Eugène Hatin

Eugène Hatin
Portrait de Hatin dans le Catalogue illustré du Salon de 1894.
Biographie
Naissance
Décès
(à 84 ans)
Alençon
Nom de naissance
Louis-Eugène-Valentin Hatin
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction

Eugène Hatin, né le à Auxerre et mort le à Alençon, est un journaliste, bibliographe et historien de la presse français.

Biographie

Après avoir fait de brillantes études au collège de sa ville natale[1], Hatin est monté chercher fortune à Paris, ou tout d’abord il n’a rencontré que misères et déceptions, obligé, pour subvenir aux besoins de sa famille, de s’employer comme correcteur dans une imprimerie. Pris, comme d’autres, de la tentation d’écrire en corrigeant les autres[2], il employait ses veillées à divers travaux anonymes de librairie[3]. Le succès relatif des premiers ouvrages sortis de sa plume n’aurait pas suffi à mettre son nom en relief, jusqu’aux travaux historiques, qui l’ont fait connaitre, comme Histoire pittoresque des voyages dans les cinq parties du monde (1838, 5 vol.) ; Histoire pittoresque de l’Algérie (1840) ; La Loire et ses bords (1843), etc[4].

Sa santé ruinée par un labeur incessant l’ayant forcé à abandonner son pénible métier de correcteur et à se consacrer exclusivement à des travaux historiques, il a découvert une mine féconde qu’il a exploré avec sagacité, rendant un demi-siècle. Après avoir découvert Théophraste Renaudot, le fondateur de la Gazette de France, il en est devenu le premier historien, lui vouant un culte qui ne s’est jamais refroidi. D’abord consigné en quelques pages parues, en 1846, sous le titre d’Histoire du journal en France, le résultat de ses recherches, a eu en 1853 une deuxième édition enrichie de nombreuses trouvailles. Ce n’était encore qu’un essai, qui a appris au monde savant le rôle joué par Renaudot dans la fondation de la presse française, a ensuite pris des proportions considérables, pour devenir le monumental ouvrage intitulé Histoire politique et littéraire de la presse en France, paru de 1859-à 1861 en 8 volumes[a]. Ce colossal monument élevé au journalisme français[5], qui est un chef d’œuvre de critique et d’impartialité unique au monde, a été considéré comme n’ayant guère d’équivalent à l’étrange[4].

Dans son Histoire de la presse, Hatin avait esquissé la physionomie des journaux importants mais, en dehors de ceux-ci, il restait une multitude de feuilles, qui souvent n’avaient eu qu’une existence éphémère, mais qui néanmoins présentaient à des titres divers, un grand intérêt pour l’étude de ’institution. De là est venu l’ouvrage suivant : Bibliographie historique et critique de la presse périodique française (1866) ; recueil précieux abondant en renseignements curieux[6], qu’un rapport officiel a qualifié de « monument des plus considérables » et où l’auteur fait défiler tous les écrits périodiques de quelque valeur parus de 1631 à 1865, soit environ 7 000. Au lieu d’une sèche nomenclature, chaque feuille a une histoire appuyée d’extraits choisis avec à propos[4].

Généralisant ses études, Hatin a ensuite suivi l’histoire du journal à travers le monde entier, pour donner, en 1866, la Presse périodique dans les deux mondes[b]. Deux ans après, a paru le Manuel théorique et pratique de la liberté de la Presse. Tous ces ouvrages s’adressant surtout au public savant, Hatin a résumé ses découvertes dans un ouvrage de vulgarisation simplement nommé le Journal (1881). La première partie traite de l’histoire du journal ; la seconde, de sa fabrication et de sa distribution. Le 30 mai de la même année, il a consacré un supplément entier du Figaro au 250e anniversaire de la Gazette de France[4].

Entretemps M. Hatin a affectué un voyage en Hollande, d’où il a rapporté une curieuse étude sur la Gazette de Hollande, si souvent mentionnée chez les écrivains des XVIIe et XVIIIe siècles, intitulée les Gazettes de Hollande et la presse clandestine aux XVIIe et XVIIIe siècles (1805). Son histoire de la presse ainsi parachevée, Hatin a consacré ses force restantes à la biographie de Renaudot, qu’il avait déjà esquissée au cours de ses travaux. Après de longues et patientes recherches, trop souvent infructueuses, un élégant volume, orné d’un portrait et d’un autographe, est sorti des presses poitevines : Théophraste Renaudot et ses innocentes inventions (1883), ouvrage couronnant l’œuvre de Hatin qui forme un ensemble, un corps de doctrine[4].

Depuis lors, Hatin n’est sorti de la retraite où il s’était volontairement retiré, que pour défendre Renaudot ou rectifier certaines assertions erronées, répandues par des biographes fantaisistes : À propos de Théophraste Renaudot, l’Histoire, la Fantaisie et la Fatalité (1884) ; la maison du Grand-Coq et le bureau d’adresse (1885)[4]. Cet érudit, qui a laissé une œuvre considérable[2], a, en outre, collaboré au Dictionnaire des Dates, à l’Histoire des villes de France, au Complément de l’Encyclopédie du XIXe siècle, etc. Il a également été le précurseur de la presse à bon marché : bien avant Polydore Millaud, il a eu l’idée du premier journal politique à cinq centimes, intitulé la Seine, qui n’a eu qu’une existence éphémère[2]. En 1854, il a fondé le périodique l’Union littéraire devenu Bulletin des sociétés savantes[6].

Hatin est mort obscurément[5], cru depuis longtemps parti de ce monde, alors qu’il était allé se ressourcer en Normandie[c], quelques semaines avant l’inauguration, à Loudun, d’une statue de Renaudot, sur le piédestal duquel le comité d’organisation avait fait placer en médaillon le profil d’Eugène Hatin lui-même[2],[d]. »

Notes et références

Notes

  1. Hatin a écrit dans sa préface : « Ce que j’ai voulu faire, ce n’est point une œuvre politique, c’est un livre historique ; c’est en un mot l’histoire de l’institution, plutôt encore que celle de ses effets, que je me suis proposé d’écrire. ».
  2. À la suite de ces brillants travaux, il a été décoré de la Légion d’honneur, [7].
  3. Il en a fait le tableau, sous le titre de Pavois d’un revenant, Alençon, 1889.
  4. L’Univers, en revanche, ajoute que « cependant on a oublié son nom lors de l’inauguration officielle de cette statue ; sans doute que les orateurs officiels, sans en excepter le ministre Dupuy, ignoraient les travaux de M. Hatin, ce qui ne témoigne pas d’une connaissance approfondie de leur sujet[8].

Références

  1. Adolphe Bitard, Dictionnaire général de biographie contemporaine française et étrangère : contenant les noms, prénoms, pseudonymes de tous les personnages célèbres de temps présent l’histoire de leur vie, de leurs actes et de leurs œuvres la date de leur naissance et des principaux évènements de leur carrière, etc. augmenté d'un supplément, Paris, Léon Vanier, , 1198 p. (lire en ligne), p. 635.
  2. « Nécrologie », Le Radical, vol. 13, no 261,‎ , p. 3 (ISSN 1257-6093, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  3. Camille Dreyfus et André Berthelot, La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts : par une société de savants et de gens de lettres, t. 19, Paris, Henri Lamirault, , viii, 1199, in-8º (OCLC 61963170, lire en ligne), p. 109.
  4. R. D., « Autour de Renaudot : M. Eugène Hatin », Journal de Loudun, Loudun, vol. 59, no 52,‎ , p. 1-2 (ISSN 2402-2314, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  5. Arthur Pougin, « Chronique parisienne », Le Petit Champenois, Reims) Éditeur, vol. 11, no 4888,‎ , p. 3 (ISSN 2823-1236, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  6. Polybiblion, Revue bibliographique universelle, Paris, Aux bureaux du Polybiblion, 1893.
  7. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains : contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers, Paris, Hachette, , 4e éd., x-1862 p., gr. in-8º (lire en ligne sur Gallica), p. 850.
  8. « Nécrologie », L’Univers, no 9259,‎ , p. 3 (ISSN 2419-5820, lire en ligne sur Gallica)

Principales publications

  • Histoire pittoresque de l’Algérie, contenant une notice historique sur les commencements de cet état, et les diverses expéditions tentées contre Alger... Ouvrage orné de portraits et de vues avec une carte des régences d’Alger, de Tunis, de Tripoli et de Maroc, Paris, 1840, in-8º.
  • La Loire et ses bords : guide pittoresque du voyageur d’Orléans à Nantes et d’Orléans à Nevers par les bateaux à vapeur, Orléans, A. Gatineau, , iv-144, pl. ; in-18 (OCLC 457697434, lire en ligne).
  • Histoire pittoresque des voyages dans les cinq parties du monde, Paris, M. Ardant frères, 1843-47, 5 vol. in-8º.
  • Histoire du journal en France (1631-1846), Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1846, in-16, 2e édition, considérablement augmentée et continuée jusqu’en 1853, 1853, in-16.
  • Histoire politique et littéraire de la presse en France, Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1859-61, 8 vol. in-8º ou 8 vol. in-12 (OCLC 1673428, lire en ligne).
  • Les Gazettes de Hollande et la presse clandestine aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, R. Pincebourde, 1865, in-8º.
  • La Presse périodique dans les deux mondes ; essai historique et statistique sur les origines du journal, Paris, Mesnil, 1866, in-8º.
  • Bibliographie historique et critique de la presse périodique française : ou Catalogue systématique et raisonné de tous les écrits périodiques de quelque valeur publiés ou ayant circulé en France depuis l'origine du journal jusqu'à nos jours,… ; précédé d'un Essai historique et statistique sur la naissance et les progrès de la presse périodique dans les deux mondes, Paris, Firmin-Didot frères, , cxvii-660 p., fig., portr. ; gr. in-8º (OCLC 1668823, lire en ligne sur Gallica).
  • Manuel théorique et pratique de la liberté de la presse : histoire, législation, doctrine et jurisprudence, Paris, Pagnerre, , 432 p., 2 vol. in-8º (OCLC 774842680).
  • Le Journal, 1881, in-32.
  • Théophraste Renaudot et ses innocentes inventions, Poitiers, Oudin, 1883, in-12.
  • À propos de Théophraste Renaudot. L’histoire, la fantaisie et la fatalité, Paris, Féchoz, 1884, in-8º.
  • La Maison du Grand-Coq et le Bureau d’adresses, berceau de notre premier journal, Paris, 1885, in-12.

Liens externes

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