École des hautes études en sciences sociales

EHESS
Logo de l'EHESS.
Histoire
Fondation
1947 (VIe section de l'EPHE)
Statut
Type
Forme juridique
Établissement public national à caractère scientifique culturel et professionnel (d)
Nom officiel
École des hautes études
en sciences sociales
Régime linguistique
Fondateur
Président
Membre de
Site web
Chiffres-clés
Étudiants
3 000
Effectif
750
Enseignants-chercheurs
250
Chercheurs
500
Budget
60 millions d'euros
Localisation
Pays
Ville
Localisation sur la carte de France
Localisation sur la carte de Paris

L'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) est un grand établissement français dont les campus sont situés à Aubervilliers (Campus Condorcet), Marseille (Vieille Charité) et Paris (boulevard Raspail). Elle assure la recherche et la formation à la recherche dans les disciplines des sciences sociales.

Elle est l'héritière de la VIe section de l'École pratique des hautes études, au sein de laquelle elle est instituée en 1947 et dont elle s'émancipe administrativement en 1975.

Histoire

En 1947, est démantelée à New York l'École libre des hautes études (ELHE) qu'avaient fondée là, cinq ans plus tôt, Claude Lévi-Strauss, Jean Perrin et quelques autres, pour accueillir les intellectuels qui fuyaient alors l'expansion du nazisme en Europe.

Des cette année 1947, plusieurs anciens membres de l'École libre, dont son directeur Alexandre Koyré, s'installent à Paris et fondent la VIe section de l'École pratique des hautes études, qui fonctionne d'abord comme la section parisienne de la New School for Social Research new-yorkaise, grâce aux soutiens logistique et financier du Gouvernement américain et de la Fondation Rockefeller. Y exercent alors intellectuels juifs d'élite qui s'étaient exilés outre Atlantique, parfois communistes.

La fondation de la VIe section répond aux objectifs qu'avaient en 1878 les fondateurs de l'EPHE, Ernest Renan et Victor Duruy : introduire en France la « formation par la recherche » et le « séminaire de recherche » — des pratiques déjà usuelles en Allemagne —, et au besoin, régulièrement exprimé depuis la création de l'EPHE, de regrouper l'enseignement des sciences sociales.

Cette VIe section est officiellement instituée par le décret du [1].

La section est d'abord dirigée par l'historien Lucien Febvre puis, après sa mort en 1956, par Fernand Braudel. Dans les années 1960, elle devient un centre de réflexion interdisciplinaire et méthodologique en associant les différentes sciences sociales. Fernand Braudel élabore au milieu des années 1950 avec Gaston Berger le projet d'une Maison des sciences de l'Homme, qui est concrétisée avec l'appui financier de la Fondation Ford, et accueille progressivement diverses équipes de recherche disséminées dans le quartier latin et dans les locaux actuels du boulevard Raspail. La section développe un recrutement tourné vers la recherche et l'international. Jacques Le Goff succède à Fernand Braudel en 1972.

En 1975, la VIe Section s'émancipe administrativement de l'École pratique et devient l'École des hautes études en sciences sociales. Elle est dotée du statut d'établissement public et habilitée à délivrer des doctorats d'État. Elle abrite désormais un grand nombre de centres de recherche couvrant l'ensemble des sciences sociales. Elle devient un grand établissement en 1984, à l'instar de l'EPHE ou du Collège de France.

Depuis le , son président est Romain Huret. Il succède à Jacques Le Goff (fondateur), François Furet, Marc Augé, Jacques Revel, Danièle Hervieu-Léger, François Weil, Pierre-Cyrille Hautcœur et Christophe Prochasson.

En mai 2021, la Cour des comptes épingle la gestion et le fonctionnement de l'EHESS et indique dans un rapport qu'elle doit « renouveler son modèle »[2],[3]. Parmi les critiques évoquées sont énumérés le recrutement endogène, la durée des thèses anormalement longue, le taux d'échec en master 2 trop important, la fragilité et l'isolement de l'institution ou encore le manque de transparence[4].

Localisations géographiques

Le siège de l'EHESS est situé au 54, boulevard Raspail, dans le 6e arrondissement de Paris, sur la partie du boulevard située au niveau de l'allée Claude-Cahun-Marcel-Moore (au sud) et de l'allée Jacques-Derrida (au nord)[5]. Il y est installé depuis la construction de ce bâtiment, excepté durant le désamiantage qui a imposé entre 2011 et 2017 l'installation de l'EHESS au 190, avenue de France, dans le 13e arrondissement.

L'EHESS a également occupé des bâtiments situés aux 96 et 105 du même boulevard, ainsi qu'au 10, rue Monsieur le Prince. Décidée sous la présidence de D. Hervieu-Léger, sa participation au Campus Condorcet, au nord de la place du Front Populaire à Aubervilliers, a permis la livraison d'un bâtiment neuf en 2019 où sont installées plusieurs centres de recherche. Les locaux des 96 et 105 boulevard Raspail sont alors libérés.

Un certain nombre de centres de recherche sont installés dans les locaux de partenaires universitaires, en particulier l'Ecole normale supérieure (au 48, boulevard Jourdan et au 29, rue d'Ulm).

L'EHESS est également implantée hors de Paris, à Marseille (à la Vieille Charité), à Lyon et à Toulouse. Elle y a notamment contribué à la fondation de l'École d'économie de Toulouse et à celle d'Aix-Marseille, en partenariat avec le CNRS et les universités.

Partenariats

L'activité de l'EHESS est largement partenariale, une dizaine de ses trente deux unités de recherche ayant une autre tutelle universitaire (parmi lesquelles les universités Paris 1, Paris 5, Paris 7, Paris 13, le Collège de France, l'École normale supérieure, l'École pratique des hautes études, Aix-Marseille université). Elle est fondatrice de l'École d'économie de Paris dite Paris School of Economics (PSE) avec le CNRS, l'ENS Ulm, l'INRAE, l'ENPC et l'Université Paris 1, du GREQAM et de l'École d'économie de Toulouse. Elle est membre fondateur de l'Institut méditerranéen d'études avancées (IMéRA) à Marseille.

L'EHESS rejoint fin 2014 la Communauté d'universités et d'établissements Paris Sciences et Lettres (PSL) en tant que membre associé[6], mais se prononce en contre une entrée définitive dans la nouvelle université[7].

L'école continue d'entretenir des liens avec la New School for Social Research de New York.

Activités

En 2019, se tient la conférence Nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah. La conférence a été perturbée par les nationalistes polonais[8],[9],[10]. Le président de l'EHESS, Christophe Prochasson, a déclaré qu'il ne pouvait se souvenir d'une perturbation aussi violente lors d'une conférence scientifique[11]. La ministre Frédérique Vidal a condamné les autorités polonaises[12],[13].

Scolarité

L'École accueille environ 3 000 étudiants sans compter les nombreux auditeurs libres, et plus de 200 thèses y sont soutenues par an[14]. L'admission en doctorat à l'École se fait sur dossier et à partir d'un projet de recherche pour des étudiants ayant obtenu leur master.

Personnalités liées à l'EHESS

Membres actuels

Les noms sans précision de fonction sont directeurs d'études[15].

Élèves (master et doctorat)

Unités de recherche de l'EHESS (2020)

La majorité des centres de recherche de l'EHESS possède le statut d'unité mixte de recherche et se trouve sous la tutelle de plusieurs établissements de recherche et d'enseignement. En 2020, les unités de recherche auxquelles participe l'EHESS sont[16] :

Dans le cadre de son programme d'aires culturelles, l'EHESS s'était dotée d'un Centre d'études arctiques (CNRS-EHESS) sous la direction de Jean Malaurie, en 1957.

Notes et références

  1. « Décret du 3 novembre 1947 portant modification du nom d'une section créée à l’École pratique des hautes études : LA SECTION DES SCIENCES ECONOMIQUES PREND LE NOM DE SECTION DES SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES », sur Journal officiel de la République française, (consulté le ).
  2. Cour des comptes, « L'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) », 25 mai 2021.
  3. « La Cour des comptes critique le recrutement « fortement endogène » à l’École des hautes études en sciences sociales », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « La prestigieuse École des hautes études en sciences sociales (EHESS) épinglée par la Cour des comptes », sur lefigaro.fr (consulté le ).
  5. « Conseil de Paris » [PDF], sur api-site.paris.fr.
  6. « L'EHESS choisit Paris Sciences et Lettres », sur letudiant.fr/educpros, .
  7. « Alain Fuchs à News Tank : « PSL a donné des gages d’intégration poussés aux éditeurs de classements » », sur education.newstank.fr, (consulté le ).
  8. Par Danielle Delmaire, « Chahut lors d’un colloque sur la Shoah en Pologne », Tsafon [En ligne], 77 | 2019, mis en ligne le 09 septembre 2019, consulté le 15 décembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/tsafon/2049 ; DOI : 10.4000/tsafon.2049.
  9. [1] Conflits contemporains dans la culture polonaise, un diagnostic : entretien avec Agnieszka Żuk, 3e partie
  10. [2], Comprendre la relation des Polonais à la Shoah, Sylvain Boulouque, 25 novembre 2019.
  11. [3] Un colloque sur l’histoire de la Shoah perturbé par des nationalistes polonais, Le Monde.
  12. [4] La Pologne minimise les incidents lors d’un colloque sur la Shoah à Paris, Le Monde.
  13. [5], Behr Valentin, Entre histoire et propagande. Les contributions de l’Institut polonais de la mémoire nationale à la mise en récit de la Seconde Guerre mondiale, Allemagne d'aujourd'hui.
  14. Cf. l'évaluation par l'AERES des Écoles doctorales de l'EHESS.
  15. Source : des enseignants de l'EHESS.
  16. « Unités de recherche », sur ehess.fr, EHESS (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Stéphane Baciocchi, Isabelle Backouche, Pascal Cristofoli, Olivier Godechot, Delphine Naudier, Christian Topalov avec la collaboration de Fabien Cardoni et Emmanuel Taïeb, Vingt ans d'élections à l'École des hautes études en sciences sociales (1986-2005). Synthèse des résultats d'enquête, Paris, EHESS, 2008, 119 p. disponible en ligne : pdf
  • Isabelle Backouche, Olivier Godechot et Delphine Naudier, « Un plafond à caissons. Les femmes à l'EHESS », dans Sociologie du travail, 2009, vol. 51, no 2, p. 253-274, en ligne : pdf
  • Isabelle Backouche et al., Rapport de la commission Égalité professionnelle femmes/hommes à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, EHESS, 2007, en ligne : pdf
  • Olivier Godechot, 2010, « Pourquoi y a-t-il si peu de femmes à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) ? », in Association femmes et sciences, Carrières des femmes en entreprises et dans la recherche publique. Quelles solutions pour les valoriser ?” (Actes du colloque du samedi ), Paris, 2010 p. 27-32, en ligne : pdf
  • Olivier Godechot, « La formation des relations académiques au sein de l’EHESS », Histoire & mesure, vol. 26, no 2,‎ , p. 223-260 (DOI https://doi.org/10.4000/histoiremesure.4268)
  • Rose-Marie Lagrave, « En vertu de l’excellence ? », dans Réflexion sur l’accès, la promotion et les responsabilités des hommes et des femmes à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, EHESS, 2003, p. 4-10.
  • Brigitte Mazon, Aux origines de l’EHESS Le rôle du mécénat américain (1920-1960), Paris, Cerf, 1988. Préface de Pierre Bourdieu, postface de Charles Morazé, présentation en ligne, présentation en ligne.
  • D. Naudier, « Comparaisons des carrières masculines et féminines des enseignants de l’EHESS : premiers résultats », dans Réflexion sur l’accès, la promotion et les responsabilités des hommes et des femmes à l’École des hautes études en sciences sociales, EHESS, Paris, 2003, p. 29-37.
  • Jacques Revel et Nathan Wachtel (dir.), Une école pour les sciences sociales. De la VIe Section à l´École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, EHESS, 1996, 554 p. Avant-propos de Marc Augé.

Articles connexes

Liens externes

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