Errekaleor
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42° 50′ 08″ N, 2° 39′ 05″ O |
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Errekaleor est un quartier de la périphérie sud-est de Vitoria-Gasteiz, capitale de la province d’Alava au Pays basque. Créé dans les années 1950 afin de loger les familles des ouvriers venus travailler dans les usines de la ville, il accueille jusqu'à 1 200 habitants[1]. Initialement baptisé "Un monde meilleur", il tire son nom de la rivière Errekaleor s'écoulant à proximité. Faisant l'objet de projets de restructurations immobilières à partir des années 2000, le quartier a été progressivement vidé de ses habitants. Depuis 2013, la zone est occupée par des squatters qui ont rebaptisé le quartier Errekaleor Bizirik ("Errekaleor en vie").
Histoire
Un quartier ouvrier
La construction du quartier répond à un besoin massif de logements destinés à accueillir une main d’œuvre venue travailler dans les usines de la ville dans les années 1950. L'industrie, notamment automobile, se développe fortement à Vitoria, encouragée par le Plan de stabilisation de 1959 et attire une population venue de régions rurales de l'Espagne (Andalousie, Castille, Léon, Estrémadure). Il est composé de trente deux blocs de six appartements, d'une église, d'une école et de magasins.
Le quartier devient un bastion des luttes syndicales, notamment durant la période de transition après la mort de Franco en 1975. Romualdo Barroso Chaparro[2], un habitant de 19 ans d'Errekaleor, a été l'une des cinq personnes tuées par la police lors des événements de Vitoria le .
Projet de restructuration immobilière
Alors que l'Espagne fait l'objet d'une bulle immobilière, la zone fait l'objet de projets de restructurations au tournant des années 2000[3] afin de l'intégrer au nouveau quartier de Salburua : les immeubles doivent être détruits afin d'être remplacés par des logements plus modernes et plus nombreux[4]. Le nouveau plan prévoit ainsi la construction de 1 511 nouveaux appartements répartis dans quatre bâtiments entourant un parc[5], intégrant le projet d'Anneau vert de Vitoria[6].
Les propositions de relogement effectuées par la municipalité sont contestées par une partie des habitants[7] ; en 2010, 35 familles refusent toujours de quitter leur logement.
Le projet est cependant gelé en 2010 en raison de la crise de la dette mais le quartier n'est plus entretenu et les bâtiments sont progressivement laissés à l'abandon[8] (il ne reste plus que dix habitants en 2013[9]).
Occupation et renaissance du quartier
Le quartier déserté est occupé par des étudiants du campus de Vitoria-Gasteiz de l’université du Pays basque[10], donnant naissance à ce qui devient progressivement l'un des plus grands squats en Europe[11]. En 2016, jusqu'à 150 personnes vivent à ce qui est devenu Errekaleor bizirik[12].
L'occupation se veut une solution pratique aux difficultés rencontrées par les étudiants pour se loger[13] et un moyen de lutter contre la spéculation immobilière[14]. La vie quotidienne y est réglée selon les principes de l'autogestion et de la prise de décision fondée sur le consensus[15], avec pour objectif politique de viser l'autosuffisance[16] et d'extraire le quotidien des circuits marchands classiques[17],[18].
Une ferme produisant en agriculture biologique de 2 hectares est créée, ainsi qu'une boulangerie, un bar, un centre social, une bibliothèque, un théâtre, une aire de jeux pour enfants, un fronton[19], un magasin gratuit et un studio d'enregistrement[20]. L'un des blocs est habité uniquement par des femmes selon le principe de non-mixité choisie.
Dès 2014, la municipalité et le promoteur Ensanche 21 décident de procéder à l'expulsion des habitants, justifiant leur éviction par des raisons de sécurité. La police anti-émeute intervient en mars 2015 pour couper l'alimentation électrique du quartier et changer les serrures des bâtiments[21]. L'occupation se poursuit malgré tout, les habitants s'appuyant sur des rapports d'experts pour prouver que les bâtiments sont sûrs et salubres[22]. Ils refusent également une proposition de relogement à Aretxabaleta, souhaitant poursuivre la redynamisation du quartier. La mairie tente de nouveau d'intenter une procédure d'expulsion en 2016[23].
Une nouvelle intervention policière se déroule en mai 2017 pour couper à nouveau l'alimentation électrique[24],[25] alors que plusieurs logements ont des contrats légaux de fourniture d'électricité[26]. Des générateurs et des panneaux solaires financés par une collecte de fonds sont installés pour pallier le retrait des câbles permettant l'alimentation du quartier[27].
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Fresque rappelant le message "You are now entering Free Derry"
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Hommage à Salvador Puig i Antich
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Lucio Urtubia
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Fresque en solidarité avec le peuple kurde
Liens externes
Voir aussi
Références
- ↑ (es) Hermagoras Abezia e Iñigo Arregi, « Errekaleor Bizirik, el barrio ocupado más grande de España », sur VICE, (consulté le )
- ↑ (es) Sergio Carracedo, « Romualdo Barroso, el joven de Errekaleor de grandes ojos verdes », sur El Correo, (consulté le )
- ↑ [vidéo] « ERREKALEOR, un barrio fantasma », Paski Urra, , 9:15 min (consulté le )
- ↑ (es) L. Mondragon, « El Ayuntamiento, decidido a derribar Errekaleor tras el masivo apoyo vecinal al realojo », sur El Correo, (consulté le )
- ↑ (es) I. Ochoa de Olano, « El Ayuntamiento calcula que el derribo de Errekaleor no empezará antes de dos años », sur El Correo, (consulté le )
- ↑ Juan Luis de las Rivas Sanz et Miguel and Fernández-Maroto, « Planning strategies for a resilient urban fringe in three medium-sized Spanish cities », Planning Perspectives, vol. 34, no 4, , p. 725–735 (ISSN 0266-5433, DOI 10.1080/02665433.2019.1588154, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (es) Iosu Cueto, « Vecinos contrarios al derribo de Errekaleor y al realojo preparan una plataforma », sur El Correo, (consulté le )
- ↑ (es) Eva Domaika, « El final peor para el "Mundo mejor" », Cadena SER Euskadi, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (es) « Errekaleor entrega las últimas llaves. Diario de Noticias de Alava » [archive du ], sur www.noticiasdealava.com (consulté le )
- ↑ (es) Natxo Gatón, « Jóvenes universitarios intentan recuperar Errekaleor », sur Gasteiz Hoy, (consulté le )
- ↑ (es) Eduardo Azumendi, « El barrio 'okupa' de Errekaleor: "Nos han quitado la luz, pero tenemos más energía que nunca" », eldiario.es, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (es) Danilo Albin, « PNV, PSE y PP se unen contra Errekaleor, el mayor barrio okupa », sur www.publico.es, (consulté le )
- ↑ (en) Ane Larrinaga et Mila Amurrio, « Legacy and Rupture: The Political Learning of Young Left-wing Basque Nationalists in the Post-ETA Period », YOUNG, vol. 31, no 1, , p. 22–37 (ISSN 1103-3088, DOI 10.1177/11033088221111216, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Monika Streule et Anke Schwarz, « “Not all spaces are territories”: creating other possible urban worlds in and from Latin America – an interview with Raúl Zibechi », Geographica Helvetica, vol. 74, no 1, , p. 105–111 (ISSN 0016-7312, DOI 10.5194/gh-74-105-2019, lire en ligne, consulté le )
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- ↑ (en) Luis Miguel Uharte Pozas et Saúl Curto-López, « Errekaleor: a communal democracy laboratory in a neighborhood in the Basque Country », Oñati Socio-Legal Series, vol. 14, no 4, , p. 1082–1103 (ISSN 2079-5971, DOI 10.35295/osls.iisl.1884, lire en ligne, consulté le )
- ↑ [vidéo] « Errekaleor bizirik proiektua », hirinet, , 4:49 min (consulté le )
- ↑ (es) Pedro Gorospe, « Los resistentes residentes del sector 14 », El País, (ISSN 1134-6582, lire en ligne , consulté le )
- ↑ (es) elcorreo.com, « Cortan la luz a los 'okupas' de Errekaleor », sur El Correo, (consulté le )
- ↑ (es) Txus Díez José Ramón Gómez, « Errekaleor bizirik rechaza irse del barrio. Diario de Noticias de Alava » [archive du ], sur www.noticiasdealava.com, (consulté le )
- ↑ (es) Cadena SER, « PNV y PSE se suman al PP para desalojar a los 'okupas' de Errekaleor », sur Cadena SER, (consulté le )
- ↑ (es) PPLL, « El barrio okupa de Errekaleor se queda sin luz », sur El Correo, (consulté le )
- ↑ « ERREKALEOR - Le plus grand squat du Pays basque - « Territoires en bataille » par le collectif Mauvaise Troupe. [Extrait] », sur lundimatin (consulté le )
- ↑ (es) Agurtzane Salazar/Efe Alex Larretxi, « Los okupas de Errekaleor piden generadores para resistir tras el apagón », sur Diario de Noticias de Álava, (consulté le )
- ↑ (es) Danilo Albin, « El mayor barrio okupa autogestionado resistirá con paneles solares », sur www.publico.es, (consulté le )
- ↑ Goizeder Taberna, « L’Ambazada se déplace au Pays Basque », sur www.mediabask.eus, (consulté le )
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