Epsilon Pegasi

ε Pegasi
Enif
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 21h 44m 11,156s[1]
Déclinaison +09° 52′ 30,03″[1]
Constellation Pégase
Magnitude apparente 2,37 à 2,45[2]

Localisation dans la constellation : Pégase

Caractéristiques
Type spectral K2Ib-II[3]
Indice U-B +1,70[4]
Indice B-V +1,53[4]
Indice R-I +0,76[4]
Variabilité LC[5],[2]
Astrométrie
Vitesse radiale +3,39 ± 0,06 km/s[6]
Mouvement propre μα = +26,92 mas/a[1]
μδ = +0,44 mas/a[1]
Parallaxe 4,73 ± 0,17 mas[1]
Distance 690 ± 20 al
(211 ± 8 pc)
Magnitude absolue −4,24[7]
Caractéristiques physiques
Masse 11,7 ± 0,8 M[8]
Rayon 183+6
−7
 R[9]
Gravité de surface (log g) 1,08 ± 0,12[10]
Luminosité 12 958 L[7]
Température 4 253 ± 38 K[10]
Métallicité [Fe/H] = −0,01 ± 0,04[10]
Âge 20,0 ± 4,5 Ma[8]

Désignations

Enif, ε Peg, 8 Peg, HD 206778, HIP 107315, HR 8308, BD+09°4891, FK5 815, SAO 127029, WDS J21442 +0953A[11]

Epsilon Pegasi (ε Peg / ε Pegasi), également nommée Enif, est l'étoile la plus brillante de la constellation de Pégase. Avec une magnitude apparente d'environ 2,4, cette supergéante rouge précède de peu Scheat. D'après la mesure de sa parallaxe annuelle par le satellite Hipparcos, l'étoile est située à environ ∼ 690 a.l. (∼ 212 pc) de la Terre[1]. Elle s'éloigne du Système solaire à une vitesse radiale de +3,4 km/s[6].

Nomenclature

ε Pegasi, latinisé Epsilon Pegasi, est la désignation de Bayer de l'étoile. Elle porte également la désignation de Flamsteed de 8 Pegasi[11].

Enif est le nom approuvé pour ε Peg par l’Union astronomique internationale (UAI)[12]. C’est l’arabe الفرس أنف Anf al-Faras, « le Nez du Cheval »[13], nom rare donné dans le cadre du ciel gréco-arabe, les noms les plus fréquents donnés pour cette étoile de l’astrolabe étant فم الفرس Fum al-Faras, « la Bouche du Cheval », et جحفلة الفرس Ğaḥlafat al-Faras, « la Lippe du Cheval ». Mais il doit figurer sur l’astrolabe puisqu’il est introduit par Jean de Londres (1246) sous la forme cinf .i. muscida equi[14]. À la fin du Moyen Âge, on lit Enif, Scaligero Enf Alpheras dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[15], nom relevé par Richard Allen (1899)[16], et qui se perpétue dans les catalogues du XXe siècle[17],[18].

Autres noms venus du ciel arabe :

Fum al Faras, est l’arabe فم الفرس Fum al-Faras, « la Bouche du Cheval »[19], que ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī relève sur l’astrolabe[20],[21]. Figurant dans le traité d'al-Qazwīnī (XIIIe s.) édité par Christian Ludwig Ideler (1806), lequel donne la transcription‘fom el feres‘[22], il est relevé comme nom dans des catalogues du XIXe siècle par Richard Hinckley Allen (1899)[23], qui contribue à le maintenir[24].

Jahfelez alferaz est l‘arabe جحفلة الفرس Ğaḥfalat al-Faras, « la Lippe du Cheval ». Ce nom est également relevé sur l’astrolabe par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī[21]. Introduit sous la forme ‘jachlefez alferaz‘ dans le Tables tolédanes (XIIIe s.)[25], on le retrouve, probablement à partir de Christian Ludwig Ideler (1806)[26], chez Richard Hinckley Allen (1899)[27], à partir de qui il figure comme nom dans les catalogues[28].

Propriétés

Enif est une supergéante orange de type spectral K2Ib-II[3]. Elle est environ 12 fois plus massive que le Soleil et on estime qu'elle est âgée de 20 millions d'années[8]. Malgré son jeune âge, elle est donc déjà dans les dernières phases de son évolution stellaire. Bien qu'Enif n'ait plus que quelques millions d'années devant elle, on ne sait toujours pas si elle va exploser en une supernova ou devenir une naine blanche inhabituelle à néon et à oxygène, car sa masse se trouve à la limite entre les étoiles destinées à exploser et celles destinées à devenir des naines blanches très denses[29]. Le rayon de l'étoile est autour de 183 fois plus grand que le rayon solaire[9], elle est près de 13 000 fois plus lumineuse que le Soleil[7] et sa température de surface est de 4 253 K[10].

Enif est une variable irrégulière à longue période de sous-type LC, dont la magnitude apparente varie habituellement entre 2,37 et 2,45[2]. Toutefois, en 1972, elle semble avoir procédé à l'éjection d'une vaste quantité de matière qui a amené sa magnitude jusqu'à 0,70 durant quelques minutes[5]. Il est ainsi possible que les supergéantes rouges telles qu'Enif connaissent de gigantesques éruptions qui sont considérablement plus lumineuses que les éruptions solaires[29].

Dans la fiction

Epsilon Pegasi est l'emplacement d'un avant-poste majeur dans le jeu FreeSpace 2, la Station Enif.

Références

  1. (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. (en) « VSX : Detail for eps Peg », sur The International Variable Star Index, AAVSO (consulté le )
  3. (en) Philip C. Keenan et Raymond C. McNeil, « The Perkins catalog of revised MK types for the cooler stars », The Astrophysical Journal Supplement Series, vol. 71,‎ , p. 245 (DOI 10.1086/191373, Bibcode 1989ApJS...71..245K)
  4. (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  5. (en) N. N. Samus', E. V. Kazarovets et al., « General Catalogue of Variable Stars: Version GCVS 5.1 », Astronomy Reports, vol. 61, no 1,‎ , p. 80-88 (DOI 10.1134/S1063772917010085, Bibcode 2017ARep...61...80S, lire en ligne)
  6. (en) B. Famaey et al., « Local kinematics of K and M giants from CORAVEL/Hipparcos/Tycho-2 data. Revisiting the concept of superclusters », Astronomy & Astrophysics, vol. 430, no 1,‎ , p. 165–186 (DOI 10.1051/0004-6361:20041272, Bibcode 2005A&A...430..165F, arXiv astro-ph/0409579)
  7. (en) E. Anderson et Ch. Francis, « XHIP: An extended Hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  8. (en) N. Tetzlaff, R. Neuhäuser et M. M. Hohle, « A catalogue of young runaway Hipparcos stars within 3 kpc from the Sun », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 410, no 1,‎ , p. 190–200 (DOI 10.1111/j.1365-2966.2010.17434.x, Bibcode 2011MNRAS.410..190T, arXiv 1007.4883)
  9. (en) Ellyn K. Baines et al., « Vintage NPOI: New and Updated Angular Diameters for 145 Stars », The Astronomical Journal, vol. 169, no 6,‎ , article no 293 (DOI 10.3847/1538-3881/adc930, Bibcode 2025AJ....169..293B, arXiv 2506.02912)
  10. (en) C. Soubiran, N. Brouillet et L. Casamiquela, « Assessment of [Fe/H] determinations for FGK stars in spectroscopic surveys », Astronomy & Astrophysics, vol. 663,‎ , article no A4 (DOI 10.1051/0004-6361/202142409, Bibcode 2022A&A...663A...4S, arXiv 2112.07545)
  11. (en) * eps Peg -- Long-Period Variable sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  12. (en) IAU, « Star Names », 2021. »
  13. Roland Laffitte, « Étymologie des noms arabes d'étoiles, sur le site de la Selefa (Société d’Études Lexicographiques et Étymologiques Françaises & Arabes, 31 déc. 2002, p. 10. »
  14. (de) Paul Kunitzsch, « Typ VI », in : Typen von Sternverzeichnissen in astronomischen Handshriften des zehnten bis vierzehnten Jahrhunderts, Wiesbaden : Harrassowitz, 1966, p. 43.
  15. (la) Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 19r.
  16. (en) Richard Hinkley Allen, « Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, p. 327. »
  17. (de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, p. 162-163.
  18. Roland Laffitte, Héritages arabes... , p. 193.
  19. Roland Laffitte, Étymologie des noms arabes d'étoiles, op. cit. sur le site de la Selefa (Société d’Études Lexicographiques et Étymologiques Françaises & Arabes, 31 décembre 2002, p. 10.
  20. (ar) ᶜAbd al-Raḥmān Abū l-Ḥusayn b. ᶜUmar al-Ṣūfī, «  Kitāb Ṣuwar al-kawākib al-ṯābita, 960, ms. arabe 5036 : Copie anonyme et non datée réalisée pour Zāhir al-Dīn Ulūġ Beg Kūrakan, petit-fils de Tamerlan, probablement à Samarqand, ca., 1430-1449, fol. 92r. »
  21. (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, p. 121 (fr.).
  22. (ar/de) Ludwig Ideler, Historische Untersuchungen über die astronomischen Beobachtungen der Alten, Berlin : C. Quien, 1806, p. 117.
  23. (en) Richard Hinckley Allen, Star-names..., op. cit., p. 327.
  24. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2001, p. 193, n. 372.
  25. (de) Paul Kunitzsch, « Typ XIII », in : Typen von Sternverzeichnissen in astronomischen Handshriften des zehnten bis vierzehnten Jahrhunderts, Wiesbaden : Harrassowitz, 1966, p. 91.
  26. (ar/de) Ludwig Ideler, Historische Untersuchungen..., op. cit., p. 117.
  27. (en) Richard Hinckley Allen, Star-names..., op. cit., p. 117.
  28. Roland Laffitte, Héritages arabes..., op. cit., p. 193, n. 372.
  29. (en) James B. Kaler, « Enif », sur Stars

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’astronomie
  • Portail des étoiles