Décret présidentiel 14168

Executive Order 14168

Présentation
Titre Defending Women from Gender Ideology Extremism and Restoring Biological Truth to the Federal Government
Pays États-Unis
Langue(s) officielle(s) anglais
Type Décret présidentiel
Adoption et entrée en vigueur
Législature 119e congrès des États-Unis
Gouvernement Administration Trump
Signature
Signataire(s) Donald Trump
Publication

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Le décret présidentiel 14168, intitulé Défendre les femmes contre l'extrémisme de l'idéologie du genre et rétablir la vérité biologique au sein du gouvernement fédéral (en anglais Defending Women from Gender Ideology Extremism and Restoring Biological Truth to the Federal Government) est un executive order publié par Donald Trump le , le jour de son investiture en tant que président des États-Unis, ne reconnaissant officiellement le genre d'une personne que par celui assigné à la naissance.

Description

Le décret comporte 7 sections :

  • Section 1 : Objectif
  • Section 2 : Politique et définitions
  • Section 3 : Reconnaître que les femmes sont biologiquement différentes des hommes
  • Section 4 : La vie privée dans les espaces intimes
  • Section 5 : Protection des droits
  • Section 6 : Texte du projet de loi
  • Section 7 : Mise en œuvre et rapports des Agences

Postulats idéologiques du décret

Le décret est décrit comme faisant partie d’un effort plus vaste visant à nier l’existence des personnes transgenres[1] et à réduire leurs protections[2]. Il attaque « l'idéologie du genre » — un terme utilisé par le mouvement anti-genre — et définit la femme comme une « femme humaine adulte », un terme popularisé par la militante britannique anti-trans Kellie-Jay Keen-Minshull[3]. Le document promeut les arguments des mouvements anti-genre et critiques des évolutions des genres, y compris des idées telles que les « droits fondés sur le sexe », affirme qu'il existe un effort pour « éradiquer la réalité biologique du sexe » dans le langage et la politique et fait référence aux femmes transgenres comme étant des « hommes [qui] s'identifient comme des femmes[4] ».

Contexte

Politique de Donald Trump

Le sujet transgenre était au cœur de la campagne de Donald Trump de 2024, ayant été la première dépense de spot publicitaire réalisée par l'équipe républicaine, cumulant 120 millions de dollars[5],[6],[7].

La victoire de Donald Trump en novembre inquiète la communauté LGBT et particulièrement celle transgenre, craignant un démantèlement progressif de leurs droits, entre autres l'accès au logement, le changement de genre à l'état civiletc.[8],[9].

Dès le , Trump annonce lors d'un rassemblement vouloir dès le premier jour de son mandat arrêter le « délire transgenre » en affirmant officiellement qu'il n'existait que deux genres tout en interdisant une transition pour les personnes mineures et la présence des personnes transgenres dans l'armée, dans les écoles et dans les compétitions féminines[10],[11].

Situation des personnes trans

La Williams Institute (en) estime en 2022 qu'1,6 million de personnes sont transgenres aux États-Unis[12].

Signature

Déroulement

Donald Trump signe ce décret le premier jour de son mandat le [13], ainsi que plus de 25 autres décrets présidentiels. Un responsable de l'administration Trump a déclaré que « c'est la première étape » et que d'autres restrictions sur les personnes trans suivront[14],[15].

Réactions

Réactions favorables

Le décret est reçu positivement par des associations chrétiennes conservatrices, notamment l'American Family Association (en)[16] et Alliance Defending Freedom (en)[17] qui se réjouissent de ce « retour vers la vérité ».

L'association TERF Women’s Liberation Front (en) acclame cette « victoire majeure »[18],[19].

Réactions défavorables

Axios note que Donald Trump « a fait des attaques contre les personnes transgenres un élément central » de sa campagne électorale de 2024[20]. L'Associated Press souligne que Donald Trump « a placé son opposition aux droits des personnes trans au cœur de son argumentaire final avant le jour du scrutin, en utilisant un langage insultant et des représentations erronées pour dépeindre une tranche extrêmement étroite de la population américaine comme une menace pour l'identité nationale[21] ».

Kelley Robinson, présidente de la Human Rights Campaign, déclare que « les mesures exécutives attendues aujourd'hui visant la communauté LGBTQ+ ne servent à rien d'autre que nuire à nos familles et à nos communautés » et que « nous lutterons contre ces dispositions néfastes avec tout ce que nous avons[22] ». Advocates for Trans Equality déclare qu'elle continuerait à protéger les droits nationaux des personnes transgenres[23]. Asian Americans Advancing Justice exprime également son intention de « lutter contre la haine et la discrimination sous toutes ses formes » concernant l'ordonnance[24].

Les arguments avancés dans le décret présidentiel ont été décrites comme étant en contradiction avec les décisions de groupes d'experts, dont l'American Medical Association, qui considère que l'identité de genre est un spectre et non une « forme binaire immuable homme-femme »[25],[16].

Le magazine Têtu titre « Revenu à la présidence des États-Unis, Donald Trump a signé dès son investiture, ce lundi 20 janvier, pas moins de trois décrets anti-trans, dans le droit fil de sa campagne électorale ouvertement transphobe[26] ».

Conséquences

Conséquences intérieures

Sites gouvernementaux

Quelques heures après la signature du décret, le gouvernement Trump supprime des sites gouvernementaux les passages concernant les personnes LGBT, notamment leurs droits et les traitements contre le VIH[27],[28]. Cette purge s'accompagne par exemple de la suppression de mentions concernant les personnes trans sur le site des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)[29], ainsi que de la suppression des statistiques centrées sur le VIH ou les personnes trans[30].

Le National Park Service supprime toute référence aux personnes transgenres de ses sites sur le Stonewall National Monument, les émeutes de Stonewall et plus généralement l'histoire LGBT[31]. Des actions similaires sont entreprises par la NASA[32] et le NCMEC[33].

Prisonniers transgenres

Des organisations affirment avoir reçu des témoignages affirmant que des femmes trans étaient en train de se faire transférer vers les prisons pour hommes, et qu'elles sont ou seront placées en isolement[29],[34], ce qui affecterait 2 000 prisonnières[35]. Les juges ordonnent toujours néanmoins l'accès aux soins d'affirmation de genre pour les personnes transgenres[34]. Les prisons cessent par ailleurs de dénombrer le nombre de prisonniers trans en conséquence du décret[29].

Des activistes affirment que le décret enfreint la Prison Rape Elimination Act (en) (PREA), une loi nécessitant l'allocation des prisonniers transgenres au cas par cas, et imposant aux prisons fédérales, étatiques et locales de mettre en place des politiques zéro tolérance contre les agressions sexuelles. Les militants affirment également que le décret enfreint l'Americans with Disabilities Act[36], et le cinquième et huitième amendements de la Constitution[35],[37].

Les juges Royce Lamberth (en) et George O'Toole Jr. (en) émettent chacun une ordonnance restrictive temporaire respectivement le et le en faveur des prisonniers transgenres contre ce décret présidentiel[38],[39].

Passeports

Dès le , le département d'État des États-Unis proscrit la possibilité de changer de genre sur son passeport, ou d'y afficher un « X » pour les personnes non binaires[40]. Les renouvellements de passeport devront s'aligner au décret présidentiel et afficher le genre sur le passeport selon celui assigné à la naissance[34].

Censure

Le , les CDC ordonnent à leurs chercheurs de supprimer de leurs articles pas encore publiés toute mention d'un des termes suivants : « genre, transgenre, personne enceinte, LGBT, transsexuel, non-binaire, assigné homme à la naissance, assigné femme à la naissance, biologiquement homme, biologiquement femme »[41].

La Fondation nationale pour la science met en place en une liste d'une centaine de termes pour ne pas verser de fonds à tout article scientifique contenant l'un des termes problématiques, entre autres « femmes », « institutionnel », « historiquement », « inclusion », « traumatisme », « genre », « status », « racial »etc.[42],[43]

Conséquences internationales

La décision de Donald Trump incite l'Argentine à limiter l'accès des femmes transgenres aux prisons pour femmes[44].

Notes et références

Traduction

Références

  1. [1]
  2. (en-GB) Martin Pengelly, « Trump rolls back trans and gender-identity rights and takes aim at DEI », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) « Donald Trump erases transgender people from federal rules », sur www.advocate.com (consulté le )
  4. (en-US) « Defending Women From Gender Ideology Extremism And Restoring Biological Truth To The Federal Government », sur The White House, (consulté le )
  5. (en) Daniel Payne, « Republicans are betting big on trans issues. Following through could prove harder. » , sur Politico, 10/31/2024 (consulté le )
  6. (en) Marc Caputo, « Trump Goes All In on Anti-Trans » , sur The Bulwark, (consulté le )
  7. (en) Kiara Alfonseca et Soo Rin Kim, « Trump and allies are pouring millions into anti-trans election ads as election nears » , sur ABC News, (consulté le )
  8. Anne-Fleur Andrle, « « C’est un peu Gilead »… Trump vainqueur, un choc pour les LGBT aux Etats-Unis » , sur 20 Minutes, (consulté le )
  9. Julie Jammot, « États-Unis: La détresse de personnes LGBT+ après l’élection de Donald Trump », La Presse,‎ (lire en ligne , consulté le )
  10. « Donald Trump dit vouloir « stopper le délire transgenre » dès son premier jour comme président », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. [vidéo] « États-Unis : Donald Trump promet de "stopper le délire transgenre" • FRANCE 24 », FRANCE 24, , 1:49 min (consulté le )
  12. (en) « 2022 », The Williams Institute,‎ , p. 1 (lire en ligne [PDF])
  13. [2]"Defending Women from Gender Ideology Extremism and Restoring Biological Truth to the Federal Government", Whitehouse.gov
  14. [3]
  15. [4]
  16. (en) « Trump orders reflect his promises to roll back transgender protections and end DEI programs », sur AP News, (consulté le )
  17. (en-US) Ingrid Jacques, « Liberals want to erase women. Trump is standing up for our most basic rights. | Opinion », sur USA TODAY (consulté le )
  18. (en-US) Shaila Dewan et Amy Harmon, « Trump Bars Transgender Women From U.S. Prisons for Female Inmates », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  19. (en-US) « WIN! President Trump Issues Sweeping Executive Order on Sex and Gender Identity », sur Women's Liberation Front (consulté le )
  20. (en) Ivana Saric, « Trump targets transgender protections in new executive order », sur Axios, (consulté le )
  21. (en) « Trump and Vance make anti-transgender attacks central to their campaign's closing argument », sur AP News, (consulté le )
  22. [5]
  23. (en) Ivana Saric, « Trump targets transgender protections in new executive order », sur Axios, (consulté le )
  24. (en-GB) Martin Pengelly, « Trump rolls back trans and gender-identity rights and takes aim at DEI », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  25. (en) « Trump executive orders seek to deny existence of trans people and end DEI », sur The Independent, (consulté le )
  26. « Donald Trump déclare la guerre aux personnes trans », sur https://tetu.com/ (consulté le )
  27. (en) « Trump scraps LGBTQ+ & HIV resources from government websites », sur www.advocate.com (consulté le )
  28. « Trump bans travel for US government scientists, presentations restricted, documents disappearing | HTB | HIV i-Base », sur i-base.info, (consulté le )
  29. (en) A. B. C. News, « Things to know about how Trump's policies target transgender people » , sur ABC News, (consulté le )
  30. (en) « Health agencies purge Trump-targeted programs and websites » , sur www.science.org, (consulté le )
  31. (en) Leah Sarnoff, Mark Crudele, Aaron Katersky et Kiara Alfonseca, « Transgender references removed from Stonewall National Monument website », sur ABC News (consulté le )
  32. (en) Josh Dinner published, « NASA allegedly orders employees to purge workspaces of LGBTQI+ symbols: Report », sur Space.com, (consulté le )
  33. (en) « DOJ ordered review of 'gender ideology' compliance at child safety authority », sur NBC News, (consulté le )
  34. (en) « What to know about President Donald Trump's order targeting the rights of transgender people », sur AP News, (consulté le )
  35. (en-GB) Sam Levin, « Trans people in US federal prisons face brutal crackdown under Trump order », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  36. (en) Jaclyn Diaz, « Trans community fears Trump's actions will upend legal precedent on prison protections », NPR,‎ (lire en ligne, consulté le )
  37. (en-US) Amy Harmon, « Inmate Sues the Trump Administration Over Transgender Executive Order », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  38. (en) Nate Raymond, « US judge blocks Trump administration from transferring transgender inmate » , sur Reuters, (consulté le )
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  40. (en) « State Department to suspend passport applications seeking sex-marker changes », sur NBC News, (consulté le )
  41. (en) « CDC Researchers Ordered to Retract Papers Submitted to All Journals », MedPage Today,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. (en) « Here are the words putting science in the crosshairs of Trump’s orders » , sur The Washington Post, (consulté le )
  43. (en) Philip Bump, « The Trump administration is restricting research funding through keywords » , sur The Washington Post, (consulté le )
  44. (en) « Javier Milei announces Argentina to leave World Health Organization », sur The Guardian, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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