régionales de Valence de 1909 et des Expositions nationales de 1910 », 1912) donnait son impression de cet événement[5],[6] :

« [...] Valence s'identifia si intimement à nos aspirations qu'elle toute entière et tout en elle fut partie intégrante de l'Exposition régionale : ses rues, ses bâtiments, ses boutiques, ses casinos, ses cafés, ses hôtels, les palais des dignitaires et les demeures des humbles... À la conjuration de notre appel, Valence se rappela ses grandeurs légendaires de Cour des Rois et de Capitale des Royaumes, la Valence provinciale disparaissant pour laisser surgir la Valence mondiale, opulente et magnifique, expression de ce que serait l'Espagne si ses villes mortes, ses régions atones, comme notre Ville et notre Région, se réveillaient et revivaient. [...] Voyez les urbanisations réalisées dans ces alentours. Le développement croissant de l´Ensanche[7]. La transformation de l'intérieur en places, voies et jardins sans égaux. Les services municipaux irréprochables. L'éclairage public presque fastueux... Hier, nous gisions dans l'oubli ; aujourd'hui, le forastero[8] a envie de nous quitter et le tourisme international inclut Valence dans ses itinéraires privilégiés [...] En moins de trois ans, Valence a connu une vie si intense que cette brève succession de mois équivaut à un demi-siècle, et le travail effectué aurait consommé la vitalité de deux générations. »

Selon Miquel Nadal Tàrrega[9],

« L'Exposition devient pour la ville une grande vitrine de modernité ; une véritable scène sur laquelle transitent toutes les activités qui servent à qualifier de moderes et européennes les villes, et la vieille ville enfermée jusqu'à il y a peu entre ses remparts, et encorsetée par la frontière fluviale du Turia, accueille la présence de nouveautés culturelles et les possibilités compétitives du sport. Outre la rénovation intérieure et la direction prise par l'élargissement [urbain], la rive gauche du fleuve devient le lieu de prédilection pour le loisir et de la nouvelle vie « sportive », cette nouvelle vie de loisirs qui imaginée dans les cafés de la calle de la Paz, qui traverse l'itinéraire de la Glorieta, de la Porta de la Mar, de Navarro Reverter et le fleuve pour devenir réalité. Une nouvelle ville dans la ville, assumant une autre ville irréelle et imaginaire, qui dans le subconscient collectif produisit un puissant impact comme conséquence de l'homogénéité de la couleur des constructions, et la surabondance de lumière électrique »

Le succès de l'exposition fut modéré, ce que les organisateurs attribuèrent à la guerre du Rif et aux événements de Barcelone[10], en raison de quoi l'exposition fut prolongée jusqu'en 1910 sous l'étiquette d'« exposition nationale »[11].

Selon Manuel Sanchis Guarner, cette exposition régionale de 1909 fut une démonstration de ce qu'aurait pu être la puissance de la bourgeoisie valencienne, « si l'idéologie 'succursaliste' de ses dirigeants ne les avait pas empêchés d'en récolter les bénéfices politiques[12],[13] ». Au lieu de servir à prendre conscience de la personnalité régionale et de sa force, l'exposition est devenue une exaltation de narcissisme et de placidité, donnant une projection subsidiaire au patriotisme régional, dont l'hymne de l'Exposition est une bonne illustration[14].

Architecture et patrimoine

Seuls cinq des édifices inclus dans l'enceinte de l'exposition n'ont pas été détruits à l'issue de celle-ci et sont encore conservés actuellement[15].

Hymne

Pour célébrer l'exposition, le président Trénor commanda à José Serrano Simeón la composition d'un hymne, l'écrivain Teodor Llorente étant pour sa part chargé d'en écrire les paroles. Ce fut finalement Serrano qui les rédigea, en suivant les modèles du poète Maximilià Thous i Orts.

L'hymne connut un succès important durant l’exposition, et en mai 1925, les maires de Castellón de la Plana, de Valence et d'Alicante (capitales des provinces constitutives du Pays valencien), décidèrent qu'il deviendrait l'hymne de la région. Il fut adopté comme symbole officiel de la région en 1984.

Il est souvent critiqué pour son ton espagnoliste, narcissique et autocomplaisant[16],[13],[12].

Notes et références

Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page « La ciutat de València. Estudi interdisciplinari contemporani. Local i universal. Memòria i contemporaneïtat. Individu i societat. Espai i escriptura » de Jaume Garcia Llorens, publié par Universitat Jaume I, le texte ayant été placé par l’auteur ou le responsable de publication sous la licence Creative Commons paternité partage à l'identique ou une licence compatible.
  1. (es) Valencia renace y embellece de la mano de la Exposición Regional en 1909, Las Provincias.
  2. (ca) Josep Vicent Boira Maiques, València i Barcelona : Retorn al futur. L'exposició regional de 1909, Valence, Tres i Quatre/Institut d'economia i empresa Ignasi Villalonga, , 171 p. (ISBN 84-7502-723-7)
  3. Garcia Llorens 2023, p. 44.
  4. Sanchis Guarner 1983, p. 435-487.
  5. Nadal 2008, p. 60-61.
  6. Garcia Llorens 2023, p. 71. « [...] Valencia se identificó tan íntimamente con nuestros anhelos, que toda ella y todo en ella fue parte integrante de la Exposición Regional; sus calles, sus edificios, sus tiendas, sus casinos, sus cafés, sus hoteles, los palacios de los próceres y las viviendas de los humildes... Al conjuro de nuestro llamamiento, Valencia recordó sus grandezas legendarias de Corte de Reyes y Capital de Reinos, desapareciendo la Valencia provinciana para dejar surgir a la Valencia mundial, opulenta y magnífica, expresión de lo que sería España si se despertaran y revivieran sus ciudades muertas, sus regiones atónicas, como nuestra Ciudad y nuestra Región. [...] Ved las urbanizaciones realizadas en estos alrededores. El creciente desarrollo del Ensanche. La transformación del interior en plazas y vías y jardines sin igual. Los servicions municipales irreprochables. El alumbrado público rayano en las fastuosidad... Ayer, yacíamos en el olvido; hoy, el forastero siente dejarnos y el turismo internacional incluye a Valencia en sus preferentes itinerarios [...] En menos de tres años, Valencia ha hecho vida tan intensa, que esa breve sucesión de meses equivale a medio siglo, y el trabajo efectuado hubiera gastado la vitalidad de dos generaciones. »
  7. eixample (en catalan), ensanche (en castillan), élargissement ou extension urbains ; également nom donné à certains quartiers issus de ces réaménagements (comme le plus notoire, l'Eixample de Barcelone).
  8. l 'étranger, dans le sens de celui qui vient d'une autre région.
  9. (es) Miquel Nadal, El nacimiento de la ciudad deportiva. La Valencia de hurras y alirones, Valence, Ruzafa Show, , p. 64 :

    « La Exposición se convierte para la ciudad en un gran escaparate de modernidad; un auténtico escenario sobre el que transitan todas aquellas actividades que sirven para calificar como modernas y europeas a las ciudades, y la vieja ciudad encerrada hasta hace poco entre murallas, y encorsetada por la frontera fluvial del Turia acoge la presencia de novedades culturales y las posibilidades competitivas del deporte. Además de la reforma interior y la dirección que emprende el ensanche, la margen izquierda del río se convierte en el lugar predilecto para el ocio y la nueva vida ‘sportiva’, esa nueva vida de ocio que imaginada en los cafés de la calle de la Paz recorre el itinerario de la Glorieta, la Porta de la Mar, Navarro Reverter y el río para hacerse realidad. Una nueva ciudad dentro de la ciudad, asumiendo otra ciudad irreal e imaginada, que en el subconsciente colectivo obró un poderoso impacto como consecuencia de la homogeneidad del color de las construcciones, y la sobreabundancia de luz eléctrica. »

    , cité par Garcia Llorens 2023, p. 45
  10. "El Ateneo Mercantil de Valencia á los productores nacionales". Valencia, Literatura, Arte, actualidades, año II, núm. 27, enero de 1910.
  11. (ca) Présentation dans la Gran Enciclopèdia Catalana.
  12. Sanchis Guarner 1983, p. 551.
  13. Garcia Llorens 2023, p. 72.
  14. Garcia Llorens 2023, p. 71.
  15. Arquitectura Exposición Regional Valenciana
  16. Pérez Moragón 2010, p. 11.

Voir aussi

Bibliographie

  • (ca) Josep V. Boira Maiques, València i Barcelona. Retorn al futur, Valence, Tres i Quatre / Institut Ignasi Villalonga d'Economia i Empresa (ca), , 171 p. (ISBN 84-7502-723-7)
  • (ca) Alfons Cucó, El valencianisme polític : 1874-1936, Valence, Garbí, , 1re éd., 472 p.
  • (ca) Jaume Garcia Llorens, La ciutat de València. Estudi interdisciplinari contemporani. Local i universal. Memòria i contemporaneïtat. Individu i societat. Espai i escriptura (thèse de doctorat), Castellón de la Plana, Universitat Jaume I, , 670 p. (lire en ligne) — disponible sous licence CC BY 4.0
  • (ca) Francesc Pérez Moragón, « Himnes i paraules: Misèries de la Transició valenciana », Afers, Catarroja,‎ , p. 23-81 (ISBN 978-84-92542-30-7)
  • (ca) Manuel Sanchis Guarner, La ciutat de València: síntesi d'història i de geografia, Valence, Ajuntament de València,

Liens externes

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