Eugène Chavette

Eugène Chavette
Portrait photographique de Nadar.
Biographie
Naissance
Décès
(à 74 ans)
Montfermeil
Sépulture
Nom de naissance
Eugène Charlemagne Vachette
Pseudonyme
Eugène Chavette
Nationalité
Activité
Rédacteur à
Autres informations
Membre de
Genres artistiques
Roman policier humoristique, littérature policière (en)
Signature
Sépulture au Père-Lachaise.

Eugène Chavette, né Eugène Charlemagne Vachette le à Paris et mort le à Montfermeil, est un journaliste écrivain français.

Biographie

Fils unique du restaurateur parisien Joseph Vachette, propriétaire des cafés littéraires les plus achalandés de Paris, le Brébant-Vachette et le café Vachette, il a d’abord dû lutter pour « faire de la littérature », contre la volonté de son père rêvant qui ambitionnait d’en faire un notaire. La reetion et la représentation abev succès d’un vaudeville improvisé avec Alexandre Privat d'Anglemont, alors tout également inconnu que lui, a décidé le père Vachette à laisser son fils poursuivre son ambition littéraire, en modifiant son nom sous forme d’anagramme, où le thème alimentaire revient assez souvent[1].

Entré en tirailleur dans la petite presse frondeuse de son temps, il collabore au Figaro hebdomadaire qui était alors une sorte de moniteur du Boulevard, il publie des chroniques remarquées qui lui valent une précoce notoriété. Parallèlement, il collabore au Tintamarre, où il publie un dictionnaire fantaisiste, qui a alimenté, en son temps, nombre d’almanachs, et surtout, le Procès Pictompin et ses dix-huit audiences, recueillies et mises en ordre par E. Chavette qui passait là par hasard en 1853, qui devait le lancer complètement. Le succès de cette fantaisie littéraire a été tel que Commerson, le directeur du journal où elle avait paru, l’a trouvée si amusante qu’il l’a republiée sous son propre nom, en la démarquant à peine, ce dont Chavette s’est vengé spirituellement en publiant l’édition complète du Procès Pictompin, chez Passard (1865, in-18), assortie de cette préface :

« Comme je ne veux pas que mon vieux camarade (Commerson) soit blâmé pour une faute, qu’il n’a jamais commise, j’abandonne à mon éditeur le Procès Pictompin, bien complet et signé du vrai coupable : Eugène Chavette[1]. »

Dans l’Événement, il a publié ses plus joyeuses, ses plus célèbres fantaisies, telles qu’Un ami de trente ans, la Morue de Damoclès, le Rôtisseur dans l’embarras, les Infamies de M. Duflost, le Père d’Adolphe, le Guillotiné par persuasion, et vingt autres inventions extravagantes, mais aussi Le Pendu par conviction, nouvelle parue dans le Figaro, qui a été traduite en quatre langues[2]. Débauché à prix d'or par le journaliste et banquier Millaud qui, ambitionnant de concurrencer Le Grand Journal et l’Événement de Villemessant, venait de fonder Le Soleil, il a a été le brillant rédacteur-en-chef de cette publication éphémère, à la quelle il a également fourni les Pensées d'un emballeur[3].

Écrivain humoriste, il présente sur un mode léger et burlesque de petites histoires dont la moralité s'accommode de macabre et de scabreux. Certains de ses romans sont des romans policiers, tels que Le Procès Pictompin, La Bande de la belle Aliette (relation romancée d'un célèbre fait-divers des années 1840), La Chambre du crime, parodie du thème de la chambre close, Aimé de son concierge, voire l’Oncle de Monsieur de Madame[4]. Alors qu’il dirigeait la rédaction du Soleil, alors annexe du Petit Journal, il avait pressenti, à la lecture de l’Affaire Lerouge d’Émile Gaboriau, passé inaperçu lors de sa parution en feuilleton dans le Pays en 1865, qu’un nouveau genre littéraire est en train de voir le jour. Entré en contact avec Gaboriau, il acquiert le droit de reproduction de son œuvre, qui remporte un immense succès, lors de sa reprise, en 1866, dans le Soleil[5]. Son gout de la parodie l’amènera à inventer le roman policier humoristique ou « comédie policière »[6].

Après avoir obtenu des succès considérables dans le genre bouffon dans les dernières années de l’Empire, époque à laquelle il fréquentait assidument le café de Madrid, rue Montmartre, où se réunissent les opposants républicains au régime, sa vogue a commencé à décliner après la guerre franco-allemande de 1870. Il a encore obtenu quelques succès, les journaux sollicitaient sa collaboration, mais l’esprit du temps n’était plus à la bouffonnerie ou à la franche gaieté rabelaisienne[7].

Retiré dans sa propriété de Montfermeil, dans les dernières années de sa vie, il n’en sortait plus, tous ses anciens amis et camarades l’ayant précédé dans la tombe. La goutte, dont il souffrait depuis de très nombreuses années, a fini par l’emprter. Connu pour sa grande générosité, il a légué sa fortune par disposition testamentaire à ses confrères de la Société des gens de lettres[7].

Jugements

« il égale Dumas, dans le Rémouleur, Eugène Sue, dans le Comte Omnibus, et Paul de Kock, dans Aimé de son concierge[3]. »

— Émile Blavet

Œuvres

Notes et références

  1. Frontis, « Eugène Chavette », Le Télégramme, Toulouse, vol. 8, no 3076,‎ , p. 1 (ISSN 1959-9080, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  2. Les Petites comédies du vice : Le guillotiné par la persuasion ; Deux vers de Properce ; Le père d'Adolphe ; Le roi des gendres ; Le pendu par conviction (ill. Émile Benassit), Paris, A. Lacroix, , 323 p., fig., pl. in-18 (lire en ligne sur Gallica), p. 133.
  3. « les Échos de Paris », Les Annales politiques et littéraires, Paris, vol. 20, no 987,‎ , p. 6 (ISSN 2420-2053, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. Elsa de Lavergne, « La naissance du roman policier français », dans Benoît Peuch, La Naissance du roman policier français : Du Second Empire à la Première Guerre mondiale, Paris, Classiques Garnier, coll. « Classiques jaunes », , 416 p. (ISBN 978-2-406-09964-2, OCLC 1403968110, lire en ligne).
  5. « Mort d’Émile Gaboriau », Le Petit Journal, Paris, vol. 11, no 3932,‎ , p. 1 (ISSN 1256-0464, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  6. Eugène Chavette, La Chambre du crime, postface et bibliographie par Jean-Luc Buard, nouvelle édition revue et corrigée, Éd. Archives et documents presse et feuilletons (ADPF)/Mi Li Re Mi, 2019, 288 p. (ISBN 978-1-326-23404-1). Postface : "Un livre mythique, La Chambre du crime (1874) ou du "roman judiciaire" à la "comédie policière". Avec en annexe un document révélateur : "Le Verrou d'Armand Silvestre ? Ou un mystère en "chambre" close enfin élucidé !" [Autre texte parodique basé sur le mystère de la mort du prince de Condé en 1830 trouvé mort dans une pièce verrouillée de l'intérieur]
  7. « Les Lettres et les arts », Le Progrès, Lyon, vol. 43, no 15364ter,‎ , p. 1 (ISSN 2102-6807, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).

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